Recanati
Recanati est une commune italienne d'environ 21 070 habitants, située dans la province de Macerata, dans la région Marches, en Italie centrale. GéographieEntre les vallées des eaux de la Potenza et du Musone, Recanati émerge sur la cime d'une colline dont la crête tortueuse et plane culmine à 293 mètres d'altitude. Distante d'environ vingt kilomètres du chef-lieu de la province Macerata, à huit kilomètres de Loreto et un peu moins de quarante kilomètres d'Ancône. De Recanati, à l'Est et par temps clair, sont visibles les côtes de la Dalmatie, par delà la mer Adriatique. En direction du Nord, l'on voit le mont Conero qui se perd dans les eaux et des autres versants de la colline, se montrent les cimes des Apennins : les cimes des monts Sibyllins avec son mont Vettore et plus haut les monts San Vicino, Strega et Catria. Comme d’autres villes des Marches, Recanati est également la typique « cité balcon » pour l'ample panorama qui s'y déploie : villes, villages sont éparpillés en grand nombre dans l’ample étendue entre courtes plaines, longues vallées et belles collines.
HistoireÀ l’époque romaine, le long de la vallée de la Potenza, alors navigable, furent fondées deux villes d'importance : Potentia, en face de l'embouchure et Helvia Recina, vers l’intérieur. En raison des invasions des Goths conduits par Radagaiso aux environs de 406 apr. J.-C., la population cherche refuge sur les collines. Recanati et Macerata doivent leur nom d'origine à l’antique cité : le nom Recanati, jadis Recinete puis Racanati[2], en latin Recinetum et Ricinetum, dérive du nom de la ville romaine d'Helvia Recina dont les vestiges sont visibles en contrebas de Macerata. Recanati s’est formée peu à peu par la réunion des habitats de la colline : le château de Mont Morello, le château de San Vito, celui du Mont Volpino et le bourg de Castelnuovo, bourg qui se nommait vraisemblablement Château des Ricinati. Au XIIe siècle, le conflit entre l’Église et Frédéric Barberousse éclate, Recanati rejette le gouvernement des Comtes qui soutiennent l’Empereur et élit des consuls. La ville devint une Commune Libre. Elle fut administrée par les consuls jusqu’en 1203, puis adopta le système des Podestats. En 1228, Frédéric II de Souabe, favorisé par les gibelins, fit la guerre au Pape. Recanati, généralement fidèle à la Papauté, choisit de rester avec Frédéric II. En 1229, Recanati obtient de l’empereur Frédéric II la propriété de tout le littoral, du Potenza à l’Aspio, avec la faculté de construire un port (Porto Recanati). Bientôt cependant, les Récalcitrants revinrent du côté de la papauté. En 1239, après avoir ravivé le désaccord entre le Pape et l’Empereur, Recanati, unique ville des communes environnantes à être restée fidèle à la papauté, donna l’hospitalité à l’évêque d’Osimo Rinaldo, aux ducs guelfes et aux légats pontificaux, contraints à fuir les vexations des gibelins. En 1240, le pape Grégoire IX retire à Osimo le titre de ville et siège épiscopal, la réduisant à la condition de Villa et en même temps déclare Cité le château de Recanati et le décore avec la cathédrale épiscopale de San Flaviano. En 1294, marquant la fin des croisades, la Cité de Recanati accueille, sur l’une de ses collines boisées qui forment son territoire, la sainte Maison de Lorette en provenance de terre sainte. Il s’agit alors de la relique la plus importante du monde chrétien, en l’occurrence, la Maison de la Vierge Marie où le Verbe s’est fait Chair, et où Jésus a été engendré par l’Esprit saint. Le sanctuaire deviendra la Ville autonome de Lorette, lieu de pèlerinage le plus important d’Occident durant près de trois siècles. Monaldo Leopardi, père de Giacomo Leopardi, écrit dans ses annales : « Le