Gabriel Ier de Montgommery
Gabriel Ier de Montgommery
Gabriel de Lorges, comte de Montgomery (1530-1574).
Anonyme, XVIe siècle (musée d'histoire de l'art de Vienne).
Gabriel de Lorges, comte de Montgommery (qui signait Mongonmery[1]), seigneur de Ducey, seigneur de Lorges[3], né à Ducey le et exécuté à Paris le , est un homme de guerre français, régicide involontaire d’Henri II. Il fut par la suite l'un des commandants protestants les plus capables de l'amiral de Coligny durant les guerres de Religion. BiographieLe tournoi de la rue Saint-AntoineFils de Jacques Ier de Montgomery, originaire d'Écosse, Gabriel de Lorges était le capitaine de la garde écossaise du roi Henri II. Le , lors du tournoi organisé par Henri II pour célébrer le mariage de sa fille Élisabeth avec Philippe II d'Espagne, Montgommery affronte et blesse mortellement son souverain, lui transperçant accidentellement l'œil de sa lance. Le roi agonisa dix jours durant, et, malgré la présence de son chirurgien Ambroise Paré, mourut le . En effet, Paré n’était encore que « simple chirurgien » et seuls les médecins avaient le droit de soigner le roi. Jean-François Dreux du Radier en fait la relation suivante en 1759 :
— Jean-François Dreux du Radier, Tablette anecdotes et historique de rois de France depuis Pharamond jusqu'à Louis XV[4]. Prophétie de NostradamusOn a voulu faire correspondre à cette mort accidentelle d’Henri II l'une des prophéties faites par Nostradamus :
— Nostradamus[5]. Celui qui tua a jouster le roy HenryHenri II exonère Montgommery de toute faute et l'aurait absous de tout blâme sur son lit de mort : « — Ne vous souciez, répondit Henri d'une voix faible. Vous n'avez besoin de pardon, ayant obéi à votre roy et fait acte de bon chevalier et vaillant homme d'armes. » Le jeune comte prit la fuite le jour même du drame. Il devint pour tous et partout en Europe : « Celui qui tua a jouster le roy Henry ». Dès la première séance du Conseil privé qui se tint le lendemain de l’avènement de François II, il fut banni de la cour et cassé de son grade de capitaine de la garde écossaise[6], le régicide se réfugia un temps à Venise, puis revint sur ses terres de Normandie. Choqué par le massacre de Wassy, Montgommery se convertit et adhère à la Réforme à Saint-Lô et installe un prêche en son château de Ducey. La nouvelle de son ralliement est vécue comme un soulagement et un espoir pour les protestants par delà la Normandie. Pendant la première guerre de ReligionLe , lors de la première guerre de Religion, il prend la ville de Bourges sans faire une seule victime, mais l'armée et la foule en rage saccagent les décorations, images et statues des églises de la ville. Il se distingue ensuite à Rouen à la tête des protestants qui se sont emparés de la ville, assiégée par l'armée royale[7]. Il repousse plusieurs assauts, avant de s'enfuir in extremis, en barque, le . Il force un barrage dressé à Caudebec, en travers de la Seine, et rejoint Le Havre que les protestants avaient ouvert aux Anglais[8]. Là, il rassemble de nouvelles troupes et avec l'amiral de Coligny, s'empare de Caen et ravage la Basse-Normandie[9], s'opposant au maréchal de Matignon. Le libérateur de la Navarre et du BéarnLors de la troisième guerre de Religion (1568-1570), il est un des grands capitaines du camp protestant dans les campagnes de Guyenne, Périgord, Quercy et Béarn. La reine de Navarre Jeanne d'Albret fait de Montgommery son lieutenant général pour reconquérir ses États. En trois semaines, il reconquiert le Béarn, prenant Orthez et faisant exécuter systématiquement tous les prisonniers catholiques. Il ravage Tarbes, prend Saint-Sever et Mont-de-Marsan, rase l'abbaye d'Hagetmau[10] et s'installe sur l'Adour. Durant la bataille de Jarnac, il tente sans succès de dégager Condé. Chassé de Mont-de-Marsan par Blaise de Monluc le , il doit fuir en abandonnant son artillerie. Non poursuivi en raison d'un désaccord entre Monluc et Damville, il reprend sa campagne en Gascogne. Les excès qu'il y commet sont immenses et frappent de terreur la population. Après la bataille de Moncontour, Montgommery rejoint Coligny, et ils dirigent ensemble leurs forces sur Toulouse. La paix de Saint-Germain, en 1570, met fin à cette campagne. Le général des huguenotsDurant le massacre de la Saint-Barthélemy, il put échapper aux tueurs car il était logé avec d'autres protestants de l'autre côté de la Seine, dans le faubourg Saint-Germain. Après l'assassinat de l'amiral de Coligny, un huguenot blessé traversa la Seine à la nage pour les avertir du danger. Montgommery et ses hommes prirent aussitôt la fuite à bride abattue, pourchassés par deux cents cavaliers menés par Henri de Guise, par le duc d'Aumale, son oncle et par le grand prieur de France, Henri, duc d'Angoulême, frère bâtard de Charles IX. Montgommery trouva refuge avec sa famille sur l'île de Jersey. Sa tête fut aussitôt mise à prix par Charles IX, furieux de le savoir vivant et en liberté. Des chasseurs de primes le pourchassèrent jusqu'en Angleterre où Catherine de Médicis réclama à plusieurs reprises son extradition. La reine Élisabeth lui fit répondre :
En 1573, le comte amène d'Angleterre une escadre de protestants français pour délivrer les Rochelais du siège entrepris par le duc Henri d'Anjou. Il échoue. Avec ses navires, il repart vers le nord et s'empare de Belle-Île. Quelques semaines plus tard, il est délogé de Belle-Île et retourne à Londres. L'exécution du comte de MontgommeryCatherine de Médicis finit par obtenir satisfaction en 1574. Montgommery, ayant débarqué avec une armée de 5 000 hommes à Saint-Vaast-la-Hougue, pour reprendre le Cotentin, est assiégé dans Domfront le et se rend le 27 mai au maréchal de Matignon[11]. Conduit à Paris à la prison de la Conciergerie, il est condamné pour crime de lèse-majesté, puis torturé et décapité en place de Grève le , sous les yeux de Catherine de Médicis qui assiste au spectacle depuis une fenêtre de l'hôtel de ville. Il a le temps de saluer son ami Fervacques avant de faire ses prières à la foule. Informé sur l'échafaud qu'un édit royal confisquait ses biens et privait ses enfants de leurs titres, il dit à ses bourreaux : « Dites à mes enfants que s'ils ne peuvent reprendre ce qui a été pris, je les maudis de ma tombe. » Dans les arts populairesAlexandre Dumas a donné une version romancée de l’histoire de Montgommery dans son roman Les deux Diane, qui a en réalité été entièrement écrit par son ami Paul Meurice. Hommage contemporainUn collège de la ville de Ducey porte le nom de Gabriel de Montgomery, orthographié avec un seul m, contrairement à l'usage de conserver un seul m pour les Montgomery des branches britanniques et irlandaises et deux m pour les descendants de René de Montgommery qui se sont installés en France. Notes et références
Voir aussiSources primaires
Bibliographie
Articles connexesLes Montgommery tiennent leur nom de Montgommery, ancienne paroisse du Calvados, divisée aujourd'hui en Saint-Germain-de-Montgommery et Sainte-Foy-de-Montgommery, d'où leur ancêtre Roger de Montgommery est parti pour la conquête normande de l'Angleterre en 1066.
Liens externes
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