Elle fut longtemps le chef-lieu de canton le plus élevé de tout le département de la Charente-Maritime, étant juchée sur une haute colline culminant à 142 mètres de hauteur. Depuis 2015, elle est un des pôles d'équilibre du canton des Trois Monts, dont le bureau centralisateur (chef-lieu) est situé à Montendre.
Le site est mentionné dans plusieurs chartes de la fin du XIe siècle et du début du XIIe siècle Monte Lucduno, Monte Leudone, Monte Lugduno, Montislucdonis, etc. Situé sur le territoire du peuple gaulois des Santons, il évoque une forteresse du dieu Lug (*Lugu-Dunon). Ce n'est qu'au XIIIe siècle que le nom est réinterprété en Mons Leonis, qui sera ensuite francisé en Mont-Léon, et évoluera jusqu'à la forme actuelle Montlieu[3].
La commune actuelle résulte de la fusion des anciennes communes de Montlieu et de La Garde le [4].La Garde était elle-même le résultat de la fusion des communes de Chalaux et de Saint-Vivien par ordonnance royale le .
Les origines de la seigneurie
Les premiers seigneurs connus de Montlieu remontent à la fin du XIe siècle, début du XIIe siècle. Le cartulaire de Baignes nous indique un Guillaume de Montlieu (seigneur de "Monte Leudone") et son fils Bertrand, cousin de Richard de Montendre; puis un Ramnulfe comme seigneurs de Montlieu.
En 1385, les troupes du roi de France, dirigées par le duc Louis II de Bourbon, reprennent Le château de Montlieu aux troupes Anglo-Gasconnes, lors de la guerre de Cent ans. C'est à cette occasion que le roi Charles VI donne à Arnaud (ou Arnauton) de Bordes la seigneurie de Montlieu[5]. Sa fille, Anne, épousera Charles de Saint-Gelais, qui récupèrera alors la seigneurie de Montlieu.
Les principaux seigneurs de Montlieu
Très vite les Saint-Gelais s'allièrent aux Chabot dont plusieurs membres se distinguèrent au cours de l'histoire de France :
Jean de Saint-Gelais (né vers 1457), chambellan de Charles, comte d'Angoulême, père du futur François Ier. Il évolua dans l'entourage de louis XII, dont il écrira une biographie[6].
Parmi les faits qui lui sont connus, on peut citer celui-ci: Il fut dépêché par le comte d'Angoulême auprès d'Anne de Beaujeu, alors régente du royaume pour demander la libération de Louis d'Orléans (futur louis XII) capturé par l'armée royale lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier mettant fin à la guerre folle.
Sa fille, Jeanne de Saint-Gelais, épousa Charles Chabot, seigneur de Jarnac le .
Une clause du contrat de mariage imposa aux enfants de cette union de porter le nom de Saint-Gelais, sous peine de perdre la baronnie.
Charles Chabot (mort en 1559), seigneur de Jarnac, Montlieu, etc., gouverneur de La Rochelle et du pays d'Aunis, maire perpétuel de Bordeaux, gouverneur du château du Hâ, vice-amiral de Guyenne, conseiller, chambellan et gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi
Guy Chabot (1509 - 1584), auteur du coup de Jarnac, même s'il n'était qu'à l'époque seigneur de Montlieu, son père ayant toujours le titre de seigneur de Jarnac. C'est un des chefs de file, en tant que seigneur de Jarnac, du mouvement protestant en Saintonge, Aunis et Angoumois.
Il donna les terres de Montlieu à sa fille Jeanne-Pélagie de Chabot-Rohan, qui revinrent par mariage à Alexandre-Guillaume de Melun, duc d'Epinoy.
La Révolution et le XIXe siècle
La Révolution
Les gens de Montlieu furent associés à ceux de Montguyon et de 19 autres paroisses (dont Saint-Vivien et Challaux) pour rédiger un cahier de doléances. Ce district pré-révolutionnaire était composé de 46 représentants[7].
Montlieu étant une baronnie mineure peu visitée par ses seigneurs, le château était au moment de la Révolution en piteux état. Les pierres servirent alors aux gens de la région pour construire leur maison et à empierrer la future Nationale 10.
Le renouveau religieux au XIXe siècle
C'est en 1834 qu'est fondée, à Montlieu, une école presbytérale de garçons, qui deviendra en 1847 un "petit séminaire" du diocèse de La Rochelle. Ce petit Séminaire durera jusqu'en 1906 avant de devenir un hospice de vieillards.
