La Fortune de Gaspard
La Fortune de Gaspard est un roman de la comtesse de Ségur, paru en 1866. SynopsisLe père Thomas a deux fils, Gaspard, élève doué et ambitieux, et Lucas, peu doué pour les études mais bon fils, bon frère et bon ouvrier. Homme colérique et fruste, le père Thomas est très dur avec Gaspard, qui rêve de quitter la ferme et de faire fortune dans l’industrie, comme le riche monsieur Féréor, dont la manufacture voisine l’attire plus que la ferme paternelle. Gaspard finit par entrer dans la fabrique de monsieur Féréor, dont il gagne la confiance. Personnage froid et calculateur, il n’hésite pas à dénoncer ses collègues ou à se prévaloir de leurs bonnes idées auprès de monsieur Féréor. Il est parfois troublé par de vagues remords, mais sa seule ambition est de devenir l’homme de confiance de son employeur. Celui-ci cependant reconnaît en Gaspard le jeune homme qu’il a été, tandis que Gaspard éprouve pour lui une reconnaissance toute filiale. Leur relation se fait plus affectueuse, et Gaspard finit par être adopté par celui qu’il considère comme son bienfaiteur. Alors que Gaspard a réalisé toutes ses ambitions, il se sent toujours insatisfait. Le rival de monsieur Féréor, l’industriel Frölichen, menace de ruiner le père adoptif de Gaspard si le jeune homme n’épouse pas sa fille, Mina. Gaspard accepte ce mariage de convenance pour sauver les établissements Féréor, et découvre avec surprise une jeune fille charmante dont il s’éprend rapidement. Mina apporte à monsieur Féréor et à Gaspard ce qui leur manquait et que leur fortune ne pouvait leur apporter : la joie de vivre, la piété et la charité. Le romanDédicacé au petit-fils de la comtesse, Paul de Pitray, le roman se propose de montrer que l'instruction seule n'est pas suffisante pour faire un honnête homme: « [..] il est utile de bien travailler. Et tu sauras, ce que Gaspard n’a appris que bien tard, combien il est nécessaire d’être bon, charitable et pieux. » Contexte historiquePour la première fois dans son œuvre, la comtesse de Ségur s’intéresse au monde industriel et à ce personnage que l’Anglais appellerait le self-made man. Elle a pu s’inspirer de la manufacture de Boisthorel, située à 2 km du château des Nouettes où elle s’était installée. La France était encore à cette époque un pays essentiellement rural, distancé par la Grande-Bretagne et l’Allemagne en matière de développement industriel. France rurale et France industrielle dans le roman
Monsieur Féréor est un patron dur et sans états d’âme. Il est secondé par des contremaîtres dont le père de Gaspard donne le portrait suivant :
Lorsque Gaspard annonce sa détermination à prendre l’industriel comme modèle, son maître d’école le prévient :
Rôle de l'instruction publiqueLe passage du monde rural au monde industriel s’articule sur le développement de l’éducation. L’école du village joue un double rôle : le premier consiste à donner aux paysans une éducation suffisante pour qu’ils sachent lire et écrire, et qu’ils ne risquent pas, par ignorance, de se faire gruger par plus savants qu’eux. C’est une fonction utilitariste qu’illustrent plusieurs épisodes dans lesquels un paysan perd de l’argent faute de savoir lire. La seconde fonction de l’école est de dégager des élites rurales qui vont fournir les cadres de l’industrie. La distribution des prix est l’occasion pour des « chasseurs de têtes » de repérer les jeunes talents et de leur faire des offres alléchantes dans l’industrie. C’est ensuite l’entreprise qui leur fournit la formation scientifique et technique qui leur permet de développer l’entreprise et donc de lui faire gagner plus d’argent. Contexte littéraireLe personnage de Gaspard, arriviste cynique, sorte de Rastignac rural, incite les critiques à évoquer Balzac[1]. Cependant le petit paysan intelligent, malheureux dans le milieu fruste qui est le sien et décidé à s'en échapper par tous les moyens, n'est pas sans rappeler Julien Sorel, héros du Rouge et le noir, comme le note Michel Tournier[2]. Adaptations
Voir aussiArticles connexesLiens externes
Notes et références
|