Infanterie cyclisteL'infanterie cycliste désigne les soldats d'infanterie qui manœuvrent sur le champ de bataille en utilisant des bicyclettes. Son apparition remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque la bicyclette devint populaire en Europe, aux États-Unis et en Australie. Usage initialDe nombreuses expériences ont été menées pour rechercher des applications militaires à la bicyclette et ont abouti à la mise en place d'unités complètes avec des missions et des matériels spécifiques. AllemagneBelgiqueComme bien d'autres armées, l'armée belge adopte le vélo et le donne à ses carabiniers qui deviendront les carabiniers-cyclistes. Ils participeront à la première victoire alliée contre l'Allemagne (La bataille de Haelen, le ), où ils reçurent de l'adversaire le surnom de « Diables noirs ». Pendant l'entre-deux-guerres, l'armée belge mit également sur pied une unité de cyclistes frontières coiffés d'un béret semblable à celui des Chasseurs ardennais mais bleu. L'expérimentation la plus massive des unités à bicyclettes est organisée par le premier Lieutenant Moss de la 25e Infanterie des États-Unis (un régiment d'infanterie composé uniquement d'Afro-Américains avec des officiers blancs). Utilisant une grande variété de bicyclettes, le lieutenant Moss et ses troupes effectuent d'épiques expéditions à bicyclette parcourant de 800 à 1 600 km à la fois. À la fin du XIXe siècle, l'armée américaine évalue l'utilisation de la bicyclette pour le transport de troupes sur de longues distances. Les Buffalo Soldiers stationnés dans le Montana parcourent ainsi des centaines de kilomètres en tout-terrain à une vitesse impressionnante. FranceLes premières expérimentations datent d'un décret du , sous la direction du Capitaine Gérard. Il crée dans son régiment, le 87e de ligne, un groupe de 12 cyclistes qu'il augmente jusqu'à atteindre l'effectif d'une compagnie en 1898. Entre 1893 et 1895, il invente une bicyclette pliante[1] capable de franchir des terrains non-préparés. Ce modèle est lancé puis produit par Peugeot. Des unités expérimentales sont créées à partir de 1895 dans diverses unités. Le , leur tenue est fixée. Le , le 2e et le 6e corps sont dotés de compagnies cyclistes. En 1903, toutes les compagnies cyclistes sont transférées à des corps de chasseurs. Le , elles sont transformées en compagnies permanentes. Puis l'intérêt pour des unités cyclistes se perd et ne refait surface que dans les années 1911-1912. Le , les compagnies sont transformées en dix groupes de chasseurs cyclistes qui sont subordonnés aux dix divisions de cavalerie de l'armée française. Ces groupes comprennent 2 capitaines, 1 médecin, 1 officier des détails, un état-major de 17 hommes, trois pelotons à 2 officiers et 8 sous-officiers, 121 caporaux et chasseurs et chacun divisé en 3 escouades soit au total 417 hommes. Leur rôle est de soutenir la cavalerie amie et de lui apporter des capacités de combat d'infanterie contre la cavalerie et l'infanterie adverse. Ces groupes sont utilisés lors de la bataille des frontières et la bataille de la Marne, mais leur activité s'arrête avec la guerre de tranchées. Elle reprend lors des phases de mouvement de 1916 à 1918. Des unités à bicyclettes apparaissent à partir des années 1880. La première unité permanente est formée par la milice (Volunteer) en 1888, le 26th Middlesex Rifle Volunteers Battalion. Pendant la guerre des Boers, la bicyclette est employée de manière intermittente mais aucune unité n'est déployée. En 1908, à la suite de la réforme de Lord Haldane qui transforme les unités de "volunteers" en Territorial Force, 9 bataillons de cyclistes sont formés :
En 1908, un dixième bataillon est créé,
En 1910, l'Essex and Suffolk Cyclist Battalion est coupé en deux et donne naissance aux :
En 1911 deux autres bataillons sont créés :
Enfin, au début de 1914 est créé le quatorzième bataillon cycliste :
