Frontières (média)
Frontières, anciennement Livre noir, est un média d’extrême droite créé par Erik Tegnér en 2021[1],[2]. HistoireEn 2021, Erik Tegnér lance, avec François de Voyer[3],[4] et Swann Polydor (développeur informatique), la chaîne YouTube Livre noir, média à la ligne éditoriale conservatrice[5],[6],[7],[8],[9] et identitaire[10],[11],[12]. Son nom est choisi en référence à un livre de la personnalité politique Éric Zemmour : Le Livre noir de la droite[3]. La chaîne YouTube s’inspire de Thinkerview[13] en faisant des entretiens sur des sujets politiques et sociétaux[13]. D’après Le Monde, à sa création, son but officieux est de pousser la campagne électorale d’Éric Zemmour[13]. Arrêt sur images qualifie le média de « très zemmourienne chaîne YouTube »[6]. En , le média publie son premier magazine[14]. Il tente en 2023 de fusionner avec le média Omerta, mais le projet n'aboutit pas[4]. En , le média se rebaptise Frontières dans le but de « peser encore davantage dans le paysage médiatique »[15]. Il bénéficie alors de l'entrée au capital d'actionnaires dont l'identité n'est pas dévoilée[16]. Équipe de rédaction et personnalités liéesD'après Mediapart, « qu’il s’agisse du profil de ses « journalistes » et de ses investisseurs, de son traitement éditorial ou encore de la place accordée à Éric Zemmour, tout rapproche plus Livre Noir d’une agence de communication que d’un site d’information »[7],[17]. Parmi les journalistes se trouve Pierre-René Lavier, également secrétaire général du média. Il est recruté par Erik Tegnér après avoir été administrateur d’Omerta, média d’extrême droite pro-Kremlin dirigé par Régis Le Sommier. Il anime le grand débat organisé avec Éric Zemmour et l'accompagne en voyage en Israël[18]. Constitué d'une équipe d'une quinzaine de salariés, Livre Noir se dote d'un « comité stratégique » comprenant l'ex-ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt, l'ancien PDG d'Elf Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, et l'avocat Thibault de Montbrial[4]. Traitement de l'informationInvasion de l'Ukraine par la RussieEn , un reportage avec les forces russes dans la ville assiégée de Marioupol est vivement critiqué par Arrêt sur images : « blog de Youtuber plutôt que reportage », éléments non contextualisés, informations non vérifiées, éléments de langage pro-russes, absence de mention du siège et des bombardements russes. Pour les journalistes Loup Bureau et Andrei Vaitovitch, les bases du journalisme et de la déontologie ne sont pas du tout respectées[19]. La Revue des médias de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) vilipende également la vidéo, qui aurait pour objectif principal de dénoncer l'immigration en Europe, et donc de montrer que les Ukrainiens pourraient rester en Ukraine[20]. À l'automne 2022, les trois investisseurs de départ, qui avaient injecté 300 000 euros dans Livre noir, reprennent leurs parts, en raison de divergences quant à la ligne éditoriale, devenue « servilement pro-russe » selon Libération. Des employés partent également pour les mêmes raisons après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. D'anciens proches considèrent qu'Erik Tegnér a « vrillé » après s'être rendu « au cœur des forces russes du Donbass ». Selon Libération, sa vidéo sur la bataille de Marioupol est « bourrée d’éléments de langages qui semblent dictés par le Kremlin »[21]. ImmigrationLivre Noir fait de la question de l'immigration sa priorité éditoriale. Erik Tegnér explique ainsi souhaiter que son média devienne « une référence sur l'immigration. On veut que ce soit récurrent. Jamais quelqu'un n'a fait un travail aussi complet que nous là-dessus »[4]. La Chaîne parlementaire (LCP) décrit la chaîne comme le fer de lance de la nouvelle presse d'extrême droite, fondé par des proches de Marion Maréchal et qui « donne la parole à tous ceux qui partagent la même obsession de l'immigration », caisse de résonance de Stanislas Rigault et Génération Zemmour[22]. En 2024, le média filme sans autorisation les personnes enfermées au centre de rétention du Canet, pendant la visite du député Gérault Verny[23]. ControversesConditions de travailLa plupart des salariés démissionnent au cours de l'année 2023. Dans une enquête de Libération, plusieurs mettent en cause les « violences verbales et psychologiques » dont ils auraient été victimes. Le quotidien relate avoir eu accès à des échanges privés confirmant l'existence de menaces et de dévalorisations de la part de l'encadrement[4]. Les conditions de travail sont ainsi particulièrement critiquées : non-respect des horaires de travail et des jours de repos, exploitation des alternants, menace de ne plus payer les employés s'ils réclament de travailler moins. Plusieurs anciens collaborateurs racontent avoir vu des alternants dormir à même le sol dans le local de Livre noir, tandis qu'un jeune Marocain, employé comme freelance au poste de monteur et créateur de contenus, s'est parfois vu privé de salaire[4]. Erik Tegnér est visé par une plainte de deux autres fondateurs de Livre Noir, François-Louis de Voyer et Swann Polydor, tous deux expulsés du média, pour « abus de bien social » et « abus de pouvoir »[4]. Condamnations du secrétaire généralEn , Pierre-René Lavier, journaliste et secrétaire général du Livre noir, est condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis et 1 000 euros de dommages-intérêts pour violences conjugales. Plusieurs de ses collègues et anciens collègues d'Omerta sont entendus pour cette affaire[18]. Références
Liens externes
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