Contrairement à la formule de Clapeyron qui est valable quelles que soient les conditions de pression et température, c'est-à-dire du point triple au point critique dans le diagramme de phase du corps pur, cette relation simplifiée n'est valable que :
si le volume molaire du liquide est négligeable devant celui du gaz, c'est-à-dire pour un équilibre loin du point critique ;
si le gaz se comporte comme un gaz parfait, c'est-à-dire pour un équilibre aux basses pressions.
la différence des volumes molaires du corps pur respectivement dans les phases gazeuse et liquide à la température et sous la pression (en mètres cubes par mole, m3/mol).
Si l'on est suffisamment loin du point critique du corps pur, le volume molaire du liquide est négligeable devant celui du gaz[4] :
D'autre part, à des pressions de l'ordre de la pression atmosphérique le gaz peut être considéré comme parfait, aussi son volume molaire peut-il être calculé selon la loi des gaz parfaits :
En supposant que l'enthalpie de vaporisation est de la forme :
avec un paramètre d'ajustement pouvant être un nombre non entier, voire un nombre négatif, les bases de données comme la base DIPPR de l'AIChE[8] donnent une équation d'Antoine étendue à sept constantes[9] :
Équation d'Antoine étendue :
avec :
La constante est introduite à postériori pour ajuster plus précisément la corrélation à des données expérimentales[9],[10]. Dans la pratique, les sept constantes sont toutes déterminées sur base de données expérimentales, notamment afin d'appliquer cette équation sur toute l'étendue de la courbe d'équilibre liquide-vapeur, du point triple au point critique, malgré les hypothèses simplificatrices prises pour l'établir.
En prenant et on retrouve la formule de Duperray.
Si l'on considère l'enthalpie de vaporisation comme une constante, , on obtient la formule de Rankine[11] :
Formule de Rankine :
soit, de façon explicite :
Formule de Rankine :
En introduisant une troisième constante on obtient l'équation d'Antoine :
Équation d'Antoine :
Aux basses températures on peut approximativement considérer que l'enthalpie de vaporisation varie selon une droite de pente négative (voir figure 1), soit avec et , on obtient la formule de Dupré[6] :
Formule de Dupré :
L'enthalpie de vaporisation devant avoir une tangente verticale au point critique (voir figure 1), comportement qui ne peut être qu'approché par une forme polynomiale, la formule de Riedel se base sur les paramètres , et , soit , ce qui induit :
La température et la pression d'équilibre associée d'un gaz au contact de son liquide peuvent être mesurées expérimentalement dans un autoclave. On peut ainsi déterminer l'évolution de la pression d'équilibre ou pression de vapeur saturante en fonction de la température. En considérant que l'enthalpie de vaporisation est constante sur l'intervalle de température expérimental, selon la formule de Rankine :
d'où :
Si l'on trace le graphe on obtient une droite de pente négative, voir figure ci-contre :
La détermination graphique de cette pente permet le calcul de l'enthalpie de vaporisation :
Météorologie
En météorologie, la formule de Clausius-Clapeyron est utilisée couramment dans les diagrammes thermodynamiques comme les téphigrammes, Skew-T et émagrammes pour le calcul des énergies de changement de phase de l'eau atmosphérique (notée ). Sur un diagramme pression-température (P-T), la ligne séparant les deux phases est la courbe de coexistence . Pour la pression de vapeur saturante de l'eau , la formule de Clausius-Clapeyron devient[13] :
Une augmentation de température de 1 °C est associée une augmentation globale de l’humidité de l’atmosphère d’environ 7 % conformément à la loi de Clausius-Clapeyron qui régule la quantité d’eau dans l’atmosphère en fonction de la température. Dans ses scénarios RCP, le GIEC estime l’augmentation des précipitations de 1 à 3 % °C−1 pour les RCP 4.5, RCP 6 et RCP 8.5, et 0,5 à 4 % °C−1 pour le RCP 2.6[14].
Dans ces deux types de diagramme, le point d'ébullition de divers corps sont tracés en fonction du point d'ébullition d'un corps de référence. Les courbes obtenues sont quasiment des droites. Ces droites sont calculées en intégrant la formule de Clausius-Clapeyron en utilisant l'hypothèse de l'enthalpie de vaporisation constante.
Notes et références
Références
↑É. Clapeyron, « Mémoire sur la puissance motrice de la chaleur », Journal de l'École polytechnique, vol. 23, , p. 153-191 (lire en ligne), p. 173.
↑(de) R. Clausius, « Ueber die bewegende Kraft der Wärme und die Gesetze, welche sich daraus für die Wärmelehre selbst ableiten lassen » [« On the motive power of heat and the laws which can be deduced therefrom regarding the theory of heat »], Annalen der Physik, vol. 155, no 4, , p. 500–524 (DOI10.1002/andp.18501550403, Bibcode1850AnP...155..500C, lire en ligne), p. 505.
Jean-Pierre Corriou, Thermodynamique chimique : Définitions et relations fondamentales, vol. J 1025, Techniques de l'ingénieur, coll. « base documentaire Thermodynamique et cinétique chimique, pack Opérations unitaires. Génie de la réaction chimique, univers Procédés chimie - bio - agro », (lire en ligne), p. 13.