Foo Fighters (album)Foo Fighters
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Foo Fighters est le premier album studio du groupe américain de rock alternatif Foo Fighters, publié le par Capitol Records sur le label de Dave Grohl, Roswell Records. Unique membre du groupe de l'époque, il écrit et enregistre seul l'intégralité de l'album, en dehors de quelques passages interprétés à la guitare par Greg Dulli, avec l'aide de son ami producteur Barrett Jones aux Studios Robert Lang de Seattle en 1994. Initialement, Dave Grohl enregistre cet album uniquement dans le but de s'amuser, décrivant l'expérience comme un exutoire après le suicide de Kurt Cobain, leader emblématique de son ancien groupe Nirvana. C'est seulement à la fin de l'enregistrement que Dave Grohl décide d'intituler son travail, dont il donne des copies à ses amis. Capitol Records montrant un intérêt pour cette réalisation, il signe un contrat auprès du label et cherche des musiciens dans le but de jouer les chansons en concert. Six singles, dont deux avec clip vidéo, et d'intenses tournées permettent au groupe de promouvoir l'album, recevant par la suite des critiques positives, que ce soit sur l'écriture des chansons ou les performances sur scène. L'album est un succès, puisqu'il est le deuxième album du groupe le plus vendu aux États-Unis et entre dans le top 5 des classements des meilleures ventes au Royaume-Uni, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. HistoriqueContexteAprès la mort du leader de Nirvana Kurt Cobain en avril 1994, Dave Grohl, le batteur du groupe, entre en dépression[1]. Il trouve alors difficile d'écouter et de jouer de la musique[p 1]. Il ne sait quoi faire et hésite même à arrêter sa carrière musicale malgré les quelques invitations de groupes lui proposant de les rejoindre. Il refuse ainsi de devenir le batteur de Danzig parce que « ça lui rappelle trop ce qu'il était au sein de Nirvana et qu'à chaque fois qu'il s’assoit derrière une batterie, il ne peut s'empêcher d'y penser »[p 2],[p 3]. Dave Grohl reprend la musique pour la première fois depuis la fin de Nirvana aux MTV Movie Awards 1994 avec le groupe du film Backbeat : Cinq Garçons dans le vent. Pendant la cérémonie, il est invité par Mike Watt à le rejoindre pour son album Ball-Hog or Tugboat?. À la suite de cela, Dave Grohl estime qu'il peut se lancer sur son propre projet musical[p 4], le considérant comme « une sorte de thérapie cathartique, pour enregistrer et sortir les chansons qu'il a lui-même écrites »[p 3]. Il réserve pour six jours les Studios Robert Lang, situé à 24 km au nord de Seattle et proche de chez lui, où il espère y enregistrer « son morceau préféré écrit il y a quatre ou cinq ans et que personne n'a encore entendu »[1]. Il est aidé par le producteur Barrett Jones, avec qui il a enregistré la démo Pocketwatch en 1992[a 1]. L'idée était que Grohl enregistre seul tous les instruments, puis publie l'album sous un nom laissant penser que c'était un groupe, comme Stewart Copeland l'avait fait sous le pseudonyme de Klark Kent à la fin des années 1970[p 1]. Enregistrement et productionEn octobre 1994, Dave Grohl et Barrett Jones produisent l'album en une semaine, Dave Grohl enregistrant le chant, la guitare, la basse et la batterie[a 1]. Les deux arrivaient le matin aux Studios Robert Lang, commençaient la production le midi et faisaient quatre chansons par jour[p 3]. Selon Dave Grohl, pendant cette période, il courait de pièce en pièce, « transpirant toujours. Il frappait la batterie de partout, puis attrapait la guitare pour jouer le morceau, ensuite la basse, et parfois encore une autre partie de guitare, buvait une gorgée de café puis y retournait pour jouer la chanson suivante ». La seule intervention extérieure sur l'album est celle de Greg Dulli (du groupe The Afghan Whigs) à la guitare sur X-Static. Chaque piste est achevée en environ 45 minutes. Les pistes ont été enregistrées dans