La collection Pinault est la collection d'œuvres appartenant à l’homme d'affaires François Pinault et sa famille, en propre ou via des sociétés commerciales. La collection Pinault comporte plusieurs milliers d'œuvres, essentiellement représentatives de l'art moderne et de l'art contemporain, sous forme de tableaux mais aussi de photos ou d'installations visuelles ou sonores.
La collection, initialement gérée par plusieurs sociétés commerciales[note 1], est, depuis fin 2020, exploitée par une société et sous une marque commune, Pinault Collection.
Historique
La collection
Initiée par François Pinault dans les années 1970 avec l'acquisition de son premier tableau, Cour de ferme par Paul Sérusier, elle se complète rapidement de tableaux de peintres du début du XXe, tels que Picasso, Georges Braque, Fernand Léger ou Yves Tanguy[1].
La taille de la collection, détenue en propre ou non, n'est pas connue avec certitude, les chiffres annoncés (5 000 selon François Pinault, 4 350 selon Jean-Jacques Aillagon en 2019) variant d'autant plus que sa gestion est très active, les achats et les ventes se succédant. L'inventaire en est d'autant plus difficile que parmi les œuvres présentées lors d'expositions, une partie n'appartient pas à la collection et provient de prêts à court ou long terme[2].
Certaines ventes relèvent d'un coup de poker : c'est le cas de certaines créations de Damien Hirst acquises alors que sa cote s'est sérieusement ternie en 2008. Deux cent-vingt d'entre elles sont présentées au Palais Grassi en 2017 au cours de l'exposition « Le Trésor de l'épave de l'Incroyable », et toutes sont vendues à l'issue de l'exposition à des prix jugés « astronomiques »[2].
Projets de lieux d'exposition
En 2000, François Pinault annonce le projet de construire un musée sur l'ancien site des usines Renault sur l'île Seguin[3]. Les médias amalgament le projet artistique de Pinault avec la création d'une fondation, titre utilisé par les services de communication de l'homme d'affaires, alors qu'aucune structure de type fondation n'a été créée, sa collection d'art moderne étant hébergée par une société commerciale détenue par sa société Artemis[note 2],[4], si ce n'est la François Pinault Foundation, une fondation de droit néerlandais immatriculée en 2006 à Amsterdam, et créée pour faciliter le transit des œuvres prêtées par Artemis pour des expositions et à y apposer le label « Pinault »[5]. François Pinault se retire du projet en avril de la même année[3].
Il se tourne alors vers l'Italie et choisit de montrer sa collection à Venise, au Palazzo Grassi, acquis en et rénové en 2006. Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture, est alors responsable de la collection Pinault. À ce premier lieu d'exposition viennent s'ajouter la Punta della Dogana (2009) et le Teatrino (2013), toujours à Venise[6].
En 2005, François Pinault rachète au groupe Fiat le Palazzo Grassi à Venise. Le site comprend deux bâtiments : un palais historique construit au milieu du XVIIIe siècle au bord du Grand Canal et un ancien théâtre adjacent tombé en ruine[7]. Le palais est rénové par l'architecte japonais Tadao Andō et inauguré en 2006 avec la première exposition d’une sélection d'œuvres de Pinault Collection[8].
L'ancien théâtre est reconstruit par Tadao Andō en 2013 avec un auditorium et une salle de conférence de 225 places[9].
En 2007, François Pinault remporte contre la Fondation Solomon R. Guggenheim l'appel d'offres lancé par la Ville de Venise pour la cession de la concession du bâtiment des Douanes vénitiennes afin de les transformer en un musée d'art contemporain[10]. François Pinault fait de nouveau appel à l'architecte japonais Tadao Andō pour réhabiliter cet ancien entrepôt du XVIe siècle, désaffecté depuis une trentaine d'années[11].
Le nouveau musée ouvre ses portes en [12]. Il offre une surface exploitable de 5 000 m2[13].
À la suite de l'appel à projet Réinventer Paris lancé en 2014 par la Ville de Paris, la mairie de Paris initie à la fin de l'été 2015 les négociations avec la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris-Ile-de-France pour obtenir la cession de la Bourse de commerce, bâtiment[14] qui lui avait été cédé en 1949 par la Ville de Paris pour un franc symbolique[15]. La Bourse de commerce nécessitant des coûts d'entretien élevés, la Chambre de Commerce et d'Industrie se montre dans un premier temps réceptive au projet, sans pour autant juger les conditions de rachat de l'édifice satisfaisantes[16]. La vente à la mairie de Paris est finalement conclue pour un montant de 86 millions d'euros[17].
L'annonce officielle de l'installation de la collection d'art contemporain de François Pinault à la Bourse de Commerce de Paris a lieu le à l'Hôtel de Ville de Paris en présence d'Anne Hidalgo, maire de la ville[18]. Le partenariat conclu entre la Mairie de Paris et François Pinault accorde à ce dernier un bail emphytéotique de cinquante ans pour l'exploitation de la Bourse de Commerce de Paris[19]. Le montant des travaux de remise aux normes et de rénovation est estimé à 108 millions d'euros, entièrement à la charge de François Pinault et de sa famille, le contrat de location étant établi entre la Ville de Paris et la holding familiale de François Pinault[20].
