Les pays anglophones, parfois appelés monde anglo-saxon, anglophonie ou anglosphère (par anglicisme, en anglais : Anglosphere, /ˈæŋ.ɡləˌsfɪə/), sont l'ensemble de pays dont l'organisation socio-économique et la culture ont été fortement influencées par la colonisation britannique et où l'anglais est la langue principale[1].
Terminologie
Monde anglo-saxon
Bien que l'expression « monde anglo-saxon » soit communément employée par les médias francophones en Europe, elle n'a pas de définition scientifique, et les critères pouvant être employés pour la définir trouvent tous leur limite. Elle suscite chez les principaux intéressés la raillerie, voire la réprobation, en raison des fortes connotations racialistes[2] passéistes[3] qui y sont associées[4],[5].
Anglosphère et anglophonie
Le terme Anglosphere a été inventé pour la première fois, mais pas explicitement, par l'écrivain de science-fiction Neal Stephenson dans son livre The Diamond Age, publié en 1995[6]. John Lloyd l'a adopté en 2000 et l'a défini comme incluant le Royaume-Uni et les États-Unis avec le Canada anglophone, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Irlande, l’Afrique du Sud et les Antilles britanniques[7]. Le dictionnaire Merriam-Webster définit "Anglosphere" comme « les pays du monde dans lesquels la langue et les valeurs culturelles anglaises prédominent[8] ». Dans le monde anglophone, ce sont les expressions « English-speaking peoples » et « English-speaking countries » qui sont utilisées pour désigner les pays où l'anglais prédomine, le terme 'Anglo-Saxon' faisant exclusivement référence aux peuples de l'époque médiévale (par exemple, « The Anglo-Saxon peoples »).
Le terme Anglophonie, plus simple à définir, sans aucun référentiel ethnique, inclut des pays qui ne sont pas considérés comme étant du monde anglo-saxon mais ou la langue anglaise est dominante. Néanmoins, anglophonie n'est pas une équivalente exacte de l'expression française, francophonie, qui possède des connotations d'institutionnalisation de l'espace linguistique[9].
Les principaux pays du monde anglo-saxon (les États-Unis, le Canada [anglophone], l'Australie, la Nouvelle-Zélande, et le Royaume-Uni) entretiennent des relations étroites en matière de liens culturels, diplomatiques et militaires. Tous sont alignés dans des programmes tels que[10] :
Au-delà de la langue, ces nations ont d'autres caractéristiques communes, dont la plupart proviennent de leur histoire en tant qu'anciennes colonies et bases de l'Empire britannique.
La plupart des pays anglophones adhèrent à la règle de droit (rule of law) par le biais de la common law plutôt que par le droit civil et favorisent la démocratie avec des chambres législatives par rapport à d'autres systèmes politiques[17]. La propriété privée est protégée par la loi ou par la constitution[16].
La religion la plus populaire dans les pays anglophones est le protestantisme, suivi de près par le catholicisme[18]. Une partie importante mais non majoritaire de la population du monde anglophone est agnostique[18].
Certaines traditions subsistent et sont assez uniques aux pays du monde anglophone. Les pays anglophones tendent à utiliser plus souvent le système horaire sur 12 heures au lieu du système horaire sur 24 heures avec les abréviations AM et PM pour différencier la période de minuit à midi à celle de midi à minuit[22]. Les États-Unis et le Royaume-Uni utilisent majoritairement le système d'unités de mesure anglo-saxonnes (Imperial units) au lieu du système métrique que l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, et presque l'intégralité du reste du monde appliquent[23]. Tous les pays principaux du monde anglophone dînent aussi plus tôt que la plupart du reste du monde, généralement entre 17:30 et 19:30[24].
Traits différents
Certaines différences culturelles séparent les pays du monde anglo-saxon, ainsi même au sein du Royaume-Uni, des différences existent entre les nations galloise, écossaise, anglaise et nord-irlandaise. Pour le cas américain, une citation de George Bernard Shaw résume bien la différence qui subsiste entre l'Angleterre et les États-Unis : « l'Angleterre et les États-Unis sont deux nations divisées par une langue commune ». Oscar Wilde, dans sa nouvelle The Canterville Ghost (1887), a également déclaré : « Nous avons vraiment tout en commun avec l’Amérique de nos jours, sauf, bien sûr, la langue[25]. »
Bien que l'anglais soit ce qui définisse l'« anglosphère », les dialectes anglais parlés dans les pays qui la forment peuvent différer, tant dans leur syntaxe, leur vocabulaire que leur accent.
Coopération
Les nations composant le monde anglo-saxon ont par le passé tissé d'étroits liens politiques et de coopération : un réseau de diverses alliances militaires (exemple : ANZUS, OTAN) et d'accords de libre-échange, dont certains continuent de s'appliquer, a été établi entre ces nations.
↑Selon Emile Chabal, cette expression référant à une période spécifique de l’histoire médiévale est une projection par les Français de leurs propres angoisses. Voir, par exemple, Edmond Demolins, À quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons, Paris, , iv-412, in-8° (lire en ligne sur Gallica).
↑(en) Tim Legrand, Elite, exclusive and elusive: transgovernmental policy networks and iterative policy transfer in the Anglosphere, Policy Studies. 37 (5), (DOI10.1080/01442872.2016.1188912), p. 440-455.
↑La ville de Londres a une population de 8,9 millions d'habitants (2018) supérieure à celle la ville de New York estimée à 8,4 millions d'habitants (2018), néanmoins l'aire métropolitaine de Londres compte 14,2 millions d'habitants (2018) alors que l'aire métropolitaine de New York compte 22,7 millions d'habitants (2018).
↑(en) Kidd, John B.; Richter, Frank-Jürgen, Development models, globalization and economies : a search for the Holy Grail?, Houndmills, Basingstoke, Hampshire: Palgrave Macmillan, , 261 p. (ISBN978-0-230-52355-5, OCLC71339998, lire en ligne).
↑(en-GB) Russell Lynch, « Europe’s ‘Anglo-Saxon’ phobia is proving deadly », The Telegraph, (ISSN0307-1235, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en) Michael Chertoff, et a.l., Building an Americanization Movement for the Twenty-first Century : A Report to the President of the United States from the Task Force on New Americans, Washington, , 77 p. (ISBN978-0-16-082095-3, lire en ligne).
(en) James C. Bennett, The anglosphere challenge : why the English-speaking nations will lead the way in the twenty-first century, Rowman & Littlefield, , 337 p., xii, 341 (ISBN978-0-74253-332-5, OCLC773950653, lire en ligne).
(en) Stefan Kühl, Nazi Connection : Eugenics, American Racism, and German National Socialism, New York, Oxford University Press, , 166 p. (ISBN978-0-19508-260-9, lire en ligne), p. 85.