Ce petit séminaire fut construit à la place de l'ancienne église Saint Roch, rasée pour l'occasion et remplacée par une chapelle (construite en 1860 sous la direction de l'architecte Gustave Alaux[9]).
Cette école eut une influence importante dans la culture et la vie locales, en particulier, sous la direction de l'abbé Rainguet (1809-1882).
Montlieu et le XXe siècle
La Première Guerre mondiale
Au cours de la Première Guerre mondiale, Montlieu accueillit un hôpital militaire. Il existe d'ailleurs un carré militaire dans le cimetière que la commune honore chaque année lors des cérémonies du .
La Seconde Guerre mondiale
Montlieu et La Garde étaient en zone occupée. Les deux villages furent témoins de deux évènement remarquables:
L'arrestation de deux soldats (Laver et Mills) qui se repliaient à la suite de l'opération Frankton (en ).
La chute d'une forteresse volante B24, le . La commune commémore tous les le souvenir de ce triste jour au monument érigé en l'honneur de ces soldats américains décédés au cours de leur mission.
Urbanisme
Typologie
Au , Montlieu-la-Garde est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[10].
Elle est située hors unité urbaine[11] et hors attraction des villes[12],[13].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (48,1 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (49,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (47,2 %), zones agricoles hétérogènes (29,1 %), terres arables (17,6 %), zones urbanisées (2,5 %), mines, décharges et chantiers (1,7 %), prairies (1,1 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (0,8 %)[14]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Montlieu-la-Garde est exposée au risque de feu de forêt du fait de la présence sur son territoire du massif de la Double saintongeaise, un massif classé à risque dans le plan départemental de protection des forêts contre les incendies (PDPFCI), élaboré pour la période 2017-2026 et qui fait suite à un plan 2007-2016[18]. Les mesures individuelles de prévention contre les incendies sont précisées par divers arrêtés préfectoraux et s’appliquent dans les zones exposées aux incendies de forêt et à moins de 200 mètres de celles-ci. L’article L.131-1 du code forestier et l’arrêté du règlementent l'emploi du feu en interdisant notamment d’apporter du feu, de fumer et de jeter des mégots de cigarette dans les espaces sensibles et sur les voies qui les traversent sous peine de sanctions[19]. Un autre arrêté du rend le débroussaillement obligatoire, incombant au propriétaire ou ayant droit[Note 1],[18],[20],[21].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont des affaissements et effondrements liés aux cavités souterraines (hors mines) et des tassements différentiels[22]. Par ailleurs, afin de mieux appréhender le risque d’affaissement de terrain, l'inventaire national des cavités souterraines permet de localiser celles situées sur la commune[23].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. 66,8 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (54,2 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 620 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 358 sont en aléa moyen ou fort, soit 58 %, à comparer aux 57 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[24],[Carte 2].
Par ailleurs, afin de mieux appréhender le risque d’affaissement de terrain, l'inventaire national des cavités souterraines permet de localiser celles situées sur la commune[23].
Concernant les mouvements de terrains, la commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par la sécheresse en 1989, 1991, 2002, 2003 et 2005 et par des mouvements de terrain en 1999 et 2010[15].
Risques technologiques
Le risque de transport de matières dangereuses sur la commune est lié à sa traversée par une ou des infrastructures routières ou ferroviaires importantes ou la présence d'une canalisation de transport d'hydrocarbures. Un accident se produisant sur de telles infrastructures est susceptible d’avoir des effets graves sur les biens, les personnes ou l'environnement, selon la nature du matériau transporté. Des dispositions d’urbanisme peuvent être préconisées en conséquence[25].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[28]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[29].
En 2022, la commune comptait 1 263 habitants[Note 2], en évolution de −2,7 % par rapport à 2016 (Charente-Maritime : +4,04 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
La population de la commune est relativement âgée.
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 25,2 %, soit en dessous de la moyenne départementale (29 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 38,6 % la même année, alors qu'il est de 34,9 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 614 hommes pour 617 femmes, soit un taux de 50,12 % de femmes, largement inférieur au taux départemental (52,15 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[31]
L'église paroissiale Notre-Dame de l'Assomption[33] dans le bourg recèle une maquette de bateau, le Saint-Laurent, dont la coque est en bois massif. C'est un bateau de ligne de troisième rang avec 2 ponts dont le premier porte une batterie de 16 canons et le second une de 12 canons. Cette maquette fut réalisée en 1859 par Armand Phelippon et a probablement été utilisée autrefois pour les processions car elle est munie de 6 anneaux de transport sur les flancs. Cette maquette est classée monument historique au titre objet depuis 1990[34]. L'église possède la châsse et les reliques de Saint Ixile, enfant romain martyr de treize ans (IIIe – IVe siècle), précédemment affectés au Petit séminaire de Montlieu[35].
