Fille d'Odette-Emma Kahn (1906-1984), secrétaire juridique et déportée résistante, et d'André-Élie Laroque (1898-1963), juriste, mère de Jean-Louis, François et Isabelle Rey, elle est la cousine de Pierre Laroque, considéré comme l'un des pères du système français de Sécurité sociale mis en place en 1945[3].
Carrière administrative
Geneviève Laroque commence sa carrière administrative en 1953[4]. Secrétaire administrative au sein du Ministère des Armées (1953-1956), puis sous-chef de service administratif au Ministère des Transports-Aviation civile (1956-1963), elle intègre l’ENA en 1963 par la voie du concours interne, alors qu’elle est déjà mère de trois enfants. Issue de la promotion Stendhal[5], elle entre en 1965 au Ministère de l'Éducation nationale, en tant qu'administratrice civile, où elle occupe successivement les fonctions de chef de bureau de la Promotion sociale (1965-1968), de Secrétaire générale de la Faculté de droit et sciences économiques de l'Université de Nanterre (1968-1969) de Secrétaire générale au rectorat de l’Académie de Paris, puis chargée de mission auprès du directeur de « l’éducation permanente » (1969-1972).
De 1973 à 1982, sa carrière se poursuit au sein de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, dont elle devient Directrice déléguée pour les établissements de moyens et longs séjours. Là, elle participe au mouvement d’humanisation des hospices.
De 1982 à 1996, elle s'investit dans les ministères sociaux. En tant qu'Inspectrice générale des affaires sociales, elle publie plusieurs rapports notables sur les soins palliatifs en 1985, sur les personnes âgées dépendantes en 1989 et sur le vieillissement des personnes handicapées en 1995. Elle est également très active dans la dénonciation du phénomène de sur-psychiatrisation des personnes âgées[6],[7].
Geneviève Laroque a dirigé le cabinet de Michel Gillibert, Secrétaire d’État chargé des handicapés et accidentés de la vie en 1988, puis le cabinet de Théo Braun, Ministre délégué chargé des personnes âgées en 1990. Elle est à l'origine de la révision des modes de calcul des forfaits de soins des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), qui sont désormais établis en fonction du degré de dépendance, et non plus du statut de l’établissement d’accueil[8].
Responsabilités associatives
En 1991, elle devient présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie, et s'applique jusqu'à son décès à contribuer au développement de la recherche française dans ce domaine et à se battre en faveur d’une meilleure prise en charge des personnes en perte d’autonomie[9].
Geneviève Laroque s'est impliquée dans de très nombreuses instances hors du domaine de la gérontologie, et plus particulièrement dans les champs
de la santé mentale et du handicap mental,
de l'enfance et de la famille,
et plus généralement dans le champ social.
Contribution au développement des soins palliatifs
Dans le cadre de ses responsabilités de haut fonctionnaire dans les ministères sociaux, Geneviève Laroque a apporté une contribution essentielle au développement des soins palliatifs en France[10]. En 1985, elle se voit confier par Edmond Hervé, Secrétaire d'État à la Santé, la présidence d’un groupe de travail chargé de proposer des mesures en vue d’améliorer l’accompagnement des personnes en fin de vie. Son rapport est remis en et est rendu public après les élections législatives de 1986 par la nouvelle ministre Michèle Barzach[11]. Il comporte la proposition de plusieurs mesures qui seront mises en application par une circulaire du [12] qui est considérée comme une étape décisive dans la construction du modèle français des soins palliatifs [13].
Le docteurMaurice Abiven est le premier médecin à saisir l’opportunité ouverte par la Circulaire Laroque[14] en créant dès le mois de une première unité de soins palliatifs à Paris[15].
Geneviève Laroque fera de la question de l’aide aux mourants une préoccupation constante bien après la fin de sa carrière professionnelle, n’hésitant pas à publier ses prises de position en particulier à l’occasion de faits d’actualités ou de débats touchant à la problématique de l’euthanasie, dont elle a toujours considéré qu’elle ne devait pas être réglementée [16],[17].
Publications
Ouvrages collectifs
Collectif, Vieillesses Interdites, L'Harmattan, , 216 p. (ISBN978-2-7475-6386-4, lire en ligne), p. 87 et ss. - Sexe, mensonge et vieillissement
Collectif, Etudes sur la mort : Mourir âgé en institution, vol. 126, L'Esprit du temps, (ISBN978-2-84795-032-8), p. 19 et ss. – Vivre et mourir très âgé en maison de retraite : un défi
Collectif, Vivre avec Alzheimer, L'Harmattan, (ISBN978-2-7475-8345-9), p. 152 et ss. – Chapitre VII : L’histoire de Robert
Collectif, Gérontologie Sociale : Héritages et Réflexions Contemporaines, Paris, L'Harmattan, , 303 p. (ISBN978-2-296-96048-0), p. 115 et ss. – Grandir, c’est vieillir
Préfaces
Anne Métral, Vivre âgé jusqu'au bout : Le quotidien d'une institution, Chronique Sociale, , 143 p. (ISBN978-2-85008-359-4)
Louis Ploton, La personne âgée : Son accompagnement médical et psychologique et la question de la démence, Chronique Sociale, (ISBN978-2-85008-522-2)
Renée Sebag-Lanoë, Propos sur le grand âge : Réfléchir une expérience, Rueil-Malmaison, Doin Editions, , 116 p. (ISBN978-2-7040-1265-7)
Catherine Bergeret-Amselek, La Cause des aînés : pour vieillir autrement et mieux, Paris, Editions Desclée de Brouwer, , 403 p. (ISBN978-2-220-06240-2)
Jacqueline Maslowski, Histoire(s) de vieillir debout : Apprendre à vieillir, Lyon, Chronique Sociale, , 205 p. (ISBN978-2-85008-897-1)
Geneviève Arfeux-Vaucher et Louis Ploton, Les démences au croisement des non-savoirs : chemins de la complexité, Rennes, Presses de l'EHSP, , 220 p. (ISBN978-2-8109-0105-0)
France Mourey et Paule Melon, Les bons gestes avec les personnes âgées : guide de premiers secours pour les aider au quotidien, Paris, Scrineo Editions, , 250 p. (ISBN978-2-919755-94-3)
La promotion 2013-2014 des Directeurs d'Établissements Sanitaires, Sociaux et Médico-sociaux (DESSMS) de l'EHESP (École des Hautes Études en Santé Publique) a été baptisée "Promotion Geneviève Laroque".
↑Article L. 314-2 du Code de l'action sociale et des familles
↑Bernard Ennuyer, « L'engagement de Geneviève Laroque dans le collectif une société pour tous les âges », Gérontologie et société, vol. 35 / n° 143, no 4, , p. 15–22 (ISSN0151-0193, lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Christophe Mino et Emmanuel Fournier, Les Mots des derniers soins : La démarche palliative dans la médecine contemporaine, Paris, Les Belles Lettres, , 353 p. (ISBN978-2-251-43019-5).
↑Bulletin Officiel du Ministère de la Santé, Rapport du Groupe de travail « Aide aux mourants », vol. 86/32 bis, Paris, Ministère des affaires sociales et de l’emploi – Ministère chargé de la Santé et de la Famille, .
↑Circulaire DGS/3D du 26 août 1986 relative à l’organisation des soins et à l’accompagnement des malades en phase terminale.
↑Annick Barrau, Humaniser la mort – Est-ce ainsi que les hommes meurent ?, l’Harmattan, , 186 p. (ISBN978-2-7384-1975-0), p. 119.