Cité libre est une revue d’idées québécoise, fondée à Montréal en 1950. Elle cesse de paraître une première fois en 1972, pour revenir entre 1991 et 2000.
Les débuts
Durant sa première année d’existence, l’équipe de rédaction ne publie qu’un seul numéro, soit celui de juin 1950 ; de 1950 à 1959, on compte au total vingt-trois numéros publiés de façon irrégulière. De 1959 à 1966 cependant, Cité libre ajoute la mention « Nouvelle série » à son bandeau et paraît avec une fréquence mensuelle plus stable ; ainsi, durant cette période de six ans, Cité libre sortira soixante-cinq fois. La revue devient les Cahiers de Cité libre de 1966 à 1971 ; seize numéros paraissent sous cette bannière mais conservent la mention « Nouvelle série » à son bandeau. Cité libre ne paraît pas de 1971 à 1990. Elle reparaît en 1991 sous son nom originel et publie cinquante-neuf numéros au cours des neuf années suivantes ; en 2000, Cité libre publie son numéro d’été (no 3) consacré à son 50e anniversaire et, à l’automne (no 4), ce qui sera son ultime numéro, « Numéro spécial en hommage à Trudeau »[1],[2].
« Cité libre est la revue d'idées québécoise la plus connue des années 1950.» (…) « Perçue comme la revue d’une génération de penseurs influents, elle naît à une époque ponctuée de signes de mécontentement face au traditionalisme de la société québécoise et du gouvernement de Maurice Duplessis » – Extraits de la notice descriptive de la Collection numérique de Cité libre (1950-2000)[1]. « L’apport de Cité libre, dans l’évolution de la société canadienne-française, a été considérable. En 1950, le cléricalisme et le duplessisme régnaient en maîtres absolus au Québec. La tradition et le principe d’autorité étaient indiscutables pour qui voulait éviter de passer pour communiste »[3].
Le nom de la revue, Cité libre, a été trouvé par Alec Pelletier (née Alexandrine Leduc), l’épouse de Gérard Pelletier. L’adresse civique de la revue qui apparaît dans le numéro 1, 3834 rue Prud’homme, à Montréal, est celle de l’appartement d’un des membres du noyau d’origine de l’équipe de rédaction, Jean-Paul Geoffroy[8].
Tirage et influence
Les premiers cinq cents exemplaires du numéro 1 de Cité libre ont été distribués au milieu de l’été 1950. Le tirage du périodique a varié de cinq cents à sept mille cinq cents exemplaires. « Le maximum de cette fourchette, extrapolé à l'échelle de la population de la France, équivaudrait là-bas à un tirage de soixante-cinq mille, ce que ni Esprit, ni Les Temps modernes, ni La Nouvelle Revue française (NRF) n'ont jamais atteint — et ces revues ont quand même exercé une influence indéniable », déclare Gérard Pelletier. Même dans la période 1950-1960, alors que le tirage ne dépassait pas les deux mille exemplaires au Québec, la revue rejoignait un public important : …« des militants et des permanents syndicaux de la base jusqu'à des professeurs et des recteurs d'université (ces derniers nous lisant avec beaucoup moins de sympathie), en passant par d'ex-dirigeants de la J.E.C. devenus artistes peintres, avocats, ingénieurs ou vicaires de paroisse. De plus, joyeux paradoxe, nos idées étaient très souvent répercutées par les périodiques (à forts tirages) du parti au pouvoir et du clergé, quand l'un ou l'autre nous prenait à partie », ajoute-t-il[9]. L’historien Pierre Pagé, citant l’article de Gérard Pelletier, « Cité libre et ses lecteurs » (Cité libre, mai 1961[1]), souligne qu’un appel aux lecteurs a rassemblé en colloque quelque 600 personnes en mars 1961[10].
