Serge FioriSerge Fiori
Serge Fiori né le à Montréal est un guitariste et auteur-compositeur-interprète canadien d'origine italienne. Il est surtout connu pour son rôle dans le succès du groupe rock progressif québécois Harmonium, groupe-phare au Québec pendant les années 1970. Sa voix, ses compositions originales et complexes, sa vision de la musique ont teinté les réalisations d'Harmonium qui est passé d'un simple groupe folk à un groupe-culte, en seulement trois ans et trois albums. Il participe au duo Fiori-Séguin et entame ensuite une carrière solo mais se fera plus discret même s'il maintient toujours un public fidèle. BiographieNé d'une mère francophone et d'un père issu de la communauté italienne de Montréal[1], Serge Fiori chante depuis l'âge de quatre ans dans l'orchestre jazz de son père Georges, le Ballroom Orchestra[2]. Autodidacte, ce musicien touche-à-tout, maîtrise déjà à 12 ans, les bases de la guitare, apprises à l’oreille. Dès l'âge de quinze ans, il se produit dans les clubs et les bars de la région, avec le groupe de son père. À seize ans, en 1968, il publie même un 45 tours, Jeune fille de couvent/L'Humanité au sein du groupe Les Comtes Harbourg[3],[4]. Rapidement, il gagne sa vie et paie ses études en communication avec sa musique. Avec son vieil ami, le batteur Réal Desrosiers et les musiciens Frank Dodman et Andy Harvey, ils forment le groupe Morphus qui, en 1971, accompagnera Guy Trépanier à l'enregistrement de son disque homonyme[5],[n 1]. L'année suivante, il est approché par Michel Normandeau pour produire la musique d'une pièce de théâtre de Claude Meunier. Le projet avorte mais Normandeau et Fiori se lient d'amitié et commencent à écrire des chansons[6]. L'aventure Harmonium débute. Au sein de la formation, Fiori sera guitariste et chanteur en plus de participer à la composition de pratiquement toutes les chansons. C'est ainsi qu'il s'établit rapidement comme le pilier du groupe. Il le mène d'album en album, de 1974 jusqu'en 1978, année où le groupe se sépare définitivement. Le premier album, simplement intitulé Harmonium, sort en . L'album offre un son dominé par la guitare acoustique et contient notamment la chanson Pour un instant, co-écrite par Fiori et Normandeau. Énorme succès radiophonique, Pour un instant sera destinée à devenir un classique de la chanson québécoise. Le second disque du groupe, Si on avait besoin d'une cinquième saison, parait l'année suivante et s'éloigne de la sonorité folk du premier album pour prendre une inflexion certaine vers le rock progressif. Suivra L'Heptade, un album double assez ambitieux musicalement et conceptuellement qui poursuit dans la même veine progressive. L'Heptade sort en , au moment où le parti Québécois prend le pouvoir. Il connaît un succès immédiat, devenant disque de platine (100,000 copies) neuf mois après sa sortie. Ce sera pourtant le dernier album du groupe. Hissé au rang de méga-vedette, Fiori fut victime d'une attention médiatique qui constitue un phénomène unique dans la chanson québécoise, particulièrement à la suite du lancement de l'album L'Heptade, qui comportait une dimension spirituelle et conféra à l'artiste un rôle de gourou, aussi encombrant qu'épuisant pour le principal intéressé. Fiori raconte comment, durant les années d'Harmonium, les gens venaient camper sur son terrain et s'abreuvaient de la moindre parole sortant de sa bouche[7]. En 1977, il écrit Duodadieu avec Luc Plamondon et François Cousineau pour Diane Dufresne et l'enregistre en duo avec cette dernière. La même année, il est invité à jouer le riff de 12 cordes électrique de la chanson Réjean Pesant de Paul Piché[8] L'année suivante, Fiori collabore avec Richard Séguin, une autre figure de proue de la chanson québécoise, sur l'album Deux cents nuits à l'heure. Vendu à plus de 200 000 exemplaires lors de sa sortie, cet album signé Fiori-Séguin, qui regroupait la plupart des musiciens de la dernière cuvée d'Harmonium[n 2], se mérita plusieurs trophées