Karel Husa a huit ans lorsque, sous l'insistance de sa mère[3], il commence l'étude du violon et treize quand il commence le piano. Après avoir passé son examen final à l'école secondaire, ses parents le voulaient ingénieur ; la fermeture des écoles d'ingénieurs par les nazis en 1939 brise leurs ambitions[3]. Mais Karel est surtout attiré par la poésie, la peinture et la musique[4] – il commence à composer vers ses douze ans[3]. D'agréable divertissement, la musique lui devient essentiel.
Après une préparation de deux ans et un examen, il est admis au Conservatoire de Prague en [3]. Il étudie dans la classe d'écriture de Jaroslav Řídký, et les cours de direction de Metod Doležil, Pavel Dědeček et Václav Talich[5]. Sa première composition publiée est une sonatine pour piano (1943)[5] ; l'œuvre enjouée, aux accents et à organisation formelle influencée par Prokofiev, eut beaucoup de succès[3]. La sonatine est suivie de son Ouverture pour grand orchestre, pour sa thèse de maîtrise en 1944, qu'il dirigera lui-même en 1945, avec le Symphonique de Prague. Ses influences d'alors s'ouvrent à la musique de son pays : Suk, Novak et semble-t-il Janáček[6].
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour compléter son cursus, il entre à l'Académie de Prague, où il suit des cours dirigés par Řídký. Il est diplômé en 1947, grâce à sa Sinfonietta (1946), créée par Václav Smetáček[6]. L'œuvre est la première de ses compositions qui décroche un prix, celui des arts de l'Académie des sciences et des Arts, 1948. La presse le considère comme l'« un des plus grands espoirs de la musique tchèque[6],[7]. Il se produit en tant que chef d'orchestre, notamment à la radio tchèque[6] ».
Paris
Dans le même temps, Husa décide de poursuivre ses études de composition et de direction à Paris grâce à une bourse, attiré par la perspective de travailler avec Arthur Honegger et Charles Munch et de pouvoir mieux assimiler la nouvelle musique[6]. En 1947, il y étudie la composition avec Honegger. Pour la direction, Munch étant retenu à Boston, il étudie avec les chefs d'orchestreJean Fournet, Eugène Bigot et en leçons privées avec André Cluytens et Nadia Boulanger (composition)[5]. En 1951, après son cursus de direction à l'École normale de musique de Paris et au Conservatoire de Paris, il se lance dans une carrière. Il dirige les plus grands orchestres du monde — New York, Boston et Washington, Paris, Londres, Prague, Zurich, Hong Kong, Singapour — et participe à de nombreux projets importants. Entre 1950 et 1954, il partage son temps entre la composition et la direction, en prenant une part de plus en plus active dans la vie musicale parisienne et internationale (Belgique, Suisse)[8].
Son Premier quatuor à cordes marque une étape importante dans l'évolution du compositeur sur sa réputation internationale. Le quatuor est primé deux fois : Prix Lili Boulanger 1950 et le prix 1951 au festival de musique de Bilthoven aux Pays-Bas. Depuis, il a été joué à de nombreuses occasions, par exemple, au festival de la Société international pour la musique contemporaine de Bruxelles (1950), festivals de Salzbourg (1950), Darmstadt (1951) et Pays-Bas (1952)[5]. De même que divers concert en Allemagne, en France, en Suède, en Angleterre, en Suisse, en Australie et aux États-Unis. Parmi les compositions écrites par Karel Husa lors de son séjour à Paris on note, Divertimento pour orchestre à cordes, Concertino pour piano et orchestre, Évocations de Slovaquie, Musique d'amateurs, Portrait pour orchestre à cordes, la Première symphonie, la Première sonate pour piano, et un Second quatuor à cordes. Les influences de cette période sur le style de Husa sont principalement néoclassiques : Vítězslav Novák, Janáček, Bartók et Stravinsky.
En 1952, il épouse Simone Perault. Le couple aura quatre filles[8].
États-Unis
En 1954, âgé de trente-trois ans, il émigre aux États-Unis avec sa famille avec l'opportunité d'enseigner grâce à l'intermédiaire d'Elliott Galkin[9], un collègue américain de l'École Normale. Munie d'une lettre de recommandation de Nadia Boulanger, le responsable du département musique, lui offre une période de trois ans d'activité, qui se transforme en une installation permanente : de fin 1954 à sa retraite en 1992, il est professeur de théorie de la musique, de composition, d'orchestration et de direction au Department of Music de l'Université Cornell dans l'État de New York et en composition à Ithaca College, de 1967 à 1986.
Dès 1959 avec Poème (1959) pour alto et orchestre de chambre, puis Mosaïques (1961) pour orchestre, composé pendant un congé sabbatique passé à Paris[10], il expérimente les techniques sérielles[5]. Husa explore toutes les formes importantes de la musique, excepté l'opéra. Il y recherche des sonorités colorées et originales et un tissu musical très expressif, remplis de juxtapositions de timbres surprenantes[5].
Il est sans doute bien connu pour sa Music for Prague 1968[4], une œuvre à la mémoire de l'invasion soviétique en 1968 de la Tchécoslovaquie, qui fait partie du répertoire contemporain[11] après plus de 7 000 ou 8 000[9] concerts. L'œuvre est la rencontre du vieux chorale hussite« Vous qui êtes soldats de Dieu et de sa Loi », des cloches de la ville aux cent clochers (Prague, sa ville natale), « de l'angoisse et de la liberté »[12]. Il en existe deux versions : une pour ensemble à vent et l'autre, pour orchestre.
L'incipit de Zdoz jste bozi bojovnici, « Vous qui êtes soldats de Dieu et de sa Loi »
Parmi les compositeurs qui ont étudié avec Karel Husa, on note Steven Stucky, Christopher Rouse, John S. Hilliard, David Conte, Henrique de Curitiba et Byron Adams. Husa habite désormais à Apex, Caroline du nord.