Sa grande influence sur les élites ecclésiastiques et politiques du Québec s’est surtout manifestée durant les années 1950 à 1960. « Le combat de Cité libre, le destin de ses idées et de nombre de ses rédacteurs, tout comme l'évolution idéologique et politique du Québec, ont tracé, de 1950 à aujourd'hui, une trajectoire intellectuelle qui part de cette revue »[11].
« Au tout début des années 1960, l'influence de Cité libre demeure importante. Mais dans le contexte de la nouvelle effervescence politique et intellectuelle, la revue perd peu à peu le quasi-monopole d'expression théorique qu'elle détenait dans la période antérieure »[12]. Une fois la liberté de parole acquise, la revue ne pouvait plus demeurer l’organe de la gauche chrétienne au Québec, « car il n’existait plus l’objectif commun à atteindre, ni même un adversaire à combattre. Les divergences de pensée se sont donc manifestées rapidement. Les hommes de gauche avaient, outre des idéologies diverses, des intérêts et des préoccupations différentes. La publication de nouvelles revues, telles Maintenant et Parti pris firent éclater au grand jour ces divergences »[13].
Propriété et direction
« Personne ne possède la revue, écrit Gérard Pelletier. J'en puis résumer le fonctionnement administratif en cinq lignes. Tiré à cinq cents exemplaires, notre premier numéro nous coûtait deux cent cinquante dollars. Les dix collaborateurs réguliers ont misé chacun vingt-cinq dollars et sont rentrés dans leurs fonds en distribuant cinquante exemplaires à cinquante cents » – « Cité libre confesse ses intentions », Cité libre, numéro 2, février 1951, page 7[1]. (…) « Cité libre n’avait pas de directeur », écrit Gérard Pelletier dans son autobiographie. « Elle était « rédigée par une équipe » qui avait une «horreur commune de tout caporalisme». Certes, cet esprit communautaire imposait une « gymnastique intellectuelle peu commune ». C’est l’équipe seule qui décidait d’accepter ou de rejeter un texte »[14].
La revue est donc la propriété de « L’Équipe de rédaction » de 1950 à 1960, puis du Syndicat coopératif d’édition Cité libre, de 1960 à 1971. Lorsqu’elle est rééditée en 1991 après quelque vingt années de silence, Cité libre devient la propriété de Cité libre Information, une compagnie incorporée le 10 février 1992 en vertu de la Partie III de la Loi sur les compagnies du Québec, soit une entreprise sans but lucratif. « Comme c’était le cas pour l’ancienne coopérative, tous les membres de cette corporation sont les propriétaires de la revue » – Cité libre, janvier-février 1995[1].
Quant à la direction de la rédaction proprement dite, elle est collégiale jusqu’en 1955 et assumée par « l’équipe », au sein de laquelle Gérard Pelletier et Guy Cormier y jouent un rôle pivot. À compter du numéro de février 1955, cependant, la revue publie un cartouche qui précise qu'elle est dirigée par Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau, identifiés alors comme codirecteurs, de 1955 à 1959 et en 1962-1963, puis par Gérard Pelletier et un directeur adjoint (d’abord Jean-Charles Falardeau, de janvier-février 1960 à février 1961, ensuite Pierre Elliott Trudeau, de mars 1961 à décembre 1961) ; Jean Pellerin (1917-2001) et Pierre Vallières (1938-1998) deviennent co-directeurs de janvier à mars 1964, puis Jean Pellerin assume seul la direction de Cité libre d’avril 1964 à juillet-août 1966. Après la métamorphose de Cité libre en les Cahiers de Cité libre, la publication est dirigée par Jacques Tremblay. Lorsque Cité libre renaît en 1991, elle est dirigée par Anne-Marie Bourdouxhe.
