Mongol bitchig
L’alphabet mongol ou mongol bitchig (dans cette écriture ᠮᠣᠩᠭᠣᠯ HistoireElle tire son origine de la fondation de l'empire mongol. Vers 1204, Gengis Khan bat les Naïmans et capture Tata Tonga (chinois : 塔塔統阿 ; pinyin : ), un scribe ouïghour, qui adapte l'alphabet ouïghour (un descendant de l'alphabet syriaque via l'alphabet sogdien) à l'écriture du mongol. Tata Tonga enseigne aux fils de Gengis Khan cette écriture, qu'ils utilisent pour leurs ultimatums[2]. L'usage du bitchig au sein des institutions administratives de l'Empire influence d'autres écritures comme le phagpa, le todo bitchig, le vaghindra et l'écriture carrée horizontale. Elle est également à l'origine de l'alphabet mandchou et, d'une certaine manière, le hangeul[3]. Aujourd'hui, la Mongolie a pour objectif de ré-officialiser l'usage du bitchig en 2025 afin de l'utiliser au niveau administratif avec le cyrillique[3]. Répartition géographiqueMis à part quelques modifications mineures, de nos jours, il est surtout utilisé en Mongolie-Intérieure, au nord de la république populaire de Chine où elle est une des écritures officielles et est utilisée par 6 millions de personnes, et depuis 1991 est une écriture de nouveau officielle en Mongolie, où elle est encore utilisée par une minorité de ses trois millions d'habitants[4]. Le réseau de télévision de Mongolie-Intérieure, Nei Menggu TV (内蒙古电视网) diffuse des programmes en tchakhar (une des langues mongoles), sous-titrés en mongol bichig. En Mongolie, cette écriture fut officiellement remplacée en 1941 par un dérivé de l'alphabet cyrillique, cette nouvelle écriture mit une dizaine d'années avant de s'imposer. En 1990, la graphie ancienne fit l'objet d'incitations du gouvernement pour en faire la graphie officielle. Son enseignement est depuis rendu, et reste obligatoire dans les écoles, mais la tentative ne fut pas suivie d'effets. Aujourd'hui le cyrillique est la graphie majoritairement utilisée, bien que certaines enseignes utilisent l'ancienne écriture à des fins artistiques ou publicitaires[5]. Elle prévoit de revenir à l'écriture mongole dans les années 2020. En Chine, la langue evenki, de la famille des langues toungouses, utilise également cette écriture. Elle était également utilisé pour écrire le mandchou sous la dynastie Qing. Outils d'écritureElle est aujourd'hui écrite avec plusieurs outils[6].
CaractéristiquesLa caractéristique principale de cette écriture est sa direction verticale ; il s'agit d'ailleurs d'une des rares écritures verticales à être écrite de gauche à droite, avec le mandchou et d'autres écritures dérivées du ouïghour. L'alphabet comporte 35 lettres, 8 voyelles et 27 consonnes. Tout comme l'alphabet syriaque, les lettres de l'alphabet mongol possèdent au plus trois formes suivant leur position dans un mot :
L'une des caractéristiques héritée du proto-mongol (en) est que son orthographie se base principalement sur la morphologie. Initialement, la langue ne comporte que 23 lettres marquant plusieurs phonèmes et l'invention d'un système pour transcrire les mots étrangers intègre des lettres supplémentaires au XVIe siècle[3]. Graphèmes de baseLe trait vertical, l'ossature centrale du texte est appelée colonne vertébrale, il existe ensuite sept formes de base[7] :
Sept voyelles de baseContrairement à différentes écritures ligaturées arabes ou indiennes où les bases des caractères sont des consonnes, les consonnes sont des lettres à part entière sans voyelle implicite, auxquelles s'ajoutent sept voyelles de base écrites elles aussi comme des lettres à part entière dans l'alphabet. Les sept voyelles de base du mongol bitchig (ᠦᠨᠳᠦᠰᠦᠨ
La chanson « Les sept voyelles » (七个母音, ), chanté en mongol et mandarin, a pour but de mémoriser ces voyelles en Mongolie-Intérieure[8]. Formes contextuelles et translittérations
Systèmes informatiquesLa verticalité de cette écriture, alors que toutes les écritures du monde se sont adaptées à une écriture horizontale pour les moyens informatiques, pose un certain nombre de problèmes dans l'affichage de textes sur des terminaux informatiques. Le fait que ce système ne soit plus utilisé qu'en Chine par quelques millions de personnes (la Mongolie ayant adopté l'alphabet cyrillique) n'aide pas non plus à la diffusion des techniques. La majorité des techniques actuelles utilise des fontes permettant l'écriture horizontale, qui sont en suite tournées à 90° pour un affichage vertical. Les éventuels textes en alphabet latin ou cyrillique, en chinois, ou comportant une variante des chiffres arabes, se trouvent donc tournés à 90° également. Les versions de Firefox antérieures à la 30 avaient un problème pour afficher les fontes en Mongol bichig ; il a fallu, pour corriger ce problème, modifier l'URL about:config, la valeur gfx.font_rendering.harfbuzz.scripts de -1 à 87[9]. Android Nougat (7.0) et supérieurs comporte les caractères