D'abord auteur de romans policiers et de science-fiction, publiés notamment aux éditions Fleuve noir, il est ensuite devenu lui-même éditeur, principalement de textes d'extrême droite.
Dans sa jeunesse, Philippe Randa milite activement à l'extrême droite, d'abord au GUD alors proche du Parti des forces nouvelles, puis au Front national dont il est candidat sur une liste aux municipales. Il cesse ensuite tout engagement politique direct, mais demeure proche des milieux d'extrême droite[4].
Après le décès de son père, il devient à son tour romancier : au début des années 1980, il fait partie de la nouvelle génération d'auteurs publiés par les éditions Fleuve noir, dont son père avait été un contributeur prolifique[5]. À l'occasion de ses débuts, le spécialiste du polar Michel Lebrun souligne les similarités de style et de ton entre Randa père et fils — goût pour l'érotisme et la violence, narration au présent de l'indicatif... — Philippe prenant la succession de Peter en prouvant « de façon éclatante les lois de l'hérédité »[6]. Il signe au fil des années plus d’une centaine de livres, dont de nombreux romans de science-fiction et policiers aux éditions du Fleuve Noir, d'espionnage — sous le nom de Paul Vence — et érotiques — sous le nom d’Urbain Sarrel — aux Presses de la Cité. Il publie notamment, au Fleuve noir, vingt-deux romans dans la collection Anticipation[7]. Il fait progressivement passer dans ses romans certaines de ses idées comme dans Poitiers demain, publié en 1987 chez un éditeur d'extrême droite, qui met en scène, dans un futur post-apocalyptique, la libération par les armées de l'« Ordre européen » de la France occupée par les « hordes maghrébines »[8].
En 1991, il donne une contribution dans le recueil Rencontres avec Saint-Loup, édité par l'Association des amis de Saint-Loup[9].
Il devient dans les années 1990 un collaborateur indépendant, mais régulier, de la presse française d'extrême droite : on retrouve sa signature dans les hebdomadaires Minute, puis National Hebdo (dont il assura la direction de la rédaction des « Dossiers ») ainsi qu'au Crapouillot . On retrouve également entre les années 1980 et 1990 sa signature plus ou moins régulière dans différentes revues de la presse militaire (Raid, La Gazette des armes, Hommes de guerre), people (Aujourd’hui Madame, Confidences, G.I. Magazine, Maxi), politique (Rivarol, Résistance !, Le Choc du mois, Écrits de Paris, Alternative, etc.), historique (L’Autre histoire), ésotérique (Nostra, L’Étrange magazine) et régionale (Le Courrier picard, Bretons d’ailleurs). Il a dirigé par ailleurs la rédaction des revues Boulevard du crime (romans policiers) , Le Journal de l’insolite (ésotérisme) et Visages de l’Histoire (histoire), ainsi que des journaux Le Flambeau littéraire (littérature) et L’Entraide Nationale (caritatif)[2]. Il finit par s’éloigner de la littérature populaire pour publier des ouvrages d’histoire, des essais, des documents contemporains et des dictionnaires historiques, ou des livres consacrés à des ouvrages criminels[10]. Il se présente comme défenseur d'une liberté d'expression totale : la revue homosexuelle Gaie France a ainsi repris une de ses tribunes libres où il défendait celle de l'écrivain Gabriel Matzneff[11].
Après avoir vécu de sa plume jusqu’au début des années 1990, il se concentre progressivement sur ses activités d'éditeur et crée de multiples structures, devenant dans les années 1990-2000 l'un des « piliers » de l'édition d'extrême droite en France. Il fonde, en 1992, le journal satirique Pas d’panique à bord, la lettre bimensuelle d’informations Secrets et sociétés la même année, puis, en 1998, une revue bimestrielle de politique, d’histoire et de littérature, intitulée Dualpha. Cette revue cesse en 2001 sa parution imprimée pour devenir pendant quelques années un site hebdomadaire politique sur internet, puis seulement une enseigne d'éditions[12].
Il fréquente un temps à Paris la librairie d'extrême droite Ogmios, dirigée par Jean-Dominique Larrieu et Tristan Mordrelle[13]. Pour prendre la succession de cette enseigne, il crée en 1996 la librairie parisienne L'Æncre, spécialisée dans la vente d'ouvrages politiques et historiques[14], et la maison d'éditions du même nom, qu'il cède par la suite. Il crée en 1997 les éditions Dualpha et les éditions Déterna, tout d’abord spécialisées dans les rééditions, mais où, très vite, paraissent de nombreux livres inédits[12]. En 2001, il cosigne avec Roland Gaucher l'ouvrage Les Antisémites de gauche, qui tente d'accréditer la thèse selon laquelle l'antisémitisme aurait des racines exclusivement de gauche[15].
Parallèlement à la diffusion en librairie des livres sortis par ses maisons d'édition, il crée en 1998 le catalogue mensuel de vente par correspondance « Francephi diffusion ». En , il ouvre « Primatice diffusion-distribution », comptoir de vente éditeur, dans la rue du même nom, dans le 13e arrondissement de Paris, puis à Liège en Belgique[4]. La librairie liégeoise ferme le à la suite de la présence d'« ouvrages teintés d'idéologie d'extrême droite » ; une action dans laquelle le directeur du Centre pour l'égalité des chances voit une « victoire de la vigilance civique[16] »,[17]. Il arrête par la suite l'activité de la librairie parisienne en , et se concentre sur la vente en ligne de livres via le site de Francephi[18].
Depuis 2006, il collabore au site et à la revue Synthèse nationale. Il a également été co-rédacteur en chef du bimensuel Flash, décrit par Jean-Yves Camus comme une tentative de lancer un journal d'« extrême droite altermondialiste »[19].
Le Dictionnaire sulfureux, Les Bouquins de Synthèse nationale, 2019 (ISBN978-2-36798-063-8)
Chez Martelle
Crimes en Picardie, avec Jacques Béal, Martelle (Amiens), 1993
Hommes et traditions en Poitou-Charentes et Vendée, avec Angélique Baraton, Ogam Bonnin et Xavier Cheneseau, Martelle (Amiens), préface de Jean-Pierre Raffarin, 1993
Notes et références
↑« […] La majorité des livres diffusant les thèses d'extrême droite sont édités chez Dualpha. Son patron, Philippe Randa, est lui-même un ancien activiste de l'extrême droite musclée. Il assure la diffusion de ses propres livres et des auteurs qu'il édite (notamment la réédition d'ouvrages doctrinaux d'idéologues nazis comme Joseph Goebbels et Alfred Rosenberg, un théoricien du IIIe Reich). », Martine Vandemeulebroucke, « L'extrême droite en un clic », Le Soir, mardi 8 janvier 2008.
↑Jacques Breton, Les collections policières en France: au tournant des années 1990, Cercle de la Librairie, 1992, p. 71.
↑Michel Lebrun, Almanach du crime 1982, Guénaud/Polar, 1982, page 303.
↑Bradford Lyau, The Anticipation Novelists of 1950s French Science Fiction: Stepchildren of Voltaire, McFarland, 2010, page 127.
↑Claude Liauzu, Violence et colonisation: pour en finir avec les guerres de mémoires, Syllepse, 2003, p. 200-202.
↑Nadal, Emmanuel, « Le versant de l’ombre : jeunesse, montagne et alpinisme chez Marc A... », Babel. Littératures plurielles, Université du Sud Toulon-Var, no 8, , p. 169–202 (ISSN1277-7897, lire en ligne, consulté le ).