Fils de fabricants de broderies[b], il intègre les Beaux-Arts de Paris en 1856[1], dans les ateliers de François-Édouard Picot, d'Alexandre Cabanel[2], et plus tardivement, d’Eugène Fromentin, auquel l’unira une longue amitié[3]. Ayant conservé, des deux premiers, le gout des compositions historiques savamment ordonnées, surtout appliquées à la décoration, et du troisième un sens très personnel du coloris[4], il s'émancipe rapidement de sa formation académique pour puiser son inspiration dans le romantisme de Delacroix ou l’orientalismeChassériau, puis le symbolisme de Gustave Moreau[2], et ses motifs dans la Bible, l’Ancien Testament et les mythes de l’Hellade[5]. Il se crée un genre mixte et très personnel tenant du classique par la noblesse des altitudes et la recherche des lignes, et du moderne par la beauté du ton et la richesse assourdie des couleurs[6].
Il obtient une première médaille au Salon de 1865 avec Hécube retrouve au bord de la mer le corps de son fils Polydore, puis en 1867 avec Joas sauvé du massacre des petits-fils d'Athalie et enfin en 1869, avec l’Hébreu captif pleurant sur les ruines de Jérusalem[7]. Cette première récompense, qui sera suivie de nombreuses autres, le fait désigner aux suffrages de ses confrères pour les fonctions de membre du jury, qu’il occupera jusqu’à sa mort[6].
Travaillant sans relâche[5], il expose en 1900 La Jeune Fille et la Mort à l'exposition universelle[2], et continue à exposer au Salon jusqu'en 1903. Il reçoit, en parallèle, de nombreuses commandes de compositions pour des bâtiments publics : Le Bon Marché, L'Industrie et le Commerce en 1976 pour Le Bon Marché ; d'autres réalisations pour l’hôtel de ville de Pantin[8], la même année, ou encore La Prédication, La Mort et La Résurrection, en 1897, pour l'église Saint-Merri[2], la Mort de saint Jean-Baptiste (1886), dont la tête n'est autre que celle du poète Albert Mérat[9].
Au Salon de 1872, il expose Hérodiade, qui recevra un excellent accueil de la critique[10], et lui vaudra la Légion d’honneur[11]. Représentée à l’exposition universelle de 1878, cette toile lui vaudra la médaille de première classe[1], avec les tableaux sur la vie de saint Denis que l'on retrouve dans l'église de Saint Merri.
Avant tout peintre d'histoire, il réalise de nombreux décors dans le cadre du programme iconographique de la propagande de l’Ordre moral de la Troisième République visant à affirmer les fondements catholiques et monarchiques de la France, notamment le Couronnement de Charlemagne (1881) destiné au Panthéon de Paris[5], pour le cycle de peintures sur l'histoire de France confié par Chennevières à l’abbé Claude Bonnefoy, doyen de Sainte-Geneviève. Il est aussi l'auteur des Gloires de la Bourgogne, où se distingue un portrait de Bossuet, qui orne un panneau de la salle des États du palais des ducs de Bourgogne à Dijon, la Mort de Sarpédon[12], d’abord exposé au musée du Luxembourg[4], et des panneaux de l'hôtel Chevallier, avenue de Messine[5]. Il s’est acquis une réputation dans le portrait, spécialement le portrait d’homme[6].
Mort des suites d'une angine de poitrine à son domicile parisien[13], Henri Lévy repose au cimetière du Père-Lachaise. Sa dernière œuvre, la Fin des religions, laissée à l’état d’esquisse, est conservée au Musée de Nancy[14]. Nommé chevalier de la Légion d'honneur, en 1872, « S’il eût intrigué, ou fait des visites officielles, il fût devenu officier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut comme tant d’autres[5] », selon le critique d’art Louis Vauxcelles, qui affirme également que
« L’homme était exquis. Les familiers de son atelier, […] ses élèves : MM. Lavergne, Henri Dabadie, appréciaient la pénétration, la vivacité de ses discussions courtoises, son humour piquant […]. Le trait dominant de son caractère était la réserve et la modestie. Mais Henri Lévy avait horreur du bluff et de la parade. Ce fut […] un homme bon et un sage. Tous ceux qui l’ont approché l’ont aimé[5]. »
Plusieurs artistes ayant formé le projet d'élever un monument à sa mémoire à Nancy, le comité d'initiative s'était rendu à l'atelier du sculpteur Jules Antoine Carl et approuvé la maquette exécutée par cet artiste avec le concours de Gaston Munier (d)[19]. Une impasse de sa ville natale a reçu son nom[20].
