Brennos (IVe siècle av. J.-C.)
Brennus est un commandant militaire des Sénons du IVe siècle av. J.-C.[1]. Il est principalement connu pour avoir vaincu les Romains à la bataille de l'Allia, puis attaqué Rome et pris une grande partie de la ville, la tenant pendant plusieurs mois, vers 387 av. J.-C. Le sac de Rome par Brennus fut la seule fois en 800 ans où la ville fut occupée par une armée étrangère, jusqu'à la chute de la ville face aux Goths en 410. ÉtymologieIl existe plusieurs hypothèses sur l'origine de son nom :
ContexteLes Sénons sont un peuple gaulois provenant de la partie de la France actuellement connue sous le nom de Seine-et-Marne, Loiret et Yonne, qui s'était étendue pour occuper le nord de l'Italie. Vers 400 av. J-C, une branche des Sénons traversa les Alpes et, ayant chassé les Ombriens, s'établit sur la côte est de l'Italie, d'Ariminum à Ancône, dans l'Ager Gallicus, et fonda la ville de Sena Gallica (Sinigaglia) qui est devenue leur capitale. En 391, ils envahirent l'Étrurie et assiégèrent Clusium. Les Clusiens firent appel à Rome. Quintus Fabius Ambustus et ses deux frères furent envoyés pour négocier avec les Sénons. Ils auraient violé leur serment de neutralité en participant à des hostilités en dehors de Clusium. Tite-Live et Plutarque disent que les Sénons ont marché vers Rome pour exiger des réparations[2]. Il est possible que toute l'histoire des événements de Clusium soit une fiction, Clusium n'ayant aucune raison de faire appel à Rome pour obtenir de l'aide, et les Sénons n'avaient pas besoin de provocation réelle pour mettre à sac Rome. L'hypothèse est que l'histoire existe pour fournir une explication à une attaque par ailleurs non motivée contre Rome et pour représenter Rome comme un rempart de l'Italie contre les Gaulois[2]. Il a aussi été envisagé que Brennos travaillait de concert avec Denys de Syracuse, qui cherchait à contrôler toute la Sicile. Rome avait de fortes alliances avec Messana, une petite ville de Sicile, que Denys voulait contrôler. L'armée de Rome se faisant encercler par Brennos, ses efforts aideraient la campagne de Denys[3]. BiographieOriginesOn connaît très peu de choses sur les origines de Brennus. Tout porte à croire que sa famille, appartenant au peuple des Sénons, était originaire d'Agedincum[5] (l'actuelle ville de Sens, dans l'Yonne). Vers 400 av. J.-C., cette population migra vers le sud, rejoignant l'actuelle région de la Romagne et des Marches, en Italie. Premiers exploitsEn 6 ans, il réussit à unifier toutes les sénons en prenant le contrôle de la totalité de la Romagne et des Marches (région ultérieurement appelée ager gallicus, quand les Romains en prendront le contrôle). Pour cela, il assiège la ville étrusque de Clusium, qui, pour se défendre, demande l'aide de Rome. Le Sénat romain décide donc d'envoyer trois émissaires issus de la gens Fabia avec pour objectif, dans un premier temps, de jouer le rôle de médiateur entre les assiégés étrusques et les troupes gauloises. Néanmoins, Rome prend vite conscience du danger que représentent ces redoutables envahisseurs et décide de s'allier aux Étrusques. Brennus relève le défi. Après avoir pris et saccagé Clusium, il décide de marcher sur Rome à la tête de ses troupes. La tradition romaine a conservé un récit détaillé mais très suspect de cette invasion[6]. Lorsque le Sénat romain est informé de ces événements, il lance un appel aux armes à tous les citoyens romains, afin de constituer une armée qui arrêterait les Gaulois. L'affrontement entre les deux armées ennemies a lieu le 18 juillet -390 sur la rive gauche du Tibre, à l'endroit où se jette un modeste affluent, le ruisseau appelé Allia, (peut-être le Fosso Maestro, près de Marcigliana), qui donna son nom à la bataille (Bataille de l'Allia). L'armée romaine, mal préparée, est terrassée par l'armée gauloise, plus expérimentée et avide de