Aucune de ces unités territoriales n'est déployée en France en 1914, elles sont utilisées pour défendre les côtes britanniques. En 1915, l'Army Cyclist Corps est fondé pour regrouper tous ces bataillons auquel se joignent dix huit autres bataillons formés par des régiments de Yeomanry de deuxième ligne :
La quasi-totalité de ces unités n'ont pas été employées comme unités cyclistes mais remises à la disposition de l'infanterie de ligne comme réserve. Lorsque les unités ont pu être employées dans leur rôle normal lors des phases de mouvements, leur emploi n'a pas convaincu. L'Army Cyclist Corps est dissous en 1919 et les dernières unités reviennent à l'infanterie de ligne en 1922. SuèdeAu début de la Seconde Guerre mondiale, l'armée suédoise comptait six régiments d'infanterie à vélo. Ils étaient équipés de bicyclettes militaire suédoises. Les plus courantes étaient les m/42, un vélo droit et sans dérailleur, produit par différents grands fabricants suédois de vélos. Ces régiments ont été supprimés entre 1948 et 1952, et les bicyclettes conservées pour un usage général dans l'armée. Au début des années 1970, l'armée commence à les vendre comme surplus militaire. Ils deviennent très populaires grâce à leur faible coût et à leur faible entretien, spécialement chez les étudiants. Pour répondre à cette popularité, une entreprise indépendante, Kronan, a commencé à produire une version modernisée du m/42 en 1997. SuisseL’Armée suisse avait une troupe d'infanterie d’élite cycliste qui a cessé d’exister au . Les troupes cyclistes d’élite sont créées en 1892 en vertu de la loi fédérale établissant la formation de compagnies cyclistes. En 1912, elles intègrent les sections de combat afin d'étendre leurs compétences au-delà des missions de liaison comme par exemple l’exploration, l’occupation des avant-postes ou la sûreté des flancs de déplacement de l’infanterie[2]. En 1937, les troupes cyclistes passent de l'infanterie aux troupes légères nouvellement créées, qui intègrent également la cavalerie et les troupes légères motorisées. En 1962, les troupes cyclistes sont incorporées aux troupes mécanisées et légères (TML) nouvellement créées, lesquelles regroupent les troupes mécanisées (soldats de chars, grenadiers de chars, lance-mines de chars, soldats antichars) et les troupes légères (cyclistes, explorateurs, soldats antichars, soldats lance-mines 8.1, la cavalerie jusqu'à la suppression de celle-ci en 1972, ainsi que les téléphonistes, motocyclistes, soldats radio, soldats de renseignement et autres spécialistes rattachés aux TML). Le , dans le cadre du passage d'Armée 95 à Armée XXI en 2004, les trois régiments de cyclistes incorporés aux trois corps d'armée de campagne[3] sont dissous, marquant ainsi la fin des troupes cyclistes au sein de l'Armée suisse. Nombre des officiers, sous-officiers et soldats des régiments cyclistes seront réincorporés en 2004 au sein des brigades blindées, renommées "brigades mécanisées" depuis 2018. Les troupes cyclistes de 1995 à 2003:
Un régiment était composé de trois bataillons. Parmi eux, deux étaient composés d'une compagnie d'état-major (EM), de trois compagnies de cyclistes, d'une compagnie cycliste lance-mines (lm 8,1 cm 1933/72, motorisé) et une compagnie cycliste anti-chars (M47 Dragon et Panzerfaust 3). Un bataillon était composé d'une compagnie d'état-major, d'une compagnie de cycliste, d'une compagnie de lance-mine lourd (lm 12 cm, motorisé), d'une compagnie de chasseur de chars (Piranha TOW) et d'une compagnie sanitaire. Les vélos militaires, que les troupes cyclistes appelaient "machine", continuent néanmoins d’être utilisés pour leurs côtés pratiques, écologiques et sportifs par exemple lors des écoles de recrues et des écoles de cadres, sur les places d’armes et durant les cours de répétitions[4]. Il y a eu deux modèles de