Conservateur en chef pendant vingt ans (1968-1987) du musée national des arts et traditions populaires de Paris et directeur du Centre d'ethnologie française au CNRS, il a dirigé la publication du corpus de l'architecture rurale française. Il a dirigé également la revue Ethnologie française.
Il donne des cours de philosophie de 1950 à 1954 au lycée de Caen. Détaché auprès de l'Institut des hautes études à Carthage en Tunisie de 1954 à 1959, il s’oriente vers l’anthropologie sous l’impulsion de Raymond Aron et de Claude Lévi-Strauss. Nommé à la Sorbonne de 1959 à 1968 comme assistant de Raymond Aron, il est chargé du domaine méditerranéen au sein du Centre de sociologie européenne[6].
En 1968, il est nommé directeur du Centre d’ethnologie française et conservateur en chef du musée national des Arts et Traditions populaires[6].
Après avoir soutenu en 1971 sa thèse d’État, Économie et parenté, leurs affinités de structure dans le domaine turc et dans le domaine arabe (conduite sous la direction de Raymond Aron), il concentre une partie de ses recherches sur les traditions populaires de l’Europe centrale et orientale. La Bulgarie et la Roumanie deviennent ses terrains privilégiés avec, notamment, trois publications importantes, Le feu vivant : la parenté et ses rituels dans les Carpates (1994), Les noces de Marko : le rite et le mythe en pays bulgare (1998), et Mémoire des Carpathes, la Roumanie millénaire, un regard intérieur (2000)[6].
Il mène de nombreuses recherches de terrain en Tunisie, en Turquie et dans les pays balkaniques (Roumanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine).
De 1968 à 1979, il a également été professeur à l’École du Louvre, titulaire de la chaire d’ « Ethnographie française » , et, de 1976 à 1978, chargé du cours consacré au « Patrimoine régional ».
Dans le cadre de l’École du patrimoine, alors département de l’École du Louvre, il a dirigé, de 1990 à 1994, le séminaire d’« Études et travaux » destiné aux jeunes conservateurs du patrimoine et la collection de recueils, témoins de cet enseignement.
En 1999 et en 2000, après cinquante ans de recherches et de navigation en Méditerranée, il dirige deux expéditions pour proposer une nouvelle interprétation de l'Odyssée d'Homère.
Vie privée
Il est l'époux de Solange Cuisenier, née Moreau[4].
Le Corpus de l'architecture rurale française
Au titre des réalisations de Jean Cuisenier, il faut citer le grand chantier du Corpus de l’architecture rurale française, élaboré à partir des relevés inexploités, conservés au musée national des arts et traditions populaires, provenant de l’enquête d’architecture rurale réalisée entre 1942 et 1945 sous le régime de Vichy. La collection, forte de vingt-trois volumes, constitue un monument ethnologique sur les pratiques architecturales de la plupart des régions françaises[6],[7].
Ont été publiés les volumes suivants :
Henri Raulin, volume Dauphiné, Paris, Berger-Levrault, 1977
Henri Raulin, volume Savoie, Paris, Berger-Levrault, 1977
Claude Royer, volume Franche-Comté, Berger-Levrault, Paris, 1977
Henri Raulin, Georges Ravis-Giordani, volume Corse, Berger-Levrault, Paris, 1978
Claude Royer, volume Lyonnais, Paris, Berger-Levrault, 1979
Claude Rivals, volume Midi toulousain et pyrénéen, Paris, Berger-Levrault, 1979
Richard Bucaille et Laurent Lévi-Strauss, volume Bourgogne, Paris, Berger-Levrault, 1980
Claude Gérard, volume Lorraine, Paris, Berger-Levrault, 1981
Suzanne Jean, Poitou, pays charentais, Paris, Berger-Levrault, 1981
Christian Bromberger, Jacques Lacroix, Henri Raulin, volume Provence, Paris, Berger-Levrault, 1981 (réédité en 1999 par les éditions A. Dié)
Paul Raybaut, Michel Perréard, volume Comté de Nice, Paris, Berger-Levrault, 1982
Jean Guibal, volume Bourbonnais, Nivernais, Paris, Berger-Levrault, 1982
Christian Zarka, volume Berry, Paris, Berger-Levrault, 1983
Pierre Bidart, Gérard Collomb, volume Pays aquitains, Paris, Berger-Levrault, 1984
Max-André Brier, Pierre Brunet, volume Normandie, Paris, Berger-Levrault, 1984
Daniel Le Couedic, Jean-René Trochet, volume Bretagne, Paris, Berger-Levrault, 1985
Francine de Billy-Christian, Henri Raulin, volume Ile-de-France, Orléanais, Paris, Berger-Levrault, 1986
Jean Cuisenier, Henri Raulin, François Calame, volume Nord, Pas-de-Calais, Lyon, La Manufacture, 1988
François Calame, Robert Fossier, volume Picardie, Éditions A. Dié, 1992
Jean Guibal, Henri Raulin, volume Languedoc-Roussillon, Éditions A. Dié, 1994
Abel Poitrineau, volume Auvergne, A. Dié, 1999
Claude Royer, volume Champagne, Ardenne, A. Dié, 2001
Distinctions
Jean Cuisenier est officier de la Légion d’honneur (1989)[8], membre étranger de l’Académie royale des sciences orales et politiques d’Espagne (2001), de l’Académie des sciences de Bulgarie (2001), docteur honoris causa de l’université de Bucarest (2005)[6].
Œuvres
Ouvrages
L'art populaire en France, Office du Livre, Fribourg, 1975
Économie et parenté, leurs affinités de structure dans le domaine turc et dans le domaine arabe, Mouton, Paris-La Haye, 1975
(en collaboration avec Marie-Chantal de Tricornot) Musée national des arts et traditions populaires : guide, Ministère de la culture et de la communication, éditions de la Réunion des musées nationaux, , 224 pages (ISBN2711820874).
L'architecture rurale française, corpus des genres, des types et des variantes. Le Nord-Pas-de-Calais, avec Henri Raulin et François Calame, La Manufacture, Lyon, 1989
Ethnologie de l'Europe, coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF, 1990[9]
La Maison rustique, logique sociale et composition architecturale, PUF, Paris, 1991
Le Feu vivant. La parenté et ses rituels dans les Carpathes, PUF, Paris, 1994
Précis de littérature européenne, PUF, "Précis", 1998
Les noces de Marko, le rite et le mythe en pays bulgare, Plon, Paris, 1998
Mémoires des Carpathes, Plon, Terres humaines, 2000
Le Périple d'Ulysse, Fayard, Paris, 2003
L’héritage de nos pères, un patrimoine pour demain ?, La Martinière, Paris, 2006
↑ abcd et ePierre Bidart et Martine Segalen, Jean Cuisenier. Itinéraire d'un chercheur et questions pour l'ethnologie, Ethnologie Française, 2007/HS (vol. 37), p. 5-9.
↑Gérard Collomb, « Logique sociale et composition architecturale : Jean Cuisenier et le corpus de l’architecture rurale française », Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie,
↑« LEGION D'HONNEUR », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )