Bologne
Bologne (en italien : Bologna, prononcé [boˈlo.ɲɲa], en émilien : Bulåggna) est une ville italienne située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C'est le chef-lieu de la région d'Émilie-Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l'une des principales villes d'Italie. Bologne compte environ 400 000 habitants (les Bolonais[3]) et son aire urbaine regroupe 1 018 784 habitants. Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu'elle a été fondée en 1088[4]. Plus de 900 ans après sa fondation, l'université est encore aujourd'hui le cœur de la ville puisque ses 100 000 étudiants constituent un quart de sa population. Ce rayonnement culturel et son université lui ont valu le surnom de la Dotta (la savante). Bologne est également la ville des Portici (ensemble d'arcades classé au patrimoine mondial de l’Unesco) : plus de 38 km de galeries dans le seul centre historique. On les trouve dans presque toutes les rues du centre et leur origine est en partie due à la forte expansion que Bologne eut au Moyen Âge. La ville possède également d'autres surnoms comme la Rossa (la rouge), en référence à la couleur de la plupart de ses édifices (construits majoritairement en brique, laissée apparente ou enduite) et aussi pour son âme politique de gauche communiste, et la Grassa (la grasse), c'est-à-dire la riche, elle est par ailleurs restée une cité active et laborieuse aux XIXe et XXe siècles[5],[6]. La sauce bolognaise (ragù alla bolognese en italien) est une recette de la région. Chaque année au printemps, Bologne accueille un salon du livre de jeunesse de renommée internationale, la Foire du livre de jeunesse de Bologne (La Fiera del Libro per Ragazzi). GéographieSituationBologne est située en Émilie dans une zone de plaines et de collines, entre la vallée du Reno et celle du Savena, à l'extrême sud de la plaine du Pô et au nord des Apennins. ClimatLe climat de Bologne est de type subtropical humide avec des hivers modérément froids et des étés moites, comme dans le reste de la plaine du Pô.
QuartiersLa commune se divise en neuf circonscriptions administratives qui portent le nom de quartiers : Borgo Panigale, San Donato, San Vitale, Sàvena, Navile, Porto, Saragozza, Santo Stefano, Reno. HistoireDébutsBologne est fondée par les Étrusques sous le nom de Felsina en dans une zone habitée de longue date par le peuple de Villanova, un peuple de fermiers et de bergers. La ville étrusque a grandi autour d'un sanctuaire construit sur une colline entourée d'une nécropole. Au IVe siècle av. J.-C., elle fut conquise par les Boïens, qui lui donnèrent le nom (d'origine celtique) de Bononia. Conquise par les Romains en , la cité devint une colonie (3 000 familles romaines s'y installèrent sous la conduite des consuls Lucius Valerius Flaccus, Marcus Atilius Seranus et Lucius Valerius Tappo). La construction de la Via Aemilia en fit de Bologne un carrefour routier, relié à Arezzo par la Via Flaminia mineure et à Aquilée par le Via Aemilia Altinate. En , la ville devint un municipium. Elle est constituée de rues rectilignes et orthogonales avec six cardines et huit decumani, qui font encore la structure de la ville aujourd'hui. La ville compta près de 10 000 habitants sous l'Empire romain, ainsi que de nombreux temples, thermes, théâtres et une arène. Pour Pomponius Mela, Bononia figurait parmi les cinq opulentissimae (plus riches) cités d'Italie. Ravagée par un incendie, elle fut reconstruite par Néron. Après un long déclin, Bologne renaît au Ve siècle sous l'impulsion de l'évêque Petronius, qui a construit la basilique Santo Stefano de Bologne. Après la chute de l'empire romain, Bologne a été transformée en forteresse sur les frontières de l'exarchat de Ravenne dans la plaine du Pô. La ville était protégée par une enceinte qui ne protégeait néanmoins pas les ruines de l'ancienne ville antique romaine. En 728, la ville fut conquise par Liutprand, roi des Lombards, et annexée au royaume des Lombards. Âge d'orAu XIe siècle, Bologne connaît une nouvelle période de croissance et elle devient une Commune puis rejoint la Ligue lombarde en 1164 pour lutter contre Frédéric Barberousse. En 1088, l'université de Bologne est créée ; elle est aujourd'hui la plus vieille université d'Europe. Des personnages illustres ont fréquenté cette université au Moyen Âge comme Irnerius, Dante, Boccace et Pétrarque. Au XIIe siècle, le développement de la ville nécessite l'extension de son enceinte, suivie d'une nouvelle extension au XIVe siècle. En 1256, Bologne promulgue la legge del Paradiso (la « loi du paradis »), qui a supprimé le servage féodal et libéré les esclaves grâce à l'argent de la ville. Au même moment, le centre de la ville se couvre d'édifices publics, d'églises, d'abbayes et d'une centaine de tours, construites par les riches et influentes familles de