L'aéroport de Francfort-sur-le-Main (en allemand : Flughafen Frankfurt Main) (code IATA : FRA • code OACI : EDDF), situé à Francfort-sur-le-Main, est le plus important aéroportallemand. Il est aussi le troisième aéroport d'Europe desservant le plus grand nombre de destinations internationales derrière l'aéroport de Londres-Heathrow et l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Il est géré par la société Fraport AG, qui lui a donné son surnom, tandis que les mouvements de contestation de la période 1964-1984 lui valent l'autre surnom de Flughafen Frankfurt/Main AG.
Histoire
Années 1930
Inauguré en 1935 comme « Aéroport du Rhin et du Main et base aéronavale », il s'est développé pour devenir un des principaux aéroports du continent. L'aéroport comprend deux terminaux, reliés par une ligne de train automatique, le SkyLine, longue de deux kilomètres. La partie sud de l'aéroport était occupée jusqu'en décembre 2005 par la base américaine de l'United States Air Force de Rhein-Main Air Base. Le ravitaillement en carburant aviation est assuré par le réseau d'oléoducs en Centre-Europe de l'OTAN[1].
Années 1960
Alors que l'aéroport n'est situé qu'à une dizaine de kilomètres seulement au sud du centre-ville[2], en 1964 est publié un projet détaillé menaçant la destruction d’un vaste territoire boisé de 350 hectares de forêt primaire[2], via la construction d'une troisième piste d'envol, la « Startbahn West »[2]. Cette piste est rendue nécessaire car la capacité maximale de l'aéroport est quasiment atteinte. La première opposition naît immédiatement, en 1965, lorsqu’un pasteur fonde un des premiers comités de citoyens pour combattre le bruit aérien[2]. Ce comité devient une association nationale dès 1967[2], tandis que les travaux du nouveau terminal ont débuté en 1966[2]. Se mêlent à cette opposition à peu près tout le spectre social et professionnel de la ville, des jeunes étudiants anarchistes aux politiquement modérés ou de la droite[2].
Années 1970
Puis l'association « Action Rhin-Main contre la destruction de l'environnement » commence ses activités en 1970[2]. Cette association sera, avec l'« Action Rhin-Ruhr », à l’origine de la fondation en 1972 du Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU), véritable Fédération nationale des « initiatives de citoyens » engagées dans la protection de l’environnement[2].
Le 11 mai 1972, trois bombes de forte puissance explosent au quartier général du 5e Corps de l'armée américaine, dans la ville : un officier est tué, treize soldats sont blessés[2]. Le commando Petra Schelm de la bande à Baader revendique l'attentat et trois semaines plus tard, le 1er juin, Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Cart Raspe sont arrêtés dans la banlieue de Francfort[2]. La troisième piste, que l’on sait pouvoir être utilisée par les avions de l’US Air Force, est une cible de choix des terroristes[2], même s'ils sont alors en perte de vitesse, avec une série d'arrestation et l'appel d'Heinrich Böll à se rendre, peu avant son Prix Nobel de littérature. Pour le gouvernement allemand, pas question de renoncer au nouveau terminal, inauguré en 1972, mais qui restera finalement en sommeil du fait du premier choc pétrolier[2].
En 1978, le gouvernement local social-démocrate cède 300 hectares à la société de l'Aéroport de Francfort, qui commence ses premiers travaux de terrassement, passant par un déboisement[2].
En juillet 1978, le porte-parole du mouvement d’opposition à l’extension de l’aéroport s'implique électoralement, en prévision des élections locales du 8 octobre 1978[2]: Alexander Schubart, dissident du SPD converti à l’écologie et haut responsable administratif de la ville de Francfort[2]. Il est motivé car vient d'être fondé un groupe écologiste[3] qui s’associe à l’antenne en Hesse d'une formation politique écologique d’orientation réformiste[4], pour former la Grüne Liste Hessen (GLH), menée par Alexander Schubart, où figure un court instant Daniel Cohn Bendit, qui exigea le Ministère de l'Intérieur[2]. Mais cette Grüne Liste Hessen obtient seulement 1,1 % des suffrages, guère mieux que les 0,9 % de la Grüne Aktion Zukunft (GAZ) de droite, concurrente sur le terrain de l’écologie[2]. À l’issue des élections, Joschka Fischer, leader local de l’extrême gauche, s’interroge sur "un radicalisme qui ne mène plus à rien, même pas à lui-même"[2].
