En psychologie traditionnelle, le tempérament est une sorte de fondement de la personnalité, considéré souvent comme héréditaire. Au cours de l'histoire, des auteurs ont classifié les tempéraments humains en divers types caractéristiques.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la même notion est reprise (parfois sous le nom de tempérament, mais aussi de diathèse) avec cette fois le plus souvent l'idée que la base est génétique, et pour indiquer une prédisposition à certains troubles mentaux. On peut comparer avec la prédisposition à attraper certaines maladies physiques.
Historique
Les Grecs considéraient que tout ce qui existe dans la nature est constitué de quatre éléments (l'air, la terre, le feu et l'eau).
Hippocrate
Hippocrate (v. 460-v. 370 av. J.-C.) effectue une classification des troubles mentaux en relation avec ces quatre éléments à qui il associe quatre humeurs : le sang, la bile noire, la bile jaune et le flegme correspondant ainsi à quatre tempéraments qui sont respectivement le sanguin, le mélancolique, le colérique et le flegmatique. Selon lui, la différence entre les individus est liée à la prédominance de l'un de ces quatre tempéraments[1]. Il réunit ainsi les maladies de l'âme et du corps, les maladies sont physiques, et ainsi il participe à démystifier la maladie mentale, qui était jusque-là, plutôt liée à des manifestations démoniaques.
Le tempérament lymphatique (humide et froid) est dominé par l'élément de l'eau.
Ernst Kretschmer
Le psychiatre allemand Ernst Kretschmer estimait qu'une théorie complète des tempéraments devrait englober, en plus d'observations sur le caractère, les différentes données d'observations cliniques : la corpulence, la gestuelle et le rythme du système végétatif[3].
Innée
Les études plus récentes ont mené à une autre définition du mot « tempérament ». Ce dernier fait référence à la façon innée avec laquelle une personne interagit et répond à son environnement[4]. Dès les premiers jours de la naissance, il est possible d’identifier des styles de réponses propres à l’enfant[5]. Thomas et Chess ont commencé des études longitudinales[Quoi ?] aux années 1950 qui ont contribué au développement du concept du tempérament[5].
Ils ont proposé une définition du tempérament selon neuf caractéristiques différentes[6]:
le niveau d’activité (la proportion des périodes d’activité aux périodes d’inactivité)
l’adaptabilité (la facilité avec laquelle l’enfant s’adapte à son environnement et aux changements)
l’approche/retrait (la réponse de l’enfant face à un nouvel objet, environnement ou individu)
la durée et persistance de l’attention (le temps consacré à une activité et l’effet des distractions)
la distractibilité (le degré avec lequel des stimuli externes affectent le comportement de l’enfant)
l’intensité des réactions émotionnelles (le niveau d’énergie de la réponse positive ou négative de l’enfant)
la qualité de l’humeur (la quantité de comportements agréables par rapport aux comportements désagréables)
la rythmicité (la régularité des fonctions biologiques telles que l’appétit, le sommeil et l’excrétion)
le seuil de réceptivité (l’intensité des stimuli requis pour susciter une réponse de l’enfant)
Selon les réponses de l’enfant pour chacune des caractéristiques décrites précédemment, trois types de tempérament peuvent être identifiés : facile, lent à démarrer (slow to warm up) ou difficile[7] (voir Tableau 1). Un enfant dit « facile » est généralement de bonne humeur, calme et s’adapte facilement aux changements. L’enfant qui est « lent à démarrer » fait preuve d’une certaine résistance passive face aux nouveautés, présente peu de réactions intenses et s’adapte lentement aux changements. Un enfant dit « difficile » est généralement de mauvaise humeur et réagit vigoureusement et négativement aux changements. Il est à noter que ces trois types de tempérament serviraient à décrire des tendances générales puisqu’une minorité d’enfants présentent toutes les caractéristiques d’un type en particulier (Zeanah & Fox, 2004). Considéré inné et dépendant de facteurs génétiques, le tempérament de l’enfant est stable mais peut être modifié par son environnement social et physique[4].
Tableau 1
Profil des 3 types de tempérament selon Thomas et Chess[7].
Caractéristiques
Facile
Lent à démarrer
Difficile
Niveau d’activité
Varie
Bas à modéré
Varie
Adaptabilité
S’adapte très facilement
S’adapte lentement
S’adapte lentement
Approche/retrait
Approche positive
Se retire initialement
Retrait
Durée et persistance
Élevé ou faible
Élevé ou faible
Élevé ou faible
Distractibilité
Varie
Varie
Varie
Intensité des réactions
Faible ou modérée
Faible
Intense
L’humeur
Positive
Plutôt négative
Négative
Rythmicité
Très régulier
Varie
Irrégulier
Seuil de réceptivité
Haut ou faible
Haut ou faible
Haut ou faible
Notes et références
↑Alfred Fouillée, « Le Tempérament physique et moral, d’après la biologie contemporaine », Revue des Deux Mondes, 3e période, vol. 118, , p. 272-304 (lire en ligne).
↑E. Kretschmer, « Les tempéraments », Scientia, vol. XLV, no 6, , p. 151-156
↑ a et b(en) L. J. Olson, « Psychosocial Frame of Reference », dans P. Kramer & J. Hinojosa (éds.), Frames of Reference for Pediatric Occupational Therapy, Philadelphie, Lippincott Williams & Wilkins, , p. 323-375
↑ a et bM. Maziade, « Le tempérament de l’enfant, les différences individuelles et les forces environnementales », Santé mentale au Québec, vol. 8, no 2, , p. 61-67
↑(en) S. Chess, « Temperament: Theory and Clinical Practice », Harvard Mental Health Letter, vol. 14, no 5, , p. 5-7
↑ a et b(en) D.A. Davidson, « Psychosocial Issues Affecting Social Participation », dans J. Case-Smith (éd.), Occupational Therapy for Children, St. Louis, Elsevier Mosby, , p. 449-480.
Bibliographie
(en) C.H. Zeanah et N. A. Fox, « Temperament and Attachment Disorders », Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, vol. 33, no 1, , p. 32-41