L'église Saint-Gilles à Challaux renferme divers éléments datant de 1757 (2 autels, 2 retables, 2 statues : Vierge à l'Enfant, saint Laurent) classés monument historique au titre objet depuis 1980[36],[37]. C'était un ancien prieuré[38].
L'église de l'ancienne paroisse de Saint-Vivien est entourée de son cimetière. C'était un ancien prieuré[39].
La chapelle du Petit-Séminaire construite entre 1852 et 1864 par l'architecte Gustave Alaux, par-dessus l'ancienne église Saint-Laurent du Roch[40]. Le portail rappelle celui de Saint-Palais-de-Négrignac.
La Ravaillerie[43] : implantée au nord, en contrebas du bourg de Montlieu, cette ferme possède un ancien corps de logis principal bas, surmonté d'œils-de-bœuf. Des bâtiments agricoles et domestiques y sont accolés ce qui forme une cour carrée. L'ensemble est couvert de tuiles creuses. La terre de ce domaine fut anobli en 1588 par Léonor Chabot de Saint-Gelais en faveur de Jehan Guérin, chevaucheur et maître de poste de Montlieu[44]. Par la suite, ce bien fut acquis en 1648 par les Hillayret[42] qui plus tard le vendirent à la famille Rippe de Beaulieu en 1738, dont les Vigen héritèrent.
Le Maine[45] : implantée au nord-est du bourg de Montlieu, cette ferme possède un ancien corps de logis bas, surmonté d'œils-de-bœuf. Cette métairie appartenait aux Vigen.
Les Galards : implanté à l'ouest de la commune, près de Challaux, divers bâtiments agricoles et domestiques forment une cour devant l'ancien corps de logis bas, surmonté d'œils-de-bœuf. Une maison de maître y est accolée. Le site appartenait à la famille Masrouby qui le transmit aux Vigen.
D'autres lieux-dits se distinguent aussi avec des maisons de maître couvertes d'ardoise : Château Gaillard, chez Bergeon, la Grange.
Lavoirs du Rambaud
Le lavoir de la Garde, se situe en contrebas du bourg, où le Rambaud (affluent du Lary) prend sa source. Bâtit de bois, il forme un U autour du bassin.
Le lavoir de Montlieu, se situe en aval. Autrefois nommé le lavoir du Célier, il est bâtit de pierres et doté d'une cheminée remarquable.
Monuments funéraires
Monuments aux morts de Montlieu, place de la Victoire.
Monuments aux morts de la Garde, place Charles Vigen.
Le monument des Américains, près du croisement de chez Bonnet à St Vivien.
L'ancien cimetière du Petit Séminaire.
D'autres tombes anciennes se distinguent dans les cimetières de Montlieu, Challaux ou Saint-Vivien.
Moulins
Le moulin à aubes de Berland, situé sur la rive droite du Lary, limitrophe avec Saint-Palais-de-Négrignac.
Personnalités liées à la commune
Charles Vigen (1864-1928), médecin et historien[46].
L'Abbé Richard (1822-1882), attaché toute sa vie au séminaire de Montlieu et qui connut la célébrité en France et en Europe comme sourcier en se revendiquant le successeur de l’Abbé Paramelle
Jean de Saint Gelais, seigneur de Montlieu, biographe de Louis XII[6].
L'abbé Alta, pseudonyme de Calixte Melinge, (1842-1933), ecclésiastique, auteur d'ouvrages liés au gnosticisme, né à Montlieu-la-Garde et professeur au Petit Séminaire de 1865 à 1869.
↑Le débroussaillement s'applique notamment aux abords de constructions, chantiers, travaux ou installations sur une largeur de 50 mètres (selon un principe du droit des assurances, tout propriétaire est tenu d’assurer la protection de ses biens), et de 7 mètres minimum de part et d’autre des voies privées y donnant accès.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Jean Froissart, Chroniques de J. Froissart: t. 1. I.-II ptie. Introduction. 1307-1340 (Depuis l'avènement d'Édouard II jusqu'au siège de Tournay), Mme Ve. J. Renouard, (lire en ligne)
↑ a et bJean de Saint-Gelais, Histoire de Louis XII, (lire en ligne)
↑« Les documents », sur ww3.ac-poitiers.fr (consulté le ).