Fils d'un marchand-négociant[2], Edmond Cavé[3] fut d'abord avocat à Rouen. Il s'installa à Paris. Devenu journaliste au Globe, il fut membre de la société « Aide-toi, le ciel t’aidera », fondée au mois d' en opposition à la monarchie absolue de la Restauration. Dans cette veine politique, il fut auteur dramatique[4] et publia en 1827 sous le pseudonyme de « Fongeray », en collaboration avec Adolphe Dittmer (1795-1846) qu'il avait connu au Globe, un recueil de théâtre sous le titre de Soirées de Neuilly« dont la tendance politique et les allusions firent tout le succès »[5]. Cet ouvrage, composé de quatre petites pièces, connut trois éditions, la seconde, ajoutant une pièce, en 1828[6], et Anatole France s'en souvenait encore dans son Histoire comique (1902)[7]. En 1830, « de Fongeray » publia dans la Revue de Paris la pièce de théâtre satirique et politique le Coup d'État[8]. Cavé fut aussi l'auteur sous le nom de « Florentin[9] » d'un vaudeville intitulé Vive la joie et les pommes de terre[10].
La révolution de 1830 orienta sa carrière vers l'administration. Il entra au Ministère de l'Intérieur, le , comme secrétaire général ; nommé directeur de la Division des Beaux-Arts en en remplacement de Sosthène de La Rochefoucauld, c'est à ce poste, qu'il occupa jusqu'en 1848, qu'il doit sa petite notoriété, en raison du pouvoir qu'il y exerçait sur les commandes de l'État aux artistes, et, par là, sur les carrières de ceux-ci, tout en dirigeant la censure théâtrale, qu'il avait combattue sous le régime précédent[11].
En relation, par son poste au ministère, avec Eugène Delacroix, à qui il signa la lettre de commande pour les plafonds de la bibliothèque de la Chambre des Députés, il se maria le avec une amie de ce dernier, Marie-Élisabeth Blavot, veuve du peintre Clément Boulanger (1805-1842), dont elle avait eu un fils, Albert Boulanger-Cavé, qu'il adopta[12]. Son épouse, dont il eut une fille, le mit en relation avec Ingres, à qui il commanda un portrait pour faire diptyque avec celui de celle-ci peint vers 1830[13].
Il fut nommé maître des requêtes au Conseil d'État le , en service extraordinaire du comité de l’Intérieur et du commerce jusqu’à la suppression du service extraordinaire le .
Il fut commissaire royal par intérim de la Comédie-Française du au .
En , il fut nommé directeur des palais et manufactures. Il mourut le de la même année[14].
Hygin-Edmond-Ludovic Cavé, par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 40.6 x 32,7 cm, signé « Ingres à Madame Cavé 1844 », Metropolitan Museum of Art de New York, inv. 43.85.2
Jean-Auguste-Dominique Ingres. Portrait d’Edmond Cavé. Mine de plomb sur papier. 1844. Haut. 36,2 cm ; Larg. 22,8 cm. Inscription en haut à gauche : M. Cavé ing. Montauban, musée Ingres, inv. MI.867.209 – F° 2F19SV.
Marie-Elisabeth Blavot (née en 1809/1810-morte en 1882), Madame Clément Boulanger, puis madame Cavé, par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 40.6 x 32,7 cm, signé « Ingres à Madame Cavé », c. 1830[16], Metropolitan Museum of Art de New York, inv. 43.85.1.
Bibliographie
Les Soirées de Neuilly, esquisses dramatiques et historiques, publiées par M. de Fongeray [A. Dittmer et A. Cavé] – Paris, Moutardier, 1827. In-8° (24 cm), 362 p.
Sources
« Cavé (N.) », dans Duckett (dir.), Dictionnaire de la conversation et de la lecture, t. 4, Paris, 1853-1860 (lire en ligne), p. 734
Pierre Angrand, Marie-Élizabeth Cavé : disciple de Delacroix, Paris, Lausanne, Bibliothèque des arts, . 18 cm, 170 p. Note—Cet auteur écrit François Cavé; ce prénom correspond à une autre personne.
(en) Gary Tinterow, Portraits by Ingres, Images of an Epoch, New York, The Metropolitan Museum of Art, , p. 398-401
↑Selon son acte de naissance, dans le dossier de la Légion d'honneur, Archives nationales, Base Léonore - Dossier LH/455/24.
↑Nommé « Hygen-Auguste Cavé » dans les actes administratifs, il est généralement appelé par son second prénom, Edmond : « Notice d'autorité personne », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
↑Les soirées de Neuilly était orné d'un « portrait de l'auteur » par Henri Monnier caricaturant Stendhal, voir Eugène Asse, Les petits romantiques, Paris, Henri Leclerc, (lire en ligne), p. 271-272 et Champfleury, Henry Monnier, sa vie, son œuvre, Paris, Dentu, (lire en ligne), p. 66-67,370, qui conteste l'identification de la figure à Stendhal. Étienne Arago, « Dittmer », dans Duckett (dir.), Dictionnaire de la conversation et de la lecture, t. 7, Paris, 1853-1860 (lire en ligne), p. 671 attribue l'écriture au seul Dittmer. Pour cet auteur « le pédantisme rengorgé, la vanité ignorante dominaient » dans Cavé, dont la conversation « ne roulait que mots rocailleux, que phrases vaseuses, que raisonnements fort peu limpides ».
↑Joseph-Marie Quérard, Les supercheries littéraires dévoilées : galerie des auteurs apocryphes, supposés de la littérature française pendant les quatre derniers siècles, Paris, , 296 p. (lire en ligne), p. 101.
↑Sa tombe est au cimetière Montmartre, 3e division, 1ère ligne, avec sa première épouse, Théodore-Joséphine Guilbert décédée le 19 novembre 1837, âgée de 25 ans, sa deuxième épouse, Marie-Élisabeth Blavot, et son fils adoptif, Marie-Henry-Albert Boulanger-Cavé, décédé le 10 juillet 1910 à Neuilly.