la ville pour montrer leur puissance. Cette croissance et cette richesse amènent la ville à figurer en 1294 parmi les dix villes les plus peuplées d'Europe. Comme la plupart des communes italiennes de l'époque, Bologne a été déchirée par les luttes internes, qui conduisirent à l'expulsion des Gibelins en 1274. Après avoir été écrasée lors de la bataille de Zappolino par Modène en 1325, Bologne commence à régresser et demande la protection du pape au début du XIVe siècle. Après des années heureuses sous l'autorité de Taddeo Pepoli (1337-1347), Bologne tombe aux mains des Visconti, mais revient dans l'orbite papale avec le cardinal Gil de Albornoz en 1360. Les années suivantes voient une alternance entre des gouvernements républicains (comme en 1377, lequel a fait construire la basilique San Petronio et la Loggia dei Mercanti) et une domination papale ou des Visconti. Pendant ce temps-là, les familles de la ville s'engagent dans des combats fratricides pour son contrôle. Au milieu du XVe siècle, la famille Bentivoglio conquiert le pouvoir avec Sante (1445-1462) et Giovanni II (1462-1506). Cette période est l'une des plus florissantes de la ville, avec la présence de célèbres architectes et peintres dans ses murs, qui transforment Bologne en une véritable ville italienne de la Renaissance. Le règne de Giovanni II finit en 1506 après que les troupes papales de Jules II eurent assiégé et pillé la ville. De cette date, et ce jusqu'au XVIIIe siècle, Bologne fera partie des États pontificaux, et elle sera dirigée par un cardinal legato, et un Sénat qui élit tous les deux mois un gonfalonier (juge), secondé par huit consuls plus âgés. La prospérité de la ville continue de croître, bien qu'une peste à la fin du XVIe siècle fait chuter la population de 72 000 à 59 000 habitants. Dans le domaine de la peinture, annonçant l'École bolonaise on trouve alors des artistes comme Amico Aspertini, dont l'imaginaire fut nourri par l'œuvre humaniste, teintée d'ésotérisme, d'Ercole de’ Roberti qui a stimulé son goût pour la magie, le masque, le tragique et le grotesque. Les artistes bolonais bénéficièrent aussi de la puissance expressive de la peinture allemande qui s'est répandue dans la plaine émilienne grâce au gravures et aux voyages à Venise où la mode était aux Ecoles du Nord. Durant les XVe et XVIe siècles, la ville de Bologne a été également connue pour un style d'escrime connu sous le nom d'escrime bolonaise, avec des maîtres d'armes tels que Antonio Manciolino, Achille Marozzo, Giovanni dall'Agocchie, pour n'en citer que quelques-uns. Ce style a grandement contribué à la réputation de l'Italie dans ce domaine et a eu directement, ou indirectement, une grande influence sur l'histoire de l'escrime européenne. La prospérité de la ville se traduit également par la construction de nombreux édifices, comme en 1564 avec la Piazza Nettuno et le Palazzo dei Banchi. La domination papale voit la construction de beaucoup d'églises et d'autres établissements religieux, et la rénovation des plus anciens. Avec 96 couvents, Bologne détient le record pour l'Italie. Les artistes travaillant à cette époque dans la ville fondèrent l'École bolonaise, parmi lesquels figurent Annibale Carracci, Domenichino, Guercino et d'autres de renommée européenne, regroupés dans l'académie bolonaise des Incamminati des frères Carracci. Sous Napoléon, Bologne devient la capitale de la République cispadane. Après la chute de Napoléon, Bologne retombe sous la coupe papale, se rebellant en 1831 sous l'impulsion d'un mouvement libéral réprimé par les Autrichiens, ces derniers la bombardent en 1848 lors de nouveaux troubles[7]. Bologne italienneAprès la visite du pape Pie IX de 1857, la ville vote son annexion au royaume de Sardaigne le , participant ainsi au Risorgimento. Depuis, l'histoire de Bologne se confond avec celle de l'Italie. En novembre 1920, les chemises noires fascistes attaquent la foule lors de l'investiture du nouveau maire de la ville, le cheminot socialiste Ennio Gnudi, tuant onze personnes et provoquant la destitution du nouveau maire après seulement une heure de mandat (le gouvernement impose un dirigeant non élu à sa place)[8]. La ville de Bologne a été bombardée à plusieurs reprises pendant la Seconde Guerre mondiale. L'importance de la ville comme centre urbain qui relie le nord au centre de l'Italie, ainsi que son importance stratégique en tant que plaque tournante ferroviaire, en fait l'une des principales cibles des forces alliées. Le , une série de bombardements eut des conséquences dévastatrices pour une grande partie de la ville et de la population. Elle détruisit plusieurs quartiers historiques de la ville et la gare principale. En tout, 44 % de l'infrastructure de la ville fut détruite ou gravement endommagée. Le , Bologne fut une nouvelle fois la cible de bombardements