Unité de tir Crotale, livré à l’armée française en 1980, du Groupe antiaérien 503, de l'Escadron de défense sol-air 13/950 Somme stationné sur la base aérienne 103 Cambrai-Épinoy en 2008. L'escadron existe de 1987 a 2010.
Le missile Crotale est un missile sol-air français à courte portée, composé d'une batterie comportant une unité d'acquisition et deux ou trois unités de tir ou embarqué à bord de naviresmilitaires.
Histoire
L'origine du Crotale remonte à la volonté de l'Afrique du Sud de se doter d'un système antiaérien mobile en tout temps en 1964. À la suite du refus du gouvernement britannique de lui fournir un tel système d'arme, l'Afrique du Sud demanda à Thomson-CSF de le développer, Pretoria assurant 85 % des coûts de développement.
Il fut conçu par une équipe dirigée par Jean Galipon de la Division Systèmes Électroniques de Thomson-CSF située à Bagneux.
Après une série d'essais au centre d'essai des Landes, les premières unités furent livrées à l'armée sud-africaine en 1971, sous le nom de Cactus. L'Armée de l'air française, intéressée, commanda une unité d'acquisition et deux unités de tir puis, après une série de tests concluants, passa commande de 20 batteries[1].
Les premières versions du missile sont capables d'atteindre une cible mobile à 8 500 mètres de distance en vingt secondes de vol.
Par la suite, le missile VT-1 fut développé par Thomson-CSF en collaboration avec l'entreprise américaine Ling-Temco-Vought.
Le 5 avril 1991, Thomson-CSF rejoint le GIE Euromissile, constitué de l'allemand MBB (du groupe Deutsche Aerospace) et du français Aérospatiale pour développer en commun le système antiaérien courte portée Crotale NG (Nouvelle Génération)[2].
La France l'a déployé au Tchad. Lors d’une attaque le 7 septembre 1987 par un avion Tupolev Tu-22 libyen contre la base aérienne d'Abéché, 4 missiles sont tirés sans le toucher, mais cela l'a empêché de viser les installations militaires[3].
Lors de la guerre du Golfe, il est également mis en œuvre par la France avec cinq ou six unités de tir de l'armée de l'air[4], qui ne l'a toutefois pas utilisé au combat. L'Arabie saoudite l'a déployé lors de la libération de la capitale du Koweït en février 1991.
Lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, deux systèmes et des missiles[5] données par la France aux Forces armées ukrainiennes sont utilisées, entre autres, contre les missiles de croisière russes[6].
Versions
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Le Crotale a été constamment amélioré, et compte de nombreuses versions, dont certaines embarquées sur des bâtiments de guerre.
Crotale 3000 : système tout temps destiné à combattre en ambiance de guerre électronique, contre des avions évoluant à basse et très basse altitude et à grande vitesse.
Crotale évolué : performances et résistance aux contre-mesures électroniques améliorées.
Système Shahine : ensemble d'acquisition et de tir de Crotale amélioré, monté sur châssis AMX 30, livré à l'Arabie saoudite.
Crotale NG : Crotale Nouvelle Génération, destiné à lutter contre les aéronefs évoluant à basse altitude et à faible vitesse, y compris les hélicoptères en vol stationnaire. Il est composé, pour l'armée de l'air française, d'une unité d'acquisition et de tir montée sur remorque shelter.
Utilisateurs
Afrique du Sud, 7 unités d'acquisition et 14 unités de tir, retirées du service en 1992.
Corée du Sud, 114 unités de tir livrées en 1999 et 2009. Construites avec la participation de SamsungThales pour l'armée sud-coréenne. Le nom est KM-SAM Chunma ou Pegasus[7].
Égypte, 12 unités d'acquisition et 24 unités de tir (Sphinx).
France, 12 unités de Crotale NG en service en 2018[8], au sein des escadrons de défense sol-air (EDSA) 1/950 Crau (BA 125 Istres), 2/950 Sancerre (BA 702 Avord), 5/950 Barrois (BA 113 Saint-Dizier) et 12/950 Tursan (BA 118 Mont-de-Marsan). Les unités Crotale de première génération ont été retirées du service.