XIVe siècle se dressait aussi trouble et menaçant que le siècle précédent, et dans de nombreuses communes de la Marche, on voyait des préludes à des nouveautés et des appareils de guerre. Ces signes apparaissaient principalement à Ancône, Fermo, Jesi, Camerino, Cagli, Fano, Osimo et Recanati. Parmi ces Villes, il n’y avait pas les discordes qui conduisaient habituellement aux affrontements, aux guerres et aux longs sièges. C’est pourquoi, en 1301, le recteur de la Marca Piero Caetani fit publier une constitution qui "ordonnait de ne pas faire de sédition, d’armée, de chevauchée et de véritables sanctions ». Pourtant, dans les années à venir, les affrontements furent nombreux et sanglants. Les années 1311 à 1315 furent parmi les plus lugubres de l’histoire de Recanati. Les factions guelfes et gibelines brûlaient de plus en plus de feu dans la ville. Recanati, historiquement liée aux guelfes, avait, dans l’évêque Federico et dans sa famille, un fort soutien du parti guelfe, suscitant jalousie et amertume chez l’autre parti. Ainsi, en 1312, des nobles gibelins, soutenus par le podestat, les magistrats et de nombreux conseillers, attaquèrent les biens de l’évêque et les pillèrent. La Curie générale cita à comparaître la Commune et les personnes impliquées, les condamnant au paiement de mille lires de Ravenne, provoquant ainsi de nouveaux troubles. La ville tomba aux mains des gibelins et y resta pendant deux ans, résistant aux divers sièges, jusqu’à ce que Jean XXII envoyât un avertissement d’Avignon ; le recteur de la Marche, Amelio di Lautrec, envoya son cousin Ponzio Arnaldo avec d’importantes forces, forçant les gibelins à se rendre. Tout semblait pacifié quand éclata une conjuration : dans la nuit furent introduits des hommes armés d’Osimo, commandés par Lippaccio et Andrea Guzzolini. Vaincu par le marquis, ils massacrèrent d’abord son armée, puis massacrèrent les chefs guelfes et leurs familles, sans épargner les femmes et les enfants. L’évêque et le clergé furent chassés et tous ceux qui étaient fidèles au Pape furent emprisonnés. Le 2 février 1316, Stefano Colonna, chef de la Ligue des Amis, fondée en 1308 par les gibelins de la Romagne et du Piceno, obtient le pardon de Jean XXII pour avoir tenté de conquérir la ville. Cependant, dans les mois qui suivent, les Gibelins affrontent à nouveau les Guelfes. Jean XXII leur demanda donc de se soumettre au pouvoir pontifical mais ils n’acceptèrent pas. C’est ainsi que le pape, après avoir envoyé des soldats qui furent battus, excommunia les podestats et transféra le siège épiscopal à Macerata. Le 8 décembre 1321, Jean XXII lança une croisade contre les rebelles gibelins, accordant à ceux qui y participaient les mêmes indulgences qu’aux pèlerins en Terre Sainte. Beaucoup s’accordèrent à l’invitation du pape, spécialement de la Toscane, et on vint construire une forte armée. Au début de 1322, sous le commandement de Fulcieri da Calboli, l’armée guelfe assiège Recanati et ravage son territoire. Les gibelins attendaient les aides promises par Frédéric de Montefeltro mais, à la nouvelle de sa mort, ils s’enfuirent de la ville qui se rendit au marquis Amélio de Lautrec. Quelques jours plus tard, les chefs gibelins se mirent également en fuite. La ville libérée des gibelins, les chefs de la partie guelfe envoyèrent des ambassadeurs à Macerata pour faire acte de soumission à Amelio de Lautrec et consigner les clés de la Ville de Recanati. Le 15 mai 1322, les Guelfes firent leur entrée pacifique à Macerata, mais Amélio, pour venger le meurtre de son petit-fils et de ses compagnons dans le précédent affrontement, ordonna l’incendie et la dévastation de la ville et détruisit les fortifications, les maisons des