Les dix cofondateurs
Les dix cofondateurs de Cité libre sont des intellectuels québécois dans la trentaine, majoritairement issus de la classe ouvrière extérieure à Montréal, formés dans les collèges classiques, ayant été pour la plupart très actifs dans le mouvement de la Jeunesse étudiante catholique (J.E.C.) dans les années 1930 et 1940[note 1], et très inspirés par la philosophie personnaliste d’Emmanuel Mounier et la revue française Esprit ; ils étaient tous déjà engagés professionnellement, occupant des fonctions dans l’enseignement, le journalisme, le syndicalisme et le droit[16],[17],[note 2] :
Le premier numéro de Cité libre est « distribué » le soir du 14 juillet 1950 dans un chalet de l’Île Perrot. Et, raconte Gérard Pelletier, c’est ce même soir qu’une discussion « courtoise mais très vive » a lieu « à propos de la participation de Pierre Elliott Trudeau »[27]. On ne reprochait pas à Trudeau sa pensée mais « ses origines, son milieu, ses relations mondaines ». Il n’était pas un ancien jéciste et « sortait d’une boîte de Jésuites où jamais la J.E.C. n’avait pénétré! », écrit Pelletier. Trudeau n’était pas « du peuple », au sens ouvriériste et non politique du terme. C’est finalement le point de vue de Pelletier, qui disait en avoir assez des cénacles et des chapelles, voulant plutôt une équipe tous azimuts, qui l’emporta et « Trudeau resta »[28]. Mais ce malaise semble avoir persisté pendant un certain temps. Cependant, le numéro 3 de mai 1951 publie un article sur la Guerre de Corée intitulé « Positions sur la présente guerre », un texte signé Cité libre mais rédigé par Trudeau. Gérard Pelletier écrira en 1983 : « Après cet article, non seulement Pierre fut intégré de plein droit à la rédaction de Cité libre mais il en devint un animateur indispensable. Un numéro de la revue qui n’affichait pas son nom au sommaire paraissait terne à nos lecteurs les moins exigeants »[29].
Gérard Pelletier, identifié comme « principal fondateur et animateur de Cité libre » par le sociologue Jean-Philippe Warren[30], écrit dans ses « souvenirs » de la fondation de la revue : « Cité libre voulait mettre fin à l’anticléricalisme de salon. Nos dénonciations seraient publiques et clairement formulées, au nom des principes que l’Église elle-même nous avait enseignés. Ceux d’entre nous qui n’étaient pas issus de la J.E.C. partagèrent d’emblée cette résolution. La promotion ouvrière ne laissait indifférent aucun membre de l’équipe. Avec le sens de la liberté, elle constituait, je crois, le terrain d’entente, l’accord préétabli qui ne fit jamais entre nous l’objet d’aucune divergence »[31],[32],[33],[34].
Pendant ses dix premières années d’existence, Cité libre n’a pas voulu combattre le duplessisme mais « le dogmatisme sous toutes ses formes, y compris le dogmatisme duplessiste » et elle a toujours cherché à promouvoir « l’épanouissement culturel » et « la libération humaine du Canada français » selon des « prémisses » personnalistes et refusé de fonder son combat sur « l’ethnie » et de « considérer la nation comme la valeur première et le point de départ de sa pensée et de ses entreprises ». Ainsi, Cité libre a toujours combattu les « tendances totalitaires » en politique. « Elle croit à la démocratie, à la liberté personnelle et répudie toutes les formes de globalisme qui prétendent résoudre l'ensemble des problèmes humains par une seule formule magique, que cette formule ait nom fascisme, communisme, marxisme, crédit social ou nationalisme intégral. Nous ne croyons pas aux panacées universelles en politique. Nous voulons considérer chaque problème dans son ordre »[35],[36].
Liberté d’expression
Dès 1950, Cité libre se donne pour objectif premier la défense de la liberté d’expression[note 3].
