Gustave Adolphe Hervigo est un artiste peintre né à Rambouillet le , mort à Rambouillet le .
Biographie
L'enfance de Gustave Hervigo se partage entre sa ville natale de Rambouillet, où très tôt il travaille auprès de son père au métier d'artisan-bourrelier, et des vacances estivales à Douarnenez. Intéressé par la peinture dès le plus jeune âge, autodidacte quoique recevant les conseils du peintre rambolitain Henri Laigneau, c'est cependant dans la fabrication de la maroquinerie qu'après la Première Guerre mondiale, marié et s'étant installé à Paris, il s'investit avec succès, travaillant pour les maisons de Haute couture[1]. Peignant toujours cependant, Gustave s'ouvre aux expositions parisiennes en présentant un tableau au Salon des indépendants de 1925 (manifestation à laquelle il restera fidèle puisque l'on relève toujours son nom parmi les exposants de 1984[2]). Il devient membre de la Société nationale des beaux-arts en 1930.
Dans l'obligation de se cacher, car juif, pendant la Seconde Guerre mondiale, Gustave Hervigo est généreusement accueilli, pendant plusieurs années à compter de 1941, par un couple de Videix (Haute-Vienne). Contraint de quitter précipitamment ses courageux hôtes à la suite d'une dénonciation, il s'emploiera, longuement mais vainement, à en rechercher les descendants[3].
Vivant un temps au 12, rue Jean-Ferrandi dans le 6e arrondissement de Paris au soir de sa vie, il lègue en 1990 l'ensemble de son fonds d'atelier à la ville de Rambouillet où il meurt en mai 1993 et où une place porte aujourd'hui son nom.
Livres illustrés
René Gauze, Oubangui-Chari - Paradis du tourisme cynégétique, couverture illustrée par Gustave Hervigo, Imprimerie Ozanne, 1958. 500 exemplaires numérotés constituant l'édition originale et réservés à la Chambre de commerce de Bangui.
« Ce qui caractérise la peinture de Hervigo, c'est l'extrême, la belle sobriété des masses ; il vise à tel point l'essentiel d'un paysage qu'il supprime les personnages, les villages, les rues sont déserts sans être tristes pour cela, car une lumière dorée, heureuse, les baigne de façon fort poétique. » - Henri Héraut[7]
« Si les portraits datant du premier voyage de l'artiste, d'une Tchadienne au torse et aux bras puissants, d'un adolescent en short et chemise aux manches retroussées ou d'un sorcier éborgné par une panthère, procèdent encore, malgré leur force, de l'anecdote, ceux qu'il exécuta au cours du deuxième voyage (1951, n.d.l.r.), charpentés en blocs de couleurs et coups de pinceau fluide sur fonds monochromes de nuance pâle, ont acquis une densité quelque peu austère. Quant aux scènes où il dépeint la vie quotidienne, elles sont de plus en plus stylisées, atteignant enfin la pureté non figurative de la Vue de Fada dans l'Ennedi. » - Lynne Thornton[1]
« Dans ce paysage austère et décoloré, il dépouilla ses compositions, s'approchant parfois de l'abstraction, et il simplifia à l'extrême ses couleurs, jusqu'à supprimer résolument le bleu de sa palette qui ne comportait déjà plus de vert. Il la limita désormais à deux rouges, deux jaunes et un noir, une étonnante gamme chaude à partir de laquelle il tirait en magicien tous les tons de ses tableaux... L'Afrique tropicale est le domaine de la végétation triomphante, des arbres sous toutes leurs formes, des cocotiers aux baobabs, de la savane à la forêt primaire, un trou noir avec quelques verticales claires, comme la définissait Hervigo.... Hervigo n'aimait pas qu'on le traitât de peintre de l'Afrique. Cela m'honore - répondait-il - mais je désire être peintre tout simplement, et cela n'est déjà pas si facile. » - François Bellec[5]
« Hervigo se sentait chez lui dans le désert. Sa longue aventure commença grâce à l'attribution du Prix de l'A.E.F. en 1949. Il s'enfonça en 1951 dans le Tibesti. Parti de Fort-Lamy (N'Djamena), il y passa six mois, allant de point d'eau en point d'eau, à la boussole, accompagné de ses sept chameaux portant chevalet, couleurs et pinceaux pour l'art, thé et pain de sucre pour la convivialité sociale, gagnant au rythme de sa méharée l'estime des vieux blédards et l'amitié de ses hôtes Toubous. Hervigo revint trois fois encore se ressourcer au Tchad. » - Philippe Bonnichon, Pierre Gény et Jean Nemo[10]
Prix et distinctions
Sociétaire de la Société nationale de beaux-arts en 1940, membre du jury en 1948.
Musée matheysin, La Mure (Isère), œuvres de Gustave Hervigo provenant de la donation Paul Fabre (1894-1977), Prix de littérature coloniale 1936 pour son livre Les heures d'Abéché.
Académie des sciences d'outre-mer, Fort-Lamy, toile[5].
Restaurant du personnel de la Compagnie Air France, 87, rue de Paris, Montreuil-sous-Bois (fresques transférées depuis la salle de réunion UTA à Puteaux où elles se trouvaient avant leur restauration en 2005)[13].
Références
↑ abc et dLynne Thornton, Les Africanistes, peintres voyageurs, ACR Édition, page 230.
↑ a et bOuvrage collectif, Un siècle d'art moderne - L'histoire du Salon des indépendants, Denoël, 1984.
↑Académie des sciences d'outre-mer, sous la direction de Philippe Bonnichon, Pierre Gény et Jean Nemo, Présences françaises outre-mer, XVIe – XXIe siècles (2 volumes), Éditions Asom-Karthala, 2012.
Le peintre Gustave Hervigo au Tchad, au Tibesti en 1951 et dans l'Ennedi en 1957, revue Le Saharien, n°109, 2e trimestre 1989, La Rahla - Amicale des Sahariens éditeur.
Lynne Thornton, Les Africanistes, peintres voyageurs, ACR Édition, 1990.
Cristina Baron, Le peintre de la marine : Gustave Hervigo, revue Neptunia, n°204, .
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. (en) (lire en ligne)
André Chaperon, Rambouillet - Mémoires et chroniques du XXe siècle (chapitre 9: Rambouillet et ses artistes), jaquette illustrée d'une œuvre de 1936 par Gustave Hervigo, préface de Gérard Larcher, Office de tourisme de Rambouillet/Maury imprimeur, 2000.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Josette Hervet, Grosrouvre, Rambouillet - Une histoire d'École, Éditions de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline, 2012.
Académie des sciences d'outre-mer, sous la direction de Philippe Bonnichon, Pierre Gény et Jean Nemo, Présences françaises outre-mer, XVIe – XXIe siècles (2 volumes), Éditions Asom-Kartala, 2012.