KuKKuK (écrit k. u. k., k. und k., ou, plus rarement, k. & k.) est l'acronyme de l'expression kaiserlich und königlich (prononcer [kaɪzɐlɪç ʔʊnt ˈkøːnɪklɪç]), impérial et royal en allemand. Ces qualificatifs étaient employés par le gouvernement austro-hongrois de 1867 à 1918 , époque où l'empire d'Autriche et le royaume de Hongrie étaient réunis en union réelle au sein d'une même entité politique. L'appellation kaiserlich-königlich (k. k.), en revanche, ne se réfère depuis qu'à la partie autrichienne, les pays de la Cisleithanie. En tant que souverain, François-Joseph Ier, issu de la maison de Habsbourg-Lorraine, était à la fois empereur d'Autriche (Kaiser von Österreich) et roi de Hongrie (König von Ungarn), cette dernière ayant retrouvé ses privilèges politiques par le Compromis austro-hongrois de 1867. Symbolique de l'emploiPendant des siècles, l'ensemble des territoires sous le contrôle de la monarchie de Habsbourg utilisait indifféremment kaiserlich und königlich ou kaiserlich-königlich, les Habsbourg régnant comme rois sur la Hongrie, la Bohême, la Croatie-Slavonie et la Galicie. Avant l'année 1804, le titre impérial la « maison d'Autriche », elle-même portant le titre d'archiduc, était lié à son rôle en tant que souverain du Saint-Empire conglomérat des États principalement allemands. Le même titre, celui d'empereur, vint à identifier leur rôle comme chef du nouvel empire d'Autriche créé par François II/Ier le face au couronnement de Napoléon Ier. Lors de l'établissement de la confédération du Rhin, François doit renoncer au titre d'empereur du Saint-Empire le . En 1867, l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche après des défaites lors de la guerre austro-prussienne et la troisième guerre d'indépendance italienne était contraint de faire des concessions à l'aristocratie de la Hongrie qui depuis la révolution de 1848 est restée en résistance passive. Par le Compromis austro-hongrois la Hongrie obtient une grande autonomie : le titre impérial se réfère désormais uniquement aux royaumes et pays représentés à la Diète d'Empire (« Cisleithanie ») et les Hongrois insistent sur le und (« et »), et non sur le trait d'union, dans tous les usages en accord avec le nouveau statut autonome du royaume au sein de l'Autriche-Hongrie. Dans les documents officiels, les abréviations utilisées étaient :
UtilisationLes abréviations k. u. k. ou k. und k. ne se réfèrent plus qu'aux institutions communes de l'Autriche-Hongrie, tandis que m. k. (magyar királyi en hongrois) ou k. u. (königlich ungarisch en allemand, signifiant « royal hongrois ») se réfèrent aux pays de la Couronne de Saint-Étienne (« Transleithanie ») soit la Hongrie proprement dite et la Croatie qui lui était subordonnée. On trouvait donc le sigle kaiserlich und königlich pour les institutions partagées par les deux parties de la monarchie dans différentes administrations impériales :
KuK dans les différentes langues de la monarchie
C. i Kr. en croate, I.R. en italien, C. a K. en slovaque et C. Kr. en slovène. RayonnementLa « Cacanie »L'expression k. u. k. et tout le système politico-militaro-bureaucratique auquel elle était liée ont été tournés en dérision non seulement par les nombreuses communautés linguistiques (notamment slaves) qui, dans l'Empire, devaient subir la domination inéquitable des aristocraties autrichienne et hongroise et dont les cultures n'étaient pas reconnues, mais aussi par de nombreux citoyens germanophones. Ce contexte favorisa le foisonnement d'histoires satiriques qui inspirèrent l'écrivain tchèque Jaroslav Hašek (le Brave Soldat Chvéïk, paru dans les années 1920) mais aussi l'Autrichien Robert Musil qui, dans son roman L’Homme sans qualités (Der Mann ohne Eigenschaften) critique les blocages absurdes et aberrants d'une hiérarchie militaire et d'une administration décadentes qui tournent en rond, s'auto-justifient et dont l'action se borne grossièrement à distribuer des médailles et des récompenses officielles afin de continuer à donner une impression de cohésion et de logique. Musil inventa dans son roman le terme de Kakanien[1]. Dans la traduction française du roman, Philippe Jaccottet utilise le terme « Cacanie » pour désigner l'Autriche-Hongrie. Kreisky et KadarDans les années 1970, l'expression KuK fut utilisée de manière ironique pour qualifier les deux pays (Autriche et Hongrie) de l'initiale du nom de leurs dirigeants respectifs, Bruno Kreisky et János Kádár. Politique récenteLa Kakanie a aussi pu ressurgir au XXIe siècle dans des descriptions du nationalisme montant et de la nostalgie impériale-et-royale[2] dans ces deux pays (partis F.P.Ö., Fidesz et Jobbik)[3]. Notes et références
Sources
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