chefs gibelins et le Palais des Prieurs. Malgré la gravité des dégâts, Recanati resta l’une des communes les plus importantes de la province. En 1324 se termine la guerre entre Amelio et Recanati, ce fut une période de concorde pour réparer les dommages subis. Le 29 juin 1326, les gibelins conduits par les nobles de la ville attaquent le palais de la Commune en tentant de tuer le Podestat et de faire se soulever le peuple. Mais le plan échoua et les organisateurs de la révolte furent arrêtés et pendus. Au cours des années suivantes, les Recanatais restent fidèles au pape Jean XXII et à l’évêque Francesco de' Silvestri di Cingoli, qui a la charge de pacifier la région et de pardonner les rebelles. En échange de l’absolution, l’évêque Francesco de' Silvestri impose une amende de trois mille florins et la remise de douze otages par mois. Le Siège Épiscopal ne fut rendu à la Ville de Recanati qu’en 1354[3]. En 1393, Boniface IX accorde à la ville la faculté de battre monnaie en cuivre, argent et or, valable dans tout l’État. Le 13 septembre 1405, le Conseil municipal approuvait la collecte ordonnée des Constitutions, Statuts et Ordonnances de la Ville de Recanati divisée en quatre livres imprimés sous le titre : Droits municipaux, ou Statuts de l’illustre Ville de Recanati. Ces statuts furent demandés par la Ville de Florence comme modèle pour la constitution de son propre corps juridique. La République de Recanati reçoit le titre de Justissima Civitas des Prieurs de la Commune de Florence. En 1415, durant le Concile de Constance, le Pape Grégoire XII quitta le pontificat, pour permettre la conclusion du schisme d’Occident. Le siège papal fut alors réputé vacant, et c'est le concile qui dirigea l'église depuis Constance. Grégoire XII vient vivre à Recanati comme légat et vicaire perpétuel pour la Marche où il meurt en octobre 1417. Il fut enterré dans la Cathédrale de San Flaviano, où reposent encore aujourd’hui ses cendres. C’est le dernier pape à ne pas être enterré à Rome, et l’avant-dernier pape démissionnaire après Benoît XVI. En 1422, le Pape Martin V ordonna que dans la célèbre foire annuelle qui se déroulait à Recanati, les marchands, les marchandises et les concurrents aient un accès libre et sûr. Cela renforça considérablement la foire qui contribua de manière sensible au développement économique de la ville, permettant de tisser des relations diplomatiques avec les principaux centres italiens et européens. Pendant deux siècles, Recanati joua un rôle important dans les échanges commerciaux de l’Adriatique ; au fil des années, des hommes de lettres y arrivèrent, comme l’humaniste Antonio Bonfini, le juriste Antonio da Cannara, et des célèbres peintres, comme Lorenzo Lotto, Le Guerchin, Le Caravage, Sansovino, Luigi Vanvitelli. Dans ce climat, au milieu du XVIe siècle, une famille de sculpteurs, les Lombardi (Aurelio, Ludovico et Girolamo Lombardi), arrive de Ferrare et de Venise pour travailler à Loreto et ouvre sa propre fonderie à Recanati derrière l’église San Vito. Avec le temps, Recanati devint un important centre de fonderies. D’autres s’y ajoutèrent : Tiburzio Vergelli, Antonio Calcagni (père de Michelangelo Calcagni, sculpteur), Sebastiano Sebastiani, Tarquinio et Pier Paolo Jacometti, Giovan Battista Vitali. C’est l’école sculpturale qui a donné le coup d’envoi à la tradition des orfèvres et des argentiers qui ont depuis travaillé sur le territoire dans les siècles suivants. Le 21 mars 1456, la Sainte Vierge apparut miraculeusement à une jeune albanaise nommée Hélène. Slaves et Albanais étaient présents en grand nombre dans les campagnes des Marches, réfugiés ici pour échapper aux pillards turcs dans les côtes dalmates. Au point de