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Dialectes turcs de Syrie et du Liban

Turkmène du Levant
Suriye ve Lübnan Türkmen ağızları
Pays Syrie, Liban
Typologie SOV agglutinante
Classification par famille

Les dialectes turcs de Syrie et du Liban aussi appelés dialectes turkmènes de Syrie et du Liban (Suriye ve Lübnan Türkmen ağızları en turc) sont des variétés de la langue turque utilisées au Levant.

La Syrie et le Liban ont connu plusieurs vagues de migrations de Turcs à partir du XIe siècle et ont été sous souveraineté ottomane durant quatre siècles du XVIe au XXe siècle. Durant cette période, plusieurs vagues de migrations vers la région se sont produites depuis l'Anatolie, que ces migrants soient sédentaires ou nomades. L'ensemble de ces Turcs installés au Proche-Orient sont appelés "Turkmènes" mais ne doivent pas être confondus avec les Turkmènes du Turkménistan.

Le turc ottoman a été la langue administrative de la Syrie et du Liban tandis que le turc dans ses formes locales (turkmènes) était utilisé par les groupes de Turkmènes disséminés dans la région. Cette diglossie a pris fin avec l'effondrement de l'Empire ottoman et l'arabe a remplacé le turc dans l'administration. Différentes politiques d'arabisation (sous Hafez el-Assad notamment) mais aussi l'acculturation des Turkmènes à l'environnement arabophone ont fait reculer l'usage des dialectes turkmènes. La langue turque maintient une présence avec l'ouverture d'Instituts Yunus Emre et l'enseignement du turc dans les territoires syriens occupés par la Turquie. De plus, le retour des Syriens réfugiés en Turquie après la guerre civile a aussi contribué à la présence de la langue turque en Syrie.

Cependant, le turc enseigné et utilisé par les réfugiés syriens est le turc standard basé sur le parler d'Istanbul. Les dialectes turkmènes de Syrie et du Liban diffèrent du turc de Turquie.

Dialectes turcs de Syrie

La langue turque est la troisième langue parlée en Syrie après l'arabe syrien et le kurde d'après The Encyclopedia of Arabic language and linguistics[1]. Le turc parlé en Syrie se divise en plusieurs branches[2] :

Il existe aussi des îlots linguistiques turcophones dans la province de Homs, Damas (dialecte yörük[2]) et sur le plateau du Golan[3]. Les Turkmènes de Homs, Hama et Tartous ont perdu l'usage du turkmène de Syrie[3]. Le turc standard basé sur le parler d'Istanbul est la langue d'enseignement dans les territoires administrés par la Turquie[4],[5],[6].

Dialecte turkmène d'Alep[7]

Ce dialecte appelé Halep Türkmen ağzı s'inscrit dans un continuum dialectal allant de Kilis et Gaziantep jusqu'à Alep[2]. Kadir Koç a noté le système phonologique du turkmène d'Alep et montre plusieurs spécificités :

  • Le son / (noté ə en azéri mais non noté en turc) est présent comme dans hesabına (prononcé ḥəsebine)
  • Le /ʕ/ issu de l'arabe est conservé dans les mots d'origine arabe ;
  • Les voyelles peuvent être courtes ou longues ;
  • Le n nasal /ŋ/ (noté ñ en tatar de Crimée) a été conservé comme dans biñ, Tañrı, biliñiz alors qu'il a disparu en turc moderne (bin, Tanrı, biliniz) ;
  • Le ğ est soit assimilé par la voyelle précédente et la prolonge (yazdığım est prononcé yazdıım, değil est prononcé deel), soit il se durcit en /g/ (yigit et non yiğit) ou en /ɣ/ (/taɣa/ alors que prononcé /daɰa/ en turc pour dağa) selon l'harmonie vocalique ;
  • Le /k/ en fin de syllabe ou de mot avec les voyelles a, ı, o et u se prononce /x/ (comme en azéri) comme dans yaxtılar (yaktılar en turc), pammıx (pamuk) et sıcax (sıcak) ;
  • Le turkmène d'Alep a développé des méthathèses comme l'azéri, comme torpax pour toprak ;
  • Il y a une duplication consonantique dans certains nombres (ikki pour iki, yeddi pour yedi) comme en azéri ;
  • Il y a une tendance à une harmonie vocalique quasi-complète comme dans sülelesinden alors qu'en turc moderne le mot est sülalesinden, həralda (herhalde), talabalarına pour talebelerine.