En 1979, après de nombreuses manifestations, est décidée une occupation des terrains boisés propriétés de l’aéroport, puis la construction illégale d'une première hutte en bois au cœur de la forêt[2], tandis que 30 000 personnes signent une pétition de soutien[2]. Autour du campement sont creusés des fossés protégés par des pics et autres obstacles, et des tranchées camouflées hérissées de clous aux pointes dressées[2].
Années 1980
Le parti vert allemand est fondé le à Karlsruhe, mais ces Grunen ne sont pas encore implantés en Hesse[2]. Le 28 octobre 1980, une centaine de manifestants en sit-in, bloquent une porte du Terminal 1 et Cohn Bendit tente de négocier avec le chef de la sécurité[2].
Aux élections de mars 1981[2], les partis de la coalition majoritaire en Hesse perdent jusqu'à 20 % des voix au profit des Verts et des alternatifs, dans les communes les plus menacées par le projet d'extension de l'aéroport[2]. Le 21 octobre 1981, la police échoue à évacuer le campement, les opposants rassemblant plusieurs milliers de personnes et la contraignant à la retraite[2], mais le 2 novembre 1981, c'est la police anti-émeute qui réussit à se rendre maître du terrain et l'arrestation de nombreux récalcitrants[2]. Comme 30.000 manifestants se sont regroupés, une cinquantaine d’entre eux sont appelés à la table des négociations[2].
Entre-temps, en avril 1984, la troisième piste est inaugurée, sans fanfare, malgré une grande manifestation proche de l’aéroport[2].
Francfort a construit également une quatrième piste, utilisée dans les deux sens, seulement pour les atterrissages; la piste 18/36 est quant à elle utilisée exclusivement pour les décollages en direction du sud (le sens nord, 36, n’est pas marqué et la bretelle d’accès est barrée), des installations aéroportuaires étant situées juste au nord du seuil de piste nord (marqué 18). Un accord a été conclu, dans le cas de l'agrandissement de l'aéroport, qui limite le trafic aérien sauf cas exceptionnel entre 23 heures et 5 heures.
Statistiques
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Francfort est l'aéroport desservant le plus grand nombre de destinations internationales. Près de 54 % des passagers étaient en correspondance (par comparaison 35 % à Heathrow, 32 % à Paris Charles de Gaulle et 42 % à Amsterdam-Schiphol).
Pour ce qui est des mouvements, Francfort est le deuxième en Europe, avec 472 692 mouvements, se situant entre Charles de Gaulle (478 306) et Heathrow (471 938)[5].
En volume de fret, il se situe au premier rang européen (2 094 453 tonnes de marchandises), juste devant Charles de Gaulle (2 069 200 tonnes)[5].
La Lufthansa compte pour 56,1 % des mouvements à FRA, transportant 59,3 % des passagers et 50,9 % du fret. Étant donné l'importance pour la Lufthansa, FRA est aussi un hub pour l'alliance de compagnies aériennesStar Alliance qui a son siège à Francfort.
75 000 personnes travaillent sur le domaine de l'aéroport (dont 13 000 pour l'opérateur Fraport AG), faisant de l'aéroport le principal employeur d'Allemagne à un seul endroit.
Lufthansa ayant l'aéroport de Francfort comme hub, elle opère également sa propre compagnie de bus : Lufthansa Express. Ces bus transportent des passagers ayant un billet d'avion Lufthansa depuis certaines villes allemandes proches de l'aéroport, ainsi que depuis Strasbourg, en France. Pour les destinations plus lointaines en Allemagne, la compagnie aérienne exploite, en coopération avec la Deutsche Bahn, des trains qui amènent les passagers directement au terminal 1.
Notes et références
↑NSPA, « Réseau du CEPS », sur www.nspa.nato.int (consulté le )