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Annemarie Schwarzenbach

Annemarie Schwarzenbach
Annemarie Schwarzenbach photographiée par Anita Forrer (1938).
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
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Père
Alfred Schwarzenbach (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Renée Schwarzenbach-Wille (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Alfred Schwarzenbach (d)
Hans Schwarzenbach-WilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Achille Clarac (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Archives conservées par

Annemarie Schwarzenbach ( à Zurich - à Sils, Engadine) est une écrivaine, photographe, journaliste et aventurière suisse.

Photo d'Annemarie Schwartzenbach, 1937 : Port de Gnynia (Pologne).

Biographie

Annemarie Schwarzenbach naît à Zurich en 1908 dans une famille d’industriels suisses issue de la haute bourgeoisie et proche de l’extrême droite. Elle est la petite-fille du général Ulrich Wille, et la fille d'Alfred Schwarzenbach, un magnat de la soie, proche de l'extrême droite[3]. Ouvertement lesbienne, elle vit difficilement avec sa famille et ne songe qu'à partir[4].

À partir de 1927, elle étudie l'histoire et la littérature à Zurich et à Paris et commence à écrire des articles pour la presse helvétique.

En 1930, elle se lie d'amitié avec Klaus Mann et Erika Mann[5], enfants de Thomas Mann, et entretient une longue liaison avec la seconde[3],[4]. Elle leur apporte son soutien dans leur lutte contre le nazisme[6]. Les trois amis intègrent notamment la revue antifasciste Die Sammlung.

En 1931, elle obtient un doctorat. Elle a 23 ans et publie son premier roman, Les Amis de Bernhard. Elle s'est liée d'amitié avec Claude Bourdet, fils de Catherine Pozzi et futur résistant, avec lequel elle échangera une longue correspondance[7].

En 1933, Annemarie Schwarzenbach fait un premier voyage en tant que journaliste qui la mène en Espagne avec la photographe Marianne Breslauer.

La même année, elle se rend en Perse où, bien que lesbienne, elle épouse à Téhéran en 1935 le secrétaire de la légation de France, Achille Clarac, ouvertement homosexuel, afin de ne plus être dépendante de ses parents[8]. Son mariage lui permet d'obtenir un passeport diplomatique, qui facilitera ses voyages[3].

Par la suite, elle retourne en Suisse, puis part pour l'Union soviétique et les États-Unis. En 1938, elle effectue plusieurs cures de désintoxication pour son addiction à la morphine[9], l'une à la clinique du réputé Dr Ludwig Binswanger, puis une autre à la clinique Bellevue d'Yverdon. Elle y est soignée par une Dre Favez dont A. M. Schwarzenbach tombera amoureuse[10]. Pendant ces séjours en clinique, elle écrit La Vallée heureuse (Das glückliche Tal).

Ella Maillart visitant le sanctuaire de Karukh (Afghanistan), photographie d'Annemarie Schwarzenbach, 1939-1940.

En 1939-1940, alors que l'Europe s'enfonce de nouveau dans la guerre, elle voyage en Ford de Genève à Kaboul, en passant par l'Iran, avec la voyageuse, écrivaine et photographe suisse Ella Maillart[3],[11], voyage marqué par ses problèmes de dépendance. L'épopée des deux femmes est relatée par Ella Maillart dans son livre La Voie cruelle[12]. C'est au cours de ce périple que Annemarie Schwarzenbach rédige l'ouvrage Un hiver au Proche-Orient. Elle réalise également différents reportages pour des journaux suisses[13].

Rentrée de périple, elle repart de nouveau aux États-Unis où sa dépendance à la morphine, ses tendances dépressives et ses tentatives de suicide l'obligent à suivre plusieurs traitements psychiatriques. Elle s'intéresse alors aux mouvements syndicaux. À New York, elle se lie d'amitié avec Carson McCullers, qui tombe follement amoureuse d'elle et lui dédicace Reflets dans un œil d'or[14],[15].

