Né à Ajaccio le , Paul Vecchiali passe son enfance à Toulon[1],[2]. Sa famille, soupçonnée de pétainisme[3] (alors que son père était en constante relation avec son beau-frère, résistant), préfère quitter cette ville après la guerre (Paul Vecchiali abordera ces thèmes dans son film En haut des marches). Le jeune homme entre à l'École polytechnique, dont il sort diplômé en 1955[1],[2].
Il produit les premiers films de Jean Eustache avant de fonder sa maison de production, Diagonale, en 1976[4].
Il réalise en 1961 un premier film, muet, Les Petits Drames[1] dans lequel apparaît son idole Danielle Darrieux, tout en travaillant comme officier-instructeur à Polytechnique. François Truffaut fait partie des rares personnes à s'enthousiasmer dès le début. Lors de la projection des Ruses du diable (1965), il déclare : « Paul Vecchiali est le seul héritier de Jean Renoir[1]. »
Paul Vecchiali a tourné plus d'une cinquantaine de films (en comptant ses réalisations pour la télévision), abordant les thèmes du sida, de la sexualité (homo, bi ou asexualité), de la peine de mort et de la religion. Son cinéma s'inspire du cinéma français des années 1930, avec une touche expérimentale et de l'autobiographie. Il a obtenu quatre fois l'avance sur recettes du CNC pour plusieurs dizaines de projets déposés, ce qui lui a inspiré le scénario du film À vot' bon cœur, sorti en 2004[5].
En 2010, il publie son monumental dictionnaire, L'Encinéclopédie, consacré à la filmographie complète de cinéastes « français » ayant tourné dans les années 1930 et le début du parlant, la décennie de son enfance, qu'il considère comme très créative au cinéma, généreuse et insolente[6]. Les guillemets indiquent bien qu'il inclut les cinéastes français ainsi que ceux ayant fait au moins un film produit en France durant cette décennie (Carl Theodor Dreyer, Fritz Lang, Billy Wilder, Georg Wilhelm Pabst…). La rétrospective, très complète, est d'une subjectivité assumée entre les cinéastes laissés de côté (Julien Duvivier, Jeff Musso, Carlo Rim, Louis Valray…) et ceux qu'il considère comme des fausses valeurs (Jean Renoir, Jean Delannoy, Henri-Georges Clouzot, Sacha Guitry…)[7],[8],[9].
Mort
Affaibli depuis plusieurs semaines par un cancer, il est hospitalisé en urgence à Gassin, dans le Var[10], où il meurt dans la nuit du au à l'âge de 92 ans[1],[2]. Sa mort est annoncée en début de soirée par son producteur et compagnon Malik Saad[11].
Ses obsèques se tiennent dans la plus stricte intimité, selon sa volonté, le à Vidauban, suivies par son incinération au crématorium de la même ville[12]. Il est symboliquement inhumé le suivant, jour de son anniversaire, au columbarium du cimetière de Saint-Pons au Plan-de-la-Tour (case 63)[13], sa ville de résidence depuis 2006.
Son dernier long métrage, Bonjour la langue, a été réalisé quelques semaines plus tôt[14]. Une sortie en salles est prévue pour l'année suivante, après une présentation en avant-première au Locarno Film Festival au mois d'août[15].
Paul Vecchiali a produit ses films avec sa société Diagonale de 1975 à 1994. À cause des difficultés financières, la société fut vendue en 1998, et le cinéaste faillit arrêter complètement sa carrière (un hiatus qui lui fit redécouvrir la décennie du cinéma des années 1930, qu'il chroniqua dans L'Encineclopédie)[16].
À partir de 2014, il redevient producteur avec une nouvelle société, Dialectik.
Festival international du film indépendant IndieLisboa 2018 : Meilleur film pour Train de vies ou les Voyages d'Angélique et Les Sept Déserteurs ou la Guerre en vrac
↑Jean-Paul Morel, « Paul Vecchiali, l’Encinéclopédie. Cinéastes " français " des années 1930 et leur œuvre », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, no 63, (DOI10.4000/1895.4344, lire en ligne).
↑Nicolas Moreno, « Le cinéaste Paul Vecchiali est mort », sur Les inrockultibles, (consulté le ) : « Paul Vecchiali a sorti ses derniers films dans la confidentialité, au Grand Action à Paris notamment, qui lui a dédié le nom de l’une de ses salles. »