Antoine Coypel est le fils de Noël Coypel, auprès duquel il se forma. Il accompagne, à 12 ans, son père à Rome, qui y dirige l’Académie de France de 1673 à 1675, et il y achève sa formation, se révélant un élève très précoce et doté d’un grand talent[2]. À Rome, il étudie l’art des grands maîtres de la Renaissance et la statuaire antique. Il est fortement influencé par l’école baroque locale et par l'art du Corrège qu'il admire sur le chemin du retour vers la France, où il reçut une formation littéraire classique au collège d'Harcourt[3]. Ses premiers tableaux, perdus mais dont certains sont connus par des gravures, témoignent d'une virtuosité tout à fait exceptionnelle pour un peintre qui n’a pas encore vingt ans[4].
Il connaît alors le succès et reçoit de nombreuses commandes pour les demeures royales de Marly, de Versailles ou encore de Meudon[8]. Il devient le peintre officiel de la maison d'Orléans en 1685[9]. Il est alors sensible à l'art de Rubens, influence qui se retrouve notamment dans son Portrait de Démocrite[10] ; une copie de la Chasse au lion du maître sera retrouvée dans son inventaire après décès[11]. Au tournant du siècle, il peint des œuvres célèbres, Bacchus et Ariane et le Triomphe de Galatée, aujourd'hui perdues mais copiées à maintes reprises[10], qui auront une influence durable sur l'art du XVIIIe siècle et son goût pour les sujets mythologiques légers et aimables[12]. Choisi pour faire les dessins de l'histoire de Louis XIV en 1691, directeur des tableaux et dessins de la couronne en 1710, associé à l’Académie des inscriptions en 1701, nommé directeur de l’Académie en 1714 puis recteur, il est institué Premier peintre du Roi en 1716 et anobli en 1717[10].
Son œuvre majeure est la décoration du plafond de la chapelle du château de Versailles (1716)[13], réalisé dans un style baroque qui rappelle les exemples romains que le peintre a admirés dans sa jeunesse, notamment Baciccio[14]. Il réalise aussi, de 1714 à 1717, des tableaux de grande taille sur le thème de l’Énéide, pour les murs du Palais-Royal à Paris[13]. Plusieurs sont aujourd'hui au musée du Louvre, tandis qu’Énée et Anchise, Énée et Achate apparaissant à Didon et la Mort de Didon sont au musée Fabre de Montpellier.
Antoine Coypel travailla également en étroite collaboration avec différents graveurs à l’interprétation de son œuvre : Charles et Louis Simonneau, Girard Audran, Louis Desplaces, Gaspard Duchange, etc. Il a fourni quelques dessins préparatoires pour l’illustration[15].
Il a publié, en 1721, des Discours sur son art[16], précédés d'une Épître à son fils en vers, qui présente sa vision de la peinture sous la forme de conseils donnés à son fils qui se lançait alors dans la même carrière que lui[17]. Il meurt un an plus tard.
↑Denise de Rochas d’Aiglun, L’Autoportrait du XVIIe siècle à nos jours : Musée des beaux-arts, Pau, avril-mai 1973, Musée des beaux-arts, 1973, in-8°, 72 p. p. 73.
↑Jérôme Delaplanche, Noël-Nicolas Coypel (1690-1734), Paris, Arthena, 2004, 167 p. p. 7.
↑Jérôme Delaplanche, Jean Jouvenet (1644-1717) et la peinture d’histoire à Paris, éd. complétée par Christine Gouzi, Paris, Arthéna, 2010, 445 p. (ISBN978-2-90323-942-8), p. 107.
↑Notice historique des peintures et des sculptures du palais de Versailles, Paris, L. B. Thomassin, 1838, 766 p. p. 653.
↑Virginie Bar, La Peinture allégorique au Grand Siècle Dijon, Faton, 2003, 402 p. (ISBN978-2-87844-060-7), p. 359.
↑André Chastel, L’Art français : le temps de l’éloquence : 1775-1825, t. 4, Paris, Flammarion, 1996, 335 p. (ISBN978-2-08010-190-7), p. 239.
↑Piganiol de La Force, Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de S. Cloud de Fontainebleu, et de toutes les autres belles maisons & châteaux des environs de Paris, Paris, Charles-Nicolas Poirion, 1742.
↑(en) Hannah Williams, Académie Royale : A History in Portraits, Farnham ; Burlington, Ashgate, 2015, 394 p. (ISBN978-1-40945-742-8), p. 203.
↑ ab et cAlexis Merle du Bourg, Rubens au Grand Siècle : sa réception en France (1640-1715), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004, 371 p. (ISBN978-2-86847-938-9), p. 238.
↑Rubens contre Poussin : la querelle du coloris dans la peinture française à la fin du XVIIe siècle, Ludion, 2004, p. 104.
↑La Peinture française aux XVIIe et XVIIIe siècles : exposition, Dunkerque, Valenciennes, Lille, Association des conservateurs de la région Nord-Pas-de-Calais, 1980, 183 p. p. 98.
↑ ab et cCharles Paul Landon, Annales du musée et de l’école moderne des beaux-arts, Paris, C. P. Landon, 2014, 140 p. p. 195.
↑(en) Lene Østermark-Johansen, Walter Pater : 'Imaginary Portraits', Milton Keynes, MHRA, 2014, 336 p. (ISBN978-1-90732-255-6), p. 195.
↑Frédéric Villot, Notice des tableaux exposés dans les galeries du Musée, Paris, Vinchon, 1855, 60 p., p. 89.
↑Thierry Lefrançois, Charles Coypel : peintre du roi (1694-1752), Paris, Arthéna, 1994, 521 p. (ISBN978-2-90323-918-3), p. 415.