Husa montre aussi son intérêt pour la musique française baroque en tant qu'éditeur d'œuvres de De Lalande (Cantemus Domino) et Lully[12] (Le carnaval, Le ballet des muses). Il a aussi édité une œuvre de l'astronome et compositeurWilliam Herschel, une symphonie en ré majeur[13].
Il est le directeur national de Delta Omicron, une fraternité internationale de professionnels de la musique[14].
L'ensemble de cuivres Amherst de l'Université du Massachusetts a organisé un concert à la salle de concert Fine Arts Center pour célébrer le 90e anniversaire de Karel Husa, le [15].
Distinctions
Karel Husa a reçu le Guggenheim Fellowships en 1964 et 1965, le Friedheim Award du Kennedy Center en 1983[5]. Son Troisième quatuor à cordes est Prix Pulitzer en 1969. Husa remporte aussi en 1993 le Grawemeyer Award for Music Composition, présenté par le l'université de Louisville, pour son Concerto pour violoncelle et orchestre. En 1995, il reçoit la médaille d'or du mérite de la République tchèque[5].
pour quintette de cuivres et percussion ad lib. – développement d'un mouvement provenant des Huit duos tchèques (1955)
1976
Drum Ceremony
pour cinq percussionnistes de l'American Te Deum
1977
Krajinomalby pro žesťový kvintet
Paysages pour quintette de cuivres
commande du quintette de cuivre Western Brass Quintet
1978
Sonáta pro housle a klavír
Sonate pour violon et piano
1979
Tři taneční skici pro bicí nástroje
Trois esquisses de danse pour percussions
pour quatre interprètes ou plus
1981
Sonata à tre
Sonata à tre
pour violon, clarinette et piano
1982
Vzpomínky pro dechové kvinteto a klavír
Souvenirs
pour quintette à vent et piano
1984
Variace pro housle, violu, violoncello a klavír
Variations
pour quatuor avec piano
1984
Intrada pro žesťový kvintet
Intrada
pour quintette de cuivres
1990
Smyčcový kvartet č.4
Quatuor à cordes no 4 "Poèmes"
1991
Cayuga Lake (Memories)
pour cordes, vents, quatuors de cuivres, piano et percussion
1992
Tubafest Celebration
pour quatuor de tubas
1994
Cinq Poèmes
pour quintette à vent
1997
Postcard from Home
pour saxophone alto et piano
2003
"Sonatine" pour flûte et piano
transcription de la "Sonatine" pour violon et piano, op. 6
2008
Trois Études pour clarinette seule
commande du 60e anniversaire du festival du printemps de Prague et dédié à Jiří Hlaváč pour son 60e anniversaire
Claviers
Date
Titre tchèque
Traduction
Notes
1943
Sonatina
Sonatine
op. 1, pour piano
1952
Sonáta pro klavír č.1
Sonate no 1
op. 11, pour piano
1955
Osm českých duet
Huit duos tchèques
pour piano à quatre mains
1957
Elegie pro klavír
Élégie
pour piano
1975
Sonáta pro klavír č.2
Sonate no 2
pour piano – commande de André-Michel Schub
1986
Fragmenty pro varhany
Frammenti (Fragments)
pour orgue seul
Œuvres vocales
Date
Titre tchèque
Traduction
Notes
1956
Spievanky, dvanáct písní moravských
Douze chants moraves
pour voix et piano
1955 1964
Slavnostní óda pro sbor an orchestr
Festive Ode (pour une Academic Occasion)
pour chœur et orchestre (ou petit ensemble de vent ou orgue) – Texte d'Eric Blackall
1972
Apoteóza planety země pro sbor a symfonický orchestr
Apothéose de cette Terre
pour chœur et orchestre ; version originale pour ensemble de cuivres (1970)
1976
„Čas od času jsou jitra...“ pro smíšený sbor a cappella
There Are from Time to Time Mornings...
pour baryton et chœur mixte a cappella. Sur An American Te Deum de Henry David Thoreau
1976
Americké Te Deum pro baryton, smíšený sbor an orchestr
An American Te Deum
pour baryton, chœur et ensemble à vent ; pour baryton, chœur et orchestre (1977). Textes compilés par le compositeur d'après les écrits de Henry David Thoreau, Ole Edvart Rølvaag, Otokar Březina, traditionnel et sources liturgiques
Quatuors à cordes no 1, op. 8 ; Variations pour quatuor avec piano ; Cinq Poèmes pour quintette à vent - Quatuor Suk, Quintette à vent de Prague (Supraphon)
Concerto pour violoncelle, Pastorale pour orchestre à cordes, Suite du ballet The Trojan Women - Paul York, violoncelle ; Orchestre symphonique de l'université de Louisville, dir. Kimcherie Lloyd (2011, Ablaze Records AR-00008) (OCLC778703903)
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Karel Husa » (voir la liste des auteurs).
(en) Lawrence W. Hartzell, « Karel Husa : the Man and the Music », The Musical Quarterly, vol. LXII, no 1, , p. 87–104 (ISSN0027-4631, OCLC4640465769, lire en ligne)
(en) Byron Adams, Karel Husa’s Music for Prague 1968: an Interpretative Analysis, The Instrumentalist, xlii (1987), 19–24
(en) Susan Hayes Hitchens, Karel Husa: a Bio-Bibliography. Westport, 1988 (ISBN0-313-25585-7)
(en) Byron Adams, The New Grove Dictionary of Music and Musicians : Husa, Karel, Londres, Macmillan, (édité par stanley sadie) seconde édition, 29 vols. 2001, 25000 p. (ISBN9780195170672, lire en ligne)