Grand Prix automobile de Belgique 1951Grand Prix de Belgique 1951
Le Grand Prix de Belgique 1951 (XIIIe Grand Prix de Belgique / XIII Grote Prijs van Belgie), disputé sur le circuit de Spa-Francorchamps le , est la dixième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la troisième manche du championnat 1951. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeTroisième épreuve du championnat, cette course est en réalité le deuxième grand rendez-vous européen après le Grand Prix de Suisse, disputé trois semaines plus tôt sous une pluie battante et dominé par Juan Manuel Fangio sur Alfa Romeo. Le pilote argentin est donc en tête du classement provisoire, à égalité de points avec Lee Wallard, vainqueur des 500 miles d'Indianapolis, épreuve atypique du championnat et chasse gardée des spécialistes américains. Le circuitLe circuit naturel ardennais est alors, avec Monza, le plus rapide des tracés européens. La piste assez large permet des vitesses très élevées, pouvant dépasser les 300 km/h dans l'impressionnante descente de Masta. L'année précédente, l'épreuve fut remportée par l'Alfa Romeo de Juan Manuel Fangio, à plus de 177 km/h de moyenne. Monoplaces en lice
L'Alfetta est désormais dans sa dernière évolution, son moteur délivre maintenant 425 chevaux, au prix d'une consommation très élevée, de l'ordre de 150 litres de méthanol aux cent kilomètres sur ce circuit. L'usine engage ici trois modèles identiques pour le champion en titre Giuseppe Farina, Juan Manuel Fangio et le pilote essayeur Consalvo Sanesi.
S'avérant une sérieuse concurrente pour les Alfa Romeo, la Ferrari 375 dispose d'un moteur V12 atmosphérique développant 380 chevaux dans sa version à double allumage. Ces monoplaces peuvent espérer compenser leur handicap de puissance et de poids à vide par une consommation moindre, leur faisant économiser un arrêt en course malgré une moindre charge de carburant au départ. La Scuderia Ferrari a également engagé trois voitures : on retrouve ici Alberto Ascari (maintenant complètement rétabli de ses brûlures au bras), Luigi Villoresiet Piero Taruffi, soit la même équipe qu'à Bremgarten.
La firme de Suresnes n'a plus d'écurie officielle, c'est néanmoins la marque la plus représentée avec sept engagements : en plus des deux voitures de l'écurie Rosier (pilotées par Louis Rosier et Louis Chiron qui remplace Henri Louveau), on compte trois monoplaces privées ainsi que deux T26C jaunes pour les pilotes locaux Johnny Claes (Écurie Belge) et André Pilette (Écurie Belgique), qui dispute ici son premier Grand Prix. Bien qu'aujourd'hui totalement surclassées par les monoplaces italiennes, les Talbot peuvent encore espérer un résultat honorable dans cette longue épreuve grâce à leur fiabilité.
Pour la première fois depuis la naissance de la formule 1 (1948), un Grand Prix international va se dérouler sans Maserati. Deux 4CLT/48 étaient pourtant engagées (celle du Prince Bira, équipée du tout nouveau V12 O.S.C.A., et une des monoplaces d'Enrico Platé pour le pilote argentin José Froilán González), mais aucune ne participera au meeting. Coureurs inscritsQualificationsÀ la suite du forfait des Maserati, seulement treize voitures participent aux séances d'essais, dominées par les Alfa Romeo : leur puissance supérieure et leur moindre poids à vide leur donne un net avantage sur ce circuit très rapide. Juan Manuel Fangio se montre le meilleur, à près de 192 km/h de moyenne, devant son coéquipier Giuseppe Farina. Le seul souci rencontré par les Alfetta est une démultiplication trop courte, les moteurs tournant à plus de 9300 tr/min dans la descente de Masta, remettant en cause leur tenue en course. La solution du problème sera l'adoption de roues arrière plus grandes (dix-neuf pouces de diamètre au lieu de dix-sept), mais celles-ci ne pourront être essayées en qualifications[3]. Meilleur représentant de la Scuderia Ferrari, Luigi Villoresi est troisième, juste devant ses coéquipiers Alberto Ascari et Piero Taruffi. Tous ces pilotes ont battu le record établi par Farina en 1950. Avec un avantage d'environ quatre secondes au tour sur les Ferrari, les Alfetta ne seront toutefois pas à l'abri de la menace Ferrari en course : en effet, la gloutonnerie du 8 cylindres suralimenté les oblige à embarquer trois cents litres de carburant et à effectuer un arrêt de plus que leurs concurrentes.