l’apparition fut construite peu après la petite église de Santa Maria delle Grazie. En 1586, le pape Sixte V éleva au rang de ville le château de Lorette, construit autour de la sainte Maison, jusqu’alors territoire sous la juridiction de Recanati. Tout au long du XVIIIe siècle, Recanati dut supporter des charges et des désagréments pour fournir des fourrages et des vivres aux Autrichiens, puis aux Espagnols et aux Français ; cela dura dure jusqu’au traité d’Aix-la-Chapelle en 1748. En 1798, la ville subit l’occupation française par les troupes napoléoniennes. La participation aux mouvements du Risorgimento de 1831 coûta la vie à l’hôte patriote de la liberté Vito Fedeli, enfermé dans une prison pontificale. En 1848, Giuseppe Garibaldi transita par la ville de Giacomo Leopardi pour secourir Rome, la capitale de la République romaine, à laquelle Recanati appartenait. En 1861, l’annexion des états pontificaux au royaume d’Italie, à la suite de la bataille de Castelfidardo, intègre l’histoire de la Commune de Recanati à l’histoire de l’Italie d’aujourd’hui. En 1893, un tronçon de littoral est séparé du territoire communal pour constituer la nouvelle commune de Porto Recanati.
En 1937, est créé le Centre National d’Études Léopardiennes, dont le siège avait été conçu par Guglielmo De Angelis d’Ossat. En 1968, Giacomo Brodolini, élu dans les rangs du PSI, est nommé ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans le second gouvernement de Mariano Rumor (1968-1969). En tant que ministre, il a introduit des réformes fondamentales dans le monde du travail : le dépassement des cages salariales, la restructuration du système de sécurité sociale et l’élaboration du statut des travailleurs ne sont que quelques-unes des initiatives dont il a été le promoteur. ÉconomeL’entreprise IGuzzini, productrice de luminaires pour intérieurs et extérieurs, l’entreprise Clementoni, productrice de jouets éducatifs et l’usine F.lli guzzini qui produit des moules en plastique. CultureÉvènements, prix et festival
Monuments et Patrimoine
Musées
Églises(voir Diocèse de Recanati)
Œuvres conservées au Musée civique de la Villa Colloredo-Mels
Sites archéologiques
CinémaEn 2013, le palais Leopardi a été le décor du film Il Giovane Favoloso de Mario Martone, avec Elio Germano dans la peau du poète Giacomo Leopardi. Le film est sorti dans les salles en 2014 et a enregistré un succès auprès des critiques et des spectateurs en Italie, et un succès critique en France. AdministrationLe maire actuel, depuis le 10 juin 2019, est Antonio Bravi, de la Lista Civica en remplacement de Francesco Fiordomo, maire en 2009 et en 2014, du Partito Democratico. DémographieEn 2011, Recanati comptait 21416 habitants. Bagnolo, Castelnuovo, Chiarino, Le Grazie, Montefiore, Santa Lucia Communes limitrophesCastelfidardo (AN), Loreto (AN), Macerata, Montecassiano, Montefano, Montelupone, Osimo (AN), Porto Recanati, Potenza Picena
Personnalités liées à Recanati
Particularités régionalesRecanati, avec la cité voisine Castelfidardo, constitue depuis la fin du XIXe siècle le haut-lieu de la fabrication d'accordéons en Italie. Dans les années 1960, cette expertise régionale dans les instruments de musique s'est diversifiée dans la production de guitares et de claviers électroniques, ce qui a donné lieu à l'expansion de la société Eko, qui exportait dans le monde entier des guitares électriques et acoustiques et a été pendant vingt ans le plus gros employeur de Recanati. SportLa ville organise chaque année en juillet le Guzzini Challenger, un tournoi de tennis sur dur du circuit ATP Challenger Tour. Voir aussiArticles connexesLiens externes
Notes et références
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