Lors d'un séjour au Congo belge, Annemarie Schwarzenbach rejoint à Brazzaville les forces françaises libres ; elle est prise pour une espionne nazie. Troublée par cette comparaison, elle se lance dans l'écriture d'une série de poèmes dont Les Rives du Congo-Tétouan. En 1942, la sérénité retrouvée, elle décide de rentrer en Suisse.

Le , une chute de bicyclette en Engadine la blesse grièvement à la tête[16]. Elle est traitée par Oscar Forel dans un hôpital psychiatrique à Prangins, avec des électrochocs[17],[18]. Puis, sa mère la fait ramener en Engadine, où elle meurt le 15 novembre, à l'âge de 34 ans[13],[18].

Après sa mort, sa mère choisit de détruire une importante partie de sa correspondance. Cependant, le fonds Annemarie Schwarzenbach est conservé aux Archives littéraires suisses à Berne et est déposé en libre accès sur Wikimedia Commons en 2017[19]. Elle est surnommée « ange inconsolable » par l'écrivain français Roger Martin du Gard[13].

Œuvres

Gdynia, 1937.
Perse, 1935.
Schweden, 1937.
Port (Schweden), 1937.
  • La Vallée heureuse (Das glückliche Tal), trad. Yvette Z'Graggen, avec une biographie de Charles Linsmayer, Éditions de l'Aire/Griot, 1991 (ISBN 2881080987),
  • Nouvelle lyrique (Lyrische Novelle), Verdier, 1994.
  • La Mort en Perse (Tod in Persien), trad. D. Miermont, Payot, 1997 (ISBN 2-228-89424-9).
  • Loin de New York, Reportages et photographies (1936-1938) (Jenseits von New York), trad. D.L. Miermont, Payot, 2006, Payot Poche (ISBN 2228901202).
  • Orients exils, nouvelles, trad. D.-L. Miermont, Payot, 2000.
  • Où est la terre des promesses ? (Alle Wege sind offen), trad. D.-L. Miermont, Payot Poche, 2005 (ISBN 2-228-89853-8).
  • Le Refuge des cimes (Flucht nach oben), trad. D.L. Miermont, Payot, 2004 et coll. « Petite Bibliothèque Payot » no 899, 2013 (ISBN 9782228908528).
  • Rives du Congo / Tétouan (Kongo-Ufer / Aus Tetouan), trad. D.L. Miermont, postface Nicole Le Bris, Esperluète, 2005.
  • Hiver au Proche-Orient. Journal d'un voyage (Winter in Vorderasien. Tagebuch einer Reise), trad. D.L. Miermont, Payot, 2008 (ISBN 2228901083).
  • Les Quarante Colonnes du souvenir (Die vierzig Säulen der Erinnerung), trad. D.-L. Miermont, préface Nicole Le Bris, Esperluète, 2008.
  • Lettres à Claude Bourdet (1931-1938), trad. D.-L. Miermont, Zoé, 2008.
  • Annemarie Schwarzenbach, Ella Maillart, Nicolas Bouvier, Bleu immortel, Voyages en Afghanistan (Unsterbliches Blau, Reisen nach Afghanistan), Zoé, (ISBN 9782881824845).
  • Orientreisen. Reportagen aus der Fremde. édition Ebersbach, Berlin, 2010 (ISBN 978-3-86915-019-2), nouvelle édition : ebersbach & simon, Berlin, 2017 (ISBN 978-3-86915-150-2).
  • Das Wunder des Baums. Roman. Aus dem Nachlass herausgegeben und mit einem Nachwort von Sofie Decock, Walter Fähnders und Uta Schaffers. Chronos, Zurich 2011 (ISBN 978-3-0340-1063-4).
  • Afrikanische Schriften. Reportagen – Lyrik – Autobiographisches. Mit dem Erstdruck von «Marc». Hrsg. von Sofie Decock, Walter Fähnders und Uta Schaffers. Chronos, Zurich 2012 (ISBN 978-3-0340-1141-9).
  • La Quête du réel, trad. Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris. La Quinzaine littéraire-Louis Vuitton, « Voyager avec… », 320 p., 2011 (ISBN 978-2910491284).
  • Les Amis de Bernhard (Freunde um Bernhard), trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Éditions Phébus, 265 p., 2012 (ISBN 978-2-7529-0540-6).
  • De monde en monde, Reportages 1934-1942, trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Zoé, 2012 (ISBN 978-2-88182-850-8).
  • La Cage aux faucons et autres récits (Der Falkenkäfig), trad. D.-L.Miermont et N. Le Bris, Payot, 304 p., 2013 (ISBN 978-2-228-90851-1).
  • Le Fleuve (Der Fluss), gravures de Christina Cohen-Cossen, trad. D.-L. Miermont et N. Le Bris, Esperluète, 40 p., 2013 (ISBN 978-2-35984-038-4).
  • Frühe Texte von Annemarie Schwarzenbach und ein unbekanntes Foto: Gespräch / Das Märchen von der gefangenen Prinzessin / „mit dem Knaben Michael.“ / Erik. In: Gregor Ackermann, Walter Delabar (Hrsg.): Kleiner Mann in Einbahnstrassen. Funde und Auslassungen. Aisthesis, Bielefeld: 2017 (=JUNI. Magazin für Literatur und Kultur. Heft 53/54) (ISBN 978-3-8498-1225-6) S. 152-182.
  • Lorenz Saladin. Ein Leben für die Berge. Geleitwort von Sven Hedin, Berne, Hallwag, 1938 (réédition en 2007).
  • Die vierzig Säulen der Erinnerung. Mit einem Nachwort von Walter Fähnders. Golden Luft Verlag, Mainz, 2022 (ISBN 978-3-9822844-0-8).