mongols par défaut. Avant UnicodeSystème CMsCe système fait correspondre les caractères du mongol bichig à des caractères du groupe Basic Latin (U+0041) de l'Unicode. Il faut donc utiliser une fonte de caractères qui utilise ce contournement pour afficher cette écriture (famille CMs comme la CMs Ulaanbaatar). Cette technique présente l'avantage de permettre de saisir le texte avec un clavier ne disposant pas de méthode de saisie complexe. Trois fontes utilisant ce système ont été développées ; elles représentent les styles des trois outils d'écriture traditionnels, CMS Ulaanbaator représentant (dans sa première version) l'écriture manuscrite au stylo, CMS Huree représentant la calligraphie au pinceau et CMS Urga représentant l'écriture d'imprimerie. Ces fontes étaient originellement hébergées sur Xoom (en), mais cet hébergeur ayant fermé, on peut les trouver aujourd'hui sur différents sites de fontes[6]. Système MenksoftLe système de Menksoft utilisé sur différents logiciels et sites web a été utilisé, comme CMs, du temps où l'UTF-8 n'était pas devenu le standard de fait. Il utilise différents caractères spéciaux pour l'encodage du mongol et les fontes produites par Menksoft. Il est encore utilisé de nos jours par certains sites en langue mongole, comme le site http://www.mongolbuh.com/, site de Mongolie-Intérieure consacré à la lutte mongole, sport national. UnicodeLa plage U+1800 à U+18AF Mongol est consacrée à l'écriture ouïghoure du mongol. Il existe différentes fontes dont certaines sous licence libre utilisant cette plage, notamment dans le paquet MonTeX pour TeX[10]. Numéraux
Contrôles de formatLe standard Unicode comporte, pour l'écriture mongole, en plus des caractères alphabétiques ou alpha-syllabiques des caractères spéciaux dits caractères de commande. Quatre sélecteurs, dits sélecteur de variante libre mongol 1 (SVL1), ou en anglais : FVS, Free Variation Selector 1, en mongol : буюу 1-р хувилбар сонгогч) 2, 3 et 4, ainsi qu'un séparateur de voyelles mongoles (SVM, ou en anglais : MVS, Mongolian Vowel Separator, en mongol : Үгийн төгсгөлд орхиц). Ils sont numérotés de 180B à 180F en notation hexadécimale de l'Unicode[11] :
La disposition de ces caractères sur les claviers adaptée à la saisie du mongol dépend complètement du pays du clavier (clavier russe en fédération de Russie, clavier mongol cyrillique en Mongolie, clavier qwerty en Chine, etc.). La disposition est globalement phonétique en fonction de la disposition des caractères nationaux locaux. Il existe également différentes dispositions pour les claviers virtuels, notamment sur les plates-formes mobiles. Table des caractèresSur beaucoup de systèmes possédant une police de caractère adéquate, les caractères ne sont pas affichés par défaut dans leur présentation verticale de haut en bas, mais dans la présentation horizontale de gauche à droite, tourné d'un quart de tour en sens antihoraire. Le rendu vertical nécessite des polices qui prennent en charge les formes contextuelles des lettres et adaptent les métriques et le positionnement nécessaires pour la rotation, ainsi qu'un logiciel de rendu prenant en charge le style de disposition vertical (dans les navigateurs internet modernes, cela nécessite la prise en charge du style CSS
Mises en œuvreGNU/LinuxLa prise en charge de cette écriture sous GNU/Linux est variable selon les distributions. Il existe différentes fontes libres de droit, installées par défaut ou pouvant être installée en paquet comme celui de mongolian-fonts d'openSUSE[12] ou manuellement en récupérant la fonte sur des sites consacrés aux fontes ou à cette écriture. Le module LaTeX appelé MonTeX comporte des fontes consacrées à cette écriture et au mongol cyrillique, utilisable sur LaTeX en général[13]. Il y a des essais de méthodes de saisie à intégrer à iBus, mais ces méthodes ne sont pour le moment pas dans les paquets standard. Android/LinuxAndroid à partir 6.0 comporte par défaut une fonte mongole, permettant ainsi de l'afficher dans n'importe quelle application. Parmi les méthodes de saisies, on peut citer Multiling O Keyboard, qui supporte également le mandchou et le vieux turc[14]. Ces fontes font partie des noto-fonts sous licence SIL modifiée[15], que l'on retrouve en paquet sous la majorité des distributions Linux. Bainu est un système de chat pour Android et iOS utilisant cette écriture utilisé par les Mongols de Chine[16],[17], et intégrant une méthode de saisie avec prédiction. Il ne nécessite pas que le système possède des fontes mongoles et il est également possible de copier-coller du texte à partir de celui-ci. AppleBainu, l'application de chat des Mongols de Chine de Zuga Tech, fonctionne sous iOS de la même façon que sur Android[18],[17]. WindowsDispositions de clavierVoir aussiLiens externesPolices
Outils
Notes et références
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