André Silbermann – ou Andreas Silbermann –, né le à Kleinbobritzsch en Saxe et décédé le à Strasbourg, est le premier d'une lignée de facteurs d'orgue réputés, actifs en Alsace au XVIIIe siècle. Lui-même réalisa 34 instruments, la plupart en Alsace, dont 13 dans des églises protestantes et 16 dans des églises catholiques. Les plus connus sont ceux des abbayes bénédictines de Marmoutier et d'Ebersmunster, fort bien conservés.
Biographie
André Silbermannn naît le à Kleinbobritzsch, en Saxe. Son père s’appelle Michael et est charpentier, tandis que sa mère se nomme Anne Marie Preussler[1]. À treize ans il débute un apprentissage de menuisier à Freiberg, qui s’achève en 1694[2]. Il fait probablement ensuite un second apprentissage chez un facteur d’orgues, mais le nom de celui-ci est inconnu, bien que des hypothèses évoquent Eugenio Casparini[1],[2]. La première mention de sa présence en Alsace date de 1699, lorsqu’il rénove l’orgue de l’église de Bouxwiller[2]. Il travaille quelque temps pour le facteur de clavecins Frédéric Ring, dont il tente, sans succès, de reprendre l’activité lorsque celui-ci fait une embolie en 1701. Il s’établit alors à son compte à Strasbourg avec son frère Gottfried et obtient le droit de bourgeoisie le [1],[2].
Après avoir réalisé l’orgue du couvent Sainte-Marguerite de Strasbourg en 1702-1703, Silbermann part à Paris pour se perfectionner dans la réalisation des orgues à la française. Il y travaille jusqu’en 1706 chez François Thierry, l'organier du roi[3],[2]. Il rentre en Alsace le et travaille dans l’atelier de Gottfried à Finkwiller jusqu’au départ de celui-ci pour la Saxe[1],[2].
André Silbermann meurt le à Strasbourg et son atelier est repris par son fils Jean-André[1].
Œuvres
État des œuvres
La zone d’activité d’André Silbermann est la région est la région du Rhin supérieur, qui correspond à l’Alsace, au pays de Bade et à la Suisse alémanique. Il a réalisé au total trente-quatre orgues, dont neuf positifs. La majeure partie d’entre eux ont toutefois disparu ou ont été fortement remaniés ultérieurement. Ainsi, seuls les instruments de Marmoutier et d’Ebermunster sont encore en grande partie dans leur état original. Même y ajoutant ceux n’ayant été que modérément altérés, par exemple ceux de Saint-Matthieu de Colmar et Altorf, le total des instruments dont l’état de conservation est suffisant pour se représenter leur tonalité d’origine ne dépasse pas sept[2].
Caractéristiques stylistiques
À part peut-être l’orgue réalisé en 1703 pour le couvent Sainte-Marguerite de Strasbourg, toutes les œuvres connues d’André Silbermann sont postérieures à son séjour parisien. Celui-ci joue un rôle central dans l’élaboration de sa signature stylistique. Il est à noter en particulier qu’il y est en contact étroit avec les Thierry, qui sont chargés de l’entretien de l’orgue de l’église Saint-Gervais, dont l’orgue de Marmoutier est une réplique presque exacte[1].
Les orgues d’André Silbermann sont ainsi fortement influencés par le style français. Celui-ci se retrouve notamment dans les mesures en pieds et la présence des trois groupes caractéristiques de ce style : plein-jeu, jeu de tierce, grand jeu. Néanmoins, il n’a généralement pas reproduit à l’identique le style parisien, mais y a ajouté certains éléments caractéristiques des orgues rhénans, notamment la pédale de 16’ à l’arrière du buffet principal[2].
Historiographie
La vie de Silbermann est essentiellement connue au travers des écrits de son fils Jean-André. Ces écrits représentent un ensemble de sept volumes de notes générales sur les orgues d’Europe et leurs fabricants, dans lesquelles André Silbermann est régulièrement mentionné[a]. Les informations généalogiques proviennent quant à elle essentiellement des registres paroissiaux[1].
C’est sur cette partie généalogique en particulier que l’historiographie a le plus évolué avec un bouleversement lié au travail de thèse de Marc Schaefer dans les années 1980, qui a rendu obsolète de larges parties de la bibliographie antérieure[b]. Celui-ci a en effet mis en évidence par une étude approfondie des registres paroissiaux que la généalogie des Silbermann établie jusque-là était largement erronée. Il n’existe ainsi aucune trace tangible d’un lien matrimonial entre les Silbermann et les Sauer et Wentzel qui ont repris son atelier, ni avec les autres familles Silbermann établies en Alsace avant 1700[1].
Dispersé : les tuyaux et les sommiers de la pédale sont encore à Rosheim, mais le buffet, le positif de dos et les sommiers du grand orgue sont à l’église de Waldowisheim et trois registres à celle de Lixhausen.
Marc Schaefer, « André Silbermann », dans Les Silbermann, histoire et légendes d’une famille de facteurs d’orgues, Strasbourg, Archives de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg, , p. 33-34.
(de) Hermann Wettstein, Die Orgelbauerfamilie Silbermann : bibliographischer Beitrag zu ihrem leben und werk (1683. 1783. 1983), Universitätsbibliothek, Fribourg-en-Brigsau, 1983, 89 p.
Charles-Léon Koehlhoeffer, Les Silbermann : facteurs d'orgues en Alsace et en Saxe, J. Do Bentzinger, Colmar, 2008, 416 p. (ISBN978-2-84960-143-3)
Marc Schaefer, Recherches sur la famille et l'œuvre des Silbermann en Alsace, Université de Strasbourg, 1984, 1066 p. (thèse de musicologie)
↑Ces documents, surnommés « Archives Silbermann », ont été publiés sous la référence suivante : (de) Jean-André Silbermann et Marc Schaefer (éditeur scientifique), Das Silbermannarchiv : Der handschriftliche Nachlass des Orgelmachers Johann Andreas Silbermann (1712-1783), Winterthur, Amadeus, , 560 p. (ISBN3-905049-39-2).
↑Marc Schaefer et Georges Livet (dir.), Recherches sur la famille et l’œuvre des Silbermann en Alsace : Introduction aux "Archives Silbermann" de Paris (Thèse de 3e cycle), Strasbourg, , 533 p..