« Comme l'indique le titre de la revue, le combat pour la liberté eut toujours priorité sur tous les autres. Qu'il s'agît de contester l'idéologie dominante clérico-nationaliste ou le conservatisme étouffant imposé par M. Duplessis et son Union nationale, ou encore les pratiques antidémocratiques de l'époque, c'est toujours pour la liberté que nous luttions. Par son existence même, la revue s'inscrivait en faux contre toutes les censures implicites et explicites qui limitaient la liberté d'expression dans notre société : sujets tabous, orthodoxies mineures, dénonciation immédiate de tout propos qui contestait l'idéologie dominante, contraintes de l'index qui interdisaient l'accès à des œuvres capitales et à des pans entiers de la pensée occidentale, etc. Le seul fait d'exprimer notre dissidence et d'aborder les sujets interdits constituait une soupape indispensable à l'avènement éventuel de la Révolution tranquille », écrit Gérard Pelletier[37]. »
Catholicisme
« Cité libre s’est présentée dès le début comme une revue catholique, indépendante, clairement définie par son équipe en fonction de la foi et des valeurs chrétiennes, mais sans appartenance institutionnelle (une sorte de dissidence) à des autorités religieuses dont la revue critiquait le conformisme et le manque de vision pour l’avenir »[38].
Guy Cormier, « l’un des plus actifs cofondateurs » de Cité libre selon les sociologues Meunier et Warren[39], confirme clairement cette position quand il écrit dans le numéro 1 de la revue :
« Nous voulons d’un Québec chrétien mais chrétien par le dedans — ce qui est bien plus difficile — et non d’un État politico-religieux qui brime les consciences et caricature, aux yeux des voisins et de ses propres enfants, un catholicisme qui transcende l’Histoire et les régimes politique. Nous demandons un redressement des définitions. Nous demandons que le religieux se nomme le religieux, que le politique se nomme le politique. La confusion du spirituel et du temporel, du royaume de Dieu et de celui de César, confusion entretenue au seul profit des intérêts égoïstes et de l'orgueil démesuré des docteurs de toute robe a suffisamment duré. Quand votre oui sera un oui et votre non un non, nous entrerons d'un pas joyeux dans la maison. D’ici là, nous troublerons votre repos[40]. »
Personnalisme
Cité libre, fondée par d’anciens jécistes, s’inspirait tellement des idées d’engagement alors en vigueur dans la catholicité française « qu’un Pierre Vallières pourra prétendre qu’elle n’était tout bien pesé qu’une courroie de transmission de la revue Esprit ». (…) « Un écrivain comme Fernand Dumont, un cité-libriste de la première heure comme Guy Cormier, par exemple, ne se sont pas fait faute, lors de leurs séjours en sol français, de participer eux aussi à des réunions de la revue Esprit et de prendre contact avec la gauche catholique ». (…) Or la facture des idées que soumet à débat la revue Esprit peut se ramener à une philosophie à la fois cohérente et concrète dont on n’a jusqu’ici que peu souligné l’importance dans l’histoire des idées : le personnalisme. N’est-ce pas ce que confiaient Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau eux-mêmes lorsque, revenant sur l’idéologie de la revue de sa fondation jusqu’à leur départ pour la politique active, ils déclaraient avoir toujours « prêché une conception personnaliste de la société ? »[41].
Les Cahiers de Cité libre (1966-1971)
Cité libre devient ensuite une publication trimestrielle puis saisonnière sous le titre Cahiers de Cité libre (1966-1971). Au cours de cette période, dix-sept cahiers sont publiés, chacun traitant d’un thème particulier. Ainsi, trois Cahiers paraissent en 1966, quatre en 1967, trois en 1968, 1969,1970 et un seul (le dernier) en 1971.
Le dernier numéro des Cahiers de Cité libre paraît à l’hiver 1971. Il s’agit d’un dossier de 126 pages signé Jean Pellerin dont le grand titre ou thème est « Le XXIe siècle est commencé »[note 4]. Dans cet ouvrage, Jean Pellerin « tente de découvrir, à travers les aspirations et les attitudes de la jeunesse contemporaine, ce que sera le monde de demain, et son diagnostic est plus optimiste que pessimiste. Après les décennies troublées qu'elle traverse présentement, il est à prévoir que la société nord-américaine connaîtra une ère de sérénité où le mieux-vivre l'emportera sur le niveau de vie, préoccupation harassante des générations présentes[42].