au premier gala de l'ADISQ en 1979. Fiori et les membres d'Harmonium sont invités par Neil Chotem sur l'album Live au El Casino enregistré principalement les 26 et et publié la même année[9]. Neil Chotem avait par ailleurs participé sur l'Heptade, comme pianiste et arrangeur. Fiori renonce à la scène et depuis lors, protège farouchement sa vie privée. Il quitte pour Los Angeles où il étudiera la méditation, l'informatique et la composition[10]. À son retour au Québec, reclus dans son appartement, il en profite pour apprendre le piano et commence à faire des expérimentations sur le synthétiseur dont il a fait l'achat. En 1982, il participe à l'écriture de la musique du nouveau spectacle de l'humoriste Yvon Deschamps[11]. Après un retrait de quelques années de la scène artistique, il a composé la chanson Juste pour rire du populaire festival d'humour de Montréal[12]en 1985, et a participé à la production sonore du festival de 1984 à 1986. Puis il a lancé un album solo, Fiori, en 1986. Ce disque, plus branché sur les années 1980, a tout de même rejoint ses nombreux fans, qui l'attendaient impatiemment[réf. nécessaire]. Pour plusieurs années, un ressourcement et une réorientation de carrière ont toujours retardé le retour véritable de Serge Fiori sur disque, lui qui vit d'ailleurs très loin des projecteurs médiatiques. En 1989, il produit l'album Changement d'adresse de Nanette Workman sur lequel il compose la plupart des chansons. Sur la pièce Ballons percés, qu'il interprète en duo avec Nanette, il écrit les paroles, joue le solo de guitare sur une musique de Serge Locat[13]. Il révèle d'ailleurs en 2013 dans sa biographie que Nanette Workman et lui ont entretenu une relation d'environ quatre ans qui est à peu près toujours demeurée secrète[14]. En 1994 et 1995, il produit quatre albums de Shiva Mantra avec le musicien Peter Keogh[15]. Il travaillera en collaboration sur plusieurs musiques de film avec Majoly, danseuse, auteure, compositrice interprète avec laquelle il partagera sa vie pendant plus de 10 ans. En 1997[10], le couple est victime d'une attaque lorsqu'ils se retrouvent face à un groupe de quatre jeunes femmes qui, à trois reprises, les assaillent de coups. La mésaventure continue lorsqu'en cour, ils font face à quatre avocats de la défense qui les dépeignent, à tort, comme des prestataires de l'aide sociale, accros à la drogue, et qui les accusent d'avoir provoqué la bagarre dans le but de recevoir des prestations de la CSST[16]. Il collabore avec l'animateur et journaliste Paul Arcand pour lequel il compose le premier jingle de son émission du matin, Puisqu'il faut se lever, en plus de la bande-son de deux de ses documentaires, Les Voleurs d'enfance (2005) et Québec sur ordonnance (2007)[17]. Serge Fiori a vécu plusieurs années dans le Vieux-Longueuil en banlieue de Montréal, et a produit de la musique à son studio. Il aide de jeunes artistes émergents tels que Erik Mongrain, Pascale Picard, 3 Gars su'l sofa, Les Chiens Sales, The Hot Springs, ou encore Marie-Michèle Rivard[réf. nécessaire]. Il s'installe ensuite à Saint-Henri-de-Taillon, aux abords du lac Saint-Jean, et anime une web-série intitulée Chez Padré dans laquelle il s'entretient avec des personnalités diverses. Ces épisodes, allant d'une heure ou deux, ont vu passer, en 2022, Régis Labaume, Isabel Richer, Luc Picard, Normand Brathwaite, Guylaine Tremblay, Anne Dorval, Louis-Jean Cormier, France Castel, Luc Dionne et Michel Côté. Une seconde saison est prévue pour 2023[18]. HommageLe , Serge Fiori a été invité au balcon lors de son hommage, Salut à Serge Fiori, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts, à Montréal, dans le cadre des FrancoFolies[19]. Plusieurs artistes de la scène québécoise ont remanié ses chansons pour l'occasion : Éric Lapointe, Loco Locass, Marc Déry, Boom Desjardins, Marco Calliari, Stéphanie Lapointe, Mes Aïeux, Marie-Jo Thério et Catherine Durand. On y voit un Fiori profondément touché, émotif, mais en