Annemarie Schwarzenbach naît à Zurich en 1908 dans une famille d’industriels suisses issue de la haute bourgeoisie et proche de l’extrême droite. Elle est la petite-fille du généralUlrich Wille, et la fille d'Alfred Schwarzenbach, un magnat de la soie, proche de l'extrême droite[3]. Ouvertement lesbienne, elle vit difficilement avec sa famille et ne songe qu'à partir[4].
À partir de 1927, elle étudie l'histoire et la littérature à Zurich et à Paris et commence à écrire des articles pour la presse helvétique.
En 1930, elle se lie d'amitié avec Klaus Mann et Erika Mann[5], enfants de Thomas Mann, et entretient une longue liaison avec la seconde[3],[4]. Elle leur apporte son soutien dans leur lutte contre le nazisme[6]. Les trois amis intègrent notamment la revue antifasciste Die Sammlung.
En 1931, elle obtient un doctorat. Elle a 23 ans et publie son premier roman, Les Amis de Bernhard. Elle s'est liée d'amitié avec Claude Bourdet, fils de Catherine Pozzi et futur résistant, avec lequel elle échangera une longue correspondance[7].
En 1933, Annemarie Schwarzenbach fait un premier voyage en tant que journaliste qui la mène en Espagne avec la photographe Marianne Breslauer.
La même année, elle se rend en Perse où, bien que lesbienne, elle épouse à Téhéran en 1935 le secrétaire de la légation de France, Achille Clarac, ouvertement homosexuel, afin de ne plus être dépendante de ses parents[8]. Son mariage lui permet d'obtenir un passeport diplomatique, qui facilitera ses voyages[3].
Par la suite, elle retourne en Suisse, puis part pour l'Union soviétique et les États-Unis. En 1938, elle effectue plusieurs cures de désintoxication pour son addiction à la morphine[9], l'une à la clinique du réputé Dr Ludwig Binswanger, puis une autre à la clinique Bellevue d'Yverdon. Elle y est soignée par une Dre Favez dont A. M. Schwarzenbach tombera amoureuse[10]. Pendant ces séjours en clinique, elle écrit La Vallée heureuse (Das glückliche Tal).
En 1939-1940, alors que l'Europe s'enfonce de nouveau dans la guerre, elle voyage en Ford de Genève à Kaboul, en passant par l'Iran, avec la voyageuse, écrivaine et photographe suisse Ella Maillart[3],[11], voyage marqué par ses problèmes de dépendance. L'épopée des deux femmes est relatée par Ella Maillart dans son livre La Voie cruelle[12]. C'est au cours de ce périple que Annemarie Schwarzenbach rédige l'ouvrage Un hiver au Proche-Orient. Elle réalise également différents reportages pour des journaux suisses[13].
Rentrée de périple, elle repart de nouveau aux États-Unis où sa dépendance à la morphine, ses tendances dépressives et ses tentatives de suicide l'obligent à suivre plusieurs traitements psychiatriques. Elle s'intéresse alors aux mouvements syndicaux. À New York, elle se lie d'amitié avec Carson McCullers, qui tombe follement amoureuse d'elle et lui dédicace Reflets dans un œil d'or[14],[15].
Lors d'un séjour au Congo belge, Annemarie Schwarzenbach rejoint à Brazzaville les forces françaises libres ; elle est prise pour une espionne nazie. Troublée par cette comparaison, elle se lance dans l'écriture d'une série de poèmes dont Les Rives du Congo-Tétouan. En 1942, la sérénité retrouvée, elle décide de rentrer en Suisse.
Orientreisen. Reportagen aus der Fremde. édition Ebersbach, Berlin, 2010 (ISBN978-3-86915-019-2), nouvelle édition : ebersbach & simon, Berlin, 2017 (ISBN978-3-86915-150-2).
Das Wunder des Baums. Roman. Aus dem Nachlass herausgegeben und mit einem Nachwort von Sofie Decock, Walter Fähnders und Uta Schaffers. Chronos, Zurich 2011 (ISBN978-3-0340-1063-4).
Afrikanische Schriften. Reportagen – Lyrik – Autobiographisches. Mit dem Erstdruck von «Marc». Hrsg. von Sofie Decock, Walter Fähnders und Uta Schaffers. Chronos, Zurich 2012 (ISBN978-3-0340-1141-9).
La Quête du réel, trad. Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris. La Quinzaine littéraire-Louis Vuitton, « Voyager avec… », 320 p., 2011 (ISBN978-2910491284).
Les Amis de Bernhard (Freunde um Bernhard), trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Éditions Phébus, 265 p., 2012 (ISBN978-2-7529-0540-6).
