La durée de sa parution (30 ans[2] et 282 numéros), son ouverture aux débats et ses affiches ont contribué à élargir l'audience des idées libertaires en Belgique francophone[3].
Première époque
- : premières parutions (cinq numéros), à Bruxelles, à l'initiative d'un collectif du même nom regroupé autour de Jean-Marie Neyts[2], issu de la période précédente du mouvement libertaire bruxellois (il publia en 1972 NOIR, le journal pour voir clair[4]).
Le journal se veut alors, « belgo-français » et « de débats et de critique sociale radicale », affirmant en manchette que « la résignation est un suicide quotidien »[14].
Il se définit comme étant « un mensuel indépendant, de critique sociale et de débats. Exempt de toute prostitution publicitaire [et de] tout subside d’Etat ou institutionnel [...] jaloux de [son] indépendance et de [sa] liberté de parole. Ancré dans le courant historique libertaire [...] au confluent des sensibilités anarchiste, d’écologie sociale, féministe et socialiste antiautoritaire [...] ouverts à toutes les démarches anti-capitalistes et émancipatrices, une agora, un espace de discussions entre tous les individus et les collectifs qui se retrouvent dans le large mouvement multiforme de celles et ceux qui refusent la loi cannibale de l’argent et la bêtise des « pouvoirs »[15].
Dans la première période, l'activisme est débridé. La collaboration avec d'autres groupes de base continue et s’intensifie avec, entre autres, le Comité d'action des prisonniers, Les Amis de la Terre, la Coordination anti-nucléaire de Bruxelles[5].
Dès 1978, le collectif qui édite le journal et l'imprimerie du 22 mars est à l'initiative du mouvement des radios libres[12], notamment en éditant gratuitement et en insérant dans ses pages le Bulletin de l’association pour la libération des ondes qui « s’engage résolument dans la dépénalisation en Belgique des radios libres d’expression locale et sans publicité commerciale et qui relaye toutes les expériences de radio libre en Belgique francophone »[5].
À plusieurs reprises, le collectif rassemblera des milliers de personnes aux Halles de Schaerbeek (animée par Philippe Grombeer) pour des évènements festifs comme la Fête du Soleil (création de la Coordination Anti-Nucléaire de Bruxelles) ou Mai 68 - Mai 88, et ce n'était qu'un début (commémoration ironique)[réf. nécessaire].
L'audience du journal s'élargit en Belgique francophone et jusqu'en France[16].
Alternative libertaire se présente comme un journal écrit par ses lecteurs, « Un mensuel dissident pour des lecteurs différents »[17].
Le journal se veut ouvert aux débats : « plus d'idées justes, juste des idées »[18]. Son but n'est pas de conforter les militants déjà convaincus mais de s'adresser à la périphérie du mouvement, c’est-à-dire aux personnes qui n'ont pas encore de conceptions politiques affirmées et qui sont intéressées par les pratiques libertaires. Cette ouverture d'esprit amène le mouvement libertaire à s'éloigner de ses réflexes dogmatiques groupusculaires (voire sectaires) et joue un rôle important dans l'élargissement notable de la diffusion des idées libertaires en Belgique francophone[2].
Les années 1990
Le journal profitera ainsi du renouveau du militantisme activiste de la fin des années 1990 qui s'exprime, en Belgique, au travers de la création de différents collectifs : Collectif contre les expulsions (CCLE) très présent dans la lutte aux côtés des sans-papiers, contre les centres de rétention et dans le mouvement de protestation après la mort de Semira Adamu ; collectif pour les droits des chômeurs comme Chômeur Pas Chien (CPC)[19] ; le Collectif sans ticket (CST) qui milite pour le droit à la mobilité pour tous dans les transports en commun bruxellois ; Les Compagnons du Partage collectif regroupant des sans-abris qui occuperont un château inoccupé dans la banlieue de Bruxelles ; etc.
La visibilité du journal augmente, notamment grâce à la publication mensuelle d'une affiche[20],[21]
Si Alternative libertaire est avant tout un « journal écrit par ses lecteurs », de nombreux textes sont repiqués de la presse libertaire francophone, prolongeant ainsi leur audience en Belgique.