avec un bilan de 936 personnes tuées et des milliers de blessés. Dans la matinée du , le premier corps armé à entrer dans la ville fut le 87e régiment d'infanterie du Groupe de combat « Frioul », dirigé par le général Arturo Scattini. Les combats pour chasser les Allemands de la 65e division d'infanterie (Allemagne) commandée par le général Hellmuth Pfeifer ont été principalement conduits par des soldats du 2e Corps polonais de la VIIIe Armée britannique, appuyés par la 34e division du 2e corps de la 5e Armée américaine. La libération de la ville sera effective le 22 avril par la capitulation de la 65e division allemande. Pendant les années de plomb, la ville, bastion du Parti communiste italien, fut le théâtre de nombreux mouvements contestataires, notamment étudiants en 1977, ainsi que des actions de groupes néofascistes. L'attentat de la gare de Bologne (connu en Italie comme la strage di Bologna) fut une des plus importantes actions terroristes qui ont touché l'Italie, faisant 85 morts et blessant plus de 200 personnes le , à 10 h 25. Des membres d'un groupe d'extrême droite furent condamnés pour l'attentat. En 1995, le Conseil de l'Europe décerna à Bologne son prix de l'Europe[9]. Bologne est aujourd'hui un important centre culturel mais aussi un nœud commercial, industriel et de communications. Au début du XXe siècle, les vieux murs ont été détruits afin de construire un boulevard et de nouvelles habitations. Dans son livre Les Souterrains de Bologne (trad. L. Lombard, édition Métaillé), Loriano Macchiavelli commence ainsi son histoire (chapitre 1er) :
CultureBologne est caractérisée par trois éléments : La Dotta, (« La Savante », qui fait référence à son université célèbre), La Grassa, (« La Grasse », faisant référence à sa richesse et à sa cuisine) et La Rossa (« La Rouge », en référence aux toits rouges de la ville ainsi qu'à son histoire politique liée au communisme). La ville abrite la principale cinémathèque italienne et une des plus importantes d'Europe et annuellement, depuis 1986, s'y déroule le festival du film Il cinema ritrovato. Elle accueille également la Foire du livre de jeunesse depuis 1963, et dispose de nombreuses bibliothèques dont les principales sont la Bibliothèque de l’Archiginnasio, Salaborsa dans le Palazzo d'Accursio, et la bibliothèque universitaire. Elle accueille également des bibliothèques thématiques, comme la bibliothèque de la Musique et la Bibliothèque italienne des femmes. Musées
La cérémonie Il vecchioneLe bûcher du vecchione est une tradition toujours en vigueur au sein de la ville de Bologne qui consiste à mettre au bûcher un grand pantin qui a l'apparence d'une vieille personne (le vecchione) qui se déroule à minuit le 31 décembre pour célébrer le nouvel an. Cette cérémonie se déroule à la Place Maggiore, où le public se retrouve pour être ensemble et assister au spectacle musical et pyrotechnique. Pendant les années bissextiles, il est traditionnel de brûler un pantin qui a une ressemblance féminine (la vieille dame). Le pantin représente l'année passée. Il est brûlé pour conjurer le mauvais sort, par superstition, comme pour se défaire de sa laideur et dans l'espoir que la suite soit meilleure. En 2010, Marco Dugo, designer de 35 ans, a gagné une compétition proposée par la Commune de Bologne et a décidé de représenter le vecchione sous l'apparence d'une monumentale grenouille (la rana) d'une hauteur de 12 mètres. La figure de la grenouille est en lien avec l'histoire de Bologne : il existe d'abord un proverbe italien avere della rana qui signifie être fauché, une image de la grenouille est aussi dessinée au siège social de la Caisse d'Épargne de Bologne représentant la pauvreté, ensuite « La Rana » était le titre d'un journal satirique qui était imprimé durant les années austères de 1865 à 1912. En 2010, le bûcher de la vieille personne a ainsi été renommé le bûcher de la grenouille. L'année précédente, Ericailcane avait représenté le vecchione sous les traits d'un énorme lapin. En 2013, le vecchione était un arrosoir d'une hauteur de 12 mètres troué réalisé par le duo artistique To/Let. Selon les artistes, il symbolise le fait de prendre soin de quelqu'un ou de quelque chose, il sert à nourrir. Mais comme l'arrosoir est troué dans leur réalisation, la sève vitale se gaspille à l'extérieur. Elle est symbolisée par de l'eau bleue qui sort des trous. Avec l'acte cathartique de brûler l'arrosoir, les artistes souhaitaient exhorter à dépasser le problème. Monuments et patrimoineBologne est restée l'une des villes médiévales les mieux préservées d'Europe, possédant une grande valeur historique. En dépit des dommages considérables lors de bombardements en 1944, le centre historique de Bologne, l'un des plus grands d'Europe, recèle de richesses aussi bien médiévales, de la Renaissance, que baroques.
