En , il devient notoire à la suite du scandale lié à la publication de son roman Les Demi-civilisés, qui lui vaut d'être condamné par le clergé, et tout particulièrement par le cardinal Villeneuve.
Biographie
Après avoir complété son cours classique au séminaire de Chicoutimi et son scolasticat chez les jésuites, il se rend à Montréal pour y suivre quelques cours de droit avant d'amorcer une carrière de journaliste. En 1915, il devient reporter au journal La Patrie.
En 1918, il déménage à Montmagny et travaille comme rédacteur publicitaire pour La Machine agricole nationale qui fera faillite en 1921. En 1922, Harvey devient journaliste au journal Le Soleil de Québec. C'est également en 1922 qu'il publie Marcel Faure, son premier roman[2]. Il est promu rédacteur en chef du Soleil en 1927 et reçoit la médaille d'officier de l'Académie française en 1928. En 1929, il publie le recueil de contes L'Homme qui va… pour lequel il obtient le prix David.
À la suite de la parution de son roman Les Demi-civilisés, visé par la censure[3], on l'oblige à se rétracter, mais il perd quand même son emploi au Soleil, le . Il devient alors directeur du Bureau des statistiques du gouvernement du Québec. Congédié en 1937 par le premier ministre Maurice Duplessis, il part s'établir à Montréal pour y fonder l'hebdomadaire Le Jouravec l’aide de capitaux anglophones[réf. nécessaire]. Le premier numéro paraît le .
Le Jour « dénonce la pauvreté intellectuelle canadienne-française et s'en prend tout particulièrement au système d'éducation, que Harvey juge arriéré[4] ». Il s'en prend également au nationalisme, au fascisme et à l'antisémitisme de certains de ses contemporains. Il s'oppose à Adrien Arcand et au chanoine Lionel Groulx. Alors que la guerre civile espagnole fait rage, Le Jour prend parti pour les républicains contre les nationalistes dirigés par Franco, bien qu'une large frange de l'intelligentsia canadienne-française soit favorable au caudillo. Le même scénario se répète pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que Le Jour est l'un des rares journaux à critiquer durement la France du maréchal Pétain et à se ranger du côté du général de Gaulle, alors que plusieurs membres de l'élite québécoise sont ouvertement pétainistes. Les opinions tranchées et le style abrasif de Jean-Charles Harvey lui valent des critiques. Par contre, Henri Laugier, organisateur pendant l'occupation de la France, avec Louis Rapkine et la Fondation Rockefeller, d'expatriation de scientifiques français vers les États-Unis et le Royaume-Uni, qualifie ce journal de Jean-Charles Harvey de « premier organe en Amérique de la Résistance française et de la défense de la liberté »[5].
Il crée un scandale en 1940 en affirmant dans Le Jour qu'Adolf Hitler était en faveur du mouvement séparatiste québécois[6]; des recherches ultérieures démontrent cependant que cette affirmation est une invention destinée à discréditer Adrien Arcand et ses partisans[réf. nécessaire].
En , Harvey prononce la conférence La Peur, qui sera publiée la même année chez l'éditeur Feuilles démocratiques[7]. Ce texte, réédité en 2000 aux éditions du Boréal, propose une explication des causes de la peur du peuple canadien-français à s'affirmer en raison de l'influence du clergé.
Après huit années et demi d'existence, Le Jour ferme ses portes en . Harvey travaille ensuite au Service international de Radio-Canada et à la station de radio CKAC avant de devenir directeur des publications du Petit journal et de Photo Journal. Il meurt à Montréal le .
Dans un article de Jules Béliveau paru dans La Presse le , le grand maître JZ Léon Patenaude affirme que Harvey était franc-maçon.
Guildo Rousseau, Jean-Charles Harvey et son œuvre romanesque, Montréal, Centre éducatif et culturel, 1969
Victor Teboul, "Le Jour". Émergence du libéralisme moderne au Québec. Montréal, Éditions HMH Hurtubise, Cahiers du Québec, 1984 (série: Communications)
Victor Teboul, Jean-Charles Harvey et son combat pour les libertés, Montréal, Tolerance.ca Éditeur, 2013
Études sur le roman Les demi-civilisés
Guildo Rousseau, Les demi-civilisés. Dans Maurice Lemire et al. (dir.), Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2. Fides, Montréal 1980, 343-349
(de) Rolf Lohse: Postkoloniale Traditionsbildung. Der frankokanadische Roman zwischen Autonomie und Bezugnahme auf die Literatur Frankreichs und der USA. Peter Lang, Berne 2005
Hommages
Une rue a été nommée en son honneur, dans la ville de Québec, en 2003.
Une plaque "Ici vécut de la ville de Québec est présente au 630 rue Fraser, en son honneur, pour indiquer son ancien lieu de résidence.
Notes et références
↑À ne pas confondre avec le quotidien souverainiste du même nom fondé en 1974.
↑Pierre Hébert, Kenneth Landry et Yves Lever, Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma, Fides, , 720 p. (ISBN978-2-7621-2636-5, lire en ligne), p. 179
↑Michel Biron, Élisabeth Nardout-Lafarge et François Dumont, Histoire de la littérature québécoise, Boréal, , 689 p. (ISBN978-2-7646-0522-6, OCLC173846999), p. 253
↑Yves Lavertu, « L'histoire de la Résistance est aussi québécoise », Le Monde, (lire en ligne)
↑Jean-Charles Harvey, La Peur. Conférence prononcée par M. Jean-Charles Harvey, le 9 mai 1945, dans la salle du High School de la rue Université, sous les auspices de l'Institut Démocratique Canadien., Montréal, Feuilles Democratiques, (lire en ligne)
↑François Gallays, La nouvelle au Québec, Fides, , 265 p. (lire en ligne), p. 51, 52, 206