De style symboliste, La Jeune Fille et la Mort témoigne de la maîtrise picturale de Lévy ainsi que de son goût pour les créatures ailées[2]. Cette peinture reprend la composition d'Eurydice, réalisée dix ans auparavant, où la mort apparaît sous la forme d'un archange venue sauver Eurydice dont aucun des attributs n'est visible, rendant le sujet mystérieux, à la croisée de la mythologie et de la religion[2]. Cet univers littéraire et surnaturel est proche de celui de Moreau[2].
Le dramatisme de la scène est traité avec retenue, l'élément central étant le corps de la nymphe ; celui-ci se détache d'un paysage sombre et déchargé, représentant un contraste entre l'hostilité de la nature hostile et la fragilité délicate de la vie[2].
Charlemagne restaure les lettres et les Sciences, il fonde des Écoles pour la Jeunesse. De l'Extrême Orient Haroun Al Rachid lui envoie par des Ambassadeurs les clefs du Saint Sépulcre, lithographie au crayon, 54 × 26 cm ;
1er Panneau d'une trilogie représentant l'Autel de Saint-Pierre de Rome, sur les marches des trompettes, au pied des Évêques, à droite un dais, lithographie au crayon, 54 × 32 cm ;
2e Panneau central, lithographie au crayon, 54 × 39 cm ;
3e Panneau, lithographie au crayon, 54 × 32 cm.
Expositions
Le musée des Beaux-Arts de Nancy, qui possède une importante collection d'oeuvres d'Henri Lévy constituée d'envois de l'État, de dons et d'achats réalisés au tournant du XXIe siècle, organise en 1996 une rétrospective sur le peintre : Henri Lévy et la tentation symboliste[2].
↑Profession mentionnée dans son acte de naissance consultable sur Wikidata.
Références
↑ a et bEmmanuel Bénézit, « Lévy (Henri-Leopold) », dans Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, t. iii. L-Z, Grund, , 1160 p., 3 vol. ill. ; in-8º (lire en ligne sur Gallica), p. 188.
↑ a et b« Nécrologie », Le Bulletin de l’art ancien et moderne, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, vol. 7, no 242, , p. 3 (ISSN1761-5682, lire en ligne, consulté le ).
↑L’Art en France sous le Second Empire, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, , 533 p., ill. (OCLC1254885657, lire en ligne sur Gallica), p. 382.
↑Société des artistes français, Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivants exposés au Grand Palais des Champs-Élysées : 121e Exposition universelle, Paris, imp. Paul Dupont, , clxi-468 p., 18 cm (OCLC1411022081, lire en ligne), p. 18.
↑Société des artistes français, Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivants exposés au Grand Palais des Champs-Élysées : 123e Exposition universelle, Paris, imp. Paul Dupont, , 578 p., 18 cm (OCLC80692706, lire en ligne), p. 18.
Clara Gelly-Saldias et Christine Peltre, Henri Lévy et la tentation symboliste : peintures, dessins, Nancy, Musee des Beaux-Artes de Nancy, , 47 p., 21 cm (ISBN978-2-90140-817-8, OCLC35849454, lire en ligne).
Commandant Lalance, Association des artistes lorrains (Nancy), « Henri Lévy », Bulletin des sociétés artistiques de l'Est, Nancy, no 11, , p. 175-7 (lire en ligne sur Gallica).
Mémoires de recherches
Michèle Leinen, L'œuvre décorative d'Henri Léopold Lévy (1840-1904): les commandes publiques, Université des sciences humaines de Strasbourg, 1997.
Manon Milonet, Fonds de dessins d’Henri-Léopold Lévy (1840-1904) au musée de l’Ecole de Nancy, donation de Jean-Baptiste Corbin, mémoire de master 1 Patrimoine Art et Histoire, Université de Lorraine, 2021.
Manon Pellitteri, La peinture d'histoire d'Henri Léopold Lévy (1840-1904), Mémoire de master 1 recherche, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2023.
Manon Turpin, Léopold Lévy et la représentation de scènes religieuses : étude de cas Samson et Dalila, Mémoire de master 1 recherche, École Pratique des Hautes Études, 2023.
Manon Turpin, Henri-Léopold Lévy (1840-1904). Peintures religieuses et grands décors, Mémoire de recherche de Master 2, École Pratique des Hautes Études, 2024.