Des « plumes » régulières viennent également enrichir son contenu comme Yves Le Manach (auteur de Bye-bye turbin ! publié en 1973 aux Éditions Champ libre) ou Michèle Beaujean dite « Chiquet Mawet ». Cette dernière, dramaturge, conteuse, poétesse, militante sociale et professeur de morale[22], apportera la contradiction face à l'anarchisme dogmatique et surtout, par ses chroniques, une richesse humaniste. .
Des dessinateurs collaborent aussi régulièrement comme Mario ou Gaüzère[23].
En 1994 et 1995, Alternative libertaire mène campagne contre les visites du pape Jean-Paul II en Belgique.
À cette occasion est coéditée avec l'Association pour l'Art et l'Expression Libre (AAEL[24]) de Toulouse, l'affiche Contre le SIDA : la capote, pas la calotte (à voir ici[25]). Elle est rééditée avec, notamment, Act Up Bruxelles, le Cercle du Libre Examen de l'ULB[26], la revue Tels Quels[27],[28].
Le journal publie également un numéro spécial (diffusé dans toutes les librairies du pays) en collaboration avec les revues Golias Magazine Belgique et Toudi (José Fontaine).
Chiquet Mawet appuie cette campagne par l'écriture d'une pièce de théâtre[29] : Le Pape et la putain[30]
En 1997, Alternative libertaire met en ligne sur internet, chaque mois, de larges extraits du journal [31].
Début 1999, sous le titre Belgique 1999, une force se cherche, un documentaire vidéo est réalisé par Les Films du Monde libertaire[32].
En 1999-2000, Fabrice Wilvers rédige un mémoire de bibliothécaire-documentaliste[33] qui lui est consacré sous la forme de la création d'une base données[34].
En plus de la parution mensuelle, plusieurs livres et brochures sont édités sous les appellations Éditions [35] et Éditions Alternative libertaire[36].
Taule-errance[37] d'Albert Balencour[38], préface de Michel Cheval[39], premier livre édité par les Éditions en 1983[40].
L’injure[41] de Jules Brunin [42], deuxième livre édité par les Éditions en 1984[43]
Le journal mettra aussi son imprimerie au service d'autres groupes comme les Éditions Humeurs Noires & CCL de Lille (France)[45], le Réseau Scalp-No Pasaran[46], etc.
Xavier Bekaert, Anarchisme, violence et non-violence : Petite anthologie de la révolution non-violente chez les principaux précurseurs et théoriciens de l’anarchisme, Paris/Bruxelles, Éd. du "Monde libertaire" / "Alternative libertaire", , 76 p. (ISBN978-2-903013-93-6 et 2-903013-93-4, lire en ligne)[49].
Collectif, Increvables anarchistes: histoire(s) de l’anarchisme des anarchistes, et de leurs foutues idées au fil de 150 ans du « Libertaire » et du « Monde Libertaire », 10 brochures[50].
Quelques textes significatifs
Sur la Belgique
Belgique, état des lieux d'une non-nation, Didier Brissa, Archipel, Forum Civique Européen.
Des ballets roses au témoignage d'X1. L'enquête impossible !, traduction d'un article de Douglas De Coninck paru dans De Morgen le 1er décembre 98.
Le Mal au dos du Roi. Les secrets de la Belgique sont des secrets de Polichinelle : sitôt révélés, sitôt éventés, Thésée.
Sur l'anarchisme
L'Anarchisme, quésako ?, Alternative Libertaire.
L'Anarchisme, une hérésie moderne, Christian Ferrer, traduction de l'espagnol María Laura Moreno Sainz.
De la nature humaine chez les anarchistes, Xavier Bekaert.
Les affiches
Le journal publie chaque mois, en encart, une affiche dont une sélection est visible en ligne[51],[52].
Troisième époque
- : après le retrait de Roger Noël, en 2001, l'édition du journal est transférée à Liège[53]. Quelques années plus tard, le réseau de distribution, les abonnements, les lecteurs et, pour finir, le journal disparaissent[2]. Le journal s'éteint finalement en 2005 avec le numéro 282. Cette série comporte une double numérotation : celle de la série et une autre dans la continuité de la précédente série.
Bibliographie
Nicolas Inghels, Histoire du mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à aujourd'hui, revue Dissidences, Lire en ligne.
René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, Alternative libertaire.
Fabrice Wilvers, Création d'une base données pour le mensuel Alternative libertaire, mémoire de fin d'études de bibliothécaire-documentaliste, Haute École Paul-Henri Spaak - IESSID, 1050 Bruxelles, 1999-2000, 247 pages, lire en ligne.