Cité libre (1991-2000)
Cité libre, sous quelque forme que ce soit, cesse de paraître de janvier 1972 à juin 1990. Elle « revient », pour reprendre le terme de l’éditorial, en juillet-août 1991 sous son titre originel de Cité libre, sous la direction d’Anne-Marie Bourdouxhe[note 5],[note 6].
De 1991 à 2000, cinquante-trois numéros de Cité libre sont publiés à une fréquence irrégulière. Ainsi, cinq numéros sortent en 1991, neuf en 1992, quatre en 1993, six en 1994 et 1995, cinq en 1996, 1997, 1998, quatre en 1999 et 2000.
L’ultime dernier numéro sort à l’automne 2000, alors sous la co-direction de Max Nemmi et Monique Nemmi. Ce numéro, qui marque le 50e anniversaire de Cité libre (vol XXVIII, no 4), est un numéro spécial « Hommage à Trudeau »[note 7].
Articles connexes
Parti-pris (revue politique québécoise des années 1960)
Denise Robillard, Monseigneur Joseph Charbonneau, bouc émissaire d’une lutte de pouvoir, Québec : Presses de l’Université Laval, , 526 p. — Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Paul-François Sylvestre, « Un archevêque sacrifié », L’Express, (lire en ligne, consulté le )
Guy Laperrière, « À propos du congédiement de Mgr Charbonneau », La Tribune (La Presse), (lire en ligne, consulté le )
E.-Martin Meunier et Jean-Philippe Warren, « De la question sociale à la question nationale : la revue Cité libre (1950-1963) » (compte rendu), Recherches sociographiques, vol. 39, nos 2-3, , p. 291-316 (lire en ligne [PDF], consulté le )
« Cité libre (1950-2000) », sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec (consulté le )
Jean-Philippe Warren, « Gérard Pelletier et Cité libre : La mystique personnaliste de la Révolution tranquille », Revue Société. Le chaînon manquant, Montréal : Groupe autonome d’édition (Département de sociologie, UQAM), nos 20/21, , p. 313-446 (ISSN1195-8847, lire en ligne [PDF], consulté le ) — WorldCat
Jean-Herman Guay, « Cité libre, juin 1950 », Bilan du siècle. Université de Sherbrooke, (lire en ligne, consulté le )
Benoit Melançon, « Cité libre », L’Encyclopédie canadienne, (lire en ligne, consulté le )
Pierre Pagé, « Actualité et liberté de parole dans les revues catholiques : quelques jalons 1940-1975 », Études d’histoire religieuse, vol. 76, , p. 93-109 (lire en ligne, consulté le )
André Beaulieu, Jean Hamelinet al., « Les cahiers de Cité libre (Cité libre, juin 1950-juillet/août 1966) », La presse québécoise des origines à nos jours (1945-1954), Québec, Les Presses de l’Université Laval, t. 8, , p. 160-163
E.-Martin Meunier et Jean-Philippe Warren, « L’horizon « personnaliste » de la Révolution tranquille », Société. Le chaînon manquant, Montréal : Groupe autonome d’édition (Département de sociologie, UQAM), nos 20-21, , p. 347-448 (ISSN1195-8847, lire en ligne [PDF])[45],[note 8]
À lire aussi
Jean-Philippe Warren et E.-Martin Meunier, « L’horizon personnaliste et la Révolution tranquille », Revue Société. Le chaînon manquant, Montréal : Groupe autonome d’édition (Département de sociologie, UQAM), nos 20/21, , p. 347-448 (ISSN1195-8847, lire en ligne [PDF], consulté le ) — WorldCat
François Lamarche, « Il y a 60 ans, la grève de l’amiante ou les syndicats face au duplessisme », Éditions Vie économique, (lire en ligne)
Réjean Plamondon, « Recension du livre de Denise Robillard » (compte rendu), Culture et Foi, (lire en ligne, consulté le )
Lucia Ferretti, « Charbonneau et la géopolitique vaticane », Les Cahiers de lecture de L’Action nationale, vol. 8, no 3, , p. 5-6 (lire en ligne [PDF])
