Clérambault est le plus connu d’une grande famille de musiciens français[2] où l’on se transmettait le métier de père en fils[3], attachée au roi depuis Louis XI[4]. Avec son père Dominique Clérambault, il apprend très jeune le violon et le clavecin (il fera de même avec ses propres fils César François Nicolas et Évrard Dominique) ; à l'orgue, il est l’élève d'André Raison, organiste de l’abbaye de Sainte-Geneviève et des Jacobins de la rue Saint-Jacques[4]. Il étudie aussi la composition et le chant avec Jean-Baptiste Moreau[5]. En 1710, Louis XIV, ayant entendu une de ses cantates, en fut si content qu’il lui ordonna d’en composer plusieurs pour le service de sa chambre, et le nomma surintendant de la musique particulière de Madame de Maintenon[4]. Organiste de l’église des Grands-Augustins depuis 1704[6], il succède à Nivers mort en 1714, aux orgues de Saint-Sulpice et à la maison royale de Saint-Cyr, malgré l’obtention par ce dernier de la survivance de ce poste au profit de son neveu et héritier, Jean-Baptiste Totin[7]. Il y est responsable de la musique, tient l’orgue, fait répéter les chants et les chœurs... C'est à ce poste, qui lui est confirmé après la mort de Madame de Maintenon, qu’il développe le genre de la « cantate française », dont il est le maître incontesté[8]: il en a publié cinq livres parmi lesquels on trouve celle d’Orphée, qui a été très en vogue[4]. Il succède en 1719 à son maître André Raison aux orgues de l’église des Grands-Jacobins[4]. Il est connu pour être le premier maître de la sonate et de la cantate française, inspirées des modèles italiens, mais adaptées à l'esprit français, selon les principes de la « réunion des goûts » prônée par François Couperin. « S'il ne possède pas le génie ardent de Couperin, il est sans doute l'un de ceux qui réussissent la plus séduisante synthèse de la noblesse polyphonique française avec la souplesse lyrique et l'art du développement des Italiens, dans la tonalité d'une sensibilité gracieuse. »[9]
Après la mort de Clérambault, son fils César François Nicolas lui succède aux orgues de Saint-Cyr, de Saint-Sulpice et des Grands-Jacobins. C'est un autre de ses fils, Évrard Dominique, qui succédera, par la suite, à César François[6].
Clérambault aurait composé Suite du Premier Ton et Grand Plein Jeu pour la franc-maçonnerie[10].
Œuvres
un grand nombre de pièces religieuses avec chants et chœurs : Airs spirituels et moraux, six livres de Motets, deux tomes de Chants et Motets à l'usage des dames de Saint-Cyr, un oratorio (Histoire de la femme adultère), Miserere, hymnes, Magnificat, Te Deum, etc. ;
plus de vingt-cinq cantates profanes, à une ou deux voix, sur des sujets souvent inspirés de la légende gréco-romaine, regroupées pour la plupart en cinq recueils :
un livre de pièces de clavecin (1704) dans lequel il adopte la tradition du prélude non mesuré ;
un livre de pièces d’orgue en deux suites (1710) où le charme mélodique l’emporte sur l’esprit religieux.
Ces deux recueils semblent destinés à ouvrir un cycle de pièces dans tous les tons, mais Clérambault ne leur donnera jamais de suite.
des divertissements et des intermèdes pour le théâtre, dont la pastorale, de grandes dimensions, intitulée Le Triomphe d'Iris, dont les indications portées sur la partition donnent à penser qu'elle était prévue pour être représentée, avec danses et machines, mais nous ignorons tout des circonstances de composition et de représentation de cette pièce.