Expositions

  • Si d'aventures… à la Maison de la photographie[20] à Grenoble
  • Annemarie Schwarzenbach - Eine Frau zu sehen, Museum Strauhof à Zurich, 2008[21]
  • Annemarie Schwarzenbach Self portraits of the world[22], Museu Collecao Berardo, Lisbonne, 2010
  • Départ sans destination. Annemarie Schwarzenbach, photographe, Centre Paul-Klee, Berne, 2020[23]

Sur Annemarie Schwarzenbach

Cinéma

  • 2000 : Une Suisse rebelle, Annemarie Schwarzenbach documentaire de Carole Bonstein, basé sur des archives inédites
  • 2001 : Le Voyage au Kafiristan de Donatello Dubini Retrace le voyage d'Annemarie Schwarzenbach et d'Ella Maillart en 1939[24]
  • 2014 : Je suis Annemarie Schwarzenbach de Véronique Aubouy

Théâtre

Musique

  • En 2010, le groupe lausannois Tamatakia consacre une piste à Annemarie Schwarzenbach sur son album-concept L'Appel du large, dédié aux voyageuses : Suite italienne dédiée à Anne-Marie Schwarzenbach, comprenant une passera et une tarentelle[27].
  • Sur l'album Lover, Beloved, Song from an Evening with Carson McCullers de Suzanne Vega figure un titre hommage à Annemarie Schwarzenbach : Annemarie.

