Point-virgule
Le point-virgule est un signe de ponctuation représenté par une virgule surmontée d’un point, principalement utilisé pour séparer deux membres de phrase indépendants l'un de l'autre grammaticalement, mais entre lesquels il existe une liaison logique[1]. Le mot qui suit un point-virgule ne prend pas de majuscule, à moins bien sûr qu'il ne s'agisse d'un nom propre. HistoriqueOrigineLe point-virgule moderne remonte à , date d’impression de De Aetna, le récit de l’ascension du volcan Etna par le jeune humaniste vénitien et futur cardinal Pietro Bembo (1470-1547)[2]. D’après le paléographe britannique Malcolm Parkes, il s’inspire de la virgula suspensiva pointée, c’est-à-dire une barre avec un point au milieu[2]. Dans son Epitome orthographiae, traité paru en , Alde le Jeune, petit-fils d’Alde Manuce, décrit le point-virgule comme un « punctum semicirculo junctum »[2]. Le point-virgule a été inventé comme signe typographique par l’imprimeur italien Aldus Manutius[3] pour deux usages : marquer qu’un mot est l’antonyme d’un autre, et séparer des propositions indépendantes dans une phrase. Le signe est cependant bien plus ancien puisqu’on le rencontre déjà dans les manuscrits médiévaux comme signe d’abréviation, notamment pour la syllabe « et ». Ainsi, « deb; » se lisait « debet ». Le point-virgule est parfois aussi appelé point et virgule. Un signe menacé ?La tendance actuelle est à l’emploi de phrases courtes, et donc à l’emploi exclusif du point et de la virgule. Sylvie Prioul en parle dans son livre La Ponctuation ou l’art d’accommoder les textes, y compris pour appeler à sauver ce signe[4]. Le , le site web Rue89 publie un canular[5] annonçant que l’usage du point-virgule dans les documents administratifs allait être obligatoire afin de sauvegarder ce signe[6]. Certains francophones accusent l’influence de l’anglais d’être responsable de cet abandon en français. Toutefois, le problème est exactement le même dans les deux langues[7] ; la même argumentation pour sauver le signe, qui est développée dans le livre Eats, Shoots & Leaves, dénonce cet abandon[8]. Par ailleurs, l'usage d'Internet — et particulièrement celui des forums de discussion —, très développé en anglais, s'est accompagné d'un emploi fréquent de « TL;DR », parfois épelé « TL,DR », voire de « TL:DR » ou encore de « TLDR » (Too Long; Didn't Read), qui signifie littéralement « trop long ; ([je] n'ai) pas lu » et qui fait office de réponse cynique à un message jugé trop long par rapport à son intérêt présumé. Il est aussi souvent utilisé par courtoisie comme titre d'un résumé synoptique minimal fourni par l'auteur d'un message jugé trop long (par lui ou par l'usage) pour la commodité du lecteur. La forme avec point virgule est de loin la plus utilisée[réf. à confirmer][9]. Enfin, dans les échanges numériques, le point-virgule est utilisé avec ou sans trait d'union et avec parenthèse fermante ou ouvrante de façon à former diverses expressions imagées appelées émoticônes (ou smiley en anglais), comme En françaisLe point-virgule a plusieurs usages dans la grammaire française[10], entre autres :
Dans la lecture à haute voix, le point-virgule est censé être accompagné d’une pause de durée intermédiaire entre la pause marquée sur une virgule et la pause marquée sur un point. Règles typographiquesEn typographie de la langue française, le point-virgule est un signe de ponctuation double (comme le point d'exclamation, le point d'interrogation et le double point — cf. ponctuation). À ce titre, plusieurs codes typographiques prescrivent que le point-virgule doit être précédé d’une espace fine insécable ou d’une espace insécable et suivi d’une espace sécable. Parmi les codes qui le prévoient, figurent le Lexique des règles typographiques de l’Imprimerie nationale (Paris) et le Guide du typographe (édité en Suisse). Cependant, au Québec, l'Office québécois de la langue française (OQLF) prescrit dans sa Banque de dépannage linguistique qu'il ne devrait être précédé d’aucune espace ou d’une espace fine insécable[11]. Après un point-virgule, le mot qui suit ne prend pas de majuscule à moins qu'il s'agisse d'un nom propre. Exemples de l'usage en français de France
— Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, deuxième partie.
— Balzac, La Vieille Fille[12]. Citations
Dans les autres languesLe point virgule est généralement utilisé dans le domaine de la traduction littéraire. En effet, lors d'une traduction, il est de convenance d'utiliser le point-virgule pour ne pas casser une phrase ou, quand bien même pour respecter la ponctuation d'une langue étrangère, pour garder le sens le plus proche possible de la langue étrangère traduite.[réf. souhaitée] Le sens ne concorde pas toujours, alors pour remédier à cela, l'emploi du point-virgule permet de compléter une phrase tout en gardant intact le sens de celle-ci. GrecEn grec ancien et moderne, le point-virgule (« ; »), appelé ερωτηματικό / erotimatikó, est utilisé en lieu et place du point d'interrogation pour indiquer une question. Pour séparer deux parties de phrase, on utilise le point médian (« · »), appelé άνω τελεία / áno teleía, là où, en français ou dans diverses langues européennes, on emploie un point-virgule ou un deux-points[14]. ArabeLa langue arabe ayant adopté les signes de ponctuation relativement récemment, peu de règles régissent leur utilisation de manière très définie. Les signes de ponctuation sont tirés des langues latines et bénéficient d'une utilisation similaire[15]. Le point-virgule (الفاصلة المنقوطة, littéralement : « virgule pointée ») consiste en un point surmonté d'une virgule (؛) à l'inverse de point-virgule latin. Usage en informatiqueProgrammationLe point-virgule a un usage de « séparateur » dans divers langages de programmation : C, C#, C++, Java, JavaScript, PHP, Cascading Style Sheets (CSS), Pascal, etc. Par exemple en C++ : int main(void)
{
int x = 1;
int y = 2;
// Deux instructions séparées par un point-virgule (sans retour à la ligne)
std::cout << x << std::endl; std::cout << y << std::endl;
return (0);
}
Dans beaucoup de langages, il est coutume d'écrire une seule instruction par ligne bien que cela ne soit pas une obligation. Dans l'exemple ci-dessus, deux instructions sont placées sur la même ligne : cela est possible et conforme grâce au point-virgule faisant office de séparateur. Dans le langage Smalltalk, le point-virgule permet d’appeler des messages en cascades. Dans beaucoup de langages procéduraux, il sert à marquer la fin d’une instruction. En langage assembleur et en Common Lisp, le point-virgule introduit un commentaire : aucun texte situé à droite du point-virgule ne sera considéré lors de l’exécution du code. (defun f (x) ; définit une fonction f(x)
(sin (/ (* x pi) 180))) ; retourne le sinus de x après l'avoir converti en radians
Notes et références
Voir aussiArticle connexeLiens externes |