Finlande, 21 unités de Crotale NG sur un châssis de Patria Pasi 6x6 depuis les années 1990[9].
Grèce, 9 unités de Crotale NG pour la force aérienne sur Patria Pasi depuis 1998, 2 pour la marine.
Irak, n'a jamais reçu de système Crotale malgré des rumeurs persistantes[10].
Libye, 9 unités d'acquisition et 27 unités de tir. Lors du conflit au Tchad, l'armée française et l'armée libyenne aligneront toutes deux des missiles Crotale.
Maroc, 7e client du Crotale en 1978[11], retirées du service.
Pakistan, 12 unités d'acquisition et 24 unités de tir.
Ukraine, 2 batteries livrées par la France en novembre 2022[12],[13].
Batterie Crotale
Véhicule P-4 R
Équipage
2 hommes
Poids
14,8 t
Longueur
6,22 m
Largeur
2,65 m
Hauteur
2,04 m
Vitesse maximale
70 km/h
Autonomie
500 km
Blindage
3 à 5 mm
La batterie de missiles sol-air Crotale de première génération dans l'armée de l'air française est composée d'une unité d'acquisition et de deux ou trois unités de tir. Toutes deux sont montées sur le véhicule spécifique Hotchkiss P-4 R (sans rapport avec la Peugeot P4)[14], monté sur vérins hydrauliques en position de tir.
L'unité d'acquisition a pour fonction la détection, l'identification et la désignation des cibles. Pour cela, elle est équipée d'un radarThomson-CSFMirador IV Doppler, d'une portée maximale de 18 km. Ce radar est capable de prendre en charge jusqu'à douze objectifs à la fois. La cible repérée est identifiée et, si elle est hostile, est affectée à l'une des unités de tir. La batterie fonctionne donc en réseau.
L'unité de tir porte quatre missiles Crotale R-440. Elle comporte un radar d'acquisition et de poursuite, qui engage la cible dès que l'unité d'acquisition a envoyé le signal d'engagement. Elle est capable de tirer deux missiles à quelques secondes d'intervalle. Elle n'emporte aucun de rechange, mais dispose d'un camion chargé de la ravitailler. Le rechargement des lanceurs peut être effectué en moins de deux minutes par un équipage entraîné.
Crotale naval
Crotale Edir
Le Crotale Edir (Ecartométrie Différentielle Infrarouge) est associé aux radars DRBV 15 et DRBV 51B ou C. Son guidage est assuré par alignement et l'explosion par une fusée de proximité[15].
Il est constitué[15] de trois éléments. Une tourelle de lancement est équipée d'un télépointeur Thomson en bande Ku et d'une rampe de 8 missiles en conteneurs. Un local sous la tourelle assure la mise en œuvre du système formé du radar, du traitement d'informations, d'un calculateur digital et d'une console d'exploitation. Un stockage sous le pont contient 18 missiles en réserve et d'un élévateur chargeant la rampe de lancement. Un délai de 30 minutes est nécessaire pour la recompléter entièrement[15].
Le Crotale CN2 est armé de missiles VT 1 et équipe les frégates de Classe La Fayette[23] et les corvettes de classe Qahir de la Marine du Sultanat d'Oman[24].
Un développement mené en 2007 vise à augmenter le domaine de tir du Crotale VT1, avec une portée amenée à 15 km[25].
↑« La participation militaire française à la guerre du Golfe », Cahiers du Centre d'études d'histoire de la défense, no 21, , p. 51 (lire en ligne).
↑« En direct, guerre en Ukraine : la France dresse pour la première fois l’inventaire des armes fournies à Kiev », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Crotale français en Ukraine : première interception d'un missile russe », Air et Cosmos, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « K-SAM Pegasus », sur Missile Defense Advocacy Alliance, (consulté le ).