Carine Vassart, L'Asbl , un centre de presse alternatif, mémoire en vue de l'obtention du titre de licenciée en journalisme et communication, université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Section de Journalisme et Communication, année académique, sous la direction de J.M. Nobre-Correia, 1982[54].
Servane Calmant, Alternative libertaire. Plus d'idées justes, juste des idées, mémoire en vue de l'obtention du titre de licenciée en journalisme et communication, université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Section de Journalisme et Communication, année académique 1988-1989[55].
Caroline Loré, Alternative libertaire : un journal dissident pour des lecteurs différents, mémoire dirigé par Jean-Claude Vantroyen en vue de l'obtention du titre de licenciée en information, communication et journalisme, université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Section de Journalisme et Communication, année académique 1998-1999, 98 pages[56].
↑René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, page 109.
↑ abc et dNicolas Inghels, Histoire du mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à aujourd'hui, revue Dissidences, 3 novembre 2011, lire en ligne.
↑L’ASBL 22 mars, un centre de presse alternatif, Carine VASSART, Mémoires en langue française sur les anarchismes. Bibliographie
↑Fabrice Wilvers, Création d'une base données pour le mensuel Alternative libertaire, mémoire de fin d'études de bibliothécaire-documentaliste, Haute École Paul-Henri Spaak - IESSID, 1050 Bruxelles, 1999-2000, page 39, lire en ligne.
↑Fabrice Wilvers, Création d'une base données pour le mensuel Alternative libertaire, mémoire de fin d'études de bibliothécaire-documentaliste, Haute École Paul-Henri Spaak - IESSID, 1050 Bruxelles, 1999-2000, page 13, lire en ligne.
↑Centre d'histoire du Travail, Nantes, Alternative libertaire : Un mensuel dissident pour des lecteurs différents Périodiques
↑Servane Calmant, Alternative libertaire. Plus d'idées justes, juste des idées, mémoire en vue de l'obtention du titre de licenciée en journalisme et communication, université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Section de Journalisme et Communication, année académique 1988-1989, notice CIRA.
↑Eric Mercenier, Nouveaux espoirs pour une fin de siècle in 70 ans du Cercle du Libre Examen, Bruxelles, Éditions du Cercle du Libre Examen, 1998, page 44.
↑Contre le SIDA : la capote, pas la calotte : Association pour l’Art et l’Expression Libre, Cercle du Libre Examen, Tels Quels, association des gays et des lesbiennes, Act Up Bruxelles, Alternative libertaire, lire en ligne.
↑Contre le sida : La capote pas la calotte, « Poster produced by Association pour l'Art et l'Expression Libre, Cercle du Libre Examen, ACT UP Bruxelles, and Alternative Libertaire. », voir en ligne.
↑Éric Zolla, Listes des 43 sites se référant explicitement et sûrement à l'anarchisme au , in Aspects socio-politiques de l'Internet - Un cas particulier : l'observation de la présence du mouvement anarchiste francophone sur l'Internet, DEA de Sociologie, Directeur de mémoire M. Guy Lacroix, Université d'Evry (Val d'Essonne), , lire en ligne.
↑Mémoire de fin d'études de bibliothécaire-documentaliste (Haute École Paul-Henri Spaak - IESSID), Création d'une base données pour le mensuel Alternative libertaire, Fabrice WILVERS, 1050 Bruxelles, 1999-2000, notice en ligne
↑Le dépliant de promotion pour L’injure : Jules Brunin, le deuxième livre des éditions 22 marsplacard.ficedl
↑Jean-François Lermusieau, Gaffeur du cœur Sur la Grand-Place de Mons, un troubadour du XXIe siècle poétise de terrasses en cafés : Jules Brunin, généreux entêté que la vie refuse d'épargner, Le Soir, 18 octobre 2002, lesoir.be
↑L'injure, Jules Brunin, 22 mars, 1984 - 293 pages Lire en ligne
↑Le drapeau noir, l’équerre et le compas, [Léo Campion], Maison de la solidarité et de la fraternité et Éditions Alternative libertaire, 1996 Cgécaf
↑Les aventures épatantes et véridiques de Benoît Broutchoux, Phil Casoar et Stéphane Callens, Éditions Humeurs Noires & CCL, 1993, Imprimerie 22 mars Cgécaf