Élections législatives de 1979 aux Nouvelles-Hébrides
Des élections législatives ont lieu aux Nouvelles-Hébrides en . Il s'agit des troisièmes élections nationales dans le pays, condominium franco-britannique qui se prépare à accéder à l'indépendance. Les élections doivent amener la formation d'un gouvernement assurant la transition finale vers cette indépendance, qui est proclamée en . Le pays devient alors le Vanuatu[1],[2]. Deux grands mouvements politiques participent aux élections. Le Vanua'aku Pati (Parti de Notre Terre), à dominante anglophone, a été le moteur du mouvement anticolonial. Face à lui, les francophones, davantage rétifs à une indépendance rapide, et le plus souvent attachés à la relation avec la France, se rassemblent pour la plupart en un Parti fédéral des Nouvelles-Hébrides[3],[4],[5]. Par ailleurs, participent à l'élection divers mouvements régionalistes, autonomistes, voire sécessionnistes, souvent partisans du maintien de la 'coutume' (kastom). Tel est le cas des mouvements Nagriamel, John Frum et Kapiel, sur les îles de Tanna et d'Espiritu Santo, sécessionnistes et généralement francophiles ; s'opposant à une indépendance du pays dans son ensemble, qui verrait le pouvoir politique remis aux mains d'une élite à Port Vila, ils font cause commune dans une certaine mesure avec les francophones rétifs à une indépendance immédiate[6]. RésultatsRésultats nationaux
AnalyseLe taux de participation est de 90,3 % des quelque 53 000 inscrits[8]. Le Vanua'aku Pati obtient vingt-six sièges (dont un revenant au mouvement Natuitanno, qui fusionne avec le VP), soit la majorité absolue des trente-neuf sièges à pourvoir au Parlement. Les treize sièges restants sont répartis entre le Parti fédéral, les autonomistes, et deux députés sans étiquette. La majorité des députés porte donc le pasteur Walter Lini, chef du Vanua'aku Pati, au poste de Premier ministre[3],[6]. Vincent Boulekone, député sans étiquette de l'île de Pentecôte, est quant à lui élu chef de l'opposition parlementaire[9]. Résultats par circonscriptionLes résultats sont les suivants[8] :
Ambrym : 2 députés
Autres îles du sud : 1 député
îles Banks et Torrès : 2 députés
Éfaté rurale : 3 députés
Épi : 1 député
Luganville : 2 députés
Malekula : 5 députés
Paama : 1 député
Pentecôte : 3 députés
Port-Vila : 4 députés
Santo rurale : 5 députés
îles Shepherd : 2 députés
Tanna : 5 députés
SuitesAlexis Yolou, député de Tanna pour le mouvement John Frum, est tué le à l'âge de 30 ans, presque certainement assassiné par des activistes du Vanua'aku Pati en raison de son militantisme contre l'indépendance et en faveur du séparatisme des îles Taféa[10],[11]. Jean-Marie Léyé, de l'Union des partis modérés, remporte l'élection partielle pour ce siège le [12],[13]. En juillet 1980, au moment de l'indépendance du pays, Ati George Sokomanu, député d'Éfaté pour le Vanua'aku Pati, démissionne du Parlement pour être élu président de la République[14]. Dick Poilapa, du Vanua'aku Pati, remporte l'élection partielle pour ce siège le [12],[13]. Georges Cronsteadt et Guy Prévot, respectivement député de Luganville pour l'Union des Partis modérés et député de Port-Vila pour le Parti fédéral des Nouvelles-Hébrides, qui ont la nationalité française, sont déchus et expulsés du pays par le gouvernement en après la répression du mouvement sécessionniste sur Espiritu Santo, que la France est accusée d'avoir soutenu[9]. Sela Molisa et Barak Sopé, tous deux du Vanua'aku Pati, remportent respectivement ces sièges lors des élections partielles le et le [12],[13]. Entre septembre et novembre 1980 se tiennent les procès des participants à la sécession de Santo. Trois députés sont condamnés à des peines de prison ferme : Alfred Maliu et Albert Ravutia cinq ans chacun et Aimé Maléré deux ans et demi. L'ancien député Jimmy Stevens est quant à lui condamné à quatorze ans et demi de prison[15]. Le député Thomas Tungu est condamné à deux ans de prison ferme pour recel de biens volés à Luganville pendant la sécession[16]. Le député, pasteur et chef coutumier Amos Andeng, de l'île d'Ambrym, est arrêté à son tour à la fin de l'année 1980, et condamné lui aussi à une peine de prison ferme pour complicité dans les événements sécessionnistes à Santo[17],[18]. Enfin, au début de l'année 1981, le député Charlie Nako est condamné à une peine de prison avec sursis pour incitation à l'émeute et participation à des émeutes à Tanna ; le futur député et futur président de la République Jean-Marie Léyé est condamné à cette même occasion à un an de prison ferme pour incitation à la sécession à Tanna[19]. Voir aussiNotes et références
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