La transformation du bâtiment en musée est confiée à Tadao Andō avec une équipe de maîtrise d'œuvre composée de Pierre-Antoine Gatier (architecte en chef des monuments historiques), Lucie Niney et Thibault Marca (agence d'architecture NeM), et le groupe Setec pour le volet technique[21]. Au centre du projet de Tadao Ando, la construction d'un cylindre de 30 m de diamètre pour 9 m de haut, une sorte de « bâtiment dans le bâtiment »[22]. Un restaurant est prévu au 3e étage[22] confié au chef cuisinier français Michel Bras[23].
Le site parisien s'étend sur 3 000 m2 de surface d'exposition. François Pinault précise que le musée de la Bourse de commerce opèrera en coordination avec les musées vénitiens de Pinault Collection[24] et présentera 10 expositions par an. L'ouverture annoncée pour [25] a été reportée au printemps 2021 à la suite de retards dus à la pandémie de Covid-19[26]. Son ouverture a lieu en mai 2021[27].
En juin 2021, Marianne révèle les mauvaises conditions de travail des agents d’accueil du musée, employés par le prestataire Marianne International sur le site de la Bourse de commerce[28].
En septembre 2021, Emma Lavigne est nommée directrice générale du musée[29].
Expositions
Expositions
Début
Fin
Lieu
Titre
Notes
Source
Palazzo Grassi
Where are we going?
1re exposition officielle de la Pinault Collection
Parallèlement aux expositions organisées dans les musées gérés en propre, Pinault Collection présente régulièrement une sélection d'œuvres dans d'autres sites, en France et à l'étranger, et développe une politique soutenue de prêts d'œuvres aux institutions françaises et étrangères.
Au-delà de la couleur, le noir et le blanc dans la Collection Pinault
2023
Rennes, Couvent des Jacobins
Forever Sixties, l'esprit des années 1960 dans la Collection Pinault
Autres activités
Résidence d'artistes
Fin 2015, Pinault Collection inaugure sa première résidence d'artistes à Lens[45]. Le bâtiment, un ancien presbytère ravagé par un incendie, est situé dans l'ancienne cité minière à proximité immédiate du Louvre-Lens. L'agence NeM/ Niney et Marca architectes réhabilite le bâtiment existant en logement et créée un atelier dans le jardin[46].
En 2015, en hommage à son ami écrivain Pierre Daix décédé en 2014, François Pinault crée le Prix Pierre Daix qui récompense chaque année un livre d'exception sur l'Histoire de l'art contemporain et moderne. Le prix, organisé par Pinault Collection, est doté de 10 000 euros[52].
Revue Pinault Collection est une revue semestrielle qui présente les activités de Pinault Collection à Venise, Paris, et dans le monde. La revue est éditée depuis 2013[61].
Structures juridiques exploitantes
Créée en 1999, l'entreprise devient Pinault Collection à partir de 2013. Son actif est composé d'une grande partie de la collection Pinault (2 800 œuvres d'art comptabilisées au bilan 2016 pour un montant de 826 millions d'euros[5], 5 000 œuvres annoncées en 2019[2]).
Pinault Collection est une société anonyme à actionnaire unique de droit français[62] dirigée par François Pinault (président) et Sylvain Lefort, ancien membre de cabinet d'Emmanuel Macron[63],[2]. Les activités du musée parisien de la Bourse du commerce (ouvert au printemps 2021) sont gérées par Collection Pinault-Paris[64], filiale de la financière Pinault[4] créée en 2014 avec un capital social de 130 millions d'euros, et dirigée par François Pinault (président) et Martin Béthenod (directeur général)[5].
Les activités du Palazzo Grassi à Venise sont gérées par Palazzo Grassi Spa, une filiale italienne détenue à 80 % par la société Pinault Collection-Paris, le solde restant appartenant à la mairie de Venise[4],[5], propriétaire du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana[65]. La société Palazzo Grassi Spa est dirigée par Martin Béthenod[66].
Une autre partie des œuvres appartiennent en propre à François Pinault[5],[2].
La société Pinault Collection, contrôlée par la financière Pinault, est absorbée par Pinault Collection-Paris en novembre 2020[67] dans le but de rationaliser la gestion de la collection d'art de François Pinault. Sa collection est alors estimée à 1,5 milliard d'euros[67].
Notes et références
Notes
↑Pinault Collection, détentrice d'une partie de la collection, et chargée de sa gestion et de sa valorisation (achats et ventes, partenariats institutionnels et culturels, prêts d'œuvres, résidence d'artistes, soutien à la création et à l'histoire de l'art moderne et contemporain), Collection Pinault-Paris gérant du musée parisien de la Bourse du commerce et la société Palazzo Grassi Spa gérant les sites d'exposition du Palais Grassi et de la Punta della Dogana à Venise.
↑(fr) Jean-Michel Tobelem est un universitaire français (professeur associé à l'université de Panthéon Sorbonne), spécialiste des institutions culturelles.
Références
↑ ab et c(en) Susan Adams, « The Artful Billionaire », Forbes, (lire en ligne).
Jean-Gabriel Fredet, La guerre secrète des milliardaires de l’Art : Pinault-Arnault, les nouveaux Médicis ?, Humensis, (ISBN9791032905272, lire en ligne)
Philip Jodidio, Tadao Ando Venice: The Pinault Collection at the Palazzo Grassi and the Punta Della Dogana, ed. Skira Rizzoli, (ISBN978-0847834105)
Fabrice Bousteau, Giandomenico Romanelli, Palazzo Grassi : François Pinault Foundation, ed. Beaux Arts Editions, (ISBN978-2842789206)
François Pinault, Martin Bethenod, Caroline Bourgeois, Albert Oehlen: Cows by the Water, ed. Marsillo, (ISBN978-8831729031)