Aires protégées de MadagascarMadagascar présente une importance particulière pour la conservation de la nature, en effet l'île tout entière est considérée comme un point chaud de biodiversité, avec un taux d'endémisme extrêmement important. C'est également un des pays les plus pauvres du monde et il a connu plusieurs crises politiques graves. Malgré ces difficultés un réseau d'aires protégées s'est constitué dès 1927 (Madagascar est alors une colonie française) et a connu une expansion rapide à partir de 2003, à la suite du congrès mondial des parcs à Durban. C'est le code de gestion des aires protégée qui réglemente les espaces naturels protégés de Madagascar. Il a été voté en 2003 et profondément remanié en 2015 à la suite du congrès de Sydney. L’État malgache fait également partie de la convention de Ramsar, du patrimoine mondial et du programme sur l'homme et la biosphère. HistoriqueÀ l'époque du royaume de Madagascar, le roi de Madagascar, Andrianampoinimerina, interdit à ses sujets de résider dans la forêt, d'y abattre des arbres et d'y fabriquer du charbon[4]. À partir de 1896 débute la colonisation française. L'administration coloniale établi 10 réserves naturelles intégrales vers la fin de 1927[2]. L'avis des populations locales n'était alors pas pris en considération, elles étaient considérées comme purement néfastes. En 1960, Madagascar devient indépendante. La république de Madagascar est le premier pays à mettre en place une feuille de route pour la conservation de la nature et le développement durable, en 1990 : Programme national d’action environnementale (PNAE). Le premier volet de ce plan, de 1992 à 1996, a eu pour résultat la création de l'Association nationale pour la gestion des aires protégées (ANGAP), plus tard renommée en Madagascar National Parks (MNP), ainsi que de l'Office National de l‘Environnement (ONE) et de l'Agence Nationale d‘Actions Environnementales (ANAE). Il découle, de ce plan, une loi de Gestion Locale Sécurisée (GELOSE), promulguée en 1996, son objectif est de transférer des droits de propriété foncière de l'État vers les communautés locales. Le transfert de la gestion des ressources naturelles est également prévu par cette loi[5]. Un second, puis un troisième volet ont fait suite au premier, respectivement entre 1996 et 2002/2003 et entre 2004 et 2008. En 2003, est promulgué un texte, intitulé « Code de gestion des Aires Protégées », qui définit à l'origine trois catégories d'aires protégées : réserve naturelle stricte, parc national et réserve spéciale. Il existait alors déjà des aires protégées privées gérées par des ONG internationales. En 2015 ce code de gestion est profondément amendé et de nouvelles catégories d'aires protégées sont créées, à la fois pour répondre aux attentes des citoyens et pour légitimer l'action des ONG nationales et internationales. Les conflits politiques, entre 2009 et 2013, ont provoqué un ralentissement de la conservation de la nature et un regain de la déforestation dans les zones rurales. Diversité des aires protégéesRéserves naturelles intégrales (RNI)Les RNI ont pour vocation unique la protection de la biodiversité et la recherche. Les ressources sauvages sacrées sont incluses dans la définition de la biodiversité : elles peuvent être valorisées par des rituels spécifiquement autorisés par les plans de gestion. L'accès et l'utilisation des ressources naturelles y est interdit, en dehors des exceptions citées précédemment (COAP, Titre II, chap 1er)[6].
Parcs nationaux (PN)Dès la création du statut de parc national, en 1991, ils sont pensés comme des aires protégées à vocations multiples à la fois protection des écosystèmes, écotourisme et protection des ressources et services naturels pour les populations riveraines. Plusieurs des PN existaient déjà avant 1991 sous d'autres dénominations. L'abattage d'arbre, la chasse et la pêche, ainsi que la collecte de plantes sauvages y sont interdits. Les termes « Parc national » et « parc naturel » sont synonymes (COAP, Titre II, chap 2)[6].
Réserves spéciales (RS)L'objectif des RS est la protection des écosystèmes. La chasse, la pêche et l'utilisation des ressources naturelles à des fins commerciales sont réglementées et réservées aux populations locales (COAP, Titre II, chap 3)[6].
Nouvelles aires protégéesDepuis 2015, la nouvelle mouture du Code de gestion des aires protégées prévoit des catégories supplémentaires pour faciliter la création des aires protégées : Les Paysages harmonieux protégés (PHP), les Monuments naturels (Monat), et les Réserves de ressources naturelles (RRN) auxquelles s'ajoutent des aires protégées privées agréées par les autorités compétentes[6]. Les nouvelles aires protégées, c'est-à-dire les catégories créées en 2015, sont établies en deux étapes : dans un premier temps, un organisme, ONG, association ou autre demande la mise sous protection temporaire d'un territoire, un moratoire sur l'exploitation minière est alors mis en place pendant 2 ans. Pendant cette période le promoteur de la nouvelle aire protégée doit remplir des formalités administratives et mettre en place une consultation du public, à l'issue de quoi la zone obtient un statut officiel[1].