Roch Denis, Luttes des classes et question nationale au Québec 1948-1968, Montréal : Les Presses socialistes internationales, , 601 p. (lire en ligne [PDF])
Louise Bienvenue, « Le catholicisme québécois sur le divan. Les essais du psychanalyste André Lussier dans Cité Libre », Études d’histoires religieuses, vol. 76, , p. 111-128 (lire en ligne [PDF], consulté le )
Mariloue Sainte-Marie, « Les 50 ans de la révolution tranquille : Les documents témoins de la révolution tranquille », À rayons ouverts, no 84, (lire en ligne, consulté le )
↑« La faction majoritaire, si je puis dire, de cette équipe était issue de la Jeunesse étudiante catholique. Guy Cormier, Réginald Boisvert, Pauline Lamy, Jean-Paul Geoffroy, Renée Desmarais, Pierre Juneau, Fernande Saint-Martin, Alec Leduc et moi avions tous séjourné à la centrale de ce mouvement où nous avions rempli diverses fonctions. Mais nous y avions surtout vécu une intense camaraderie et mené une action importante (à nos yeux du moins) en milieu étudiant. Il s’était forgé entre nous un esprit d’équipe et d’entreprise commune auquel nous trouvions difficile de renoncer. Très jeunes, nous avions partagé l’ambition et possédé les moyens d’agir sur nos contemporains, non seulement à Montréal mais dans l’ensemble du Québec et du pays tout entier. Nous étions venus de l’Estrie, de la Mauricie, de Rigaud, du Saguenay, des Bois-Francs ; les provinciaux, parmi nous, étaient plus nombreux que les Montréalais. C’est la J.E.C. qui nous avait réunis dans la métropole comme permanents de la centrale ; c’est elle aussi qui nous avait permis de voyager d’Halifax à Vancouver et de prendre contact, au sud de la frontière, avec les jeunes Américains de notre génération, depuis New York jusqu’à Chicago, en passant par Cleveland et Notre Dame, Indiana. À la fin de la guerre, nous avions fait connaissance, au sein du même mouvement, avec nos camarades français, belges, suisses et latino-américains ; nous avions fondé la J.E.C. internationale. »[15].
↑Une équipe de rédaction embryonnaire existe au printemps 1950 mais c’est un an plus tard que l’équipe de rédaction souhaitée est installée. Gérard Pelletier parle toujours, dans sa biographie, des dix rédacteurs-fondateurs envisagés depuis le début. Il explique que les chiffres ronds sont sans doute « rassurants pour l’esprit » mais que, plus sérieusement, ce nombre de rédacteurs-collaborateurs permettait à chacun de « gagner sa vie » ailleurs et assurait l’indépendance financière de la revue, qui ne voulait dépendre ni des Jésuites, ni des Dominicains, ni des Oblats, ni d’un quelconque mécène mais « de nous-mêmes et de nous seuls »[18]
↑« Nous sommes là des centaines, depuis quelques années, à souffrir d'un certain silence; et c'est pourquoi Cité libre vient au jour », écrit La Rédaction (Gérard Pelletier)[32].
↑ Le texte de Jean Pellerin est daté du 10 octobre 1970 (page 125), qui est le jour de l’enlèvement du ministre du Travail du Québec, Pierre Laporte, par le Front de libération du Québec et qui est trouvé mort sept jours plus tard dans le coffre arrière d’une voiture.
↑Anne-Marie Bourdouxhe est la fille de Gérard Pelletier[43]
↑Dans le numéro de juillet-août 1991 (Cité libre, vol. XIX, no 1, « Nouvelle série »), Anne-Marie Bourdouxhe écrit : « Qui est du bord de Camille ? Qui donne raison à Horace d'avoir tué sa sœur parce qu'elle lui crie sa haine d'une cité qui sacrifie son bonheur personnel sur l'autel de la collectivité ? Il y a plus de trois siècles, Pierre Corneille consacrait une tragédie à cette question, à une époque d'ailleurs où les Français cherchaient à définir leur identité nationale.