vengeance. La défaite fut si grave que le 18 juillet (le Dies Alliensis) fut dès lors considéré comme un jour néfaste dans le calendrier romain. Sac de RomeAffolés et dispersés, les survivants de l'armée romaine préfèrent pour la plupart se réfugier dans les villes voisines de Caere et Véies, laissant la défense de la Ville aux quelques citoyens romains restés à Rome. Ces derniers décident de se retrancher dans la partie de la ville la plus facilement défendable : le Capitole. Lorsque les Gaulois entrent dans Rome, ils ne trouvent pour les accueillir que les sénateurs romains dans la Curie. Après les avoir massacrés, les Gaulois pillent la ville, puis cherchent à prendre le Capitole par surprise, de nuit. Des écrits romains racontent que les oies consacrées à Junon auraient alerté les défenseurs romains endormis, de l'arrivée des assaillants gaulois, leur permettant ainsi de les repousser. On pense généralement aujourd'hui que cette histoire a été inventée de toutes pièces par les Romains désireux d'effacer la honte subie et de redorer l'image de l'armée romaine. Néanmoins, à l'endroit où cet événement aurait eu lieu fut édifié un temple appelé Iuno Moneta[7], lieu où seront plus tard frappées les premières monnaies romaines, leur donnant ainsi son nom moneta qui donnera plus tard le mot français « monnaie ». De plus, il fut dédié à cet épisode une fête religieuse ayant lieu le 3 août, durant laquelle les oies étaient portées en triomphe lors d'une procession. Résolution du conflit et la fin de BrennusRançonEn proie à la famine, les assiégés finissent par négocier leur reddition contre rançon. La tradition rapporte que celle-ci est de 1 000 livres d'or. Les historiens rapportent également que lors de la pesée de la rançon, les Gaulois utilisent des poids truqués, des pierres en plomb alourdissant alors le tribut des Romains. Aux protestations romaines, Brennus répond de manière éloquente en ajoutant son épée aux poids incriminés, se justifiant du droit des vainqueurs par la phrase « Vae Victis » (« Malheur aux vaincus »). L'historien Polybe rapporte une conclusion différente de la version traditionnelle, variante selon laquelle, les Vénètes envahissant leur pays, les Gaulois sont forcés d'interrompre le siège du Capitole[8]. Victoire finale de CamilleCamille, nommé dictateur intervient ensuite, en contestant la légalité de la rançon. Cette position provoque un combat avec les Gaulois, qui sont battus. Néanmoins, l'historicité de cet événement reste sujette à caution :
Cette dernière version est la plus probable car Rome, lors de la conquête de l'Étrurie, épargne Caeré et son territoire. Brennus et ses guerriers survivants parviennent cependant à se replier dans le nord de l'Italie, où le chef gaulois s'éteint. Les trois versions sont probablement fausses, car on n'a retrouvé aucune trace révélant la victoire de Camille. Les Romains ont peut-être voulu atténuer l'humiliation qu'ils ont subie. Histoire et légendePour Nicholas Horsfall, « les événements de 390 - ou plutôt de 387/6 - sont, dans la forme où ils ont été transmis, un inextricable fatras de récits étiologiques, d'apologies familiales, de doublets et de transferts de l'histoire grecque. »[9]. Ainsi, le nom du chef des Sénons, Brennus, qui n'apparaît qu'à partir de Tite-Live (il ne figure ni chez Polybe ni chez Diodore de Sicile), reflète probablement le nom du chef des Celtes qui ont fait une incursion en Grèce en 280/279[9]. Venceslas Kruta et Valerio Manfredi considèrent que Camille et Marcus Manlius Capitolinus étaient morts lors de l'invasion gauloise et que leur présence dans le récit n'a pas d'autre objet que de sauver l'honneur romain[10]. Enfin, le récit de la prise de Rome s'inspire de la prise d'Athènes par les Perses en 480 av. J.-C.[9]. Notes et références
BibliographieSources
Ouvrages spécialisés
AnnexesArticles connexesLiens externes
|