Système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) - Mamba
Le système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T)- Mamba[1] est un programme franco-italien développé par Thales et MBDA, dans le cadre du groupement d’intérêt d’entreprises Eurosam, dirigé par Eva Bruxmeier. Ce programme, piloté par l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement, est destiné à assurer la défense terrestre de zone. Il permet de se défendre contre des menaces aériennes conventionnelles comme des avions ou des missiles de croisière. C’est de plus le seul système de défense européen doté d’une capacité antimissile[2].
Structure
Le système SAMP/T[3] est constitué des sous-systèmes suivants[4] :
le sous-système conduite de tir, fourni par Thales Air Systems comprenant le module radar qui permet la détection et la poursuite des cibles (il est constitué notamment du radar Arabel en bande X et d’un système Identification friend or foe), (identification d'ami ou d'ennemi), le module de génération électrique, le module d’engagement (comprenant des ordinateurs Mara et des consoles d'opérateur Magies), un module de maintenance et de réparation et un module de rechargement de missiles[5]. La conduite de tir a une portée de 60 km, le radar a la même portée, qu'il peut étendre à 120 km en concentrant ses faisceaux dans la direction d’une cible signalée via liaison 16 par un radar externe, par exemple celui d'un avion AWACS[6]. La version italienne comprend un module de commandement.
le sous-système de lancement terrestre, fourni par MBDA Italie avec en 2011, quatre modules de lancement terrestres pour la France, six modules pour l’Italie, qui comportent chacun huit munitions.
Dans le cadre de la défense antiaérienne (avions, missiles de croisière subsoniques et supersoniques, drones…) le système a une portée jusqu’à 50 km voire 100 km pour les avions non manœuvrants. La qualification a été franchie fin 2008, à la suite de la réussite des sept tirs d’essai[7].
Dans le cadre de la défense antimissile, le SAMP/T est le premier système européen disposant de cette capacité. Il constitue la contribution franco-italienne à la première capacité du système de défense antimissile de l'OTAN. Sa portée est d’une dizaine de kilomètres.
Le , la Direction Générale de l'Armement notifie le contrat de modernisation à Eurosam[11]. Les systèmes français et italiens doivent être modernisés à partir de 2023 pour être compatibles avec des missiles Aster 30 block 1 NT[12].
Depuis 2009, quatre escadrons de défense sol-air de l'Armée de l'Air sont équipés de SAMP/T[13].
Composition détaillée d'une batterie de l'Armée de l'air française
Le successeur pour la modernisation du SAMP/T est le radar Ground Fire 300 de Thales qui est un radar AESA avec modules TRM composés de GaN[18],[19].
1 MGE (Module Génération Electrique) pour alimenter la station radar
4 MLT (Modules de Lancement Terrestres)
Support de la section de tir:
2 MRT (Module de Rechargement Terrestre) capables de transporter chacun 8 missiles, et équipés d'une grue pour faire le transfert
1 SAE (Shelter Atelier Electronique) qui ont les outils permettant de faire des travaux de maintenance ou de réparation sur le terrain
1 SAM (Shelter Atelier Mécanique) qui ont les outils permettant de faire des travaux de maintenance ou de réparation sur le terrain
2 SR (Shelter Rechanges), 1 avec des pièces de rechange électroniques, et l'autre avec des pièces de rechange mécanique.
2 Land Rover Defender qui accompagnent la batterie et permettent d'effectuer de la reconnaissance.
Au niveau de l'escadron qui gère 2 batteries (ou sections de tir), il y a en plus: section de soutien équipée de
1 MC (Module de Commandement) qui coordonne la défense du ciel avec les différentes forces concernées.
SAMP/T NG
Le système sol-air moyenne portée/terrestre Nouvelle Génération est une nouvelle version du SAMP/T, prévue pour entrer en service dans les armées françaises et italiennes à la fin de l'année 2025[20]. En plus de conserver toutes les atouts du MAMBA, elle intègrera
Un nouveau radar de plus grande portée (Ground Fire 300 de Thales pour la France, Kronos GM HP de Leonardo pour l'Italie)
Le missile ASTER 30 B1NT (Nouvelle technologie) aux capacités étendues en complément du B1, doté d’un nouvel autodirecteur en bande Ka et capable d’intercepter des missiles d’une portée supérieure à 600 km[21],[22]
Un nouveau module de commandement et de contrôle[23]
Jusqu'à 6 lanceurs avec 8 missiles chacun, pour un total de 48 missiles prêts à être tirés[24].
Cela lui permettra d'étendre sa couverture radar à 350 kilomètres, de pouvoir suivre plus de cibles à la fois en distinguant les leurres, et de les intercepter à 150 kilomètres. Il devra également être plus évolutif et mieux protégé face aux menaces cyber et de brouillage[20],[21],[23],[24]. Le SAMP/T NG « représentera une rupture technologique vis-à-vis du Patriot américain. Ce sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce », déclare Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA][25].
