Issue d'une famille présente en Lorraine depuis le XVIIe siècle, Jacques commence ses études au lycée de Nevers, où son père est professeur, à partir de 1938[3]. Il reçoit le 1er prix du concours général (version latine), et entre à l'École normale supérieure à Paris, en 1951.
Enseignement de l'histoire de l'art
Agrégé de Lettres en 1954, boursier Focillon (1955 et 1970) et pensionnaire à la fondation Primoli (1955), puis à la fondation Thiers (1956-1959), assistant à l'Institut d'art et d'archéologie de la Sorbonne, il est professeur d'histoire de l'art à l'université de Dijon (1962-1970). Docteur ès lettres en 1970, il succède à André Chastel à la Sorbonne. Il est élu en au Collège de France sur la chaire d'Histoire de la création artistique en France.
Il a joué un rôle important dans la promotion de l'histoire de l'art et de son enseignement : il a été membre de la Commission de réforme de l'enseignement de l'histoire de l'art créée par Edgar Faure en , et a lancé l'idée d'un Institut de recherche sur l'histoire de l'art[4] et celle d'une école du patrimoine à partir des années 1970. Il a été secrétaire scientifique du Comité international d'histoire de l'art (CIHA) de 1969 à 1983, et a présidé le groupe Informatique du CIHA[5]. Il a été membre du Conseil national du CNRS (Histoire moderne et contemporaine), du Comité consultatif des universités (1970-1982), de la Commission nationale des monuments historiques, de la Commission des sites de la ville de Paris, du Conseil artistique des musées (1991-2010). De 1979 à 1985, il fut membre du Conseil d'administration de la Fondation Hugot du Collège de France.
Collectionneur d'art et attaché à sa région d'origine, la Lorraine, il participe activement au développement des musées lorrains. Ainsi, il a offert de son vivant une partie de sa collection de tableaux au conseil général de la Moselle pour le musée départemental Georges-de-La-Tour à Vic-sur-Seille en 1998. En 1999, son frère Guy Thuillier et lui-même font une donation exceptionnelle d'arts graphiques au musée des beaux-arts de Nancy. Cette donation, dont le nom des donataires est d'abord anonyme, est constituée d'environ 15 000 œuvres, environ 2 000 dessins et 13 000 gravures, œuvres de grands maîtres et petits maîtres essentiellement français, et parfois lorrains (tels les Frères Le Nain, Jacques Lagniet ou encore Jacques Dassonville), témoignant d'un attachement fort à sa région d'origine. Cette donation importante pousse le musée des beaux-arts de Nancy à repenser l'aménagement de ses collections et de ses réserves : des travaux importants d'agrandissement sont donc réalisés au début des années 2000 pour pouvoir accueillir pleinement cette collection et la conserver dans des conditions optimales[6]. Il fait don également à la ville de Nevers, ville de son adolescence et de ses études, d'une partie de ses archives, sa bibliothèque, une collection de dessins et d'estampes, sa photothèque, ses publications, faisant de la médiathèque de Nevers un centre de documentation sur la peinture française des XVIIe et du XIXe siècle. Une autre partie de ses archives et manuscrits est déposée à l'Institut national d'histoire de l'art, à Paris.
Artiste
L'activité de production artistique de Jacques Thuillier n'est connue qu'après sa mort[3]. Il pratique ainsi de nombreuses techniques de dessin : aquarelle, crayon, gravure sur bois, plume, encre de Chine, fusain et sanguine[3]. Une partie de ces œuvres est découverte par son frère, d'autres ont été données par Jacques Thuillier au musée des Beaux-Arts de Nancy sous le pseudonyme de Jean Caritey, nom de jeune fille de sa mère et identifiées plus tard comme étant de sa main[7],[3].
En plus de ses travaux plastiques, Jacques Thuillier écrit des poèmes[3].
Honneurs et distinctions
Il a reçu le prix Charles-Blanc de l’Académie française (1989), le prix Minda de Gunzburg (1991), le grand prix d'histoire de la ville de Paris (1991), le grand prix national d'histoire (1994), le grand prix d'histoire Châteaubriand (2002).
Roger de Piles, Cours de peinture par principes, J. Thuillier (préface), Paris, Gallimard, 1989.
Banque internationale de données biographiques sur les artistes : Manuel, rédigé par J. Thuillier (éd.), Strasbourg, Comité international d'histoire de l'art, 1989.
avec B. Brejon de Lavergnée et D. Lavalle, Simon Vouet, exposition tenue au Grand Palais, -, Paris, Réunion des musées nationaux, 1990.
Propos sur La Tour, Le Nain, Poussin, Le Brun, Paris, Réunion des musées nationaux, 1991.
La Peinture française : XVIIe siècle, Genève, Skira, 1992, 2 vol.
Georges de La Tour, Paris, Flammarion, 1992. Rééd. 1997, 2002, 2012.
↑Sandrine Herman, Estampes françaises du XVIIe siècle: une donation au Musée des beaux-arts de Nancy, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques, (ISBN978-2-7355-0661-3)
↑Charles Villeneuve de Janti, « Dessins secrets de Jacques Thuillier », préface, La Camosine
↑[00022496902&fastPos=2&fastReqId=1098503877 Décret du 13 juillet 2010].
↑« Calames », sur www.calames.abes.fr (consulté le )
Annexes
Bibliographie
Jean-Louis Balleret, « Jacques Thuillier (1928-2011) », La Camosine : Annales du Pays Nivernais, no 155, 2011.
Roland Recht, « Hommage à Jacques Thuillier, 1928-2011 », in Annuaire du Collège de France, 2011-2012, p. 91-95.
B. Jobert et A. Mérot, « Jacques Thuillier : nécrologie », Revue de l'Art, no 176, 2012, p. 85-87.
D. Lavalle (éd.), « Jacques Thuillier (1928-2011) : un historien d'art à Nevers », La Camosine, Annales du Pays nivernais, no 155, 2014.
Jacques Thuillier : l'homme et l'écrivain, D. Lavalle (préface), Nevers : Médiathèque Jean Jaurès, 2014, 253 p.
Denis Lavalle (éd.), Fabrice Cario (avant-propos), Charles Villeneuve de Janti (préface), « Dessins secrets de Jacques Thuillier », La Camosine, Annales du Pays nivernais, no 167, 2017, 36 p.