H301, H317, H319, H335, H361, P261, P280, P301+P310 et P305+P351+P338
H301 : Toxique en cas d'ingestion H317 : Peut provoquer une allergie cutanée H319 : Provoque une sévère irritation des yeux H335 : Peut irriter les voies respiratoires H361 : Susceptible de nuire à la fertilité ou au fœtus (indiquer l'effet s'il est connu)(indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger) P261 : Éviter de respirer les poussières/fumées/gaz/brouillards/vapeurs/aérosols. P280 : Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage. P301+P310 : En cas d'ingestion : appeler immédiatement un CENTRE ANTIPOISON ou un médecin. P305+P351+P338 : En cas de contact avec les yeux : rincer avec précaution à l’eau pendant plusieurs minutes. Enlever les lentilles de contact si la victime en porte et si elles peuvent être facilement enlevées. Continuer à rincer.
Ce médicament est utilisé pour le contrôle des symptômes des psychoses aigües, de la schizophrénie aigüe, des phases maniaques chez les bipolaires (maniaco-dépressifs), de l'hyperactivité et pour contrôler l'agressivité, l'agitation extrême et les pensées psychotiques, qui peuvent être induites par l'usage détourné de substances psychotropes telles que les amphétamines, le LSD ou la PCP.
L'ester décanoïque correspondant (Haldol décanoate, R13672) constitue une prodrogue de l'haldol permettant une action prolongée après injection intramusculaire. Outre le décanoate d'halopéridol, on peut également utiliser le lactate d'halopéridol.
Historique
Vers le milieu des années 1950, Paul Janssen, à la recherche d'un brevet pour l'entreprise familiale, avait entendu parler de l'effet psychotisant de l'amphétamine constaté chez des cyclistes dopés. Il en déduisit qu'un antagoniste de l'amphétamine pourrait avoir un effet antipsychotique ce qui se confirma avec l'halopéridol. C'est alors que s'imposa, d'abord en Belgique puis dans le reste du monde occidental, celui qui allait devenir le premier des neuroleptiques en psychiatrie. Il présentait en outre l'avantage d'être essentiellement antidélirant, et moins sédatif que les dérivés de la chlorpromazine.
L'halopéridol a été synthétisé pour la première fois le . Produit de recherches principalement par une équipe de chercheurs en psychiatrie à l'Université de Liège (un travail de Jean Bobon, « à qui sera attribuée la découverte des effets cliniques de l’Halopéridol »[7]), il se nomme ainsi en raison des deux substituts halogénés incorporés dans la molécule. Sous le nom de marque Haldol, le médicamment a été autorisé et commercialisé en Belgique en [8].
Une molécule proche, créée par le même laboratoire, est la rispéridone qui agit comme antagoniste des récepteurs 5HT2A à la sérotonine en plus d'agir sur les récepteurs à dopamine. Plus efficace chez certains patients[11], et présentant moins de risques de toxicité extrapyramidale[12], cette molécule tend à remplacer l'halopéridol dans le traitement des troubles psychotiques.
Il agit sur les récepteurs D2 de la dopamine (comme antagoniste) [13] dans le cerveau, mais aussi sur les récepteurs α1-adrénergiques et sigma, ce qui explique ses effets secondaires. Il est plus spécifique sur les récepteurs de type D2-like (D2, D3 et D4) et dans une moindre mesure D1-like (D1 et D5)
L'halopéridol est une poudre cristalline inodore de couleur blanche à jaune. Son nom IUPAC est la 4-[4-(p-chlorophényl)-4-hydroxypipéridino]-4′-fluorobutyrophénone et sa formule brute est C21H23ClFNO2.
L'activité antipsychotique pourrait venir du blocage des récepteurs dopaminergiques méso-limbiques. Les symptômes extrapyramidaux proviendraient du blocage de récepteurs dopaminergiques striataux. L'hypersécrétion de prolactine aurait pour origine le blocage de récepteurs dopaminergiques du système tubéro-infundibulaire. L'activité antiémétique serait due à une action au niveau des chemorécepteurs de la trigger zone(en).
