Elle porte le nom de Joseph Bara, jeune soldat âgé de 14 ans, tué par les Vendéens, en 1793 et dont la Révolution a fait un héros. Cette rue, précédemment « rue Barat », reçoit cette dénomination en 1880, moment où la Troisième République réactive la mémoire de Joseph Bara, à travers l'odonymie et les arts, notamment plusieurs tableaux représentant La Mort de Bara.
Historique
Cette voie est ouverte en 1800 sous le nom de « passage Laurette » par le notaire Guérinet, qui avait acquis les terrains de Hus-Lelièvre, apothicaire de Louis XVI, et lui donna le prénom de sa femme[1]. Elle reçoit en 1848 le nom de « rue Carnot » en hommage à l'homme politique Lazare Carnot[2] (1753-1823), puis de « rue Bara » par un arrêté du avant d'être renommée « rue Joseph-Bara » par un arrêté du .
No ?? (anciennement 5, passage Laurette, selon le numérotage en vigueur en 1838[3], ultérieurement 9, passage Laurette[4],[5], puis 9 rue Carnot[6]) : emplacement, au moins depuis 1838, du domicile du sculpteur Charles-François Leboeuf dit Nanteuil (1792-1865), membre de l'Institut depuis 1831 où il occupe le fauteuil 17 de la section de sculpture laissé vacant par le décès de son ancien maître Pierre Cartellier (1757-1831). Il est nommé professeur à l'École des Beaux-Arts en 1843 où enseigne également, à partir de 1845, Louis Petitot (1794-1862), un autre ancien élève et gendre de Cartellier. Charles François Leboeuf-Nanteuil décède ici, en son domicile, 9, rue Carnot, le . Il est inhumé le surlendemain au Cimetière du Montparnasse (13e division)[7].
No 3 : immeuble de logements et d'ateliers construit en 1870[9].
Le 3, « passage Laurette » était, depuis au moins 1833 et jusqu'à sa mort, l'emplacement de l'ancienne demeure du philosophePierre Hyacinthe Azaïs (1766-1845) qui précisait à ses lecteurs : « On trouve à ma demeure (rue de l'Ouest, passage Laurette, 3) les ouvrages que je viens d'indiquer[10]. » ;
au 3, « rue Bara » était installé, avant 1900, le peintre français Maurice Chabas (1862-1947). La rue prend sa dénomination actuelle en 1907. Après cette date sont domiciliés, entre autres, au 3, rue Joseph-Bara : — de 1913 à 1939 Moïse Kisling[11] (1891-1953), peintre polonais, naturalisé français en 1914, — de 1913 à 1914 Jules Pascin (1885-1930) peintre et dessinateur bulgare, naturalisé américain en 1920, — jusqu'en 1916, Rembrandt Bugatti (1884-1916), sculpteur animalier italien (frère d'Ettore Bugatti), qui s'y suicida par intoxication au gaz d'éclairage[12], — de 1942 à 1971, Kamesuke Hiraga (1889-1971), peintre, graveur et dessinateur japonais, — Jean Carton (1912 -1988), sculpteur, dessinateur et graveur français, membre titulaire de l'académie des Beaux-Arts, section sculpture (1964-1988).
No 7 : immeuble d'habitation de 1969. Après la mort de Paul Ranson (1861-1909), c'est à cette adresse (alors « rue Bara ») que France Ranson, sa veuve, transféra en 1911 l'Académie Ranson qui avait été fondée en octobre 1908 dans la rue Henry-Monnier. Paul Sérusier (1864-1927) y enseigna. Les Ateliers d'art sacré s'établirent en ce lieu en 1919, avant d'être transférés rue de Furstenberg.
No 15 « rue Bara » : immeuble d'habitation datant de 1880[14]. Lorsque, en 1900, le général André (1838-1913), s'établit à Paris où il prend en cette année ses fonctions de ministre de la Guerre (1900-1904), il occupe dans cet immeuble d'angle, au coin de la rue Notre-Dame-des-Champs, un des appartements du rez-de-chaussée[15].
Le passage Lorette dans la première moitié du XIXe siècle, Petit atlas pittoresque.
No 1 : café-tabac formant l'angle avec le no 111 rue d'Assas (précédemment « rue de l'Ouest »).
↑Frédéric Lock, Dictionnaire topographique et historique de l'ancien Paris (avant l'annexion), Paris, Hachette, 1867, p. 72 (en ligne).
↑Almanach royal et national, Paris, A. Guyot et Scribe, 1838, p. 740 (en ligne).
↑Almanach royal et national, Paris, A. Guyot, 1845, p. 997 (en ligne).
↑Almanach national de la République française, Paris, A. Guyot et Scribe, 1850, p. 967, (en ligne).
↑Institut impérial de France, Annuaire pour 1858, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1858, p. 133 (en ligne)
↑Billet d'enterrement de Charles-François Leboeuf-Nanteuil, In Hubert Lavigne, État civil d'artistes français: billets d'e̓nterrement ou de décès..., J. Baur, 1881, p. 75.
↑Trouvé inconscient dans son atelier, Rembrandt Bugatti fut transporté à l'hôpital Laënnec, où les efforts de réanimation échouèrent. Voir la rubrique « Nécrologie » dans Le Temps du .
↑Camille Kouchner, La Familia Grande, Paris, Le Seuil, , 156 p. (ISBN978-2021472660)
↑Émile Mayer (Abel Veuglaire), « Le ministère du général André » In : Bibliothèque universelle et Revue suisse, t. 30, No 88, avril 1903, pp. 5 et 16, (en ligne) sur le site gallica.bnf.fr.