Très jeune, il rencontre le poète Max-Pol Fouchet, puis ouvre, en 1960, rue des Beaux-Arts à Paris une galerie où alternent les expositions de jeunes artistes (Robert Malaval, Pol Bury, Sam Szafran...) et celles dévolues aux arts primitifs – pour lesquels il invente dans les années 1970 l'expression « Arts premiers[1] ». Il entreprend de nombreux voyages d'étude (Afrique noire, Indonésie) pour y étudier les arts primitifs[2]. En 1980, il cesse son métier de marchand d'art pour se consacrer à l'organisation d'expositions[1].
Ayant rencontré Jacques Chirac en vacances à l'île Maurice en 1990[4] (1992 selon d'autres sources[5]), il devient dans ce domaine l'interlocuteur favori de ce dernier, lui-même grand amateur d'arts premiers[6]. C'est pendant ces vacances que Kerchache soumet à Chirac l'idée d'un musée des Arts premiers, comme en a été témoin Jean-Pierre Elkabbach[4].
Jacques Kerchache est à l'origine de l'ouverture du Pavillon des sessions du Louvre en 2000 sous le patronage du président de la République, qui lui confie alors le projet de concevoir la collection des Arts premiers[5],[6]. Le musée de l'Homme, des Civilisations et de l'Art, dit aussi musée des Arts premiers ou encore musée du Quai Branly est le chantier culturel du président Chirac, pour lequel une somme d'un milliard de francs est allouée. « Marchand d'art controversé, collectionneur avisé[7] », ses adversaires ont critiqué son passé, sa science d'homme sans diplômes mais érudit, à assimiler, selon le marchand d'art africain du Cameroun Alain de Monbrison, « son remarquable travail de marchand au simple pillage[8] ».
Jacques Kerchache est mort cinq ans avant l'inauguration en du musée du Quai Branly[5],[6]. Sa veuve, Anne, est, par décision ministérielle, membre du conseil d'administration du musée.
Ouvrages
Les chefs-d'œuvre du monde entier naissent libres et égaux, éd. Adam Biro, 1990
L'Art africain, éditions Citadelles - Mazenod, 1988 (nouvelle édition revue et augmentée en 2008) - c'est la présence de ce livre sur le bureau de Jacques Chirac sur une photo qui incite Jacques Kerchache à aborder le maire de Paris
Nature démiurge - insectes, Actes Sud, 2000, (Fondation Cartier pour l'art contemporain), texte d'Ettore Sottsass et photographies de Patrick Gries. Livre édité après l'exposition Être nature; exposition qui est présentée à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris en 1998.
Sur le rôle de Jacques Kerchache dans la création du musée du Quai Branly :
Jacques Kerchache, Portraits croisés, collectif, Gallimard - musée du Quai Branly, 2003
Bernard Dupaigne, Le Scandale des arts premiers. La Véritable Histoire du musée du Quai Branly, Paris, Mille et une nuits, 2006. (Comme son titre l'indique, l'ouvrage est très critique, notamment à l'égard de la personne de Jacques Kerchache. L'auteur, Bernard Dupaigne, a été directeur du laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme).
Sally Price, Au musée des illusions : Le Rendez-vous manqué du Quai Branly, Éditions Denoël, Paris, 2011, 368 p.
↑ a et b« Comment Chirac, sur une plage, a eu l'idée du quai Branly : "Pour ça, il faut que vous soyez président de la République !" », Europe 1, (lire en ligne)
↑ ab et cRoxana Azimi et Béatrice Gurrey, « Chirac et Kerchache, hommage à l’artiste inconnu », Le Monde, (lire en ligne)
↑ ab et cLaurence Beauvais, « Musée du Quai Branly : dix années revisitées », Le Parisien, (lire en ligne).