Le SAMP/T NG sera prédisposé à accueillir potentiellement d’autres composantes (comme des systèmes de courte/très courte portée), notamment grâce à un module d’engagement (ME NG) comprenant quatre postes de travail, contre deux pour la version actuelle. L’un sera dédié de manière quasi-permanente à un spécialiste cyber, et l'autre restera libre pour accueillir en cas de besoin un quatrième opérateur[20]. Annoncé en 2023 pour des premières livraisons en 2026, le module d’engagement de nouvelle génération permettra de gérer d'autres vecteurs d’interception à courte portée (SHORAD) et très courte portée (VSHORAD), comme le VL MICA et les systèmes MISTRAL de l’Armée de Terre ou le CAMM ER pour l'Italie, dans une bulle unique, en évitant la multiplication des radars et en assurant l'auto-protection de la section[26].
L’armée de l'air française utilise les systèmes SAMP/T pour succéder aux Hawk et aux Crotale pour ses missions anti-aériennes, et appelle ces systèmes les « Mamba » (pour Moyen de défense Anti-Missile Balistique et Aérobie, et également pour poursuivre la tradition des noms de serpent donnés à ces systèmes)[27].
En 2009, il était prévu que l'armée de l'air en équiperait ses cinq escadrons de défense sol-air (EDSA) aux bases aériennes de Luxeuil, Mont-de-Marsan, Avord, Saint-Dizier et Istres. Chaque escadron de 130 hommes reçoit deux « systèmes » SAMP/T, qui forment chacun une section de tir. L'escadron sera ainsi composé d'un centre de coordination, de deux sections de tir et de lancement (STL) et d'une section de soutien. L'armée de l'air s'est engagée à pouvoir fournir en permanence 40 % de ses moyens - soit deux escadrons - à l'armée de terre pour protéger un éventuel déploiement à l'extérieur. Il faut 40 rotations de C-130 pour un seul escadron[28].
Alors qu’il était prévu douze systèmes et 575 munitions, la commande actualisée après la loi de programmation militaire de 2013 la réduit à dix systèmes, et 200 munitions Aster 30. Le premier système a été livré en 2007 et le dernier en [29] et le nombre d'EDSA est alors de 4. En 2018, 8 unités sont en service[30]par paire aux bases aériennes de Mont-de-Marsan, Avord, Saint-Dizier et Istres[31].
La France déploie le système SAMP/T sur son territoire dans le cadre de la protection de grands évènements comme les commémorations du débarquement de Normandie, le G20, le salon du Bourget ou le défilé du [32],[33],[34].
La Loi de Programmation Militaire 2024-2030 prévoit, dans les 5 milliards d'euros prévus pour renforcer la défense aérienne, d'acheter 12 Mamba NG pour remplacer les 8 anciens[20]. Les 8 premiers doivent être livrés entre 2025 et 2030, les quatre suivant avant 2035[21].
L'armée de l'air italienne a commandé 5 batteries SAMP/T NG[20] pour environ 700 millions d'euros[36].
Autres
L’Aster 30 a été commandé par Singapour en 2013, pour un système de défense sol-air incluant notamment le radar américain AN/FPS-117 et le radar Giraffe AMB(en) suédois, et en remplacement des missiles MIM-23 Hawk[37] en service depuis les années 1980. Les premiers SAMP/T ont été livrés en 2018. Pour ce marché ils sont montés sur des châssis de camions Rheinmetall MAN Military Vehicles 8x8 TG-series. Le ministère de la Défense singapourien n'a pas donné plus de détails sur cette acquisition[38]. En , le ministère de la défense singapourien annonce le déploiement opérationnel de son SAMP/T dans le cadre de réseaux de défense anti-aérienne/anti-missile[39]. Le SAMP/T est intégré au système Island Air Defence (IAD) qui couvre l'ensemble de Singapour et relie toutes les armes et tous les capteurs de défense aérienne entre eux, y compris les chasseurs, les systèmes sol-air et les radars[40],[41]. Le SAMP/T est présenté pour la première fois au public, le , lors de la fête nationale du pays[42].
Le SAMP/T a été proposé à la Pologne, qui a choisi le Patriot en [43]. Le coût du contrat a soulevé plusieurs polémiques selon des médias français[44],[45].
Le en Suisse, le DDPS a publié les exigences auxquelles doivent satisfaire les nouveaux moyens de protection contre les menaces aériennes dans le cadre du programme Air 2030. Le SAMP/T est concurrent des systèmes sol-air David’s Sling de Rafael et Patriot de Raytheon. Ces exigences ont donné lieu à une demande d'information complète qui a été envoyée aux différents concurrents[46]. Finalement, à la suite du retrait de Rafael de la compétition, les deux systèmes de missile sol-air testés sont le Patriot, du 19 au , et le SAMP/T, du 16 au à Menzingen ZG[47]. Le 30 juin 2021, la Suisse choisit le Patriot utilisé par 18 nations dont 7 en Europe. Il s'est distingué du SAMP/T dans les quatre critères principaux, parfois de manière significative, pour un coût global inférieur[48].