Cantates, Pyrame et Thisbé, La Muse de l'opéra, La Mort d'Hercule, Orphée - Noémi Rime, soprano ; Jean-Paul Fouchécourt, ténor ; Nicolas Rivenq, basse ; Les Arts Florissants, dir. William Christie (Harmonia Mundi 1990)
Léandre et Héro, Orphée, Symphonie à cinq in G minor, Sonata prima Anonima en sol majeur, Suite no 2 en ut mineur pour clavecin - Blandine Ranou, clavecin, Patrick Cohen-Akénine, violons, Les solistes du Concert Spirituel, dir. Hervé Niquet (Naxos 1996)
Orphée, cantate, Sunhae Im, soprano, Akademie für Alte Musik (Harmonia Mundi 2017)
Orphée, Médée, Rachel Yakar (soprano), Reinhard Goebel (violon), Wilbert Hazelzet (flûte), Charles Medlam (viole de gambe), Alan Curtis (clavecin), suites pour clavecin n° 1 et 2, Kenneth Gilbert (Deutsche Grammophon 1980/1982, Brilliant Classics, 2010)
Livre d’orgue (avec celui de Du Mage) - Michel Chapuis, orgue Clicquot de la cathédrale de Poitiers (Astrée/Auvidis) 1970 report CD 1987
Intégrale de l’œuvre pour clavier - Christine Gall, orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux, clavecin J.Ph. Humeau (Coriolan 2017)
Poliphème, La mort d'Hercule, La Magnifique symphonie VII, L'impromptu, symphonia VI, Lafélicité, symphonia II, L'abondance symphonia III, Luc Coadou, basse, Blandine Ranou, clavecin, Patrick Cohën-Akènine, violon, Les solistes du Concert Spirituel, dir. Hervé Niquet (Naxos 1996)
Le Triomphe d'Iris (pastorale) - Le Concert Spirituel, dir Hervé Niquet (Naxos 1998)
Les deux suites, André Isoir, orgue (Calliope 1999)
Miserere, Suite du premier ton avec le Magnificat au chœur, Motet pour le Roy, la Reine, et le Dauphin, Pour un Salut du Saint Sacrement, Les Demoiselles de Saint-Cyr, dir et orgue Emmanuel Mandrin (2 CD Fnac musique 1993 / Virgin veritas 1998)
Motets pour Saint-Sulpice, Il Seminario Musicale, dir. Gérard Lesne (Virgin 2000)
Motet pour la canonisation de Saint Pie C.150, Panis Angelicus, motet du Saint Sacrement C.131, Motet à 3 voix tiré du psaume 76 C.130, Salve Regina, antienne à la Saint Vierge C.114, Monstra te esse matrem, antienne à la Sainte Vierge C.132, Magnificat à 3 voix et basse continue C.136, Sum tuum praesidium, antienne à la Sainte Vierge C.104, O piissima, o sanctissima mater, motet de la Saint Vierge C.135, Ensemble Sébastien de Brossard, dir, orgue et clavecin Fabien Armengaud (Paraty 2016)
Pigmalion, cantate, Hugo Oliveira, Ludovice Ensemble (Ramée/Outhere 2001)
L'Isle de Délos, cantate, Dorothée Leclair, soprano, Le Parlement de Musique, dir. Martin Gester CD K 617 2011
Miserere, Le Poème Harmonique, dir Vincent Dumestre (Alpha 2014)
Cantates françaises, Apollon, Le jaloux, L'amour guérit par l'amour, Pyrame et Thisbé, Reinoud Van Mechelin, ténor, A Nocte Temporis (Alpha 2017). Diapason d'or
Léandre et Héro, cantate, Symphonia IVa, Symphonia II La félicité (extrait), Eva Zaïcik, mezzo-soprano, Le Consort (Alpha 2018)
↑Micheline Cumant, Musicien et professeur de musique au XVIIIe siècle : la pédagogie musicale en France au XVIIIe siècle et son application dans les ouvrages théoriques pour instrument à archet, Paris : Books on demand, DL 2013, (ISBN978-2-32203-463-5), p. 29.
↑ abcd et eFrançois-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et biographie générale de la musique, t. 3, Bruxelles, Meline, Cans et Co, 1837, p. 163
↑Célébrations nationales 1999, Direction des archives de France, Les Archives, 1999, p. 95.
↑ a et bDe pierre et de cœur : l’église Saint-Sulpice, 350 ans, Paris, Cerf, 1996, 164 p., (ISBN978-2-20405-512-3), p. 65.
↑Élisabeth Gallat-Morin, Jean Girard, musicien en Nouvelle-France : Bourges, 1696-Montréal, 1765, Sillery, Les éditions du Septentrion, 1993, 349 p., (ISBN978-2-92111-487-5), p. 115.
↑Emmanuel Coquery, Anne Piéjus, Figures de la passion : 23 octobre 2001-20 janvier 2002, Musée de la musique, Paris, Musée de la musique, 287 p., (ISBN978-2-71184-282-7).
↑Dictionnaire de la musique, sous la direction de Marc Vignal, Paris, Larousse, 2005, p. 187.