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseLe temps est chaud et ensoleillé le jour de la course. Sur cette distance de plus de cinq cents kilomètres, les Alfa Romeo devront ravitailler deux fois en carburant, les Ferrari une fois, tandis que les sobres Talbot-Lago pourront effectuer la totalité de la course sans s'arrêter. Chez Alfa, on a reçu in extremis les jantes arrière de dix-neuf pouces, devant permettre de réduire le régime moteur dans la longue descente de Masta. Le changement est effectué sur les trois voitures une heure avant le départ[3]. De l'extérieur de la première ligne, Luigi Villoresi (Ferrari) est le plus prompt à s'élancer et aborde le virage de l'Eau Rouge en tête, devant l'Alfa Romeo de Giuseppe Farina et la Ferrari d'Alberto Ascari. Parti de la pole position, Juan Manuel Fangio (Alfa Romeo) est seulement quatrième, ayant trop fait patiner ses roues au départ. Farina parvient à prendre l'avantage sur Villoresi à Malmédy, mais ce dernier le repasse à Stavelot[5]. À l'issue du premier tour, Villoresi est toujours en tête, deux secondes devant Farina, suivi de près par Ascari, Fangio et la troisième Ferrari de Piero Taruffi. Sur la dernière Alfa Romeo, Consalvo Sanesi compte déjà près de vingt secondes de retard sur le leader. Puis viennent les six Talbot, déjà distancées (sur la septième Talbot, Philippe Étancelin a renoncé peu après le départ, transmission cassée). Le chassé-croisé entre les leaders continue au tour suivant, mais au second passage devant les stands Villoresi est à nouveau en tête, talonné par Farina, Ascari et Fangio. Au partir du troisième tour, Farina prend la direction des opérations, et imprime une cadence très rapide, la moyenne de la course est nettement supérieure au record de l'année précédente. Villoresi ne se maintient pas longtemps en seconde position, se faisant déborder par Ascari au quatrième tour, par Fangio au suivant. Le pilote argentin, après un départ relativement prudent, tourne maintenant à un rythme très soutenu : à la fin de la sixième boucle, après avoir dépassé Ascari, il est revenu à sept secondes de son coéquipier; au dixième passage, ayant tourné à une moyenne de près de 194 km/h, il est dans le sillage du leader. Les Ferrari sont décrochées, Villoresi a dû effectuer un bref arrêt au stand pour colmater une fuite d'huile, tandis que Taruffi vient d'abandonner, pont arrière cassé. Sanesi, un moment quatrième, est le premier à ravitailler et à changer ses roues arrière, au début du douzième tour (les stands sont situés juste après la ligne d'arrivée). Il semble en difficulté, de la vapeur s'échappe du radiateur. Il parvient à repartir, mais abandonne quelques kilomètres plus loin. Farina et Fangio sont toujours roues dans roues à la fin du quatorzième tour. Farina effectue alors son premier arrêt ravitaillement, changeant également ses pneus arrière. Il repart en seconde position, Fangio prenant la tête de la course. Pour une ronde seulement, car l'Argentin s'arrête au passage suivant, pour son premier ravitaillement et changement de pneus. Ses mécaniciens ne parviennent pas à démonter la roue arrière gauche, deux rayons brisés la coinçant sur le moyeu ! On est obligé d'utiliser un tire-moyeu pour extraire roue et tambour de frein, et de procéder à un remplacement du pneu sur la jante. Pendant les quinze minutes que va durer l'opération, l'attitude de Fangio force l'admiration du public : d'un calme olympien, il essuie tranquillement sa visière, prend ensuite un rafraichissement. Quand il peut enfin repartir, sous les acclamations de la foule, il compte quatre tours de retard et a perdu toute chance de bien figurer[5]. En tête Farina compte désormais une bonne avance sur les Ferrari d'Ascari et Villoresi, qui effectuent leur ravitaillement en carburant respectivement aux dix septième et vingtième tours[6]. Villoresi va devoir effectuer un arrêt supplémentaire deux rondes plus tard pour remplacer une roue avant, sans toutefois perdre sa troisième place, loin devant les Talbot de Louis Rosier et Yves Giraud-Cabantous. Au moment d'effectuer son deuxième arrêt-ravitaillement, au début du vingt-cinquième tour, le champion du monde a porté son avance à près de trois minutes. Il repart avec une marge confortable de plus de deux minutes sur Ascari, la fin de course se déroulant sans incident notable, les positions étant acquises. Battu en Suisse, Farina emporte ici une nette victoire et prend la tête du championnat, avec deux points d'avance sur Fangio qui est parvenu à terminer la course (neuvième, il est le dernier classé), récompensé d'un point pour son record du tour réalisé en début d'épreuve. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, deuxième, troisième, cinquième, dixième quinzième, dix-huitième et vingt-cinquième tours[2],[7].
Classement de la course
Pole position et record du tour
Évolution du record du tour en courseLe record de la piste fut amélioré cinq fois au cours de l'épreuve[2]. Progression du record du tour
Tours en tête
Classement général à l'issue de la course
À noter
Notes et références
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