Magistère de l'Église catholiqueLe magistère de l'Église catholique (du latin magister, « celui qui enseigne, le maître ») désigne l'autorité pastorale en matière de foi et de morale exercée par l'ensemble des évêques, en communion avec le pape, sur les fidèles catholiques. Il repose sur une fonction d'enseignement considérée comme inhérente à la mission ecclésiale. Bien que l'Église ait toujours assuré une charge doctrinale, le terme « magistère » acquiert son sens actuel au XIXe siècle, notamment sous les pontificats de Grégoire XVI et Pie IX. Son exercice distingue trois formes : le magistère ordinaire et universel, ainsi que le magistère extraordinaire (ou solennel) sont considérés comme infaillibles lorsqu'ils proclament une doctrine à tenir de manière définitive ; à l'inverse, le magistère simplement authentique, qui constitue la forme d'enseignement la plus habituelle de l'Église, bien que requérant l'assentiment des fidèles, n'est pas infaillible. DéfinitionOrigineSi « il a toujours existé dans l’Église une fonction d’enseignement liée, soit à des charismes, soit à une autorité elle-même douée de charismes », l’expression « le magistère », dans son acception actuelle — désignant l’organe chargé d’exercer avec autorité une fonction d’enseignement —, est relativement récente[1]. Elle apparaît dans différents écrits théologiques du XVIIIe siècle puis s'affirme chez des canonistes allemands du début du XIXe siècle[1]. Parmi ces derniers, le juriste Ferdinand Walter introduit en 1823 une distinction tripartite des pouvoirs ecclésiastiques entre une potestas magisterii (« le pouvoir du magistère »), une potestas ordinis (« le pouvoir de l'ordre ») et une potestas iurisdictionis sive ecclesiastica in specie.(pouvoir de juridiction ou bien ecclésiastique en particulier)[2]. Cette distinction est reprise ensuite par différents auteurs et le terme « magistère » entre dès lors dans le vocabulaire ecclésiastique[2]. L'emploi de Magisterium, au sens de « corps des pasteurs » exerçant avec autorité d'enseignement, s'annonce avec Grégoire XVI (1831-1846) et son successeur Pie IX (1846-1878), contemporain de la série des encycliques de ces deux pontifes qui débute avec Mirari vos (1832)[1]. Grégoire XVI utilise lui-même terme dès 1835 pour la première fois, dans une lettre adressée au clergé de Suisse à propos des dispositions des Articles de Baden, puis, la même année dans le bref Dum acerbissimas qui condamne le théologien Georg Hermes[2]. Ensuite, Pie IX, de retour d'exil, l'utilise en 1849 dans l'encyclique Nostis el nobiscum dans laquelle, après avoir fortement insisté sur l'autorité du siège de Pierre, il affirme qu'on ne peut s'opposer la foi catholique sans rejeter en même temps l'autorité romaine[2]. En 1863, il reprend l'expression dans la lettre pontificale Tuas libenter adressée à l'archevêque de Munich Gregor von Scherr pour critiquer un congrès de théologiens réunis à l'instigation d'Ignaz von Döllinger en septembre, congrès où l'on a manqué, selon le pape, de la nécessaire « oboedientia debita erga magisterium Ecclesiae » (« l'obéissance due envers le magistère de l'Église »)[2]. Le terme peut revêtir ensuite, selon les différents pontifes et théologiens qui en usent, diverses acceptions, désignant tantôt un corps de pasteurs tantôt une fonction ou encore l'office et l'activité d'enseignement, quand il ne désigne pas à la fois la fonction et ceux qui l'exercent[3]. Le terme devient d'usage plus courant sous les pontificats de Pie XII et, bien qu'avec une moindre constance, de Paul VI[4]. TextesDei Verbum (1965) explique au paragraphe 10 :
Le Magistère s'exprime dans des occasions moins solennelles, dans les actes pontificaux (encycliques, motu proprio, etc.), ou des préfets des congrégations de la curie romaine, en particulier le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le Magistère est alors qualifié de « simplement authentique » : à cet enseignement ordinaire, les fidèles doivent « donner l’assentiment religieux de leur esprit » (LG 25) qui se distingue de l’assentiment de la foi et le prolonge[5]. Ces questions ont également été traitées en 1998 par le Motu proprio Ad Tuendam Fidem (la note doctrinale qui l'accompagne précise des points relatifs à l'infaillibilité). Degrés du magistèreOn distingue trois types de magistères : le magistère ordinaire et universel qui fonde les affirmations du Credo, s'exerçant au quotidien dans les actes du Saint-Siège ou dans l'enseignement des évêques en communion avec le pape ; le magistère extraordinaire (ou solennel) de l’Église qui désigne l’enseignement solennel d’une vérité dogmatique, s'exerçant principalement dans les conciles et dans les promulgations dogmatiques du pape après consultation des évêques[6] ; ces deux premiers magistères sont dit « infaillibles »[7]. Le magistère (simplement) authentique, non infaillible, est porté par les déclarations de la hiérarchie — Pape, Curie, synodes, évêques... — qui n'ont toutefois pas le caractère contraignant des deux magistères précédents[6] et constituent la forme d'enseignement la plus habituelle de l'Église[7]. Magistère ordinaire et universelLe « Magistère ordinaire et universel des évêques » est un enseignement universel (valable partout et de tout temps : semper et ubique (canon de Saint Vincent de Lérins), en communion avec le pape. Il suppose la commune adhésion de foi des fidèles. Il est considéré comme divinement révélé et donc irréformable. Il est défini dès 1863, dans la lettre Tuas libenter, du pape Pie IX[8], puis, par Pie XII, dans Munificentissimus Deus qui traite du dogme de l’Assomption[9], enfin, par Lumen Gentium au n°25[10] et par le catéchisme de l'Église catholique au §892 :
Magistère extraordinaireLe « magistère extraordinaire » désigne l'ensemble des actes pontificaux et conciliaires dont l'objet est la définition solennelle d'une doctrine sur la foi ou les mœurs. Sa définition se trouve dans Lumen Gentium au n° 25, dans le Catéchisme de l'Église catholique au §891 et dans le canon 749 :
Le dernier acte de ce type posé par un pape est la proclamation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie par l'encyclique Munificentissimus Deus en 1950. Le concile Vatican I a quant à lui défini le dogme de l'infaillibilité pontificale en 1870. Notes et références
BibliographieOuvrages et articles spécialisés
Ouvrages généralistes
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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