même temps mal à l'aise, en particulier lors de l'interprétation de la chanson Le corridor par Monique Fauteux, la conjointe du bassiste d'Harmonium, Louis Valois, et leur fille, Julie Valois[20]. Tous ces artistes, et quelques autres, se retrouvent d'ailleurs sur l'album « Fiori - Un musicien parmi tant d'autres » regroupant les chansons enregistrées en studio. Ce disque inclut aussi la version originale de la chanson Duodadieu, sur laquelle on entend Fiori, et une version sur scène de la chanson titre, toutes deux chantées par Diane Dufresne et enregistrées en 1977. On y retrouve aussi la longue pièce instrumentale Histoire sans paroles avec, entre autres, Marie-Jo Thério et Nanette Workman[21]. Biographie autoriséeEn , Louise Thériault, une thérapeute en relation d'aide et psychosociologue qui a été pour un temps la conjointe de Fiori, publie la biographie Serge Fiori : s'enlever du chemin. Ce dernier s'y révèle et, par la suite, accepte plusieurs entrevues avec les médias. Il parle franchement de problèmes de santé reliés à un « bad trip » causée par une capsule de LSD prise à son insu qui l'a jeté dans un coma à l'adolescence. Il avoue aussi souffrir d'un dérèglement au niveau du cerveau qui lui fait vivre des périodes d'anxiété[22]. Enfin, il reconnaît avoir vécu des problèmes d'alcool, réglés depuis. Pendant la préparation et la promotion de ce livre, Fiori écrit, compose et enregistre de nouvelles chansons. Album Serge FioriVingt-huit ans après la sortie du disque Fiori, il lance, le , son second album homonyme[23]. Composé de 11 titres et publié par l'étiquette GSI Musique, cet album a été certifié platine (80 000 copies vendues au Québec)[24] et frôle 100 000 copies vendues avant la fin de l'année 2014[n 3],[25]. En , lors de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle avec Louis Valois pour la promotion de leur album L'Heptade XL, il confirme que son disque dépasse les 120 000 copies vendues. Le , lors des 26e FrancoFolies de Montréal, une présentation de l'album en spectacle appelée Fioritudes a été présentée à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts[26] avec Marie-Pierre Arthur, Antoine Gratton, Catherine Major et Alexandre Désilets[27]. Une tournée, sur laquelle se rajoute Ian Kelly et Daniel Lavoie, a eu lieu l'année suivante. Ce spectacle est produit par Luc Picard et Marc Pérusse[28]. En 2019, la chanson Si bien est entendue pendant le spectacle Seul ensemble sans être incluse sur l'album associé. ClipsUn vidéoclip de la chanson Le monde est virtuel a été produit par Dominique Laurence avec l'aide de séquences filmées par le public avec des webcams personnelles[29]. Ce clip s'est mérité une nomination au Gala de l’ADISQ de 2014[30]. Un second vidéoclip, cette fois de la chanson Jamais, a été créé par la chorégraphe Marie Chouinard et mettant en vedette les danseurs Sacha Ouellette-Deguire et Megan Walbaum[31]. PrixLe disque s'est mérité trois prix Félix au Gala de l’ADISQ de 2014: Album de l’année (Adulte contemporain), Album de l’année (Meilleur vendeur) et celui du Réalisateur de l’année partagé avec Marc Pérusse[32] en plus des nominations pour Album de l'année – Choix de la critique et Interprète masculin de l'année[30]. Fiori a aussi été en nomination pour trois prix Juno : Album francophone de l'année, Prix du public et Album de l'année[33]. Seul ensemblePour cette seizième création originale du Cirque Éloize, on utilise comme thème et trame musicale les chansons de Serge Fiori, annonçant au départ qu'on abordera toute sa carrière autant avec Harmonium qu'en solo. Dans les faits, seules Ça fait du bien et Viens danser, du disque Deux cents nuits à l'heure et Si bien de l'album Serge Fiori [n 4], ne seront pas tirées du répertoire de ce groupe. Les enregistrements originaux sont retravaillés par l'auteur, secondé par Louis-Jean Cormier et Alex McMahon. Le spectacle de la troupe québécoise est présenté au Théâtre St-Denis de Montréal du 6 au et pour ensuite se diriger