le même ordre que celui de publication sur l'album. La seule qui nécessita une deuxième session fut I'll Stick Around[a 1]. Dave Grohl n'étant pas sûr de son chant, il ajouta des effets sur Floaty[p 6] et essaya d'améliorer son interprétation en doublant sa voix. « Vous savez comment on double les voix pour qu'elles soient plus puissantes ? Sur cet album, elles sont quadruplées »[p 3]. Dans le but de garder son anonymat, Dave Grohl prévoit de publier les chansons sous le nom de Foo Fighters[p 4] et en une petite série de seulement 100 LP imprimés juste à l'issue de l'enregistrement[a 2]. Il fait aussi des copies sur cassette audio afin de les distribuer à ses amis et ainsi d'avoir leurs avis. Eddie Vedder de Pearl Jam présente deux titres de Grohl en exclusivité lors de son émission de radio pirate Self-Pollution[2] du 8 janvier 1995, Exhausted[p 4] et Gas Chamber, reprise de The Angry Samoans[3]. Les enregistrements circulent beaucoup et arrivent rapidement dans le milieu de l'industrie musicale, ce qui suscite l'intérêt de labels discographiques. Un contrat est ensuite signé avec Capitol Records, dont le président Gary Gersh est un ami proche de Dave Grohl puisqu'il a travaillé pour Geffen Records, le label de Nirvana[p 2],[p 7]. Plus tard, Dave Grohl est invité par Tom Petty à jouer avec son groupe The Heartbreakers lors de l'émission Saturday Night Live. À la suite de cette prestation, il lui propose de devenir membre du groupe, mais Tom Petty apprend pour Foo Fighters et l'encourage à poursuivre son projet solo[p 8]. Grohl recrute ensuite les autres membres du groupe : Nate Mendel à la basse et William Goldsmith à la batterie, tous deux du groupe Sunny Day Real Estate qui venait juste de se séparer, et Pat Smear, l'ancien guitariste de scène de Nirvana et membre de The Germs[1]. Parutions et réceptionAu printemps 1995, Foo Fighters commence sa première tournée aux États-Unis en première partie de Mike Watt aux côtés du groupe Hovercraft qu'Eddie Vedder (Pearl Jam) accompagne pour l'occasion. En plus de leurs groupes, Eddie Vedder et Dave Grohl jouent respectivement de la guitare et de la batterie pour Mike Watt. En mai, les radios KROQ et KNDD commencent à diffuser certaines chansons de l'album à venir. Capitol Records leur envoie alors une ordonnance de cessation et d'abstention. Le 12 juin, les titres Exhausted et This Is a Call sont envoyés aux radios Campus radio et Modern rock[p 7]. This Is a Call sort en single une semaine plus tard, devenant le premier disque commercialisé du groupe[a 3]. Foo Fighters est publié le 4 juillet 1995 sur le label Roswell Records et distribué par Capitol Records. Le groupe en fait la promotion en réalisant une nouvelle tournée américaine de 25 dates durant l'été en compagnie des groupes Wool et Shudder to Think. Foo Fighters fait aussi ses débuts à la télévision dans l'émission Late Show with David Letterman le 14 août où ils jouent This Is a Call[4]. D'autres concerts plus importants sont prévus par la suite, avec des festivals européens comme Pukkelpop[5], les Reading and Leeds Festivals[6] et Lowlands[a 4],[7]. I'll Stick Around est le deuxième single, publié le 4 septembre. Il marque aussi les premières vidéos de Foo Fighters puisque la chanson bénéficie d'un clip, réalisé par Gerald Casale. À l'automne, le groupe continue de faire d'intenses tournées[a 4], dont une en Europe avec Built to Spill[p 9], puis part au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande[a 4]. Près d'une centaine de concerts sont donnés en 1995, plus de soixante-dix dates sont programmées pour l'année qui suit, dont le Phoenix Festival le 19 juillet 1996[a 4],[8]. Trois autres singles sont issus de l'album, For All the Cows en 1995[o 1], et Big Me et Alone+Easy Target en 1996[p 10]. Big Me est le premier single disponible aux États-Unis et le deuxième à bénéficier d'un clip vidéo, qui est une parodie d'une publicité pour Mentos et dont la réalisation a été confiée à Jesse Peretz[p 11]. Accueil critiqueNotation des critiques