Notes et références

  1. « https://www.helveticarchives.ch/detail.aspx?ID=165130 » (consulté le )
  2. « https://fmpsrvprd.unil.ch/BCU_fonds/findrecords.php?-link=Rechercher » (consulté le )
  3. a b c et d « Annemarie Schwarzenbach : le voyage à l'envers », dans Anne-Marie Gresser, La littérature suisse-allemande d'aujourd‘hui, Septentrion, (ISBN 978-2-7574-0125-5, lire en ligne), p. 117-127.
  4. a et b « The Lost Ones: Annemarie Schwarzenbach - L'ange inconsolable de la littérature - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le ).
  5. « Une vie une œuvre - Annemarie Schwarzenbach : "L’ange inconsolable" (1908-1942) » [audio], sur France Culture.
  6. Annemarie Schwarzenbach, icône lesbienne
  7. On ne connaît que les lettres d'Annemarie à Claude Bourdet, les lettres de ce dernier ayant été détruites par la mère d'Annemarie après sa mort.
  8. Baudouin Eschapasse, « Le troublant regard d'Annemarie Schwarzenbach », sur Le Point, (consulté le ).
  9. (en) Isobel Leybold-Johnson, « Swiss writer's life was stranger than fiction », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
  10. Charles Linsmayer : Biographie in "La Vallée heureuse" (Das glückliche Tal), trad. Yvette Z'Graggen, Éditions de l'Aire/Griot, 1991 (ISBN 2881080987)
  11. Elle est évoquée sous le pseudonyme de Christina tout au long du récit de voyage d'Ella Maillart, La Voie cruelle.
  12. Ella Maillart, La Voie cruelle : deux femmes, une Ford vers l'Afghanistan, Paris, Éditions Payot, (ISBN 978-2-228-88106-7, BNF 35001210).
  13. a b et c Irène Omélianenko, « Annemarie Schwarzenbach : "L’ange inconsolable" (1908–1942) », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Frédéric Vitoux, préface de La Voie cruelle, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 2001, p. 17.
  15. Dominique Miermont, préface de La Mort en Perse, Voyageurs Payot, 1997, p. III.
  16. « Plus de 3000 photos d'Annemarie Schwarzenbach en libre accès », sur Memoriav, (consulté le ).
  17. Abigail Zoppetti, « Portraits de femmes chez les Schwarzenbach », Swissinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. a et b Daniel de Roulet, La Suisse de travers, Éditions Héros-Limite, (ISBN 978-2-88955-026-5), p. 23-24.
  19. « Annemarie Schwarzenbach : les photos de son aventure », SWI swissinfo.ch,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Voir sur ac-grenoble.fr.
  21. (de) « ANNEMARIE SCHWARZENBACH - Eine Frau zu sehen 19.3.-1.6.2008 - Stadt Zurich », sur stadt-zuerich.ch (consulté le ).
  22. Voir sur en.museuberardo.pt.
  23. Zentrum Paul Klee, Monument im Fruchtland 3, CH-3000 Bern, « Départ sans destination. », sur Zentrum Paul Klee (consulté le ).
  24. Le Voyage au Kafiristan, sur allocine.fr, consulté le 15 avril 2015.
  25. Radio Télévision Suisse, « Emission sur Annemarie Schwarzenbach (1997) », (consulté le ).
  26. « Théâtre: Sils-Kaboul à La Chaux-de-Fonds - Radio », sur Play RTS (consulté le ).
  27. « Tamatakia - L'Appel du large », sur fonoteca.ch (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

  • Annemarie Schwarzenbach. Analysen und Erstdrucke. Mit einer Schwarzenbach-Bibliographie. Ed. Walter Fähnders / Sabine Rohlf. Bielefeld: Aisthesis 2005 (ISBN 3-89528-452-1)
  • Dominique Laure Miermont, Annemarie Schwarzenbach ou le mal d'Europe, biographie, Payot, 2004
  • Roger Perret, Annemarie Schwarzenbach, une ébauche de portrait. In : Ella Maillart, La voie cruelle. – Lausanne, Éditions 24 Heures, 1987
  • "Elle, tant aimée" Biographie romancée par Mélania G. Mazzuco
  • Arrête de rêver, l'Étrangère, pièce de théâtre d'Hélène Bezençon, 2000
  • Alexis Schwarzenbach Auf der Schwelle des Fremden. Das Leben der Annemarie Schwarzenbach. Collection Rolf Heyne, München 2008 (ISBN 978-3-89910-368-7)
  • Vinciane Moeschler, Annemarie S ou les fuites éperdues, éditions de l'Âge d'Homme, 2000
  • Walter Fähnders, Uta Schaffers: „Ich schrieb. Und es war eine Seligkeit.“ Dichterbild und Autorenrolle bei Annemarie Schwarzenbach. In: Gregor Ackermann, Walter Delabar (Hrsg.): Kleiner Mann in Einbahnstrassen. Funde und Auslassungen. Aisthesis, Bielefeld 2017 (=JUNI. Magazin für Literatur und Kultur. Heft 53/54) (ISBN 978-3-8498-1225-6) S. 119-151

Bande dessinée

Liens externes

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