Atahualpa Yupanqui, né Héctor Roberto Chavero Aramburu[1], le dans le partido de Pergamino en Argentine, et mort le à Nîmes, en France, est un poète, chanteur et guitaristeargentin. Ses compositions font partie du répertoire d'innombrables artistes, tant dans son pays que dans différentes parties du monde. Il est considéré comme le folkloriste argentin le plus important de sa génération[2].
Son pseudonyme, choisi dès l'adolescence, est formé d'Atahualpa, et de Yupanqui. Atahualpa yupanqui signifierait « celui qui vient de contrées lointaines pour dire quelque chose », en langue quechua[3].
Biographie
Son père est d'ascendance quechua et exerce comme télégraphiste ferroviaire et comme dresseur de chevaux[4], sa mère est basque. Atahualpa grandit dans un premier temps à El Campo de la Cruz, au nord de Buenos Aires. Puis il passe le reste de son enfance à Fortín Roca, autre village de la Pampa, où son père travaille.
Enfant gaucher, dès l’âge de six ans il apprend à jouer du violon avec le curé du village, mais s'oriente bientôt vers la guitare, sous la direction du maestro Bautista Almirón[5].
À la mort de son père, en 1921, il se décide à devenir artiste et pratique divers métiers pour gagner sa vie. Il parcourt alors les grands espaces de son pays, découvrant la réalité misérable dans laquelle vit le peuple des campagnes, indien ou métis. Il devient leur porte-parole dans ses premières compositions — Camino del Indio, Nostalgia de Tucumán. En 1928, journaliste à Buenos Aires, il rencontre l’anthropologueAlfred Métraux, avec qui il explore la Bolivie[6]. Sa connaissance intime des êtres, des paysages, des coutumes ancestrales et de l’âme indienne nourrit son inspiration.
En 1948, après deux emprisonnements pour son appartenance au Parti communiste de l'Argentine sous le régime autoritaire de Juan Perón, il s'exile en France. Il fait ses débuts en 1950 sur scène, présenté par Édith Piaf au théâtre de l'Athénée, à Paris. Il acquiert une certaine notoriété et il devient l’ami de Louis Aragon, Paul Éluard, Picasso, Rafael Alberti. Il multiplie les tournées en Europe et dans le monde entier. En 1952, Yupanqui décide de rompre avec le communisme. La déception qu'il ressent à l'égard de l'Union soviétique lors de son passage dans des pays comme la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et la Tchécoslovaquie entre 1948 et 1950 se répercute également dans sa décision[4].
Les années 1960 sont celles de sa consécration internationale. Tournées en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, au Japon, au Maroc, en Israël[7].
L'artiste compose quelque 350 chansons officiellement enregistrées[8] selon les formes mélodiques du folklore argentin, il compose des milongas, des chacareras, des vidalas, des zambas, des bagualas, des canciones. Parfois, les musiques de ses chansons sont composées par sa femme Antoinette Pépin-Fitzpatrick, dite « Nénette » (pianiste et compositrice née à Saint-Pierre-et-Miquelon, et morte le à Buenos Aires), qui signe alors ses musiques sous le pseudonyme de Pablo del Cerro.
En 1985, il reçoit en Argentine un prix de la Fondation Konex en tant que plus grande figure de l'histoire de la musique populaire argentine[7].
Il meurt en 1992 à Nîmes après un concert du groupe El Pueblo à l'Odéon. Suivant sa volonté, son corps est rapatrié dans son pays natal et repose à Cerro Colorado (province de Córdoba), l'endroit préféré de sa femme (d'où le « Cerro » de son pseudonyme).