Foo Fighters reçoit majoritairement de bonnes critiques lors de sa sortie. De nombreux journalistes le comparent à ce que faisait Nirvana[a 5]. David Browne, de Entertainment Weekly, considère que « les chansons de Grohl canalisent les démos saturées de riffs de Nirvana et qu'il a la même voix brusque que Kurt Cobain, pleine de passion »[12]. Pour Spin, Terri Sutton fait la comparaison stylistique avec Nevermind, disant que « la première moitié [...] tient de Nevermind et qu'il est tentant de l'écouter comme Nevermind nous a appris à écouter »[p 12]. Paul Rees, de Kerrang!, admet que « Foo Fighters ne peut pas nous empêcher d'évoquer Kurt Cobain, malgré les hurlements inconstants de Grohl ou bien les rythmes lent-lent-rapide d'un certain nombre de chansons », mais considère tout de même que le disque « est puissant et qu'il vaincra ou tombera de son propre mérite »[p 15]. Le Billboard magazine complimente « l'écriture inspirée et les interprétations passionnées », ajoutant que l'album peut plaire aux fans de grunge, mais « aussi aux fans d'autres styles de rock ou de punk, allant de Green Day à The Offspring en passant par Better than Ezra »[p 7]. L'album reçoit des appréciations négatives mineures pour son manque d'intensité, dont la plupart sont dues au fait que Dave Grohl joue tous les instruments tout seul. Le journaliste d'AllMusic Stephen Thomas Erlewine écrit : « Comme il a enregistré l'album tout seul, il n'est pas aussi puissant que la plupart des nouveaux groupes, mais le travail est impressionnant »[9]. Robert Christgau dit sur son site que « l'esprit est fort, mais l'identité faible »[11]. Alex Foege, de Rolling Stone, décrit l'album comme « un remarquable premier album solo bien que sobre » et estime que « la seule déception, malgré l'atmosphère du studio-maison, est que l'album en dit peu à propos de son créateur »[10]. Le New York magazine définit la musique et le chant de Grohl comme déviants du son grunge, mais vante « les harmonies serrées à la Beatles » et les paroles « importantes dans les moments les plus poétiques »[p 14]. En 1996, l'album est nommé aux Grammy Awards dans la catégorie « Meilleur album de musique alternative », mais est battu par le MTV Unplugged in New York de Nirvana[13]. Il est aussi classé deuxième meilleur album de l'année 1995 par le magazine Rolling Stone, derrière To Bring You My Love de PJ Harvey[p 16], sixième du sondage Pazz & Jop du Village Voice[14] et vingtième de la liste des meilleurs albums de l'année du magazine Spin[p 17]. Succès commercialLe succès commercial de Foo Fighters est assez remarquable. Aux États-Unis, il entre dans le Billboard 200 à la vingt-troisième place, avec 40 000 copies vendues la première semaine[p 18]. L'album débute à la deuxième place des classements de vente en Nouvelle-Zélande[15], à la cinquième de ceux au Canada[16], et à la troisième des australiens[17] et britanniques[18]. En décembre, l'album s'est vendu à plus de 900 000 exemplaires sur le territoire américain et à plus de 2 millions dans le monde[p 18]. Le 27 septembre 1995, l'album est certifié disque d'or par la Recording Industry Association of America (RIAA), puis disque de platine le 26 janvier 1996. En 2011, l'album s'est écoulé à 1,468 million en Amérique du Nord, soit le deuxième plus gros succès du groupe après The Colour and the Shape, qui sera l'album suivant[19]. Foo Fighters est aussi disque de platine au Canada et disque d'or au Royaume-Uni et en Australie. Caractéristiques artistiquesAnalyseNeuf titres de l'album ont été composés avant ou pendant l'époque Nirvana et étaient déjà parus sur une démo publiée par Dave Grohl sur une cartouche audio enregistrée par ses soins[p 8]. Les trois morceaux écrits après la mort de Kurt Cobain sont This Is a Call, Oh, George et I'll Stick Around[p 19]. La musique est en grande majorité