au Théâtre Capitole de Québec du au [34]. Des supplémentaires ont été rajoutées à Montréal du au et le spectacle devait être de retour à Québec à partir du jusqu'au mais ont été repoussées une seconde fois due à la pandémie de la Covid-19[n 5],[35]. On y voit sur scène cinq danseurs et quinze acrobates[36],[37] mis en scène par Benoit Landry[38]. Quelques séquences filmées et de la narration de Fiori sont intégrées au spectacle. Un album double, publié le [38], est réalisé et arrangé par Fiori avec Louis-Jean Cormier (guitares, synthétiseur, voix, percussions et basse), Alex McMahon (piano, claviers, basse, batterie, percussions et voix) et Guillaume Chartrain (basse, voix, prise de son et mixage) à partir des bandes maîtresse originales sur lesquelles d'autres instrumentations sont rajoutées; des ajouts par ces trois musiciens, des cuivres, des cordes et des chœurs[39]. La chanson De la chambre au salon, dans sa nouvelle version, est sortie le en single promotionnel[38]. Riopelle symphoniqueÀ l'instar de Histoires sans paroles – Harmonium symphonique orchestré par Simon Leclerc en 2020[40], le compositeur Blair Thomson utilise, deux ans plus tard, des mélodies tirées des albums Fiori (1986), Fiori-Séguin (1978), Serge Fiori (2014) en plus de l'album moins connu Le Mantra Gāyatrī (1994) comme trame sonore du spectacle Riopelle symphonique. Cette production multimédia, mise en scène par Marcella Grimaux et présentée les 16, 17 et 18 février 2023 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal lors du festival Montréal en lumière, souligne le centenaire du peintre Jean Paul Riopelle. Les 140 musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal, accompagné des Petits Chanteurs de Laval et du chœur de Temps Fort, sont dirigés par Adam Johnson. Le spectacle sera repris les 8 et 9 septembre au Grand Théâtre de Québec[41]. Un album, enregistré à la Maison symphonique de Montréal sous la direction artistique de Nicolas Lemieux, est aussi disponible depuis le 17 novembre 2022. Les cinq mouvements empruntent les mélodies des chansons de Serge Fiori La moitié du monde, La vague, Étrange, Si bien, Laisse-moi partir, Seule et Jamais. Les notes biographiques du peintre, présentées dans le livret de l’album, sont rédigées par l’historien de l’art John R. Porter[42]. DiscographieLes Comtes Harbourg
1975 : Si on avait besoin d'une cinquième saison (PolyGram 833 990-2 / Célébration, CEL 1900)
Fiori-Séguin Toutes les chansons sont écrites par Serge Fiori et Richard Séguin sauf indications contraires.
En solo 1985 : Chanson-thème de Juste pour rire / face B Juste pour rire (instrumental) (Polydor)[47] Albums Les chansons sont écrites par Serge Fiori sauf indications contraires.
En collaboration Fiori joue les guitares acoustique et électrique, chante, fait les chœurs et les arrangements.
Avec Nanette Workman Toutes les chansons sont écrites par Serge Fiori sauf indications contraires. Il fait la réalisation du disque et y joue la guitare, la basse, le piano et les claviers. Serge Locat est aux claviers et au synthétiseurs
Avec Peter Keogh
Avec Louis-Jean Cormier Toutes les chansons sont écrites par Serge Fiori sauf indications contraires.
Avec artistes variés
Musique de films
Autres
Producteur
Albums hommages Toutes les chansons sont écrites par Serge Fiori sauf indications contraires.
2020 : Histoires sans paroles – Harmonium symphonique (GSI Musique) Toutes des versions symphoniques orchestrées par Simon Leclerc
2022 : Riopelle symphonique (GSI Musique) Toutes des versions symphoniques orchestrées par Blair Thomson
Prix et distinctionsartistique
industriel
Autres prixBerlinale 2003 : Ours d'argent de la meilleure musique de film pour Madame Brouette (avec Majoly et Madou Diabaté) 2019 : Compagnon de l'Ordre des arts et des lettres du Québec[80] 2019 : Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens[81] Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
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