vélo fabriqués pour l’armée Suisse. Le vélo d'ordonnance 05, qui a été fabriqué de 1905[5] aux années 80 en plusieurs versions, il n’avait qu’une seule vitesse. Il a ensuite été remplacé par le Vélo militaire d'ordonnance 93, avec 7 vitesses. Tous deux étaient fabriqués par l’entreprise Condor. Histoire au combatLa première utilisation connue de la bicyclette au combat date du « Jameson Raid » précédant la seconde guerre des Boers, pendant lequel des cyclistes ont fait office de messagers. À la guerre, les cyclistes militaires effectuaient également des missions de renseignement ; cependant, différents combats ont impliqué de l'infanterie cycliste des deux côtés. Première et Seconde Guerres mondialesPendant la Première Guerre mondiale, la bicyclette était extrêmement utilisée que ce soit dans l'infanterie, le renseignement, la transmission des informations ou pour les soins médicaux. L'armée allemande conduit une étude sur l'usage de la bicyclette et publie ses résultats sous le titre Die Radfahrertruppe. Pendant ce temps, en Italie, les unités « Bersaglieri » utilisent des bicyclettes jusqu'à la fin de la guerre. Lors de l'invasion de la Chine en 1937, le Japon emploie 50 000 soldats à bicyclette. Au début de la Seconde Guerre mondiale, leurs campagnes au sud pour capturer Singapour en passant par la Malaisie péninsulaire dépendent largement des soldats à vélo. La bicyclette permet le transport silencieux et flexible de centaines de soldats, capables ensuite de surprendre et de semer la confusion chez les défenseurs. Les bicyclettes permettent également de réduire les exigences de la machine de guerre japonaise, ne nécessitant ni camion ni bateau supplémentaire pour les transporter et n'utilisant pas de précieux pétrole. L'usage de la bicyclette par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale est limité, mais inclut des bicyclettes pour les parachutistes et les messagers à l'intérieur des lignes amies. L'opération Biting à Bruneval en 1942 est ainsi conduite par des vélo-commandos aéroportés. Guerre non conventionnelleBien que massivement utilisés pendant la Première Guerre mondiale, les vélos ont été largement remplacés par le transport motorisé dans les armées modernes. Cependant, ils ont repris une nouvelle vie comme « arme du peuple » dans la guérilla et les guerres non conventionnelles, où la capacité du vélo à transporter de lourdes charges (environ 180 kg) et des approvisionnements à la vitesse d'un homme qui marche le rend très utile pour les forces légères. Sur de longues périodes, les Vietcongs et l'Armée populaire vietnamienne ont utilisé des bicyclettes pour transporter l'approvisionnement de la « Piste Hô Chi Minh », évitant ainsi les attaques répétées des États-Unis et les bombardements stratégiques des Alliés. Lourdement chargés, ces bicyclettes étaient difficilement dirigeables. Le ravitailleur marchait alors à côté, poussant la bicyclette comme une brouette. Avec certains chargements très lourds, les ravitailleurs attachaient parfois des tiges de bambou au vélo pour le diriger comme avec un gouvernail (cette méthode est encore utilisée en Chine aujourd'hui). Les « vélos de transport » vietnamiens étaient reconstruits dans des ateliers dans la jungle avec un cadre renforcé pour porter de lourdes charges sur tout terrain. XXIe siècleL'usage du vélo comme un moyen de transport d'infanterie a continué au XXIe siècle avec le régiment cycliste de l'armée suisse, composé de 3 000 soldats, qui a existé jusqu'en 2003. Certains rapportent que des vélos tout terrain ont été utilisés par les forces spéciales américaines comme véhicule de renseignement lors de l'invasion américaine de l'Afghanistan et des batailles consécutives et il est, en 2009, utilisé par le contingent néerlandais de l'ISAF. Références
Liens externes
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