du hard rock avec des dynamiques lentes-rapides, comme sur Smells Like Teen Spirit et Heart-Shaped Box de Nirvana[a 1]. Des variantes sont incluses dans Exhausted, chanson que Grohl définit comme « triste mais qui te fait te sentir bien »[a 2]. Avec « des mélodies pop et des sons de guitare distordus, l'album se rapproche fortement de Nirvana, mais avec une approche plus délicate »[9]. Ces « effets de guitare attestent de la présence de Dave Grohl sur la scène hardcore de Washington à la fin des années 1980 » lorsqu'il évoluait dans le groupe Scream. Mais c'est aussi des « mélodies plus punk-rock fantastique » comme avec This Is a Call, dont la fin « est jouée à coups de riffs de guitares punchys et à la batterie, puissante et précise en même temps »[10]. La plupart des paroles de l'album n'ont pas de sens et sont juste des lignes écrites par Grohl vingt minutes avant l'enregistrement[p 20], qu'il explique par le fait qu'« il avait sept jours pour enregistrer quinze chansons et qu'il était juste concentré à ce que tout soit bien ensemble, rigoureux et synchronisé. Il n'y avait pas beaucoup de temps pour rester assis sur une chaise à réfléchir »[p 21]. Il explique qu'ajouter du charabia était délibéré, « qu'il y avait trop de choses à dire » après la mort de Kurt Cobain et « qu'il y avait beaucoup d'exagération sur la signification du premier album de Foo Fighters »[p 8]. Le chanteur considère toujours que « les mots écrits sans réfléchir sont les plus révélateurs. Maintenant qu'il les regarde, beaucoup de ceux-ci ont du sens pour lui »[p 21]. Il ajoute que quelques paroles sont inspirées « d'expériences personnelles de ses quatre ou cinq dernières années », dont l'apogée est le morceau Big Me, une « chanson pleine d'amour » pour sa femme d'alors Jennifer Youngblood qu'il décrit comme sa préférée de l'album[p 6]. En contraste avec le style agressif et rebelle de Nirvana, Dave Grohl compose des chansons positives et joyeuses comme This Is a Call, définie comme un « bonjour » et un « merci » à tous ceux qui ont eu un rôle clé dans la vie du musicien[a 1], l'enjoué For All the Cows et Wattershed, dont le titre est une référence à Mike Watt alors que les paroles décrivent « l'amour du hardcore et du vieux punk rock » de Grohl[a 2]. Néanmoins, I'll Stick Around, deuxième single de l'album, est décrit par Dave Grohl « comme une chanson très négative à propos du sentiment d'être violé ou privé de quelque chose » et le considère « comme la chanson la plus puissante qu'il ait jamais écrite, parce que c'est la seule qui le touche encore émotionnellement »[p 19]. PochetteLe nom « Foo Fighters » est choisi d'après le phénomène des chasseurs fantômes (« foo fighters » en anglais) observés par des pilotes d'avion lors de la Seconde Guerre mondiale et en relation avec les OVNIs[p 2]. La science-fiction est un thème récurrent chez Dave Grohl puisqu'il nomme son label « Roswell Records », en référence à la ville de Roswell connue pour un hypothétique crash d'OVNI en 1947. La pochette de l'album, faite par sa femme de l'époque et photographe Jennifer Youngblood, représente le pistolet désintégrateur de Buck Rogers XZ-38[a 6]. Certains critiques considèrent que cette image de pistolet est indélicate[p 22], étant donné que Kurt Cobain s'est lui-même tué par balle, mais Dave Grohl a toujours déclaré que c'était une coïncidence[p 2],[p 21]. William Goldsmith expliquera plus tard que « tout est basé sur ce qui touche aux chasseurs fantômes : Roswell, l'espace et l'antique pistolet laser de Buck Rogers. C'est une chose complètement séparée et Dave n'avait même pas conscience de ça »[p 21]. Bien que Dave Grohl soit l'unique contributeur de l'album, Capitol Records insiste pour qu'une photo du groupe au complet soit incluse dans le livret[a 7]. Fiche techniqueListe des chansonsToutes les chansons sont écrites et composées par Dave Grohl.
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