Conventions internationalesMadagascar a signé la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction en 1975, puis la convention sur la diversité biologique en 1995, et enfin la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage en 2007. Réserves de biosphèreMadagascar possède 5 réserves de biosphère reconnues par l'Unesco[7]:
Sites naturels du patrimoine mondialLe patrimoine mondial de l'UNESCO liste les sites et monuments les plus irremplaçables pour l'humanité. Une fois inscrit, sur proposition des États, ils doivent être protégés dans la législation nationale. Sur trois sites inscrits à Madagascar, deux le sont au titre des sites naturels et l'un d'eux est considéré en danger.
Sites RamsarLa convention de Ramsar enjoint aux États parties de recenser les zones humides d'importance internationale dans le but de les protéger. L’État malgache a adhéré à ladite convention en 1999. Madagascar comptait, en 2020, 20 sites Ramsar pour une superficie de 2 094 911 hectares, 10 sites ont été inscrits en 2017.
GestionMadagascar National Parks — gestionnaire historiqueL'association Madagascar National Parks (anciennement Association nationale pour la gestion des aires protégées - ANGAP) est mandaté, depuis 1991, par l'État pour gérer les aires protégées sur le territoire malgache, les Parcs nationaux, les réserves spéciales et les réserves intégrales[8]. Rôle des ONGLes nouvelles aires protégées sont généralement gérées par des ONG internationales ou nationales, WWF-Madagascar, Asity Madagascar (partenaire local de birdlife international), Wildlife Conservation Society, par exemple. Les sites de Behanka et Sahafina sont gérés par une ONG, créée en 2002, du nom de « Biodiversity Conservation Madagascar »[9]. Dans un premier temps les ONG internationales déclaraient être simplement promoteur de la création des aires protégées avec un rôle de soutien restreint, les plans de gestion indiquaient une gestion communautaire. Cependant les ONG étaient bien co-gestionnaire, appui scientifique et technique et soutien financier. Elles sont aujourd'hui inscrites comme co-gestionnaire et responsable devant l'État de la gestion des nouvelles aires protégées[1]. À Madagascar, beaucoup d'ONG environnementales focalisent leur travail sur la gestion des aires protégées et l'aide aux populations rurales en collaboration avec les ministères de l'environnement et des affaires étrangères (via des accords de siège). Ce travail peut se faire au détriment d'autres actions, notamment de lobbying politique contre la déforestation et l'extraction minière sans contrôle ou la corruption[10]. Participation des populations localesÉconomieLe budget de l'État malgache est très faible et insuffisant pour entretenir seul son réseau d'aire protégées. Par ailleurs, une partie des impôts, normalement affectés à la protection de l'environnement, est absorbé par le fonctionnement général de l'État et les tâches administratives de la protection de l'environnement[11]. Le financement du Système des Aires protégées provient de fonds bilatéraux, d'organismes privés, comme la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar et du tourisme[12]. Entre 1990 et 2012, Madagascar a reçu plus de 700 millions de dollars américains d'aides au développement, tournées spécifiquement vers la conservation de la nature, cet argent sert et a servi à plus de 500 projets[13],[14]. Évaluation du dispositifPlusieurs études ont cherché à prioriser les aires protégées de Madagascar en fonction de leur importance pour la sauvegarde des lémuriens, un plan d'action Lémur en a découlé entre 2013 et 2016. En 2017, une étude priorise 25 aires protégées (sur 100 évaluées) pour la protection de primates endémiques de l'île[15]. Concernant la préservation des forêts, une étude parue en 2016, tend à montrer que les aires protégées de Madagascar ont été efficaces pour réduire la déforestation. Elles ont été plus efficaces entre 2000 et 2010 qu'entre 1990 et 2000. La difficulté d'accès ne réduit pas la déforestation dans ce pays, contrairement à d'autres cas où c'est le principal facteur expliquant l'efficacité de certaines aires protégées[16]. Il faut cependant comprendre que cette efficacité est relative car la déforestation existe quand même dans les aires protégées. Entre 2000 et 2014, les aires protégées auraient perdu environ 3 000 km2 de couvert forestier[15]. Notes et références
AnnexesArticles connexes
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