L’étude des maîtres espagnols au musée du Prado a fait que sa peinture soit à l’avant-garde de la peinture française dans les années 1850, opposant le néo-classicisme et utilisant une palette de tons terreux et de fonds neutres, ainsi qu’un coup de pinceau lâche et déterminé.
Dans son autoportrait du musée du Prado, on peut voir comment sa peinture a évolué vers des formes plus audacieuses, en grattant le pinceau et en utilisant la spatule, avec un colorisme étendu, ce qui lui valut d'être considéré comme un peintre académique.
Portraitiste à succès, il est comblé d'honneur et devient membre de l'Académie en 1881[3].
Les sujets religieux
La peinture religieuse de l'époque n'était pas toujours d'une dévotion suffisamment canonique aux yeux de l'Église ou de l'administration qui pourvoyait aux ornements du culte. Bonnat fait partie des rares élus qui parviennent à concilier le Salon et l'autel. Son Saint Vincent de Paul prenant la place d'un galérien, grand succès au Salon de 1866, est conservé à Paris à l'église Saint-Nicolas-des-Champs. Ce tableau à sensation, aux effets anatomiques musclés, rappelle l'Espagne[6].
Il est l'auteur du Martyre de Saint-Denis, peinture murale de 1880 au Panthéon de Paris.
Selon les élèves qui ont traversé ses salles de classe, c'est un excellent professeur. Comme tous les professeurs de l'École, il est chargé d'instiller la liberté d'interprétation et la liberté d'exécution. Il leur fait connaître la peinture espagnole et recommande le voyage à Madrid pour visiter le musée du Prado. Il introduit ainsi « la manière de peindre à l'espagnole », ce qui influencera l'évolution de la peinture française.
La critique cependant n'a pas toujours épargné Bonnat, qui se plaint dans une lettre à Théophile Gautier du : « on me maltraite fort cette année[10] ». Il fait allusion à la réception d’Antigone conduisant Œdipe aveugle, dont le réalisme semble vulgaire aux critiques habitués aux représentations d'une Grèce classique idéalisée.
Mais il a ses défenseurs, comme Théodore Véron qui voit paradoxalement en lui une des « têtes du mouvement réaliste », et loue à propos d'un Christ« cette dramatique interprétation du Sauveur […] [qui] troubla la plupart des esprits bornés aux sempiternels clichés. Ce fut une révolte générale contre cette insurrection de la pensée libre[11] ».
La dominante brune des toiles de Bonnat a fait l'objet de nombreuses plaisanteries scatologiques chez ses détracteurs, notamment de la part d'Alphonse Allais dans ses chroniques[12].
Entre le et le est organisée au musée basque et de l'histoire de Bayonne l'exposition « Léon Bonnat, peintre il y a cent ans ». Il s'agit de la première exposition monographique qui lui est consacrée depuis 1924[35],[36].
↑ abc et dMarianne Delafond, De Le Brun à Vuillard Catalogue d’exposition, Institut de France, , 205 p., p. 134-135
↑Tableau présenté au Salon des artistes français de 1882, classé au titre des monuments historiques le . Cf : notice de Michaël Vottero consacrée au Portrait de M. Puvis de Chavannes (conservé à Champagnat[Où ?], collection privée) publiée dans Du calice à la locomotive : objets de Saône-et-Loire, Lyon, Éditions Lieux Dits, 2021 (ISBN9782362191862).
↑Dagenais, Jean-Guy (coll.), Delfosse, Georges dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
↑Notice du musée d'Orsay : Crâne aux yeux exorbités de Julien-Adolphe Duvocelle.
↑Williamson, Moncrieff, Harris, Robert dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003–, consulté le 2 février 2019.
↑Lacroix, Laurier, Suzor-Coté, Marc-Aurèle de Foy dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
Vincent Ducourau et Arlette Sérullaz, Dessins français du XIXe siècle du musée Bonnat à Bayonne, Paris, Réunion des musées nationaux, 1979. — Catalogue de l'exposition au musée Bonnat-Helleu.
Guy Saigne, Léon Bonnat, le portraitiste de la IIIe République (catalogue raisonné des portraits), Paris, Mare et Martin, , 704 p. (ISBN979-10-92054-75-0, présentation en ligne)
Guy Saigne, Léon Bonnat - Au-delà des portraits - Catalogue raisonné, vol. 2 : Peinture religieuse et décorative, scènes de genre italiennes et orientalistes, travaux d'apprentissage, Paris, Mare&Martin, , 332 p. (ISBN978-2-36222-297-9, présentation en ligne)
Étienne Rousseau-Plotto, Doux pays, le roman de Léon Bonnat, Bayonne, Atlantica, 2022, 220 p. (ISBN978-2-7588-0575-5).
René Cuzacq, Léon Bonnat, l'homme et l'artiste, 1941.