ÉconomieÉconomiquement, Bologne est une ville très prospère. Elle est la capitale d'une région riche et dynamique, grâce entre autres, à l'innovation, la recherche et son pôle étudiant. Elle possède une importante activité industrielle (30 % des emplois en 1998) avec notamment des groupes prestigieux comme Ducati, Lamborghini et Malaguti dans le secteur automobile et La Perla, Mandarina Duck, Stone Island et Borbonese dans la mode. La ville possède également un des plus grands parcs d’exposition d’Europe. Bologne est aussi un important centre culturel et touristique grâce à son histoire et ses superbes monuments. Les travaux publics sont surveillés et commentés par les umarell, retraités désœuvrés qui passent ainsi le temps. TransportsTransports en communElle comporte un réseau de trolleybus et un très vaste réseau de bus. En , Bologne signe un accord pour la construction de quatre lignes de tramway supplémentaires[10]. Transports routiersBologne est au cœur du réseau autoroutier du nord de l’Italie (A1, A13, A14). En ville, la circulation automobile était à ce point problématique que la municipalité l'a interdite dans la majeure partie du centre historique entre sept heures du matin et huit heures du soir, du dimanche au vendredi. Pour encourager les autres modes de transport, un système d'autopartage et de location de vélos a été mis à disposition des habitants, et des parkings de délestage avec accès aux transports en commun ont été aménagés en périphérie. En 2022, Bologne était la troisième ville la plus mortelle parmi 14 villes italienne. De ca fait, Bologne a entrepris en 2019 un projet Bologna Città 30 (en anglais Bologna City 30) ; ce plan vise à diminuer l'accidentalité, la pollution atmosphérique et acoustique, transférer 255 000 transports quotidiens du transports automobile vers le transport soutenable, et partager les rues[11]. Ceci permet au projet de la ville de se qualifier en finaliste en 2024 pour l'Excellence in Road Safety Awards[12]. Transports ferroviairesBologne est sur le tracé de la plus importante ligne de chemin de fer italienne et est desservie grâce à la gare de Bologna Centrale. La ville est ainsi située à 56 min de Milan et 1 h 50 de Rome grâce aux trains circulant sur le réseau à grande vitesse italien. La ville dispose d'un réseau de train de banlieue : le service ferroviaire suburbain de Bologne. La gare a été le théâtre d'un attentat sanglant lorsque le , à 10 h 25, une bombe posée dans la salle d'attente explose. Cette explosion tue 85 personnes et en blesse plus de 200. Des membres d'un groupe d'extrême droite, le grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due, et deux officiers des services secrets militaires italiens furent condamnés pour l'attentat. Transports aériensL'aéroport Guglielmo Marconi (code AITA : BLQ), situé à 6 km de la ville, propose des vols nationaux et internationaux. Il est relié à la gare centrale de Bologne par une ligne monorail le Marconi Express inaugurée en 2020. Université
En 1996, Bologne est la ville italienne avec le plus grand pourcentage de diplômés (environ 7,3 %). ÉvêchéPersonnalités
SportsBien que le football soit le sport roi en Italie, Bologne se caractérise par son basket. En effet la ville est surnommée « Basket City » (« la ville du basket »), et elle doit cela à ses deux clubs de basket-ball : le Virtus Bologne et le Fortitudo Bologne. Ces deux équipes sont parmi les meilleures italiennes mais aussi européennes avec des victoires en Coupe d'Europe. La ville possède néanmoins un club de football, Bologne FC 1909, mais celui-ci, aujourd'hui, ne joue pas les premiers rôles. Il évolue actuellement en Serie A.
AdministrationCommunes limitrophesAnzola dell'Emilia, Calderara di Reno, Casalecchio di Reno, Castel Maggiore, Castenaso, Granarolo dell'Emilia, Pianoro, San Lazzaro di Savena, Sasso Marconi, Zola Predosa Évolution démographiqueHabitants recensés
Communautés étrangèresSelon les données de l’Institut national de statistique (ISTAT) au , la population étrangère résidente était de 48 466 personnes. Les principales nationalités étaient :
Photographies
Notes et références
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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