L’Académie serbe des sciences et des arts (en serbe : Srpska akademija nauka i umetnosti, en serbe en écriture cyrillique : Српска академија наука и уметности ; en abrégé : SANU / САНУ) est la plus importante institution académique de Serbie. Elle a été fondée le par le roi Milan Ier sous le nom d’Académie royale de Serbie. Elle est aujourd'hui située rue Knez Mihailova dans la municipalité de Stari grad (Belgrade). Le bâtiment actuel de l'Académie a été construit en 1924 et il est aujourd'hui inscrit sur la liste des monuments culturels protégés de la république de Serbie[1] et sur la liste des biens culturels de la ville de Belgrade[2].
Histoire
Des origines à la Seconde Guerre mondiale
Avant la création de l'académie, il existait en Serbie plusieurs sociétés savantes, dont la Société serbe des gens de Lettres (Društvo srpske slovesnosti ; en abrégé DSS) et la Société savante serbe (Srpsko učeno društvo ; en abrégé : SUD) qui apparaissent comme ses prédécesseurs directs.
La Société des gens de lettres, à la fois scientifique et littéraire, a été créée le par Jovan Sterija Popović et Atanasije Nikolić ; à partir de 1844, elle s'est attelée à la rédaction d'un dictionnaire et de manuels scolaires. Elle a été dissoute le par un décret du prince Michel Obrenović à la suite de l'élection parmi ses membres de Giuseppe Garibaldi, Nikolaj Černiševski et Alexandre Herzen[3]. La société a été reconstituée le sous le nom de Société savante serbe, avec comme but de « s’intéresser aux sciences et aux arts en tant qu’ils concernent au plus près les Serbes » ; son premier président fut Jovan Gavrilović[4]. Le , la Société savante de Serbie a été suspendue à son tour en raison d'un conflit avec le ministre de l'Éducation de la principauté de Serbie[4].
L'actuelle académie a été créée sous le nom d'Académie royale de Serbie par une loi votée le [2], proposée par le roi Milan Ier Obrenović ; la bibliothèque, les collections et le patrimoine de la Société savante serbe devaient être cédés à la nouvelle Académie royale serbe[4]. Le différend qui en résulta fut provisoirement clos à la suite de la réouverture de la Société le . Le différend entre les deux sociétés fut résolu par le ministre de l'Éducation, qui proposa la fusion des deux institutions, ce qui fut fait en 1892 : 8 membres du SUD furent élus membres réguliers de l'Académie royale et tous les autres en devinrent membres honoraires[4].
Selon la loi de 1886, le roi devenait le protecteur de l'Académie et devait désigner les premiers académiciens[5], qui, par la suite, devaient être choisis selon le principe de la cooptation. La séance inaugurale de l'Académie eut lieu le ; Josif Pančić, le président de la société, affaibli, envoya un courrier à ses collèges dans lequel il leur rappelait un certain nombre de principes : « (...) seules la vérité et la stricte objectivité scientifique doivent présider aux travaux de notre Académie, laquelle ne doit jamais céder aux diverses croyances ou aux nouvelles tendances dictées par l’époque ou par les conditions sociales (...) » ; il ajoutait : « Les écrits de l’Académie doivent préserver la pureté de notre belle langue »[5].
Premiers académiciens
Les premiers académiciens, au nombre de 16, furent choisis par le roi Milan le . Ils étaient alors répartis en quatre sections. Ces académiciens étaient les suivants :
Le , à la suite de l'installation du régime communiste dans l'ex-royaume de Yougoslavie, l'Académie royale devint l'Académie serbe des sciences (Srpska akademija nauka) ; parallèlement, la loi modifia la structure de l'institution, les départements passant de quatre à six : sciences naturelles et mathématiques, sciences mécaniques, sciences médicales, langue et littérature, sciences sociales, musique et arts plastiques[6]. Elle a reçu son nom et sa structure actuels en 1998.
L'entrée principale est située dans rue Knez Mihailova, mais l'ensemble se présente comme un édifice complexe s'étendant sur trois rues et sur quatre niveaux. La façade de la rue principale est notamment constituée d'une partie centrale surmontée d'un dôme ; elle est ornée de motifs caractéristiques de l'Art nouveau, notamment de riches motifs floraux[1],[2].
Aujourd'hui l'Académie proprement dite est divisée en huit départements : département de mathématique, physique et géosciences, département de chimie et biologie, département de sciences mécaniques, département de sciences médicales, département de langue et littérature, département de sciences sociales, département d’histoire et département de musique et arts plastiques[11].
Plusieurs instituts sont gérés par l'Académie[12] : l'Institut d’études balkaniques, dont l'origine remonte à 1934[13], l'Institut d'études byzantines, créé en 1948[14], l'Institut de géographie, l'Institut d’ethnographie[15], l'Institut pour la langue serbe[16], l'Institut des sciences mécaniques, créé en 1947[17], l'Institut de mathématiques, fondé en 1946[18], et l'Institut de musicologie.
De nombreuses fondations dépendent également de l'Académie[19]. La fondation Sekula Zečević a été créée en 1977 pour favoriser le développement économique et culturel en Serbie[20] ; la fondation Đorđe Zečević, créée en 1989, s'est donné comme but la promotion et la défense de l'alphabet cyrillique[21] ; la fondation Nikola Trajković, créée en 1986, veut soutenir et récompenser les jeunes écrivains et traducteurs[22] ; la fondation Velibor et Zora Popović s'est donné comme mission de favoriser la collecte, la restauration et la conservation de documents historiques liés au peuple serbe[23]. Parmi les autres fondations, on peut citer la fondation Branislava Brana Belić, qui favorise la publication de catalogues liés au Beaux-arts[24], la fondation Ðorđe Lazarević, créée en 1995, qui a comme but de financer certains travaux de l'Académie[25], la fondation Ivan Tabaković, créée en 1988, qui se propose de soutenir les arts plastiques et les arts appliqués[26], la fondation Dragoslav Srejović, créée en 1996 pour soutenir les grands projets scientifiques et artistiques de l'Académie[27], ou encore la fondation Branko Ćopić, créée en 1989 pour récompenser des auteurs écrivant en serbe[28].
La galerie de l'Académie serbe des sciences et des arts (Galerija Srpske akademije nauka i umetnosti) organise des expositions artistiques et scientifiques, ainsi que des concerts[29]. L'Académie dispose également d'un service d'archives dont l'origine remonte à 1841 et doté d'une salle de lecture[30], avec une antenne à Sremski Karlovci[31]. Elle abrite aussi une importante bibliothèque, dont l'origine remonte également à 1841 et qui est partiellement ouverte au public depuis 1952[32] ; on y trouve un ensemble de 1 200 000 ouvrages, dont environ 550 000 monographies et 650 000 périodiquess, dont 70 % sont en langues étrangères[33].
L'Académie édite également des livres, principalement des ouvrages scientifiques et littéraires[34].
Administration
Sur le plan administratif, l'organe principale de l'Académie serbe des sciences et des arts est l'assemblée, réunissant tous ses membres et qui se tient au moins une fois par an ; elle constitue la partie législative de l'Académie : elle vote par exemple le budget de l'institution et procède à l'élection des nouveaux membres. La partie exécutive de l'Académie est représentée notamment par le président, élu par l'assemblée[35].
Chaque département est doté d'un secrétaire.
Présidents de l'académie
Depuis sa création, l'Académie serbe des sciences et arts a été présidée par les personnalités suivantes :