Lieu historique national Cartier-Brébeuf
Le lieu historique national Cartier-Brébeuf est un des lieux historiques nationaux du Canada désigné ainsi en 1958 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada à la suite d'une demande du Premier ministre John Diefenbaker. Il est administré par Parcs Canada et il est situé au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet, à Québec dans l’arrondissement La-Cité–Limoilou. Le lieu se compose d’un centre d’interprétation et d’un parc urbain de 6,8 hectares de dénivellation inégale et partagé en deux secteurs « Est » et « Ouest » divisés par la rivière Lairet. On y retrouve également divers monuments et éléments commémoratifs. Le site commémore le deuxième voyage de Jacques Cartier et de son équipage en 1535-1536, plus précisément leur hivernage au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet près du village iroquoien de Stadaconé (Québec) et l’établissement de la première résidence des missionnaires jésuites à Québec, en 1625-1626. De plus, vers la fin du XVIIe siècle jusqu’à l’ouverture du lieu historique national en 1972, le site a hébergé de nombreuses activités artisanales et industrielles dont une tannerie, une poterie, une briqueterie, un chantier naval, une scierie, un dépotoir et finalement un dépotoir à neige. De nos jours, le site propose un espace muséal, de l’animation pour les groupes scolaires et des journées thématiques, en plus d’offrir un milieu naturel dans un parc urbain. Une piste cyclable et le parc linéaire de la rivière Saint-Charles traversent également son territoire. Le séjour et l'hivernage de Jacques Cartier au havre Sainte-Croix en 1535-1536Lors de son deuxième voyage au Canada, Jacques Cartier croyait toujours que le fleuve Saint-Laurent était une ouverture continentale qui pourrait le mener jusqu’en Asie. Voyant que les dimensions du fleuve diminuent à la hauteur de Québec, il se mit à la recherche d’un havre où laisser ses deux plus grands bateaux, la Grande Hermine et la Petite Hermine en sécurité afin de continuer ses explorations plus loin sur l’Émerillon vers Hochelaga (Montréal). Le , Cartier jeta son dévolu sur ce qu’il appela le havre Sainte-Croix situé exactement au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet et à proximité du village iroquoien de Stadaconé. À son retour, Cartier s’aperçut que ses marins avaient construit un fortin autour des navires parce qu’ils craignaient l’hostilité des Stadaconéens. Le navigateur malouin prit la décision d’hiverner au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet. Mal préparés aux rudesses de l’hiver canadien, Cartier et son équipage ne se construisirent pas d’abris isolés du froid, mais décidèrent plutôt d’habiter les entreponts des navires. Cette décision s’avéra désastreuse. L’hiver de 1535-1536 fut périlleux pour les membres de l’équipage, 106 des 110 marins furent atteints du scorbut et 25 d’entre eux en moururent et furent enterrés probablement sur le site. Les autres furent sauvés par l’annedda, une infusion d’un conifère canadien (cèdre blanc ou sapin baumier) dont les Iroquoiens connaissaient la recette. Avant de repartir pour la France au printemps 1536, Jacques Cartier fit ériger une croix en l’honneur de François Ier sur laquelle il fit écrire : « Franciscus primus, dei gratia francorum rex, regnat ». Lorsqu’il partit, il dut abandonner la Petite Hermine, n’ayant plus assez de marins pour la naviguer. Son départ fut aussi marqué par l’enlèvement de dix Iroquoiens du village de Stadaconé. Cinq années s’écoulèrent avant que Jacques Cartier ne puisse revenir au Canada. En 1541, il choisit plutôt de s’installer à Cap-Rouge, pour des raisons stratégiques, sur un site qu’il nomme Charlesbourg-Royal. Preuves du séjour de Jacques CartierDans le but de trouver des artefacts provenant de la présence de Jacques Cartier en 1535-1536 et de la résidence Notre-Dame-des-Anges, des fouilles archéologiques ont été effectuées en 1959, 1962, 1969, 1986 et 1987, 1993, 2004 et 2007. Probablement dû au fait que le sol a été bouleversé à de nombreuses reprises par les activités humaines qui se sont tenues sur le site, rien n’a encore été découvert à ce jour en lien avec les motifs de commémoration du lieu historique. Toutefois, le potentiel archéologique élevé de l’endroit est toujours considéré et tous les travaux d’excavation doivent être réalisés en présence d’archéologues. Néanmoins, de nombreuses découvertes ont été faites sur les activités artisanales et industrielles datant de l’époque de la Nouvelle-France jusqu’à aujourd’hui. Les éléments les plus probants à découvrir demeurent la sépulture des 25 marins morts du scorbut pendant l’hiver de 1535-1536 et les vestiges du fortin et des fosses qui servirent à protéger l’équipage et les bateaux. Les preuves résident donc dans les différentes attestations écrites par Jacques Cartier lui-même lorsqu'il décrit dans ses récits l’emplacement de son lieu d’hivernage et le chemin qu’il a emprunté pour s’y rendre. Samuel De Champlain fait aussi état du lieu d'hivernage de Cartier dans ses relations de voyage. Jacques Cartier écrit :
— Voyage, p. 121-123.