De monde en monde, Reportages 1934-1942, trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Zoé, 2012 (ISBN978-2-88182-850-8).
La Cage aux faucons et autres récits (Der Falkenkäfig), trad. D.-L.Miermont et N. Le Bris, Payot, 304 p., 2013 (ISBN978-2-228-90851-1).
Le Fleuve (Der Fluss), gravures de Christina Cohen-Cossen, trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Esperluète, 40 p., 2013 (ISBN978-2-35984-038-4).
Frühe Texte von Annemarie Schwarzenbach und ein unbekanntes Foto: Gespräch / Das Märchen von der gefangenen Prinzessin / „mit dem Knaben Michael.“ / Erik. In: Gregor Ackermann, Walter Delabar (Hrsg.): Kleiner Mann in Einbahnstrassen. Funde und Auslassungen. Aisthesis, Bielefeld: 2017 (=JUNI. Magazin für Literatur und Kultur. Heft 53/54) (ISBN978-3-8498-1225-6) S. 152-182.
Lorenz Saladin. Ein Leben für die Berge. Geleitwort von Sven Hedin, Berne, Hallwag, 1938 (réédition en 2007).
Die vierzig Säulen der Erinnerung. Mit einem Nachwort von Walter Fähnders. Golden Luft Verlag, Mainz, 2022 (ISBN978-3-9822844-0-8).
Expositions
Si d'aventures… à la Maison de la photographie[20] à Grenoble
Annemarie Schwarzenbach - Eine Frau zu sehen, Museum Strauhof à Zurich, 2008[21]
Annemarie Schwarzenbach Self portraits of the world[22], Museu Collecao Berardo, Lisbonne, 2010
Départ sans destination. Annemarie Schwarzenbach, photographe, Centre Paul-Klee, Berne, 2020[23]
Sur Annemarie Schwarzenbach
Cinéma
2000 : Une Suisse rebelle, Annemarie Schwarzenbach documentaire de Carole Bonstein, basé sur des archives inédites
2014 : Je suis Annemarie Schwarzenbach de Véronique Aubouy
Théâtre
1997 : Annemarie Schwarzenbach ou le mal du pays, texte d'Hélène Bezençon, mise en scène d'Anne Bisang au Théâtre Saint-Gervais à Genève[25]
2015 : Sils-Kaboul, projet théâtral mis en scène par Anne Bisang, créé au Théâtre populaire romand à La Chaux-de-FondsLa pièce repose sur le voyage effectué en 1939 par Schwarzenbach et Ella Maillart, à travers leurs écrits[26].
Musique
En 2010, le groupe lausannois Tamatakia consacre une piste à Annemarie Schwarzenbach sur son album-concept L'Appel du large, dédié aux voyageuses : Suite italienne dédiée à Anne-Marie Schwarzenbach, comprenant une passera et une tarentelle[27].
Sur l'album Lover, Beloved, Song from an Evening with Carson McCullers de Suzanne Vega figure un titre hommage à Annemarie Schwarzenbach : Annemarie.
↑ abc et d« Annemarie Schwarzenbach : le voyage à l'envers », dans Anne-Marie Gresser, La littérature suisse-allemande d'aujourd‘hui, Septentrion, (ISBN978-2-7574-0125-5, lire en ligne), p. 117-127.
Annemarie Schwarzenbach. Analysen und Erstdrucke. Mit einer Schwarzenbach-Bibliographie. Ed. Walter Fähnders / Sabine Rohlf. Bielefeld: Aisthesis 2005 (ISBN3-89528-452-1)
Dominique Laure Miermont, Annemarie Schwarzenbach ou le mal d'Europe, biographie, Payot, 2004
Roger Perret, Annemarie Schwarzenbach, une ébauche de portrait. In : Ella Maillart, La voie cruelle. – Lausanne, Éditions 24 Heures, 1987
"Elle, tant aimée" Biographie romancée par Mélania G. Mazzuco
Arrête de rêver, l'Étrangère, pièce de théâtre d'Hélène Bezençon, 2000
Vinciane Moeschler, Annemarie S ou les fuites éperdues, éditions de l'Âge d'Homme, 2000
Walter Fähnders, Uta Schaffers: „Ich schrieb. Und es war eine Seligkeit.“ Dichterbild und Autorenrolle bei Annemarie Schwarzenbach. In: Gregor Ackermann, Walter Delabar (Hrsg.): Kleiner Mann in Einbahnstrassen. Funde und Auslassungen. Aisthesis, Bielefeld 2017 (=JUNI. Magazin für Literatur und Kultur. Heft 53/54) (ISBN978-3-8498-1225-6) S. 119-151