Ces élections n'ont toutefois pas eu lieu dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et du territoire de Belfort des combats trop récents ayant empêché la constitution des listes électorales[1]. Elles furent donc reportées aux 23 et en même temps que les cantonales.
Contexte
Alors que la guerre n'est pas encore officiellement terminée (la capitulation allemande du 8 mai 1945 sera signée entre les deux tours), les élections se déroulent dans une situation politico-sociale difficile : la situation économique reste très précaire, les prisonniers de guerre ne sont pas tous revenus et de nombreux règlements de compte émaillent la vie politique locale.
Ces élections constituent le premier test pour la validité des institutions provisoires issues de la Résistance.
Le système électoral en vigueur est le système majoritaire à deux tours, sauf à Paris où les élections ont lieu au système proportionnel. Ce scrutin est marqué également par la participation des femmes, pour la première fois en France. Le , le droit de vote avait été accordé aux femmes en France par le Comité français de la Libération nationale, et confirmé par l’ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement provisoire de la République française. Étant donné l'absence de 2,5 millions de prisonniers de guerre, des déportés, des travailleurs du STO et de l'interdiction aux militaires de carrière de voter, le corps électoral est lors de ce scrutin composé d'un pourcentage de femmes allant jusqu'à 62 % (même si le chiffre de 53 % est aussi cité). Malgré le côté inédit de cette participation des Françaises à un scrutin, il n'y a pas d'émotion médiatique particulière sur ce sujet, en partie en raison des difficultés liées à l'immédiat après-guerre qui préoccupent davantage (retour des camps de déportés et prisonniers, rationnement alimentaire, etc.)[2].
Au second tour, le MRP - attaqué de toutes parts et rejeté à droite - s'écroule par rapport au premier tour. Il n'obtient que 477 communes, revirement qui permet aux modérés de gagner finalement 15 600 communes et aux radicaux 6 400. À gauche, la SFIO atteint les 4 100 communes et le PCF 2 000.
À Paris, où les élections ont eu lieu au système proportionnel, le Parti communiste devient le premier parti de la ville avec 27 sièges sur 90, mais reste loin d'obtenir une majorité.
↑Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir, 1945-1970, Fayard, 2000, pages 11-16.
↑Jean Vavasseur-Desperriers, « L’hiver 1945-1946 : les droites en miettes », dans Le moment PRL : Le Parti républicain de la liberté. 1946-1951, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-6958-4, DOI10.4000/books.pur.115688, lire en ligne), p. 15–29
↑Résistant et prisonnier du camp de Mauthausen, il est cependant déjà décédé mais l'information n'est pas encore arrivée.
↑Henri Lefeuvre avait été désigné par le préfet à la Libération comme maire alors qu'il est encore déporté en Allemagne. Cependant, en avril 1945, il a été exécuté par des SS avec d'autres prisonniers à Gardelegen, l'information ne parvenant que la semaine suivant les élections.
Voir aussi
Bibliographie
Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République, tome 1, Seuil, Paris, 1980, p.90