— Voyage, p. 135-137. Samuel de Champlain écrit :
— Œuvres de Champlain. Seconde édition, Tome III. p. 156-157. Aujourd’hui, la dénivellation inégale qui existe de part et d’autre du paysage et la résurgence de la rivière Lairet, combinée à la revitalisation des berges de la rivière Saint-Charles témoignent du choix de Jacques Cartier pour son hivernage. Les Jésuites et la résidence Notre-Dame-des-AngesC’est également au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet qu’un groupe de cinq missionnaires jésuites s’installa en 1625 dans le but de procéder à l’évangélisation des Amérindiens. Cela constitua le premier établissement de la Compagnie de Jésus au Québec. Le groupe était composé des pères Jean de Brébeuf, Énemond Massé et Charles Lalemant et aussi des frères coadjuteurs François Charton et Gilbert Burel. Ils nommèrent leur résidence Notre-Dame-des-Anges. Il s’agissait d’un premier bâtiment de planches et de lattes d’environ 13 mètres de large et 7,5 de long et d’un second, de dimensions moindres, qui servait de grange, d’étable et de menuiserie. Ils durent cependant quitter leurs terres en 1629 à la suite de la prise de Québec par les frères Kirke. Ce n’est qu’en 1632 que les Jésuites revinrent à leur résidence et constatèrent que les bâtiments étaient en mauvais état. En 1636, ils effectuèrent des travaux de rénovations et d’agrandissement afin de pouvoir y tenir le séminaire des Hurons jusqu’en 1639. Les activités artisanales et industriellesDe 1688 jusqu’au début des années 1970, le site du lieu historique national Cartier-Brébeuf sera l’hôte de nombreuses activités artisanales et industrielles. En voici la liste par ordre chronologique.
L'évolution vers le lieu historique nationalAu XIXe siècle, avant l’établissement du lieu historique national Cartier-Brébeuf, l’intérêt pour Jacques Cartier renaissait à Québec et la population commençait à se mobiliser dans le but de créer un site commémoratif en l’honneur de son deuxième voyage. Voici les étapes qui marquèrent l’évolution du site :
Éléments du site
Éléments retirés du siteDe l’ouverture en 1972 jusqu’en 2001, il y avait sur le site une réplique de la Grande Hermine. Celle-ci fut construite en 1966 par la Davie Brothers pour l’Exposition universelle de Montréal de 1967. Elle était placée dans le lac artificiel jusqu’en 1987, après quoi elle fut mise en cale sèche et ses mats furent retirés. Elle resta à l’extérieur de l’eau jusqu’à son démantèlement, parce que devenue vétuste, après 29 années d'exposition. Deux répliques de maisons longues furent construites sur le site du lieu historique national Cartier-Brébeuf dans le but de représenter le type d’habitation des Iroquoiens du Saint-Laurent. La première a été construite en 1985 et détruite la même année par un incendie criminel. La seconde a été bâtie durant les deux années suivantes en 1986-1987 et une palissade a également été érigée autour de la maison. Elles ont été démolies en 2007 pour faire place au nouvel aménagement.
Notes et référencesVoir aussiArticles connexesLiens externes
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