Néo-égyptien
Le néo-égyptien est la forme vernaculaire de l'égyptien ancien au Nouvel Empire (en particulier durant la période ramesside) et de la Troisième Période intermédiaire. Position historiqueSi des traces de néo-égyptien existent déjà à la XVIIe dynastie (par exemple dans la stèle de Kamôsé), la plupart des textes néo-égyptiens datent des XIXe et XXe dynasties. Comme l'on date traditionnellement l'apparition du démotique (état de langue qui succède au néo-égyptien) du début de la XXVIe dynastie, on qualifie de « néo-égyptien tardif » la langue pratiquée entre-temps. LittératureBelles-lettresLes scribes ramessides apprenaient toujours les grands classiques moyen-égyptiens, comme Sinouhé ou l'enseignement d'Amenemhat. Mais à côté de ces textes anciens, le Nouvel Empire a vu la production de nombreuses œuvres originales. Romans et contesLa majeure partie des œuvres qui nous sont parvenues sont réunies dans l'ouvrage d'Alan Henderson Gardiner, Late Egyptian Stories (LES). À cela il faut rajouter quelques textes fragmentaires ou tardifs. Ces textes sont pour la plupart traduit dans les anthologies de la littérature égyptienne. À côté de récits religieux, rendus sur un mode plaisant (Le Procès d'Horus et Seth), de contes à arrière-plan mythologique évident (Vérité et Mensonge, Les Deux frères), on trouve des contes à arrière-plan historique (La Prise de Joppé). La littérature « réaliste » va en revanche emprunter des formes nouvelles, en utilisant le récit par lettre (Tale of Woe) ou en imitant un rapport administratif (Histoire d'Ounamon), de la même manière que le récit de Sinouhé, au Moyen Empire, s'inspirait des autobiographies funéraires. Dans le cas particulier d'Ounamon, l'hypothèse qu'il s'agirait d'un rapport authentique, éventuellement réécrit, a été émise par plusieurs auteurs, comme J. Černy ; la tendance actuelle est cependant d'y voir une œuvre de fiction[1]. Liste des textes dans les Late Egyptian Stories :
On peut y rajouter :
PoésieL'une des nouveautés de la période ramesside est l'apparition d'une poésie amoureuse relativement abondante[3],[4]. HymnesSagessesTextes de la pratiqueLa fouille du village de Deir el-Médineh a révélé un nombre extrêmement important de documents de la pratique, lettres, archives de procès, listes d'appel, à tel point que l'étude de la vie quotidienne en Égypte ancienne est souvent une étude de la vie à Deir-el-Médineh. La documentation du reste de l'Égypte est moins riche, mais pas négligeable pour autant. Parmi ces textes, citons notamment : De nombreux documents juridiques :
Des lettres, dont le dossier des « Late Ramesside Letters »[7],[8], correspondance entre Djéhoutymès, scribe de la tombe, et son fils Boutehamon à la fin de la XXe dynastie. Des documents administratifs. Textes monumentauxLes murs et les stèles des temples ramesside portent de nombreuses inscriptions « historiques », visant à commémorer tel ou tel événement du règne. La langue de ces inscriptions emprunte des tournures à la fois au moyen-égyptien et au néo-égyptien, et Jean Winand l'a nommée « néo-égyptien partiel »[9]. Citons notamment :
Dans ces textes, le cadre narratif reste assez proche de la langue classique (en modernisant souvent les formes), alors que les dialogues sont plus marqués par le néo-égyptien. Les inscriptions proprement religieuses, comme les scènes d'offrande, restent généralement en égyptien classique. GrammaireOn distingue généralement deux « phases » dans l'évolution de la langue égyptienne. L'égyptien de première phase recoupe le vieil égyptien et le moyen égyptien ; l'égyptien de deuxième phase comprend le néo-égyptien, le démotique et le copte. Dans ce modèle, le néo-égyptien marque donc une transition importante. Un changement fondamental dans le groupe nominal est que le démonstratif pȝ/tȝ/nȝ devient un article défini d'emploi quasi systématique. Le genre grammatical des noms est alors marqué par l'article et non plus par la morphologie (ce qui a des conséquences orthographiques). L'égyptien de première phase comportait de nombreuses formes verbales, distinguées par leur morphologie. Le néo-égyptien privilégie des constructions plus explicites, en utilisant par exemple des auxiliaires. Pour résumer, le néo-égyptien est plutôt analytique, alors que l'égyptien de première phase est plutôt synthétique. Cette évolution favorise par ailleurs des constructions de type SVO, par rapport aux constructions VSO de la conjugaison suffixale. Système graphiqueLe néo-égyptien, tout comme la langue classique, continue de s'écrire en hiératique et en hiéroglyphes, selon les supports et le contexte. L'orthographe évolue cependant énormément à cette époque (ce qui déroute souvent les apprentis égyptologues lorsqu'ils abordent cet état de langue). Les scribes essaient visiblement d'actualiser les graphies pour se rapprocher de la prononciation des mots à leur époque. Cet effort de modernisation n'est cependant pas systématique, et se heurte au désir de conserver les orthographes traditionnelles. Il en résulte une grande diversité de graphies. Notes et références
Historiographie du néo-égyptienSources
Liens externes
Articles connexesInformation related to Néo-égyptien |