« Bonheur personnel versus honneur collectif. Cette dichotomie est toujours d'actualité. Il suffit de voir la tête que font les souverainistes quand on a l'indécence de leur demander ce qu'il adviendra de notre niveau de vie dans un Québec indépendant. Poser la question, c'est se ranger du côté des métèques, se mettre en dehors de Rome.
« Et voilà pourquoi nous faisons revivre Cité libre, pour offrir une tribune à ceux qui, comme nous, veulent que le sens critique retrouve ses droits. Pour que les empêcheurs de tourner en rond dans l'unanimisme politique, quand ils écrivent, séjournent plus longtemps sur les présentoirs à journaux, pour qu'ils ne soient plus tous éparpillés çà et là, d'une semaine à l'autre, dans les pages d'opinions de nos grands quotidiens »[44].
↑La direction de Cité libre écrit alors en page 3 : « Ce numéro est très spécial à plus d'un titre. C'est le dernier de la troisième série de Cité libre déclenchée en juillet 1991. Pendant dix ans nous avons continué l'œuvre de nos prédécesseurs en luttant pour le libéralisme et l'unité canadienne. Avec ce dernier numéro, nous suspendons la publication régulière de la revue avec le sentiment d'avoir atteint nos objectifs. Dernier des quatre numéros célébrant le 50e anniversaire de la fondation de Cité libre, le destin a voulu que ce soit aussi celui où nous rendons hommage à la mémoire de son fondateur le plus célèbre : Pierre Elliott Trudeau »[44].
↑La revue SOCIÉTÉ est publiée au Québec depuis 1987 et elle paraît de façon irrégulière. Elle se propose: de favoriser la réflexion théorique sur les transformations fondamentales qui affectent les sociétés contemporaines ; de prendre au sérieux le sentiment d’une rupture par rapport au mode développement des sociétés modernes ; de débattre des enjeux normatifs qu’implique le passage à une postmodernité où se jouera, selon ce que nous pourrons en comprendre et choisirons d’en reprendre, le sens de la modernité de même que la signification des voies divergentes selon lesquelles il est question maintenant d’être sa postérité[46],[47].
↑Vincent Geloso est candidat au doctorat en histoire économique à la London School of Economics and Political Science. Dans cet ouvrage, l’auteur soumet que c’est la période 1945-1965, qualifiée de Grande Noirceur, qui devrait être considérée comme le début d’un authentique Grand Rattrapage et que la soi-disant Révolution tranquille a contribué au ralentissement de progrès par ailleurs nécessaires[48].
↑Éric Bédard est Docteur en histoire de l’Université McGill et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Il est professeur à la TÉLUQ, l’école supérieure de formation à distance de l’Université du Québec depuis 2005. « Cinquante ans après le début de la Révolution tranquille, l’idée de Grande Noirceur semble avoir été complètement intériorisée. (…) Ce passé sert le plus souvent de repoussoir ou de contre-modèle et permet de justifier les idées sinon les réformes les plus saugrenues : nouveau programme d’histoire au secondaire, éclipse de l’histoire nationale à l’université, inter/multiculturalisme prôné par nos élites, violence révolutionnaire, « renouveau pédagogique », etc. (…) Nos griefs étant tournés vers le passé, il est mal venu de critiquer le Québec issu de la Révolution tranquille. En effet, lorsqu’on n'adhère pas à la vulgate de la Grande Noirceur, on est confiné au camp des nostalgiques ou des réactionnaires ». (Extrait, pages 11 et 12)[49].
↑Échanges intellectuels entre la France et le Québec, 1930-2000 : Les réseaux de la revue Esprit avec La Relève, Cité libre, Parti pris et Possibles, Éditions L’Harmattan, , p. 59