Dialecte turkmène du Bayırbucak

Dialecte turkmène du Golan[3]

Hülya Arslan Erol a souligné que le dialecte turkmène du Golan (Colan Türkmen ağzı) comprend des caractéristiques phonologiques proches du turc de Gaziantep, de Tall Afer (Irak) et de l'azéri. Le système phonologique relevé est proche de celui du turkmène d'Alep :

  • Le son / (noté ə en azéri mais non noté en turc) est aussi utilisé (birəz pour biraz) ;
  • Le son /ɛ/ (é en français, non noté en turc moderne) existe (gɛlin pour gelin, gɛce pour gece, bɛş pour beş), noté aussi avec la disparition du ğ comme en turkmène d'Alep (söyleyeceğim prononcé söyleyceem, değil prononcé deel) ;
  • L'allongement de voyelles (deemir pour demir, henii alors que hani en turc moderne, toblaanırlar pour toplanırlar) se retrouve dans les dialectes turkmènes d'Irak (Kirkouk, Tall Afer, Mandali et Khanaqin) ;
  • Pour les mots terminés par -r, le i se prononce entre le ı (/)/) et le i et le i ;
  • Le n nasal /ŋ/ qui existe en turkmène d'Alep existe aussi comme dans soñra (sonra), biñ (bin), galdıñız (kaldınız) ;
  • Le ğ se prononce /ɣ/ et remplace le g ou le k (galdıñız-kaldınız, güwənilmez-güvenilmez) ;
  • Le son /q/ est conservé alors qu'il est perdu en turc moderne (Türqmen-Türkmen, gɛrceq-gercek, başqa-başka, yuqqarı-yukarı) ;
  • Le w remplace le v (yawaş-yavaş, ewcilik-evcilik, yawru-yavru, ew-ev) ;
  • Le l est assimilé dans groupe consonantique -rl- (parladım en turc moderne devient parradım en turkmène du Golan), et -nl- (türkmenler devient türqmenner).

Dialectes turcs du Liban

Il existe quatre dialectes turcs/turkmènes utilisés au Liban dont la plupart sont délaissés au profit de l'arabe, du français et de l'anglais[8]. Le turc standard est enseigné par l'Institut Yunus Emre.

  • Le turc de Beyrouth qui n'est désormais plus utilisé par la population turkmène ;
  • Le turc de Tripoli apparenté au turc d'Istanbul et de Thessalonique du fait de l'origine des Turkmènes, mais qui n'est plus utilisé par les jeunes générations ;
  • Le turc de l'Akkar toujours parlé dans le village de Kouachra (en) ;
  • Le turc de la Bekaa.

Dialecte turc de l'Akkar

Dialecte turc de la Bekaa

Notes et références

  1. Kees Versteegh, Encyclopedia of Arabic language and linguistics, Brill, (ISBN 978-90-04-14473-6, 978-90-04-14474-3 et 978-90-04-14475-0)
  2. a b et c « {{{1}}} »
  3. a b et c Hülya Arslan Erol, « Suriye Colan (Golan) Türkmenleri Ağzı », Modern Türklük Araştırmaları Dergisi /Journal of Modern Turkish Studies, vol. 6, no 4,‎ , p. 40–63 (DOI 10.1501/MTAD.6.2009.4.43, lire en ligne, consulté le )
  4. (en-US) publish, « Turkey opens school to teach Turkish in Syria's al-Bab », (consulté le )
  5. (en-US) serbest, « Turkey targets next generation in north Syria by imposing language », (consulté le )
  6. (en) « Promotion of Turkish language in Syria's north elicits mixed reactions », sur en.majalla.com (consulté le )
  7. (tr) Kadir Koç, « Halep Türkmen Ağzının Fonetiği Üzerine Bazı Değerlendirmeler », International Social Sciences Studies Journal (SSSJournal), vol. 10,‎ (lire en ligne [PDF])
  8. (tr) Özgür Kasım Aydemir, « Lübnan Türkmenleri ve Dilleri », Tehlikedeki Diller Dergisi,‎ (lire en ligne [PDF])

Articles connexes

Information related to Dialectes turcs de Syrie et du Liban

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