À faibles doses, il est efficace pour contrôler les sautes d'humeur et les hallucinations.
Il a été utilisé chez des sujets atteints de troubles de la personnalité, pour la chimiothérapie de certains tics[16] et contre le syndrome de Gilles de la Tourette[17],[18],[19] et selon Sanberg et al. (1989) dans le cas du syndrome de Gilles de la Tourette, son effet semble pouvoir être potentialisé par la nicotine[20]. Il a aussi une certaine efficacité dans les comportements auto mutilateurs comme mis en évidence dans ce cas[21] d'autophagie.
Il est largement utilisé, en unités de soins intensifs pour les syndromes délirants[22], même si le niveau de preuve de son efficacité sur la mortalité et sur la sévérité du délire reste très faible[23].
Le médicament a de forts effets secondaires extrapyramidaux. Parmi ces effets secondaires, on trouve sécheresse de la bouche, léthargie, rigidité musculaire, crampes musculaires, agitation, dyskinésie tardive, tremblements, prise de poids, bien que ces effets secondaires soient plus fréquents si le médicament est pris plusieurs fois par jour pendant une longue période, parfois des années.
Le risque de dyskinésie tardive est d'environ 4 % chez des patients jeunes, plus élevé que chez d'autres antipsychotiques ; chez des patients âgés de plus de 45 ans, ce pourcentage peut être beaucoup plus élevé. Ces symptômes peuvent être permanents, même après l'arrêt du traitement.
Certains effets indésirables de l'halopéridol sont graves (à risque vital) et doivent motiver l'appel immédiat des urgences médicales : il s'agit du syndrome malin des neuroleptiques (pâleur, hyperthermie, troubles végétatifs) ou de mouvements musculaires incontrôlables (touchant en particulier le visage et la langue). En outre, il n'est pas rare d'observer des spasmes et une instabilité de la face et du cou, tremblements, troubles des règles, impuissance, hypertrophie des seins, sécrétion lactée, prise de poids.
Contre-indications
Grossesse et allaitement : l'halopéridol peut être pris pendant une grossesse, cependant certains risques peuvent exister[24].
↑Christian Mormont et Jérôme Englebert « Un parcours dans la psychologie clinique et la psychiatrie à l’Université de Liège : singularités et originalités » () (lire en ligne, consulté le ) —« Deux siècles au service des sciences humaines : Contribution(s) de l’Université de Liège 1817-2017 »
↑(en) Francisco Lopez-Munoz et Cecilio Alamo, « The consolidation of neuroleptic therapy: Janssen, the
discovery of haloperidol and its introduction into clinical practice », Brain Research Bulletin, vol. 79, no 2, , p. 130-141 (DOI10.1016/j.brainresbull.2009.01.005, lire en ligne, consulté le )
↑(en) H G Leufkens, « Risk of extrapyramidal syndromes with haloperidol, risperidone, or olanzapine », The Annals of pharmacotherapy, vol. 35, no 12, , p. 1517–1522 (ISSN1060-0280, PMID11793611, DOI10.1345/aph.1A068, lire en ligne, consulté le ).
↑Hartmann A (2010) Le syndrome Gilles de La Tourette. Les Grands Dossiers des Sciences Humaines, 20(9), 28-28.
↑Sanberg, P. R., McConville, B. J., Fogelson, H. M., Manderscheid, P. Z., Parker, K. W., Blythe, M. M.... & Norman, A. B. (1989). Nicotine potentiates the effects of haloperidol in animals and in patients with Tourette syndrome. Biomedicine & pharmacotherapy, 43(1), 19-23.
↑Ioannis Michopoulos, Rossetos Gournellis, Marianna Papadopoulou et Diamandis Plachouras, « A case of autophagia: a man who was mutilating his fingers by biting them », The Journal of Nervous and Mental Disease, vol. 200, no 2, , p. 183–185 (ISSN1539-736X, PMID22297319, DOI10.1097/NMD.0b013e318243989b, lire en ligne, consulté le )